[Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitudes.

La population rurale de l'Ostermark est composée de gens capables et autonomes qui se battent souvent aux côtés des Kislévites contre les pillards Nordiques. Wolfram Hertwig dirige sa province depuis Bechafen, situé dans le Nord.

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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Test : caché

    La première jument n’est peut-être pas si conciliante que cela. Elle ne bouge pas alors que tu lui poses un tapis sur le dos. La selle vient ensuite après, que tu serres grâce à la sangle au niveau du ventre de l’animal. Cette opération-là est plutôt facile. En revanche, en ce qui concerne le mors et la bride, tu y passes beaucoup plus de temps ; ta future monture ne veut décidément pas de l’appareil dans sa bouche. Il te faut un certain moment avant de comprendre qu’il est préférable de passer un doigt au niveau de la barre, là où la jument n’a pas de dent, pour l’obliger à accepter l’objet.
    Une fois cela fait, tu te diriges alors vers une autre des quatre stalles, ouvrant sa porte de bois. Dans la mesure où tu ne veux pas trop t’attarder dans l’écurie, sachant que la prison n’est pas bien loin et que le garde aura vite d’y aller, tu ne passes que le mors et la bride à la monture. Ayant déjà fait ce geste juste avant et ayant compris la façon dont il fallait faire, tu harnaches le cheval assez rapidement.


    Juliette, après avoir pris en main la bride du cheval non sellé, grimpa du mieux qu’elle le put sur sa jument. Agitant maladroitement les pieds, elle parvint à faire avancer sa monture en-dehors de l’écurie, et le deuxième équidé suivit. Il s’agissait de la première fois où la jeune femme montait à cheval, et l’expérience n’était pas très rassurante. Elle serrait les jambes et les genoux autour du poitrail de l’animal, et ses mains s’accrochaient avec ferveur à la bride lorsqu’elles ne tenaient pas la crinière comme si sa vie en dépendait, ce qui s’avérait bien futile. Lentement mais sûrement, toutefois, elle parvint à s’habituer à la marche alors qu’elle passait sous les fenêtres de ce manoir qu’elle espérait ne jamais revoir. L’ancienne mineuse gesticula comme elle le put, faisant claquer la bride un petit moment avant de trouver ce qui devait être le bon mouvement, et sa jument passa au petit trot.

    Entre les deux allures, la sensation était aisément percevable, et Juliette eut un sursaut de panique lors de la première foulée, se raccrochant une fois de plus au garrot de sa jument. Pas très à l’aise, elle la laissa décider pour elle alors qu’ils erraient tous les trois dans les ruelles d’Eseintal, le claquement des sabots sur les pavés se répercutant sur les murs des maisons, brisant le silence. Au détour d’un croisement, elle crut apercevoir, dissimulé dans l’ombre, les pieds d’un cadavre que l’on avait déposé entre deux maisons mitoyennes. Puis un autre un peu plus loin, celui-là bien plus visible.

    «ALERRRTE !! »

    Le cri provenait de derrière elle, très probablement d’en direction de l’écurie et de la prison.

    «QUE L’ON SONNE L’ALARME ! A LA VOLEUSE DE CHEVAUX !! »

    Cette voix-là était différente de la première mais pas moins portante et agressive. Etait-ce dans la tête de Juliette ou bien l’atmosphère de la ville avait soudainement changé, comme devenue brutalement frénétique alors que, cachés dans les ruelles avoisinantes, quelques gardes s’activaient en conséquence ?

    «Juliette ! » Laëssya venait d’apparaître au détour d’une venelle, dague sanglante en main. Elle se précipita à la rencontre de sa consoeur et des chevaux.
    «Mais ! Mais il n’est pas sellé ?, s’épouvanta-t-elle. Oh ciel ! Elle décocha un regard anxieux à l’animal, puis de là où provenaient les voix. Il y a encore deux gardes à l’entrée de la ville. Il va falloir passer en force, sans quoi… La jeune femme s’arrêta soudainement, tendant l’oreille. C’est pas vrai ! Ils arrivent à cheval, eux aussi ! Vite, on fonce ! »

    Laëssya prit appui sur le dos de sa monture avant de l’enjamber avec habileté. Lorsqu’elle se réceptionna, le destrier hennit soudainement et fit quelques petits pas énervés, n’appréciant pas ce contact qu’il ne connaissait pas. Sûrement n’avait-il jamais été monté à cru.
    «Du calme, par pitié, du calme, tout doux !, murmura sa cavalière en lui flattant l’encolure. Le cheval sembla se tranquilliser, prêt à répondre aux ordres d’une cavalière plus émérite que ne l’était Juliette. Passe devant ! Je ne pourrai pas le diriger comme ça ! Mon cheval suivra le tient ! Fonce, et surtout, ne t’arrête en aucune occasion. »

    Le bruit de sabots martelant à nouveau le sol derrière elles se faisant entendre, la monture de Juliette comprit assez rapidement le message et bondit en avant. La brutale embardée prit par surprise la cavalière qui serra plus que jamais et ses étriers et ses jambes et ses genoux tout contre le flanc de la créature qui accélérait à grande allure, bientôt précédée par celle de Laëssya. En d’autres occasions, la sensation aurait pu être grisante, mais pour une première fois, elle était juste terrifiante, et la gibecière qu'elle avait sur le dos et qui la déséquilibrait n'était pas pour la mettre en confiante. Jamais Juliette n’avait-elle été aussi vite alors qu’elle sentait toute la puissance de la jument se décupler sous elle, la faisant tressauter dans tous les sens. L’intégralité de son corps était crispée, plaqué contre la monture, en total déphasage avec le galop de cette dernière. Le sol n’était plus visible, et les différents pavés qui le carrelaient n’apparaissaient plus que comme un flou épais qui défilait à toute allure. Pas question de regarder derrière elle, pas question, même, de regarder sur les côtés ; la moindre incartade, l’ancienne mineuse pouvait le jurer, lui coûterait la vie. Elle entendit malgré tout les aboiements de quelques gardes, loin derrière elle, et distingua, à la limite sa périphérie, Laëssya qui tentait tant bien que mal de rester sur sa monture. Quand bien même n’avait-elle pas de selle qu’elle paraissait plus à l’aise, parvenant à synchroniser ses mouvements avec ceux de son cheval. A chaque galop, toutefois, l’échine de sa monture battait férocement les ischions de la cavalière qui en souffrait, et cela pouvait se lire sur son visage.

    Au bout de la rue, enfin, se distinguait l’entrée de la ville et son corps-de-garde. Et par-delà, la route qui disparaissait dans un bois des alentours, promesse d’une nouvelle liberté. Mais, comme l’avait prédit Laëssya, deux gardes étaient présents. Deux gardes qui avaient dégainé leurs épées, et qui s’attendaient au choc alors que les deux cavalières leur fonçaient dessus.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • C’était à une allure endiablée que Juliette et Laëssya fuyaient Eisental. C’est avec un masque taciturne que l’ancienne paysanne s’efforçait de se tenir droite sur sa monture, tout en essayant de ne pas finir en tapis décoratif tant les mouvements de sa jument risquaient de la faire chuter.

    « Il y a encore deux gardes à l’entrée de la ville. Il va falloir passer en force, sans quoi… […] C’est pas vrai ! Ils arrivent à cheval, eux aussi ! Vite, on fonce ! »

    Au détour d’un tournant, Juliette Dickens put apercevoir l’avant-poste ou le petit baraquement qui se trouvait à l’entrée de la ville. Quoiqu’il en soit, les deux hommes qui y étaient positionnés étaient lourdement harnachés. Ils avaient l'air parés à affronter à peu près n'importe quel adversaire qui aurait voulu franchir les portes de la ville. D’autant plus que les deux anciennes servantes étaient pourchassées par quelques gardes pour avoir volé des chevaux.

    La peur de cet instant. La peur est cette garce qui part d'un rien, d'un imprévu, qui vous tire en arrière par la peau du cou et s'insinue en vous alors que vous êtes encore au sol à battre des paupières. Elle vous prend, vous force, car vous avez beau la refuser nul ne lutte contre la peur. A défaut pouvez-vous encore agir contre ce qu'elle vous dit de faire... mais qui parvient à la tuer ?
    Juliette décida de ne pas l'écouter. Mais son courage lui aussi refusa de l'écouter - parce qu’elle était une jeune femme que la vie pouvait malmener.

    "Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux. Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre."

    Le vent fouettait les oreilles de l’ancienne servante mais celle-ci s’agrippait de toutes ses forces aux rênes de sa jument. Juliette ne préféra pas penser à Laëssya qui chevauchait sa monture sans selle. La jeune fille percevait le puissant pouls de sa monture et les contractions et relâchements de ses muscles selon un rythme régulier.


    « Bougez-vous et tout le monde aura le loisir de voir encore le jour dans ce pays immonde ! »

    Juliette avait tenté de donner à sa voix les accents de la sincérité en dévisageant les gardes, espérant qu’ils ne chercheraient pas à les arrêter. La situation pouvait dégénérer d'une façon extrêmement sanglante et c'était la dernière des choses qu’elle souhaitait...
    On sait jamais… ^^
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Loin de les obliger à abonder en son sens ou à réfléchir un tant soit peu sur la situation dans laquelle les différents protagonistes se trouvaient, les paroles de Juliette eurent pour effet que de renforcer la détermination des gardes défendant l’entrée. Pas question de laisser passer une gamine et sa grande sœur, ou quoi qu’elle fût d’autre, toutes deux voleuses de chevaux, et qui les humilieraient en parvenant à s’échapper de la sorte. La législation dans l’Empire variait en fonction de ses régions et de ses lois, mais, d’une façon générale, que l’on volât une pomme, et les conséquences pouvaient être assez importante ; l’amende était assez salée lorsque qu’une main et un pied coupé ou la prison n’attendait pas le malfrat au détour d’un tribunal monté à la va-vite. Alors pour deux destriers qui valaient plusieurs centaines de couronnes chacun !
    Décidément bien campés sur leur position, les gardes attendaient que passent les deux jeunes femmes, épées en main. Et vint le moment de la rencontre.
    Les gardes cherchent à attaquer les cavalières plutôt que les chevaux, celles-ci coûtant bien moins chères à rembourser que ces derniers. Le garde de gauche attaquera Juliette, et celui de droite, Laëssya.
    Soldat impérial de niveau deux complet, avec deux en ATT et en FOR via les 4 Pcs disponibles. Compétence : arme de spécialisation (épée).
    Total attaque : 8+2+2+1 = 13 en ATT.
    FOR : 12.

    Juliette et Laëssya sont toutes les deux à cheval, (-2 selon les règles) et au galop (-1).
    => 10 en ATT pour les soldats.
    Juliette n’a pas d’arme ; pas de parade.
    Laëssya à une dague mais à un malus de -1 en parade pour être montée.

    Résolution du combat :
    Le garde attaque Juliette :
    Votre attaque a réussi (1). La parade de votre adversaire a échoué (2).Vous lui infligez une perte de 32+1D8 (2)PV.
    => 34 Pvs en moins.
    Localisation : 2 (tête).
    Suite au coup critique du garde, Juliette ne pourra pas parer la prochaine attaque (elle ne peut pas de toute façon).
    60-34 = 26 Pv restant. T_T Ca va être super pour ce que j’ai prévu pour la suite, vu le jet foireux que tu avais eu au post d’avant, en vérité. ~_~
    Me demande aussi si tu ne vas pas recevoir quelques malus en CHA pour chacun de ces tests, vu les dommages…

    Bon, ben… J’imagine qu’un test doit se faire pour savoir si tu parviens à rester en selle ou non.
    Résistance à la douleur et habileté naturelle à rester en selle (-2 sans la compétence), ce qui fait (END+HAB)/2, soit 7.

    Test : 2, réussi.
    Tu restes en selle.

    Effectivement, je n’avais pas encore effectué les jets sur la cb… Eh bien… C’est pire que ce que je sous-entendais en plaisantant. T_T
    Alors même que la première jeune femme passait à sa portée, le garde de gauche se décala d’un pas, évitant la charge de la monture. Voyant que la cavalière n’avait pas d’arme, il se fendit à sa rencontre, totalement, sans craindre de représailles en retour. L’épée balaya l’air dans un grand mouvement, et la pointe vint arracher la joue de Juliette en lui emportant l’oreille et une partie du cuir chevelu. Dans son malheur, peut-être avait-elle au moins la chance que le tranchant aiguisé ne rencontrât pas de solide résistance ; il n’y eut pas d’autre choc que celui de la douleur, douleur qui aveugla l’ancienne mineuse. Ne voyant plus rien, elle se cramponna à sa jument, à sa bride, à la crinière, et ses ongles se plantèrent dans le cuir épais de la monture. Une seconde plus tard, et elle était hors de portée, tandis que Laëssya passait l’entrée à son tour.


    Juliette, mutilée, blessée, et n’étant pas une cavalière émérite, ne put se retourner afin de savoir si sa consœur avait réussi à passer les deux gardes sans encombre. Laëssya lui avait dit de foncer droit devant elle, coûte que coûte, sans se poser de question ni se retourner. Elle ne pouvait pas même penser à cela en vérité ; la douleur était comme insoutenable aussi bien qu’elle ne semblait pas la ressentir, tellement était-elle grave, tellement était-elle sourde. Ce n’était pas le genre de douleur aigue qui vous prenait soudainement, mais une douleur perpétuelle qui vous charcutait si bien les chairs, de façon continue, que vous vous demandiez encore si vous pouviez la ressentir à votre d’en devenir habitué. Ou peut-être était-ce l’adrénaline qui lui procurait cet effet-là ?

    Trop de questions alors que, lancée au galop, le vent lui battait la blessure, apportant comme un souffle frais bienfaiteur qui la revigorait un tant soit peu. Pour elle-même, la jeune femme ne savait pas dans quel état elle se trouvait, ne pouvait pas encore savoir la portée de la mutilation. Elle sentait que le sang coulait sur son visage, abondamment, aveuglant son œil gauche qu’elle devait que par trop souvent fermer. Mais pourquoi sentait-elle ce maudit vent lui pénétrer la bouche alors que, sous la douleur, elle serrait la mâchoire comme elle ne l’avait jamais fait auparavant, tentant de lutter contre la souffrance ?

    Et derrière elle retentissait des bruits de sabots alors qu’elle s’engouffrait dans les bois. S’agissait-il de Laëssya, ou bien de ces cavaliers qui les avaient poursuivies toutes les deux alors même qu’elles se trouvaient encore en ville ?

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Outch !
    Les choses ne se passèrent pas tout à fait comme Juliette Dickens l’avait espéré. L’ancienne servante savait que la raison n'était pas toujours ce qui dominait dans l'esprit des personnes lorsqu'un cheval leur fonçait dessus. Mais les deux soldats se campèrent sur leur position, attendant que les deux jeunes filles passent à portée de leurs épées.
    Juliette avait intérêt à se concentrer sur ce qui allait se passer ! Les deux soldats se mirent au milieu du chemin, épée en main. Elle devina immédiatement qu'un seul coup d’épée risquait de la mettre hors d'état de nuire. En un éclair, la situation lui apparut aussi claire et mauvaise que jamais.

    Laëssya et Juliette avait opté pour un plan aux relents suicidaires ; foncer sur le poste de gardes ; et à ce stade il n’y avait guère que sur l’inconnu que Juliette pouvait parier. Cet inconnu, fléau de toute personne sensée. L’ancienne paysanne n’avait jamais été très joueuse et haïssait même les jeux de hasard, qui avaient une certaine tendance à la plonger dans l’ennui. Ici, elle réalisait un pari désespéré qui pouvait très bien la conduire à une mort encore plus rapide que si elle avait cherché à affronter ces deux gaillards. Mue tant par un farouche ressentiment que par la conscience qu'il s'agissait là de sa seule chance, Juliette éperonna sa monture pour prendre encore plus de vitesse…
    Si la fortune lui souriait, il était possible qu’elle arrive à passer le barrage assez rapidement pour distancer ses poursuivants et ramener un certain équilibre dans cette situation critique.

    Un pari vraiment risqué…

    Et d’un seul coup, la rencontre de la proie et du chasseur. Là où certains s'embrasaient à la clameur de la bataille, brûlant d'en découdre avec le visage subitement haï de l'ennemi dévoilé, Juliette se drapa d'une concentration froide et clairvoyante.
    L’instant d’après, une vive douleur fouetta le visage de Juliette tandis que l’épée du soldat y dessinait un sillon. La jeune fille porta immédiatement sa main droite à son oreille, tranchée. Une nausée effroyable l’assaillit et remplit son palais d’une brûlante amertume

    La voûte céleste se violaçait à mesure que les minutes s'écoulaient. Les mots résonnants d'un auteur inconnu, oublié, frappaient les échos de la mémoire de Juliette par leur cruelle réalité ; "flammes de la lassitude", lorsque le corps peine à suivre les ordres qu'édicte l'esprit, lorsque les muscles harassés s'embrasent et menacent de faillir. Le tribut de sa nuit blanche venait se faire sentir, lourd et railleur. Comme s'il persifflait à son oreille : "Tu as cru pouvoir résister ?" de sa voix narquoise.
    Ne voyant plus grand-chose, l’ancienne servante se cramponnait au cou de sa jument, priant pour qu’elle la mène en lieu sûr. Le bois… Cet endroit de la liberté était si prometteur. Se dressant devant la jeune fille, sa terre lui étant ce qu'était l'eau à une rivière dorée pour un avare ; la seule richesse présentement désirable, celle de l'échappée, que Juliette avait tant faim d'arpenter et de remonter jusqu'à son salut.


    « Laëssya ? Toujours avec moi ? » parvint-elle à articuler.
    Mon oreille est tombée par terre ? :roll:
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Non. Disons que la pointe de l’épée t’a arraché la joue et que, en continuant, elle a tracé une énorme marque en remontant légèrement vers le haut, sectionnant ton oreille en deux et a continué sa course, moins profonde toutefois, au niveau du cuirs chevelu où elle a imprimé son passage.
    Etant assommée par la douleur, victime d’une anémie qui la laissait sans force, la question de Juliette ne trouva forme que dans un murmure à peine audible, quand bien même y avait-elle mis toute sa volonté. Pliée en deux sur sa monture, un passant eût tout à fait pu croire que la jeune femme avait perdu la raison, dialoguant en tête-à-tête avec une créature qui jamais ne lui répondrait. Et un sang baveux s’écoulait doucement sur l’encolure de la jument, provenant de la crevure qui béait au niveau de sa joue. Juliette n’avait plus la force d’accompagner les mouvements du cheval en une parfaite harmonie. Si ce dernier, entrant dans les sous-bois, avait ralenti la cadence, il n’en demeurait pas moins que le cahot se faisait toujours bien ressentir, ballotant brutalement l’ancienne mineuse dont le menton rebondissait à chaque fois sur sa poitrine.
    Test d’harnachement, à l’écurie : le jet avait annoncé 19.
    Non, en vérité, la jument n’avait pas été docile alors que Juliette l’avait harnachée. Certains chevaux rechignaient souvent, alors qu’ils venaient juste de quitter leur stalle, à porter la selle. Il s’agissait là davantage d’un trait caractéristique des montures intelligentes mais capricieuses qui savaient comment entraver quelque peu les désirs de leur cavalier plutôt que d’un manque de dressage certain. Il arrivait ainsi, parfois, que les chevaux en vinssent à bomber leur ventre alors même que leur propriétaire les sellait, ce qui perturbait grandement l’équilibre du harnachement tout autant que provoquant un glissement de la selle qui s’aggravait de mouvement en mouvement jusqu’à faire chuter le cavalier.

    Serrer fortement les jambes et les genoux contre la monture n’était pas non plus la bonne attitude à adopter en termes d’équitation ; il fallait ressentir et accompagner les petits tressaux plutôt que de lutter contre en voulant les briser à trop rester soudé au cheval, entraînant un épuisement certain du cavalier. Mais Juliette ne pouvait le savoir en plus d’avoir été pressé par le temps alors même qu’elle était dans l’écurie. Durant la charge sur le poste de garde, l’adrénaline avait pris le dessus sur ses sens et sa conscience qui n’avaient point perçu ni le jeu entre la sangle et le corps de la monture, ni le glissement léger de la selle. Celui-ci n’avait fait que s’intensifier de plus en plus alors que la jument galopait sur la route, puis dans la forêt, là où le terrain accidenté l’obligeait à bondir par-ci par-là, à faire de violent détour pour éviter les arbres ou à freiner brutalement pour accélérer immédiatement après en arrivant droit sur un buisson épineux. Et à force que de s’être trop crispée, en sus de la blessure qui la plongeait dans une certaine léthargie, elle ne ressentit pas vraiment qu’elle accompagnait le mouvement de la selle jusqu’à véritablement tomber de la jument.
    Blessure suite à la chute, 1D20 : 16.
    26-16 = 10 pv.
    Il y eu un instant de flottement durant lequel il était aisé de croire que l’on s’était endormi, pendant lequel nulle douleur ne venait vous faire souffrir, jusqu’au choc brutal avec le sol qui vous ramenait à la cruelle réalité. Les sons revinrent subitement alors que son petit corps désarticulé roula sur plusieurs mètres en heurtant les rochers, les pierres et les racines, se tordant dans des angles qui n’étaient pas naturels. Elle s’était dit, lors de la charge que, eu égard à la vitesse qu’avait adopté sa monture, une chute lui eût été mortelle. Peut-être l’avait-il mieux fallu.
    Loin très loin au-delà de la surface brumeuse de l’esprit de Juliette, une nouvelle monture, précédée de deux autres à quelques dizaines de mètres, fonça droit sur elle, et une main se tendit vers elle.
    Test, Hab-2 (à cheval et rapidement) : caché
    Une main qui n’arriva jamais à rattraper Juliette, une action qui échoua, fort heureusement. Les conséquences auraient pu être catastrophiques pour la monture, celle-ci devant alors soutenir le poids de deux personnes dont une cavalière qui tentait de se livrer à quelques acrobaties lorsqu’elle n’avait pas de selle pour se maintenir convenablement.
    Entrée de la porte :
    Attaque du garde sur Laëssya : Votre attaque avait échoué (17).
    Laëssya était parvenue, davantage par chance que par véritable mérite, à s’échapper elle aussi d’Eseintal sans pour autant prendre de coup, mais, sa monture passant trop loin de l’ancienne mineuse de peur de la percuter, elle ne put la récupérer. Clignant difficilement de ses yeux perdus dans le vague, Juliette aperçut alors deux autres chevaux arriver droit sur elle, les feuilles mortes tombées au sol de soulevant à l’impact des sabots. L’intention d’un des cavaliers était déjà toute définie alors que, le regard braqué sur le corps de la jeune femme, il dégainait une épée courte. Et sûrement l’eût-il exécutée simplement et proprement après avoir mis pied à terre si Laëssya n’avait pas ordonné à son destrier de faire demi-tour pour s’interposer entre sa consoeur et le soldat, déchaussant des étriers à son tour.

    La situation semblait risible. Une simple servante tenant un cheval par la bride, armée d’une dague et face à deux soldats, le dernier venant rejoindre son frère d’arme, équipés d’épées courtes et de cotte de mailles.

    «On fait quoi ? demanda le premier.
    Eh bien… Tu as entendu les ordres. Mensonges et entraves auprès de la milice chargée de faire respecter l’ordre, et vol de destrier. Faut qu’on la rapporte morte ou vive pour que la margrave la juge. Ce serait miséricorde que de lui offrir une mort rapide et sans souffrance, elle ne tiendra jamais la route du retour… L’autre, eh bien… L’homme s’adressa directement à Laëssya. Pars, jeune fille. Donne-nous ta monture et enfuies-toi, c’est le mieux que tu puisses faire. On n’a pas d’ordre te concernant, juste… Il sembla sincèrement désolé. Juste ton amie. Il faut que tu la laisses là, de toute façon, vue son état, le tribunal ne sera qu’une simple procédure ; elle mourra probablement avant. Toi, on ne te fera pas de mal, tu as ma parole. » Ce à quoi acquiesça son compère qui ne semblait pas non plus enchanté par l’idée d’assassiner une femme.

    Quant à Juliette, elle ne comprenait pas tout à fait ce qui était en train de se passer. Son esprit vagabondait au hasard, dans les limbes, sans qu’elle ne sût que faire. Un bourdonnement sourd résonnait à ses oreilles, et pourtant était-elle parvenue à entendre toute la conversation, et sûrement pouvait-elle-même y participer pour peu qu’elle haussât la voix.
    Etrangement, elle ne ressentait plus la douleur. Allongée au sol à plat ventre, yeux levés en direction de Laëssya et des deux gardes qui se trouvaient devant elle, la jeune femme parvint à bouger les bras et les épaules. Et pourtant, une mauvaise appréhension la rongeait. Quelque chose en elle s’était brisé. Et lorsqu’elle tenta de bouger les jambes, de se mettre à genoux, ou même de se retourner sur le dos, seul le haut de son corps et sa tête répondit à l’appel de son esprit. Tout le reste, en dessous des hanches, demeura sourd et effroyablement insensible.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Je crois que je suis en mauvaise posture :mrgreen:
    Les choses se passaient mal, c'était un fait. Les deux soldats faisaient maintenant face à Juliette. Un des gardes n’avait plus aucune pitié, il envisageait d’assassiner la jeune fille blessée. Il n’avait plus rien d’humain. A la manière d'un lierre tenace et envahissant, le mal avait profondément plongé ses griffes corruptrices dans cet être se tenant devant l’ancienne paysanne, un être qui n'aurait jamais dû poser le pied en ce monde. La tête de la jeune fille avait heurté le sol dans un bruit sourd alors qu’elle venait de dégringoler de sa selle, son cheval la laissant à la merci des soldats.

    Tout son corps avait cessé de réagir et elle se trouvait en ce moment même dans une profonde léthargie, incapable de parler ou de bouger. Une ombre la guettait. Juliette ne savait pas ce que c'était, n'arrivant pas à en déterminer précisément les conséquences sur elle, mais cette présence devenait plus indicible de seconde en seconde, troublante, mortifiante même. Vous êtes-vous déjà tenu au bord d'un abîme mystérieux, aux ténèbres fascinantes ? Elles vous appellent, elles vous murmurent de les rejoindre et de vous unir à elle. Un mariage odieux, aux relents changeants de domination, où l'on ne sait pas vraiment si vous possédez le pouvoir ou s'il vous possède ; mais cette idée, ce principe de pouvoir, demeure omniprésente. La mort. Tout ce qu'il y à faire, dans ces cas-là, c'est de la regarder bien en face et de lui cracher à la face, avant de la maudire et de tourner les talons.

    Juliette Dickens savait que cette lutte n'était pas en sa faveur ; elle en avait l’intime certitude. C'est dans les moments les plus intenses, à l'instant précis où vous vous sentez le plus vulnérable, le plus en doute, que votre âme se tourne vers le pilier le plus aveugle de votre bravoure.
    Ce pilier s'appelle la foi ! La foi en Sigmar !

    Juliette se construisait des réflexions désespérées, recherchant un salut théorique là où il n'y en avait pas. Nulle aube rosée pour éclairer l’Ostermark, nul soleil réconfortant venu d'ailleurs. Il n'y avait que Laëssya pour la sauver et la sortir d'ici.
    Une expression hargneuse passa sur les traits de l’ancienne paysanne. Un tout dernier effort. Elles ne tomberaient pas si près après s’être échappées du manoir de la margrave Adélaïde von Mach. Juliette Dickens se raidit, attendant la décision divine de Sigmar.

    Ne me tue pas ! Les inscriptions sont bloquées :P
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Juliette s’en était soudainement remise à la foi en l’absence de toute autre solution. Son état était si grave, paraissait-il, qu’elle se remettait aux mains des dieux plutôt qu’en sa propre personne, volonté, ou même plutôt qu’en la personne de Laëssya qui, au lieu de fuir au loin, avait préféré se retourner contre les gardes. Et cette dernière sembla sentir le soudain regain de foi de celle qui n’avait pas été jusque-là très zélée, quand bien même cela tenait davantage du désespoir que de la piété. Et si les traits de Juliette arborèrent une expression hargneuse, celle de Laëssya l’imita, ombrageuse, y ajoutant également une once de dédain qui ne tarda pas à prendre forme.

    « Mais arrête donc cela, petite sotte » cracha-t-elle en levant les yeux au ciel, ne parvenant pas à comprendre un tel comportement.
    Les gardes s’en retrouvèrent forts surpris, ne comprenant pas tout autant, mais pour des raisons différentes, et se questionnèrent du regard, tentant d’interpréter cette curieuse réponse. La brune aux yeux verts se détourna alors de sa consœur pour regarder les deux hommes bien en face.
    «Voulez-vous connaître ma décision ? La voici. »
    D’un geste vif, elle poignarda la gorge de sa monture avant d’abaisser vivement son bras, emportant dans le mouvement une bonne partie de la trachée et de la carotide de l’animal qui s’effondra alors au sol dans un hennissement de surprise et de douleur. Les gardes en furent bouche-bée, ne sachant comment réagir à cette décision inconsciente, puis raffermirent leurs prises sur leurs épées courtes, persuadés d’avoir affaire à une folle aux actions imprévues et dangereuses.
    Test de Laëssya au lancement du sort « Mur d’Os » : 14 ; réussi.
    S’ils avaient sûrement bien raison que de se méfier, il était certain qu’ils n’avaient jamais imaginé assister un jour à ce qui se déroula sous leurs yeux ébahis. Alors que le gracieux visage de leur soudaine ennemie adoptait des traits plus sévères et concentrés que jamais, le sol sembla trembler tout autour d’elle, et des nuages de poussière, d’herbe, de racines et de terre tournoyèrent autour de ses jambes. Surgirent alors tout un tas d’ossement, des petits comme des grands. Des tibias comme des crânes se mêlaient aux minuscules squelettes de quelques rongeurs, et tous affichaient un âge différent. Certains étaient tout récents comme d’autres, fissurés, menaçaient de tomber en poussière au moindre choc.
    Une vision qui les laissa marqués à vie.
    Test d’INT des deux gardes : 12 et 10 ; raté.
    Ils furent bien trop stupéfiés pour entreprendre la moindre action offensive, et, ne parvenant toujours pas à croire à ce qu’ils voyaient comme à cette jeune femme armée d’une simple dague qui les engageait, se contentèrent de tenter de parer.
    Deuxième action (Attaque) de Laëssya sur garde 1 : Votre attaque a réussi (7). La parade de votre adversaire a réussi (5).Vous lui infligez une perte de 17 PV.
    70-16 = 53
    Round 2
    Laëssya a l’initiative : Votre attaque a réussi (3). La parade de votre adversaire a réussi (6).Vous lui infligez une perte de 20 PV.
    Garde 1 : 33 Pv.

    Jet d’INT des gardes, à cause du sort Mur d’Os : 1 et 1. (Really ?)
    Ils avaient hésité. Ils n’auraient pas dû. Laëssya, courroucée, se fendit en avant à une vitesse qui dépassait l’entendement, et sa dague fut à peine déviée par l’épée courte de l’un des deux gardes. La lame plongeant dans le cuir et le bras de l’homme, un hurlement de surprise et de douleur s’en échappa. Et un second lorsqu’elle réitéra la même action.
    Conscient que leur adversaire n’était plus une simple et jolie jeune femme innocente, mais plutôt une sorcière s’adonnant aux arts occultes, les deux soldats prirent leur courage à deux mains, sachant qu’ils devaient éradiquer tout disciple de la magie noire.
    Attaque garde 1 : Votre attaque a réussi (8). La parade de votre adversaire a réussi (2).Vous lui infligez une perte de 17-8= PV.
    Attaque garde 2 : Votre attaque a échoué (14).
    PV Laëssya : 116

    Seconde attaque de Laëssya : Votre attaque a échoué (17).
    Round 3
    Première attaque de Laëssya : Votre attaque a réussi (11). La parade de votre adversaire a réussi (10).Vous lui infligez une perte de 21 PV.
    PV garde 1 : 12
    Il s’effondre au sol, au même titre que Juliette, trop mal en point pour se battre.

    Attaque garde numéro 2 : Votre attaque a réussi (3). La parade de votre adversaire a échoué (16).Vous lui infligez une perte de 18 PV.
    PV Laëssya : 98

    Seconde attaque de Laëssya : Votre attaque a échoué (16).
    Les deux gardes redoublèrent de violence et de courage, réussissant à parer avec brio les attaques de cette banale servante qui n’était finalement pas si ordinaire que cela. Malheureusement, les coups qui leur furent portés se révélèrent trop rapides ou trop puissants pour pouvoir être obvié avec facilité, et la lame fut souvent nourrie de sang. Et lorsque les attaques furent échangées, le mur d’os qui tournoyaient violemment autour de la jeune femme les handicapait sérieusement, absorbant bien souvent une partie des coups. Au final, l’un des gardes de tarda pas à tomber, bien que la servante fut entaillée à plusieurs reprises.
    Round 4
    Attaque Laëssya : Votre attaque a réussi (1). La parade de votre adversaire a échoué (20).Vous lui infligez une perte de 35 PV. (sans réduction armure)
    En général, lorsqu’il y a un coup critique pour l’attaque, la parade est impossible. Mais le jet a été fait dans le même temps, et il s’avère que ce fut un échec critique…. Je vais faire dégâts fois deux, alors.
    Perte de 70-5 = 5 Pv.
    Une paire d’yeux afficha soudainement un regard des plus étonnés alors que la lame effilée d’une dague venait de se planter dans ce qui devait être le foie. L’homme cracha du sang avant de basculer en avant alors que Laëssya tordait son poignet, déchiquetant les chairs du garde et une partie des intestins.
    Trois corps gisaient à ses pieds, aux portes de la mort, et elle seule avait le pouvoir, peut-être, de les sauver. Le premier eu la gorge tranchée. Le deuxième reçut un coup de dent la lui arracha, alors qu’une langue avide lapait le sang qui s’en écoulait. Le troisième, ensuite, fut porté dans les bras de la survivante. Et lorsque le regard de cette dernière se posa sur le visage défiguré de Juliette, ses yeux, en dépit de toute la volonté du monde, ne purent s’empêcher de trahir l’effroi qui l’habitait.
    «Oh, Juliette, mais que t’ont-ils fait ?! Et son ton désespéré témoignait de la laideur de la blessure où le sang se mêlait à la terre et aux petits cailloux et aux dents brisées. Les pieds et jambes de la jeune femme pendaient également lamentablement sans qu’elle ne puisse rien faire, insensibles et amorphes depuis sa chute. L’ancienne servante put apercevoir, par-delà l’épaule et la chevelure de sa protectrice, la fin de nuit qui se muait lentement en aube, et le ciel, de plus en plus, se bleuissait sombrement à l’Est.

    Laissant là les cadavres du cheval et des deux gardes, la jeune femme s’empara de la gibecière et, se tournant vers le Nord, adopta une marche rapide en longeant la route. Bien que douce et légère, le petit pas de Laëssya provoquait une douleur sourde dans le dos de Juliette à chaque heurt, le long de sa colonne vertébrale, là où, en dessous de ce point douloureux, plus rien n’était ressenti. Et sa blessure à la joue la faisait souffrir également, tout comme, mais dans une moindre mesure, le faisaient son coude et sa hanche dont la peau avait été profondément écorchée.
    A mesure qu’elle avançait, tenant le petit corps de Juliette tout contre elle, Laëssya jetait des regards de plus en plus apeurés à sa droite, à travers la cime des arbres. Sans que l’on pût vraiment s’en apercevoir et en noter la véritable différence, les sous-bois s’étaient légèrement éclaircis.
    «Oh non, c’est déjà trop tard ! lâcha-t-elle d’une petite voix plaintive et perdue.
    Test d’INT de Laëssya : caché
    Les ombres grandissaient sous le tronc des arbres quand, soudainement, la jeune femme traversa une petite éclaircie que ne recouvraient les feuilles, une petite éclaircie qui laissa passer un rayon chaud et jaune. L’ancienne servante se hérissa de tout son corps dans un brusque mouvement qui raviva la douleur de Juliette. Laëssya s’était dressée sur la pointe des pieds avant d’effectuer un nouveau pas, puis un second, visage collé au menton et paupières si férocement fermées que son visage en était tout crispé de concentration ou de souffrance.

    « Je ne suis pas certaine de pouvoir tenir encore longtemps comme cela, tu sais… »
    Ne me tue pas ! Les inscriptions sont bloquées :P
    :mrgreen:
    J'y songerai. n_n
    En tout cas, je sais que ce n'est peut-être pas très plaisant que de ne rien pouvoir faire actuellement, et de ne faire que décrire ce qu'il se passe sans pouvoir réellement interagir, mais il faut bien qu'il y ait de mauvais côtés au fait d'avoir ses points de vie aussi bas (en plus des blessures occasionnées, aussi. =D )
    Et ton xp, tant qu'à faire : 282 xp ! o/

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Je commence à avoir un petit pactole :)
    Du coin de l’œil, Juliette Dickens nota que Laëssya venait de raffermir sa résolution en même temps que sa prise sur le manche de sa dague. Bien malgré elle, son regard s’attarda sur l’ancienne favorite. Laëssya lui était un mystère vivant, et malgré son caractère manifestement cavalier, elle comptait bien… Elle comptait bien quoi ? Juliette était bien en peine de mettre un mot sur son propre désir. La connaître ? La découvrir serait-il un terme plus approprié, tant intense et complexe paraissait être sa personnalité…

    En un peu moins d’une heure, Laëssya avait revêtu bien des masques, bien des atours. Très différents, et presque contradictoires. Et la sincérité était au cœur de chacune de ces expressions d’elle-même. Elle avait été sincère lorsqu'elle lui avait raconté son calvaire ; sincère dans sa répugnance pour le margrave, sincère dans la fougue qu'elle détenait, sincère jusque dans son insolence ! Et même sincère dans sa détresse, car c'était une détresse sous-tendue que Juliette pouvait apercevoir en observant l’ancienne servante. Et dans sa propre philosophie, au terme d'une réflexion sans doute rapide mais que Juliette estimait juste et vraie, Laëssya était sincère dans ce qu'elle était de mal, comme dans ce qu'elle était de bien. Dans ce qu'elle avait d'indolent, de turbulent, d'impétueux, de violent ; et dans ce qu'elle avait d'humain, de compassionnelle, de passionnée.

    Les questions tourmentaient davantage Juliette que la douleur. Une personne telle qu’elle pouvait-elle s’attacher aussi profondément qu’elle la soupçonnait de l’avoir fait à son sujet ? L’ancienne paysanne essayait de comprendre Laëssya, et à mesure qu’elle la comprenait, elle la fascinait. Une envie d’en savoir plus, d’aller plus loin, l’intime instinct de deviner, oui deviner, qu’il y a des trésors cachés dans cette âme, que Laëssya ignore elle-même, et dont la découverte pourrait vous redonner un peu fois en vos semblables. La servante rigola ironiquement… elle était en plein délire.

    La silhouette de Laëssya se tenant devant elle rappela Juliette à la réalité. Sa propre réflexion avait détourné l’attention de la jeune fille et elle remarqua que le visage de sa nouvelle protectrice était maculé de sang… Que c’était-il passé ?


    «Oh, Juliette, mais que t’ont-ils fait ?! »

    Laëssya la couvrait des yeux, attendant sa réaction. Juliette bougea son bras dans la direction de son amie. Et ses doigts se refermèrent sur le tissu du pantalon de Laëssya. Cette dernière aurait pu briser le bras de Juliette rien qu’en remuant la jambe tellement la prise était faible. C’était un étau d’enfant, de nourrisson, qui voulait probablement dire quelque chose comme "Ne me laisse pas". Juliette survivrait à ce choc, à ce traumatisme. Tout ce que Laëssya avait à faire, c’était de permettre à son corps de survivre, lui aussi.

    Et l’ancienne favorite de la margrave l’avait bien compris. Elle s’agenouilla et la porta dans ses bras, prenant bien soin de sa tête. Le sous-bois était silencieux, si ce n'était de temps à autre un cri d'orfraie qui venait rompre avec timidité ce monotone mutisme de la nature. Et comme la caresse d'un amant peut venir chasser le cauchemar d'une mauvaise nuit, celle du soleil venait rejeter l’oppressante obscurité de la forêt. Et alors, comme si les raies du soleil avaient directement touché le cœur de Juliette, c’est un frémissement de lèvres, l’ombre d’un authentique sourire qui se dessina sur le visage de la jeune paysanne. Ce fut tout le contraire du côté de Laëssya…


    « Je ne suis pas certaine de pouvoir tenir encore longtemps comme cela, tu sais… »
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Mobilisant toutefois assez de volonté, Laëssya parvint à avancer à travers la clarté toujours plus lumineuse. Ses yeux s’étaient ré-ouverts, son visage détendu, et elle avançait comme elle l’avait fait auparavant. Juliette demeurait toujours dans ses bras, en proie à quelques visions, quelques délires, tant et si bien qu’elle eut l’impression qu’une aura ténébreuse entourait sa protectrice, et que les rayons ardents venaient enflammer cette étrange obscurité. Immuablement, ils grignotaient petit à petit ce voile brumeux que, dans sa divagation, elle était certainement la seule à pouvoir observer. Et alors que l’astre solaire venait consommer le sombre halo, des filaments opaques venaient l’alimenter, le renforcer, émanant, aussi ondoyant qu’une aurore boréale mais en bien plus noire, du corps de la jeune femme. Magnifique spectacle provoquée par la fièvre délirante d’une servante brisée sur laquelle Morr se penchait déjà. Et elle perdit conscience.
    ***
    Le réveil fut douloureux alors même qu’elle n’avait pas encore ouvert les yeux. Peut-être dormait-elle encore, à vrai dire, mais le réveil était à portée de main. Etait-ce une bonne chose pour autant ? Probablement pas, et son corps abondait en ce sens ; qu’elle se réveillât, et un flot de douleur l’inonderait subitement.
    Il faisait humide, et le petit poids léger de peau qui la recouvrait ne l’épargnait pas suffisamment du froid qui régnait en ces lieux. Le froid. Son esprit en prit subitement conscience, et Juliette se mit à grelotter de tout son être alors que des épines glaciales la traversaient, lui meurtrissant son être. Mais où était-elle ? Elle n’avait pas assez de force pour ouvrir les yeux et redoutait en même temps d’en avoir la possibilité. Dans ce monde d’ignorance, l’on se sentait si bien. Même s’il y faisait très froid.
    ***
    Combien de temps depuis la dernière fois qu’elle avait resurgi de l’abîme ténébreux ? Elle n’en savait rien. Il y avait du mouvement non loin d’elle. Peut-être une pièce à côté ; les bruits lui parvenaient confus, ténus, et quelque peu en écho. Une voix d’homme se fit alors entendre.

    «Ils sont venus, effectivement. Je n’ai rien dit, comme convenu, et leur ai montré les chambres vides et occupées par d’autres. Ils devraient aller vers le Nord encore un petit peu, avant d’abandonner les recherches après ne rien avoir trouvé plus haut.
    - Je doute qu’elle abandonne aussi facilement.
    C’était une voix de femme qui avait répondu, à présent. Je vous remercie du fond du cœur, en tout cas.
    - C’est moi qui vous remercie !
    répondit l’homme en ricanant. Et ouais, je pense bien qu’elle est plutôt tenace. Elle vous retrouvera bien un jour ou l’autre, vu comment on est près d’Eseintal, et j’ai pas envie que ça soit ici, avec moi à côté. Vous pouvez pas rester ici.
    - Je voudrais attendre qu’elle se soit rétablie avant de con…
    - Non. C’est terminé pour elle, ça se voit comme le milieu de la figure. Elle hurle la nuit, elle délire, elle a de la fièvre, elle transpire, ses jambes ne répondent plus, elle a la moitié du visage arraché, et la blessure qui manque de se gangrener. C’est un miracle qu’elle soit encore en vie, et même si elle a du courage et qu’elle s’accroche dur comme fer, c’est en vain, et elle ferait mieux d’abandonner tout de suite. Tout comme vous.

    La voix de l’homme était froide et cassante, convaincu de ses propos.
    - Il y a encore de l’espoir, j’en suis sûre Laissez-nous un peu de temps, supplia presque la femme, avec ce que je vois ai donné, vous avez de quoi vivre sans souci pour bien longtemps !
    - Sauf si on vous trouve ici, chez moi, dans mon auberge, et alors là, je n’aurais jamais le loisir d’en profiter bien longtemps avant de me faire écarteler ! Mais bon sang, ouvrez les yeux ! Même si, par miracle, elle s’en sort, que croyez-vous qu’il arrivera ? Elle pourra pas marcher, les gens s’enfuiront devant elle, horrible qu’elle est devenue ! Vous devrez travailler ardemment pour nourrir une assistée qui ne pourra rien faire pour vous aider, même si elle le voulait ! Et cette situation vous mettra en position de faiblesse, et vous pouvez bien compter sur certains hommes pour en profiter tout leur soul ! Si vous aviez un tant soit peu de lucidité et de miséricorde, vous auriez déjà abrégé ses souffrances.
    »

    Le silence se fit soudainement, palpable, très lourd, puis des bruits de pas assez marqués se firent entendre sur du bois, comme si l’on montait un escalier, avant que ne claquât une porte.

    ***
    Etait-ce des minutes, des heures ou des jours plus tard ? Le même bruit de porte fut audible, à ceci près que l’on descendit à présent l’escalier d’une démarche beaucoup plus légère et lente. Juliette parvint enfin à ouvrir les yeux, bien plus consciente qu’elle ne l’avait été ces derniers temps.
    La pièce dans laquelle elle se trouvait était très sombre, éclairée d’une simple chandelle qui luisait chétivement, reposant à même le sol. La jeune femme était allongée sur un matelas lui aussi posé sur le sol, et une couverture de peau la recouvrait. Contrairement à ses premiers souvenirs ou sensations, l’on avait rajouté une deuxième couche de fourrure, ce qui ne l’empêchait pas pour autant de trembler ; au moment même où elle prit conscience qu’elle avait ouvert les yeux, qu’elle s’était ouverte au monde et que son esprit s’était délogé de cet endroit paisible à l’intérieur de son être, vulnérables aux émotions et aux perceptions, la douleur, le froid, la fatigue et le vertige revinrent plus puissants que jamais. Elle claqua de ses dents restantes, fut parcourue de spasmes, et la plaie béante à sa joue se rouvrit, tachant aussi bien l’oreiller que ses nouveaux vêtements autrefois propres mais déjà trempés de transpiration, si ce n’était pas d’autre chose.

    Juliette tenta de se redresser quelque peu, et un horrible mal de crâne la submergea, lui donnant envie de vomir. Elle se relaissa tomber sur son matelas, inerte et sans force. Tournant avec difficulté la tête, l’ancienne mineuse discerna de son regard fiévreux la lueur d’une autre bougie qui se reflétait contre le mur et s’approchait d’elle en même temps qu’une personne. Une silhouette vêtue d’une grande robe blanche sur laquelle, au niveau de la poitrine gauche, était cousu un cœur et qui, après avoir relevé sa capuche, laissa apparaître une femme d’un certain âge au regard.

    «Juliette, c’est donc toi ?, demanda la femme après s’être agenouillée à son chevet. Je suis la mère Lidwine Sorghen, prêtresse de Shallya du petit village situé un peu plus au nord, Osterwald. Elle tentait de se montrer douce et nullement effrayée, mais la crevaison de la joue, la gencive lacérée, les dents éclatés y étaient révélées et l’oreille mutilée lui firent détourner les yeux en dépit de tous ses efforts. Ta sœur ne semblait pas très encline à ce que je vienne, mais Hans Alter, l’aubergiste, a réussi à la convaincre. Mais je… Je ne m’attendais pas à ça »,lâcha-t-elle dans un souffle.

    Elle se força à examiner la plaie, auscultant l’état de la bouche de Juliette, avant de poser une main sur son front. Elle grimaça.
    «Peux-tu te retourner sur le ventre ? », demanda-t-elle.
    Au prix de violents efforts qui lui donnèrent le vertige et l’impression qu’une barre tapait sans arrêt dans son crâne, Juliette parvint à se retourner. Ou tout du moins parvint-elle à retourner le haut de son corps à moitié ; son bassin était tordu par le poids de ses jambes qui refusaient implacablement de se retourner à leur tour, voire d’effectuer le moindre petit mouvement. En dépit de tous ses efforts, ses jambes qui lui permettaient autrefois de bondir, de courir et de marcher, ou tout simplement de la définir en tant qu’être humain capable d’autonomie, l’avaient abandonnée, gisant là comme si elles appartenaient à un cadavre. Un éclair de pitié traversa le regard de la shalléenne, qui fut obligée de lui retourner elle-même cette partie morte de son corps. Relevant alors la tunique de l’ancienne mineuse, elle parcourut de ses mains le milieu du dos, remontant tout doucement jusqu’à ce que le mouvement pût être senti par la jeune femme.
    «Je vois…finit-elle alors par dire. Je ne peux rien faire pour la blessure qui l’a défigurée à vie. Avec le temps, elle se ressoudera certainement jusqu’à la commissure des lèvres, mais la peau sera horriblement gonflée, affichant en plus des coutures tout le long de l’estafilade. C’est déjà une chance qu’elle ne se soit pas infectée. Je peux juste donner un baume afin d’accélérer le processus de guérison, qui s’étalera toutefois sur plusieurs mois, si ce n’est pas davantage. Elle ne pourra plus utiliser le côté gauche de sa bouche pour manger.
    En ce qui concerne ses jambes… Je regrette, mais sa colonne vertébrale est brisée. Elle ne pourra jamais retrouver l’usage de ses jambes, ni même ressentir la moindre sensation.
    - Voilà bien ce que je craignais. Je m’en doutais. Vous n’êtes d’aucune utilité, et cela fait une personne de plus qui sait où nous nous trouvons.
    Cette voix était celle de Laëssya, qui s’était tenue silencieusement dans un coin sombre de la pièce, refusant obstinément de s’approcher de la prêtresse.
    Peu m’importe ce que vous avez fait dans le passé, même si j’ai déjà mes propres idées, vu ce que l’on a raconté. Je suis ici en tant que représentant de Shallya, c'est-à-dire pour tenter d’apporter mon aide à ceux qui en ont besoin.
    - Alors aidez-la.
    - Je ne peux pas, personnellement. En vérité, la seule façon serait d’aller faire un pèlerinage à Couronne, en Bretonnie, et demander à voir la Très Sainte Matriarche Lisegund, la Grande Prêtresse de l’ordre. Elle a déjà accompli plusieurs miracles, et…
    La surprise et de dédain de Laëssya furent palpable.
    - Aller à Couronne ? Elle ne survivra jamais au voyage ! Dois-je vous rappeler ce que vous venez de dire à l’instant ? Elle est paralysée ! Sans compter la fièvre…
    - Je suis désolée. Je ne peux rien faire d’autre. Je vous donnerai juste quelques herbes afin de tenter de lutter contre la fièvre, très importante, oui. Votre sœur sait-elle lire et écrire ?
    - Juliette n’ira pas dans un de vos temples.
    -… Eh bien, c’est pourtant ce qu’il y a de mieux pour elle. Elle pourra y vivre une vie paisible en dépit de ses… difficultés, comme bon nombre de personnes de son âge qui ont, eux aus…
    - J’ai dit qu’elle n’irait pas là-bas.

    La mère Lidwine Sorghen laissa passer un petit silence étonné, avant de demander.
    - Détestez-vous donc à ce point notre Ordre ? Que vous a-t-il donc fait ?
    - Sortez, maintenant. Ne devenez pas trop curieuse en plus d’être des plus inutiles.
    - Comme vous voudrez
    »

    La phrase avait été prononcé sur un ton guindé mais qui acceptait nonobstant, très conciliant, les répliques acérées de Laëssya. La prêtresse s’en alla alors, montant l’escalier de bois, tandis que sa vis-à-vis la suivait du regard d’un air mauvais, et la porte se referma une fois de plus, laissant les deux jeunes femmes en tête à tête.
    Laëssya s'approcha de la couche de Juliette avant de s'y agenouiller.
    « Es-tu consciente....? As-tu entendu ce qu'à dit cette maudite prêtresse ? Tu es infirme, défigurée, le bas de ton corps ne te répondra plus jamais. Tu es brûlante de fièvre, mais tu tiens encore bon. Ton esprit est fort, mais ton corps est faible, pitoyable, désormais, et c'est malheureusement dans celui-ci que demeure ton esprit. Je ne crois pas à toutes ces sottises sur la religion, mais si toi tu y crois vraiment, alors je souhaite m'être trompée, et que tu puisses reposer à jamais dans le jardin de Morr, en paix. Tu le mérites. Aussi, Juliette, dis-moi ; pourquoi n'abandonnes-tu pas la lutte ? Pourquoi ne t'épargnes-tu pas ces souffrances en lâchant prise et en allant dans un monde meilleur et sans douleur ?»

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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • J’espère que la vampirisation va me rendre mon beau visage :P
    Errer dans la nuit n'a jamais rien eu d'amusant. Juliette Dickens ne le sait que trop bien, aujourd'hui - quand que puisse vouloir dire ce mot, "aujourd'hui". En réalité, la jeune femme erre dans le brouillard depuis si longtemps... Il n'y a rien. Tant de rien, qu’elle ne sait pas vraiment s'il s'agit encore d'une errance, si elle avance véritablement dans un hypothétique quelque part.
    ***


    D’abord, il y eut la lumière ; puis le bruit. Juliette sentit la lumière lui brûler les yeux au travers de ses paupières pourtant fermées, comme si l’on tenait une lampe tout près de sa tête. Elle les serra donc un peu plus en tentant de cerner son environnement par l’intermédiaire de ses autres sens. Elle était allongée sur un matelas mou, une couverture de peau la recouvrait. L’air était humide.

    L’ancienne servante pouvait entendre une discussion un peu plus loin : un homme et une femme. Ils semblaient parler d’une mourante… cela devait sûrement être elle.
    Progressivement, ses yeux s’habituèrent à la luminosité que projetait la bougie et elle se risqua à les ouvrir par à-coups, s’adaptant à chaque cran d’éblouissement avant de les ouvrir un peu plus.

    La jeune femme tenta de s’asseoir, mais s’arrêta net devant les protestations énergiques de chacun des muscles de ses membres, avant de sentir une sorte d’engourdissement au niveau du bassin. Il lui fallait se lever, découvrir où elle était.
    S'il y a une chose dont elle se rappelle... c'est qu’elle avait reçu un choc terrible à la tête. C'est bien la seule chose dont elle se souvient, alors que les ténèbres reviennent avidement chercher leur dû... sa conscience.

    ***


    Juliette Dickens est sur le côté d'un long chemin de terre qui se perd, d'un côté comme de l'autre, dans la grisaille détestable de l'inconnu. Le monde a perdu ses couleurs, flottant dans cette nasse déprimante - panel hypocrite de nuances blanches et noires.

    Toutefois... toutefois, oui, il lui semble bien qu'à droite, derrière les volutes vaporeuses, elle entend des rires enfantins. Elle peut même discerner quelques coloris fugaces, joyeux, d'or solaire et de vert sylvestre qui se laissent apercevoir. Dans cette direction Juliette croit ressentir comme un parfum d'innocence.
    Sur sa gauche, la route disparaît également dans la brume mais de temps à autres, elle s'écarte fugitivement pour laisser surprendre par son regard acéré des formes sombres au sol. Rien ne remue, sinon l'éclat tremblant de quelques braseros sinistres qui fleurent dangereusement la vérité.

    ***


    A peine Juliette ouvre-t-elle les yeux que le monde l’assaille avec toutes ses couleurs, ses bruits et ses odeurs. Elle repose toujours au fond de son lit. Quelque part, des bougies encensent la chambre d'une senteur un peu piquante mais également, curieusement rassurante. Juliette reconnaît la fragrance de la cire fondue des cierges shalléens.
    Oui. Rassurants...

    Juliette parvint enfin à ouvrir les yeux, bien plus éveillée que ces derniers temps. Faible, nauséeuse, mais finalement éveillée. Quelque part, elle a l'impression d'avoir tenté de résister aux limbes.


    «Juliette, c’est donc toi ? Je suis la mère Lidwine Sorghen, prêtresse de Shallya du petit village situé un peu plus au nord, Osterwald. Ta sœur ne semblait pas très encline à ce que je vienne, mais Hans Alter, l’aubergiste, a réussi à la convaincre. Mais je… Je ne m’attendais pas à ça »


    Une femme se dirige vers le lit de Juliette alors que les yeux de cette dernière encore embrumés voient flous et anonymes. Elle s’agenouille au chevet de la paysanne et lui prend la main avec une évidente compassion, comme si cette personne avait perçu l’émoi de la blessée. La prêtresse, d’un certain âge, fixa Juliette de toute la profondeur de ses yeux au marron automnal.

    La curiosité de Juliette lui fait découvrir une pièce étroite mais meublée, avec une large armoire sans aucun motif et une commode massive. Le mobilier a beau être grossier, il n'en paraît pas moins solide. Un cierge brûle doucement sur une petite table derrière la prêtresse de Shallya.


    «Peux-tu te retourner sur le ventre ? »

    Juliette commença à se retourner, mais le niveau de douleur lui donnait la nausée et le vertige. Elle parvint finalement à retourner le haut de son corps en poussant un grognement de douleur. Chacun de ses muscles la firent souffrir le martyre dans l’opération. Cela lui avait demandé un effort surhumain et son cœur produit des battements sourds. Malgré tous ses efforts, le bas de son corps ne lui répondait pas. Il l’avait tout simplement abandonné… Le chagrin s’empara de la jeune fille, car sans l’aide de la prêtresse elle n’aurait jamais pu retourner ses jambes. Lidwine Sorghen palpa le corps de l’ancienne mineuse et en même temps, elle donnait son pronostic vital à Laëssya. Et quoiqu’on puisse en dire, Juliette était défigurée à vie et elle avait perdu l’usage de ses jambes pour le restant de sa vie…
    Le ton monta entre les deux femmes et Laëssya décida de renvoyer la prêtresse avec une certaine arrogance.

    Quelques secondes plus tard se fut au tour de Laëssya de s’agenouiller auprès de la couche de Juliette :


    « Es-tu consciente....? As-tu entendu ce qu'à dit cette maudite prêtresse ? Tu es infirme, défigurée, le bas de ton corps ne te répondra plus jamais […] Aussi, Juliette, dis-moi ; pourquoi n'abandonnes-tu pas la lutte ? Pourquoi ne t'épargnes-tu pas ces souffrances en lâchant prise et en allant dans un monde meilleur et sans douleur ?»

    Le constat de Laëssya était sans appel ! Juliette faillit éclater en sanglots mais elle tînt bon. Sa protectrice avait raison, à quoi bon vivre dans cet état ? Une brise chargée de la pourriture de la mort vint souffler aux oreilles de Juliette. Pourquoi ?

    « Je cesserais de lutter lorsque tu ne pourras plus m’aider… Peux-tu encore me sauver ? »
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
Profil: For 11 | End 10 | Hab 11 | Cha 12 | Int 10 | Ini 12 | Att 11 | Par 9 | Tir 11 | NA 1 | PV 95/95

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... te_dickens

Verrouillé

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