[Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitudes.

La population rurale de l'Ostermark est composée de gens capables et autonomes qui se battent souvent aux côtés des Kislévites contre les pillards Nordiques. Wolfram Hertwig dirige sa province depuis Bechafen, situé dans le Nord.

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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Bien sûr que non, cela ne me dérange pas. x)

    Le matin suivant ne révéla rien d’autre de plus que ce que ne Juliette savait déjà. Les servantes se levèrent à l’aube, se préparèrent, allèrent chercher le pain, préparèrent la table, prirent du lait cru, le secouèrent pour en faire du beurre, et, après s’être sustentées rapidement, ce fut au tour de la margrave de descendre prendre son repas. Frédérick, comme à son habitude, se leva bien plus tard, et ce fut bâillant et les mèches de cheveux en désordre qu’il engloutit quelques croutons beurrés. A peine était-il rentré dans la pièce qu’Estelle la quittait aussitôt, et l’homme la suivit du regard d’un air étonné, avant de se rappeler les évènements de la veille, secouant la tête en souriant légèrement. A croire que l’homme ne le perdait jamais, et il perdura encore alors qu’il observait tranquillement Juliette se mettre à la tâche, sans rien dire.

    Durant la suite de la journée, il sembla à l’ancienne mineuse que son aînée blonde partit brûler quelques serviettes le plus discrètement possible ; un petit feu se dégageait tout doucement du coin situé au fond de la cour, et la maigre fumée qui s’en échappait s’évanouissait dans l’air gris du ciel. Une futile précaution lorsqu’elle savait bien que Juliette était désormais parfaitement au courant de cette étrange activité, mais peut-être n’était-ce juste qu’une simple protection afin que les gardes situés devant la bâtisse n’en sussent rien.

    Les trois jeunes femmes se retrouvèrent toutes les trois au moment où Licinia apportait un panier d’oseille, lequel était constamment chargé de linges sales à aller laver au lavoir. Elles restèrent ensembles sans bouger pendant quelques secondes alors qu’un silence pesant se faisait ressentir dans la salle ; elles avaient coutume d’y aller par deux, et ces derniers jours faisaient que n’importe laquelle des alliances entre les filles n’assurerait certainement pas la meilleure des ambiances qui fût. A ce moment-là, Frédérick fit son apparition.

    «Licinia, viens ici s’il te plaît. J’ai besoin de ton aide. »

    L’avait-il fait exprès ou requérait-il véritablement l’aide de la jeune femme ? Qu’importait, à présent ; Licinia obéit expressément à ses ordres, laissant seules Juliette et Estelle qui, si fait, durent y aller à deux. Elles ne s’étaient pas reparlées depuis le dernier incident qui semblait avoir creusé un océan entre les deux jeunes femmes, et le chemin jusqu’au lavoir fut placé sous le signe de la camaraderie la plus exemplaire. La route fut longue, très longue, alors qu’aucune d’entre elle n’osait prendre la parole, et elles se mirent à travailler méthodiquement, en silence. Ce fut au bout d’un certain temps qu’Estelle parvint à briser le tabou.

    «Juliette, tu sais, à propos d’hier… C’est… C’est… Elle prit une petite pause, rouge de confusion, ne parvenant pas à trouver les mots. Comment dire… En fait, depuis que je suis ici, Frédérick a toujours été charmant avec moi, gentil et tout, m’offrant de temps à autres des petits cadeaux, plaisantant avec moi… Je veux dire, ça change tellement de lorsque je suis avec la margrave ! Elle qui est toujours si sérieuse, si strict ; impossible de plaisanter avec elle, tout doit être carré et bien rangé, je suis une servante, et ça reste mon statut. Avec le margrave, c’est beaucoup moins formel… Elle fit une petite grimace ; effectivement, eu égard à ce que Juliette avait été témoin la veille, cela l’était bel et bien. Et puis, c’est vraiment un bel homme, je trouve. Alors, quand il se rapprochait toujours plus de moi, qu’il me faisait des avances… Au début, je n’en n’étais pas sûre, je ne savais pas comment réagir, et puis… Bha… Je me suis laisser faire, après tout, je sais bien qu’il est marié et tout, mais, pourquoi pas… »

    Se pouvait-il que l’homme se comporta ainsi avec elle, ou Estelle était-elle simplement amoureuse du mari de sa maîtresse ?

    ***

    Les jours suivants se déroulèrent sans accroche, le plus naturellement qui fût. Il n’y eut plus cet étrange comportement que Frédérick avait eu devant la porte de la chambre de Juliette, quand bien même la regardait-il toujours. La menace qu’il avait faite à la jeune femme restait toujours présente à son esprit, pesant sur ses épaules, et il était légitime de se demander quand l’appliquerait-il véritablement. Cela se fit peut-être plus tôt que l’intéressée l’eût pensé, et peut-être d’une manière plus osée encore.

    Le matin venu, Estelle venait de terminer de prendre son bain dans cette fameuse pièce qui n’était pas réchauffée, et c’était maintenant au tour de Juliette que d’y aller. Ne souhaitant pas perdre de temps pour le futur service qu’elles auraient à effectuer par la suite, la blonde était encore en train de se sécher lorsque sa consœur entra dans l’eau froide. Peut-être étaient-elles en train de parler ; toujours fut-il que la conversation d’Estelle s’interrompit aussitôt que la porte s’ouvrit sur le margrave.

    «Estelle, peux-tu sortir ? »

    L’on put entendre la jeune femme déglutir alors que son visage palissait brutalement, et que, à la manière dont elle avait été prise sur le fait en compagnie du nouveau-venu dans la pièce, elle quitta les lieux précipitamment. L’homme prit tout son temps, avançant tranquillement vers la grande bassine dans laquelle se tenait Juliette, et observa, avec le plus grand intérêt, l’agréable vision qu’il avait devant lui.

    «Bonjour, Juliette. Dis-moi, alors, as-tu réfléchi à ma… Proposition ? »

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Il devient de plus en plus flippant le margrave :x
    « Juliette, tu sais, à propos d’hier… C’est… C’est… […] Alors, quand il se rapprochait toujours plus de moi, qu’il me faisait des avances… Au début, je n’en n’étais pas sûre, je ne savais pas comment réagir, et puis… Bha… Je me suis laisser faire, après tout, je sais bien qu’il est marié et tout, mais, pourquoi pas… »

    Les deux servantes étaient en train de nettoyer le linge au lavoir. Estelle avait patienté quelques minutes avant de se décider à parler avec sa consœur des événements de la veille. Juliette Dickens pouvait comprendre pourquoi son amie avait décidé de passer à l’acte avec le margrave. Mais elle ne l’approuvait pas.

    « Je comprends, Estelle. Mais rappelle-toi de Laëssya, l’ancienne servante qui s’est enfuie sans dire un mot. Licinia m’a expliqué qu’elle était très proche, elle aussi, du margrave et c’est pour cela qu’Adélaïde l’a congédié. En faisant cela tu peux y perdre ton travail. Je ne pourrais pas te couvrir indéfiniment, Estelle… Pense-y la prochaine fois que Frédérick viendra te voir ! »
    ***
    Le froid a le mérite de garder l'esprit alerte, sur le qui-vive. Il est pénible à supporter mais salutaire. C’est pourquoi Juliette fut prête lorsque le margrave fit irruption alors qu’elle prenait son bain dans l’eau froide.

    « Estelle, peux-tu sortir ? »

    Non Estelle ne me laisse pas seule avec lui… pensa Juliette.

    Mais la servante n’entendit pas sa plainte sourde et quitta la petite pièce précipitamment. Frédérick von Mach s’avança dans la pièce pour mieux observer le corps dénudé de Juliette. Il y prenait un malin plaisir. La servante était là devant lui et elle ne pouvait rien faire pour dissimuler son corps. Elle était à sa botte.


    « Bonjour, Juliette. Dis-moi, alors, as-tu réfléchi à ma… Proposition ? »

    Les mots du margrave résonnaient aux oreilles de Juliette Dickens, odieux de futilité, odieux de tromperie. La fureur qui faisait grésiller les pensées de la servante comme autant de braises naissait de son manque absolu de dignité – envers-elle comme envers lui-même.

    Ces paroles, Juliette brûlait d'envie de les lui cracher au visage, mais elle s’abstint de laisser frémir ne serait-ce qu'un seul de ses traits. Ceux de Frédérick étaient d'une régularité parfaite. Magnificence mystifiée, joliesse ténébreuse cristallisée dans le corps blême d'un serpent aux lèvres purpurines...
    Qui est-il vraiment, lui qui sert dans l'ombre du traître ? Son assassin ? Son espion ? Le cavalier qu'il avance secrètement sur l'échiquier de son machiavélisme, traversant les lignes adverses pour y implanter la perversion et la mollesse ?

    Dans toutes les cultures, il y a toujours eu diverses formes de langages. Le parler est un pilier de la communication, il dénote un certain degré de civilisation, c'est-à-dire d'organisation, autour de règles communes qui censément assurent une certaine sécurité via la cohésion. Autour de ce parler gravitent d'autres modes : les gestes et les expressions. Dont les regards. Et dans les yeux de Frédérick, la servante lisait une certaine impatience, malsaine.

    Si la margrave est toujours dans le manoir prends en compte la première option et oublie le second passage. Si Adélaïde n’est pas dans le manoir prends la deuxième option et oublie le premier passage :wink:
    Juliette Dickens ne pourrait pas continuer indéfiniment dans ce manoir en compagnie du margrave. Elle devait trouver un moyen de le décrédibiliser aux yeux d’Adélaïde von Mach, sans que cette dernière soit au courant pour Estelle. Et la jeune femme eut rapidement une idée : appeler au secours pour que la margrave fasse irruption dans la salle de bain et découvre son mari en train de zieuter sur sa servante.

    « AU SECOURS ! MARGRAVE ADELAÏDE VON MACH ! »

    **

    « Il me semble que je vous ai déjà dit non, margrave ! Et mon choix n’a pas changé ! »

    Juliette ne l’ignorait pas simplement en ne mentionnant pas son nom - ceci, il ne le méritait simplement pas. Mais elle faisait partie de ces personnes qui pouvaient très clairement faire sentir à un individu de son entourage qu'il n'existait même pas pour elle.
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Au lavoir :

    Lorsque Juliette relia le nom de Laëssya et celui du margrave dans la conversation, et osa parler de ses agissements, le comportement d’Estelle changea du tout au tout, passant d’une expression quelque peu éhontée à un scepticisme et à une rancune certaine.

    «Laëssya et Frédérick ? Tss... Elle eut une grimace méprisante. Non, je ne pense pas, même s’il est vrai qu’elle cherchait à s’attirer ses faveurs, cette traînée. Il me préfère, moi. De toute façon, je l’en aurai empêché. »

    Et la servante semblait véritablement penser ce qu’elle affirmait à l’instant présent, tandis que son visage se figeait dans une expression de détermination vindicative. Ses mouvements envers le linge devinrent plus frénétiques, plus secs, et elle arrêta de parler. Il semblait que la blonde venait de révéler un autre caractère notable de sa personnalité.


    ***

    « AU SECOURS ! MARGRAVE ADEL… »

    SBAFF ! Une gifle magistrale envoya promener le visage de Juliette sur un rebord de la bassine, et durant l’espace d’un instant, le monde vacilla, tangua tout autour d’elle, avant d’être englouti par l’eau glaciale. Elle tenta bien de sortir la tête de l’eau, retrouvant un semblant d’esprit, mais, alors même qu’elle s’y employa, une main vint s’écraser sur le sommet de son crâne, la forçant à rester immergée. Bien rares étaient les expériences aussi horribles que celle d’être noyée, et cela l’était d’autant plus lorsque vous vous rendiez compte qu’il ne fallait pas même un mètre d’eau pour y perdre la vie. Dans cette grande bassine, peut-être y avait-il tout au plus soixante centimètres ; l’air était juste un peu plus haut, tout proche, mais alors que le corps de la jeune femme était plié en deux et que son dos sortait de l’eau, son visage, son nez et sa bouche, eux, se retrouvaient forcés à demeurer dans l’onde mortelle. La panique la gagna aussitôt, naturellement, et Juliette chercha coûte que coûte à s’extraire de cette force supérieure à la sienne, chercha de ses mains à s’accrocher aux rebords, à chasser cette main impérieuse qui lui fléchissait la nuque. Mais rien à faire ; l’homme était plus fort qu’elle, en sus de profiter d’une position qui l’avantageait bien mieux que celle de l’ancienne mineuse.

    Que pouvait bien faire la margrave, ne l’avait-elle pas entendue ? Mais si Frédérick avait quitté sa chambre d’une heure très matinale, contrairement à ses habitudes, sa femme, elle, ne l’avait toujours pas quittée, et il était très probable qu’elle dormît encore. Et eût-elle été levée que, finalement, la distance qui séparait cette pièce située au fond du manoir de la chambrée des maîtres de céans était trop grande pour qu’Adélaïde pût l’entendre. Mais Juliette pouvait-elle réfléchir à tout cela dans alors qu’elle se trouvait confrontée à la noyade ? Sa tête bougeait dans tous les sens, ses yeux étaient révulsés, et, alors que les dernières bulles témoignant de l’air qui lui restait encore dans les poumons venaient crever la surface, sa bouche s’ouvrit dans un long cri mué, étouffé par l’eau qui s’y engouffra violement. Cette réaction était humaine, naturelle, et à un moment ou à un autre, elle y céda ; asphyxiée, elle tenta de prendre une grande respiration, et la douleur provoquée par le liquide lui incendiant l’intérieur du nez et les poumons, lui faisant exploser les plus petites alvéoles, manqua de lui faire perdre la raison.

    Juste à ce moment-là, une main l’empoigna par les cheveux, et la sortit violemment et douloureusement de l’eau, la jetant sur le sol dur et froid de la pièce. Devenue infirme de toute tentative de résistance, elle ne put faire autrement que s’écraser à terre, tentant d’avaler des goulées d’un air devenu à son tour incendiaire. On la retourna sur le dos, et la pauvre victime, totalement déconnectée du monde, peina à cligner paupières pour en chasser l’eau qui troublait sa vision. Qui était donc son sauveur ?

    SBAFF Une nouvelle gifle acheva de la ramener dans ce monde décidément bien cruel qu’elle aurait souhaité oublier. Sa vue se brouilla momentanément que pour lui rendre une vision plus ou moins précise, en même temps que ses sens revenaient à elle. Le visage du margrave était toujours là, penché vers elle alors qu’il se trouvait agenouillé à ses côtés. Une étincelle de folie dansait dans son regard, et ce rictus qu’il arborait n’augurait rien de bon. Peut-être aurait-il mieux valut qu’elle se noyât, en fin de compte. Trop faible pour protester, trop faible pour résister après l’expérience dont elle se remettait à peine, crachant de l’eau par à coup, elle ne put qu’assister, passivement, gémissante, à son petit dialogue.

    «Tu ne veux pas ? commença-t-il d’un ton doucereux. Bien. J’ai réfléchi, et finalement, je me suis dit que j’en avais assez de laisser le choix. J’ai du pouvoir, pourquoi ne pas en profiter ? Je peux me taper Estelle quand je le veux –oh, oui, n’en doute pas, elle reviendra à moi-, mais cette facilité du... consentement, là, devient assez barbante. Sa main se promena sur la jambe de la jeune femme. Et toi, pauvre petite fille innocente, tu luttes vainement, tu te refuses à moi lorsque je te l’ordonne ; je vais donc devoir te forcer. Cette sensation de pouvoir est vraiment grisante, tu sais…Il la contempla dans son intégralité, alors qu’elle était à sa merci, couchée sur le dos.Et ce qui va s’en suivre, je n’en doute pas, ne le sera que davant… »

    La porte s’ouvrit à la volée, claquant contre le mur de pierre alors que le margrave, comme s’il s’y était attendu, expira un petit soupir agacé. Une silhouette fit irruption dans la pièce, et Juliette, au-travers du flou qui hantait encore son monde brouillé de sa presque-noyade, s’aperçut qu’il s’agissait d’Adélaïde. Dans l’encadrement de la porte se tenait une autre silhouette, plus petite, regardant la scène sans trop oser entrer dans la pièce.

    «Frédérick… Eloigne-toi d’elle tout de suite. La voix de la margrave était calme, mais au-delà de cette attitude, jamais n’avait-elle été aussi glaciale.
    - Et pourquoi le ferais-je ?
    - Parce qu’il ne sert à rien que tu restes aussi proche alors que tu en as terminé avec elle ; tu ne vas pas faire ce que tu as prévu alors que l’on te regarde.

    Le margrave sembla quelque peu surpris ; sûrement s’était-il attendu à une menace, et non pas à une évidence qui demeurait vrai nonobstant. Tournant le dos à Juliette, il se releva enfin.
    - Effectivement, tu parles d’or, chérie.
    - Ce mariage politique était décidément une bien mauvaise idée…
    - Allons allons, nous sommes bien tombés tous les deux, non ? Regarde-toi ; regarde-moi. Avoue que tu t’attendais à pire, et que tu fus très heureuse en m’apercevant pour la première fois.
    Rictus.
    - Et au plus le temps passe, et au plus tu me dégoutes à te comporter de la sorte
    , lui lança-t-elle, dédaigneuse, une grimace altérant légèrement la beauté impérieuse de son visage. Cela ne se fait pas dans la noblesse, mais je pense sérieusement à annuler ce mariage...
    - Oh non, tu ne le feras pas
    , renchérit le margrave.
    - Et pourquoi cela ?

    L’homme la regarda bien en face, plus fourbe que jamais.
    - Parce que je connais quelques personnes des temples voisins qui seraient bien curieux de passer par ici, si jamais on leur en touchait deux mots…Le ton d’Adélaïde devint plus glacial encore, son visage, plus dur, si cela était possible.
    - Je te rappelle que toi aussi tu…
    - Je sais ce que je dis, et surtout, ce que je fais. Voudrais-tu prendre le risque de me détromper, ma chère épouse ?
    »

    Pour la première fois depuis qu’elle était entrée dans la pièce, l’assurance et la froide détermination de la margrave sembla s’effriter alors qu’elle pâlit légèrement.
    «Dégage. Juste, Dé-ga-ge. » Et l’homme partit bien volontiers, ricanant doucement au passage. Adélaïde, en robe de nuit recouverte d’une robe de chambre passée à la va-vite, s’agenouilla alors rapidement auprès de Juliette qui, trempée, grelottait.
    « Estelle, apporte-moi rapidement plusieurs servites, vite ! »

    La silhouette se tenant dans l’embrasure de la porte était donc la blonde, celle qui avait probablement dû entendre l’appel au secours de la victime et réveillé la margrave. Mais ne devait-elle pas se trouver loin de là, à la demande du margrave ? Si Juliette réussit à l’observer, alors rencontra-t-elle un étrange regard. Un regard presque agressif, méchant, et rancunier. Mais la servante obéit tout de même, allant chercher lesdites serviettes.
    La maîtresse des lieux se tourna alors vers la plus récente de ses servantes.

    «Que se passe-t-il, en ce moment, Juliette ? Dis-moi tout. »

    Etait-elle encore fâchée de sa dernière discussion avec Frédérick ? Toujours fut-il qu’elle arborait encore une expression sévère et un regard assez dur.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Avez-vous fait ce songe, à la limite du rêve et du cauchemar, où vous évoluez au sein d'une eau aussi calme que noire ? Là où les ténèbres devraient être froides, mais sont en réalité accueillantes ; là où le silence est un paradis, où la cécité est une bénédiction. D'ordinaire, on pourrait se dire que c'est l'enfer : ce genre de passivité nous évoque beaucoup trop la mort pour qu'elle ne nous trouble pas. Pourtant, Juliette Dickens était apaisée, et non alarmée. Elle avait comme le sentiment d'être... à sa place, là où elle n’avait rien à faire pour le service de qui que ce soit, et personne pour lui demander un compte, quel qu'il fût. Certains vous diront que trouver sa place, en ce monde, c'est savoir à quel barreau s'attacher, à quelle hauteur exactement il faut se situer - qui dominer et qui servir.

    Ne les écoutez pas. Votre place est là où vous êtes libre.

    La liberté n'existe pas, lui renverra-t-on, songeai-t-elle en flottant dans l'obscurité liquide. Mais la liberté n'importe pas : il n'y a que ce qu'elle permet qui l'intéressait. Être libre, c'était ne pas occuper son esprit vers un but dont elle se fichait éperdument. Être libre, c'était réfléchir sur elle et ce qu’elle désirait.

    A présent qu’elle était libre, dans cette plénière inconscience, elle pouvait se demander ce qu’elle souhaitait.

    Il y avait trop de choses. Trop de choses à examiner, et aucune en particulier ne résonnait avec plus de force qu'une autre. Elle en arrivait à la conclusion qu'il lui fallait tout expérimenter afin de savoir. Tout goûter et surtout, tout savourer, jusqu'à trouver la perle rare, le rêve qu’elle voulait accomplir et réaliser, en son seul nom ! Ce rêve-là était l'aspiration secrète ou non de maints individus. Généralement, cela tournait autour du pouvoir ou, plus absurde encore, de la richesse. Ceux-là oubliaient souvent qu'ils ne désiraient alors que des moyens, et aucunement des fins.

    Que souhaitait-elle… ?

    Une poussée plus violente que les autres la tira de son inconscience. Ce fut le chuchotement désagréable de la panique qui tira Juliette Dickens de sa semi-inconscience, ainsi qu'on peut tirer un animal hors d'une mare poisseuse où il avait à peine pied. La jeune servante s’accrocha aux rebords de la bassine et tenta de se redresser. En vain. Frédérick von Mach lui maintenait fermement la tête sous l’eau. Cela faisait déjà plus d’une minute que ça durait. Trop longtemps pour ne pas lui attirer une nausée foudroyante.

    Et juste au moment où elle allait sombrer totalement dans l’inconscience, une main l’attrapa par les cheveux et l’extirpa de la bassine, la jetant violement sur le sol. Juliette tenta de se relever en poussant avec ses mains. Aussitôt un vertige cinglant mit fin à ses efforts, et la jeune servante lâcha un gémissement.


    «Tu ne veux pas ? […] J’ai du pouvoir, pourquoi ne pas en profiter ? Je peux me taper Estelle quand je le veux […] Et toi, pauvre petite fille innocente, tu luttes vainement, tu te refuses à moi lorsque je te l’ordonne ; je vais donc devoir te forcer. Cette sensation de pouvoir est vraiment grisante, tu sais… »

    Juliette Dickens était donc dénudée sur le sol glacial de la salle de bain en proie aux sévices du margrave, tandis qu’une mare d’eau se formait autour de la jeune fille. Cette dernière s’apprêtait à passer le pire moment de sa vie et elle sortirait marquée à vie de cet événement horrible. Mais juste au moment où Frédérick faisait progresser sa main sur la cuisse de la jeune fille, la porte s’ouvrit à la volée :

    «Frédérick… Eloigne-toi d’elle tout de suite. »

    Juliette distinguait du coin de l’œil la femme auquel appartenait cette voix : Adélaïde von Mach ! Encore une fois, elle venait à son secours tel un ange gardien qui veille sur elle. Oui, Juliette ne la trahirait jamais !
    Ensuite une explication violente s’en suivie mais Juliette ne put en suivre l’intégralité tellement elle était mal en point. Elle apprit au passage que l’union qui liait Adélaïde et Frédérick était un mariage politique. Cela expliquait beaucoup de chose.

    Une fois que le margrave eut quitté la pièce, Adélaïde se tourna vers la servante et lui demanda ce qui se passait en ce moment. Encore traumatisée par le margrave, Juliette Dickens eût du mal à trouver ses mots, faisant patienter la margrave pendant quelques secondes.


    « Je… je peux plus travailler ici… je suis désolée, mais… mais je peux plus travailler avec le margrave dans les parages… il me fait trop peur ! J’ai découvert il y a quelques jours qu’il tentait d’avoir des rapports sexuels avec Estelle et depuis ce jour, il ne cesse de me traquer. Venant gratter le soir à ma porte, me lançant des regards sadiques. Et ce matin, il a franchi un autre cap en venant me surprendre dans la salle de bain. Il m’a demandé si je voulais avoir une relation avec lui. J’ai refusé. Il a tenté de me noyer. Avant de me sortir de la baignoire pour… pour me violer. Mais vous êtes arrivée à temps… »

    Juliette fondit en larmes, dissimulant sa mine défaite dans ses bras…
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Alors qu’elle écoutait les paroles de sa servante, la margrave subit un petit changement d’expression. Son air strict se mua pour changer en une expression où se lisaient la compassion et, également, la culpabilité et l’impuissance. Elle semblait prise au dépourvu, ne sachant réellement que faire, et pour la première fois que Juliette était à son service, l’hésitation apparut sur son beau visage.

    «Estelle aussi ? Et qu’en est-il de Licinia ? Il faudra que j’aille leur parler à toutes les deux », murmura-t-elle pour elle-même. La première arriva enfin dans la pièce, apportant avec elle les deux serviettes mandées par sa maîtresse. Il s’agissait de ces serviettes qui terminaient couvertes de sang, mais au moins étaient-elles propres à l’heure qu’il était, et autrement plus sèche que l’unique tissu que les trois filles avaient d’ordinaire à disposition. Lorsque Juliette s’enveloppa dans les sorties de bain, il lui fallut encore attendre un certain moment avant que ses tremblement ne s’arrêtassent, mais le contact doux et soyeux la rassura quelque peu. Adélaïde reprit la parole.

    «Tu ne peux pas arrêter de travailler ici, non seulement parce que tu n’auras nulle part autre où aller, que la ville est bondée de soldats peut-être encore pires que mon mari, d’après ce que j’ai pu en voir, et tu terminerais assurément dans une maison close tôt ou tard. De toute façon, j’ai besoin de trois servantes, et c’est bien pour cela que je t’ai prise. Je ne peux cependant pas te laisser ainsi, aussi vulnérable face à Frédérick… Bon, ce que l’on va faire, c’est que tu vas remplacer Estelle à mes côt…
    - Quoi ?!

    Les yeux d’Adélaïde fusèrent en direction de l’impertinente qui, outrée, avait osé prendre la parole.

    - Pardon, Estelle ?
    - C’est que…
    - Que je sache, tu es là depuis plus longtemps que Juliette et, même si celle-ci m’a dit que mon mari avait déjà attenté quelque chose avec toi, tu ne t’es jamais retrouvée en situation compromettante, n’est-il pas ?
    - Je… Oui, Madame.
    - Bien, alors cette question est réglée, quand bien même je tâcherai de vous surveiller de plus près afin qu’un autre malheur n’arrive plus. Juliette, ce sera toi, désormais, qui sera ma camérière.
    »

    Si le regard imposant de la margrave parvint à arracher un petit hochement contraint de la part d’Estelle, le regard venimeux que celle-ci lança à Juliette en disait long sur son ressenti.
    Cette dernière se releva, s’habilla, et suivit Adélaïde lorsqu’elle lui donna l’ordre de monter avec elle dans sa chambre afin qu’elle allât se préparer. Alors que le temps du bain était venu, Juliette put noter une étrange hésitation de la part de la margrave qui commença à vouloir sortir de la chambre, poussant la porte, puis, en posant son regard sur sa nouvelle servante, médita un instant avant de revenir dans la pièce.

    S’occuper de cette tâche n’était pas de tout repos ; la jeune femme dut aller cherche de l’eau au puits à plusieurs reprises, puis la faire chauffer pendant qu’Adélaïde s’occupait distraitement de ses cheveux ou choisissait déjà la vêture qu’elle allait porter pour la journée. Elle donna des instructions particulières à la servante concernant ses envies. Elle appréciait souvent, le matin, prendre son bain dans le calme, et, à moins qu’elle engageât elle-même la conversation, il ne fallait dire un mot. Faire du bruit n’était pas non plus agréable à son oreille, et il fallait éviter de poser trop rapidement les objets sur leur support quand la femme de Frédérick se prélassait paresseusement dans l’onde chaude, paupières closes. Les échanges se résumaient surtout à de très courtes phrases prononcées à voix basse, portant sur tel savon à utiliser, cet arome-là à verser dans le bain, un petit massage afin de la décontracter davantage, cette coiffure-ci qu’elle devrait lui faire en sortant du bain. Elle oublia tout à fait l’évènement qui venait de se dérouler pour ne s’occuper que de lui dicter ses petites habitudes et les lui montrer, n’hésitant pas non plus à la rabrouer assez sévèrement lorsque les choses n’étaient pas assez bien faites à son goût, même pour une première fois.

    «Cette distinction que je viens de t’accorder, je n’étais pas obligée de la faire. J’escompte ainsi que tu me serves corps et âme sans poser de question, en témoignage de ta gratitude. » Ce fut sûrement la phrase la plus longue qu’elle lui dicta ce matin-là. Juliette eut aussi à la coiffer, l’habiller, l’aider à enfiler sa robe et à lacer son corset, à lui attacher quelque collier sous sa chevelure ou encore à la maquiller. Enfin dut-elle descendre s’occuper des tâches habituelles, et dut également affronter le regard de Frédérick ainsi que celui d’Estelle.

    Ce fut surtout celui d’Estelle qui s’avéra être désagréable. Elle se montra froide, distante, un pli mauvais situé au coin de sa bouche lorsqu’elle l’observait. Un air de rancune et de jalousie qui ne la quitta plus vraiment envers celle qui lui avait volé sa place, sans qu’elle n’eût pu rien faire. L’homme, lui, ne tenta rien de nouveau, mais cela n’était pas dut au fait qu’Adélaïde trouvait souvent des prétextes pour s’assurer que tout allait bien. Ainsi passait-elle pour aller s’enquérir d’un livre, pour aller se servir un verre, ou, une autre fois, grignoter un morceau lorsqu’elle ne simula pas, une fois, le fait d’avoir perdu un objet et qu’elle ne savait plus où elle l’avait rangé. Mais il était certain que ce petit jeu ne durerait pas éternellement, et Frédérick, patient, semblait attendre, satisfait que sa femme ne pût apparemment rien lui faire. Il était tout simplement incroyable de constater avec quel culot l’homme se tenait toujours là, sans scrupule et n’éprouvant aucun remord, semblait-il, pour ce qu’il avait osé commettre.

    Licinia, dans le lot, avait été mise au courant par Estelle alors qu’elle était rentrée du moulin, apportant avec elle du bon pain embaumant le frais. Elle courut voir Juliette afin de savoir si tout allait bien, inquiète, et sembla, dans les heures qui suivirent, éviter Frédérick à tout prix. Lorsqu’elle apprit qu’Adélaïde avait remplacé Estelle par Juliette pour des raisons de sécurité, elle ouvrit de grands yeux étonnés avant de conclure que cela était une bonne chose, et que, perspicace, Estelle n’apprécierait certainement pas cela.

    Le soir venu, Juliette aida rapidement la margrave à se dévêtir pour la nuit, avant de regagner sa chambre. Tard dans la nuit, le couloir craqua une fois de plus, mais ce fut les petits pas feutrés de la margrave qui, délicatement, descendit en bas pour remonter une minute après, allant se recoucher. Et une nouvelle journée commença, semblable à celle que venait de passer Juliette, si ce n’était pour l’incident de la matinée.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Juliette Dickens comptait bien garder l'œil ouvert aussi longtemps qu’elle en était capable cette nuit ; de peur que le margrave Frédérick von Mach tente une nouvelle fois de s’en prendre à elle. La nouvelle camérière ramena ses bras autour de ses genoux et posa son menton dans le creux ainsi formé. Sur sa gauche, à travers la petite fenêtre que possédait sa chambre, la lune diffusait une lumière réconfortante sur laquelle elle concentrait ses pensées. La nuit cernait de son obscurité de plus en plus froide le manoir, franchissant difficilement la solide barrière des murs de l’habitation. L’échine de Juliette se secoua dans un tremblement nerveux, et elle repoussa la vague apathique qui menaça de la faire fermer les paupières. La jeune servante ne put s’empêcher d’observer son visage dans l’eau que contenait son petit bol posé sur la table de nuit. Des boucles brunes cachaient ses joues, mais elle discernait sa peau qui luisait en baignant dans le halo des faisceaux de lune. Dire qu'il y avait quelques mois encore, elle était bien loin de tout ça... Aujourd’hui elle était la camérière de la margrave Adélaïde von Mach au détriment d’Estelle. Adélaïde lui avait accordée cette distinction à la suite de la tentative de viol de Frédérick… Juliette fut à nouveau secouer par un tremblement.

    Juliette Dickens se souvint, non sans une pointe de tendresse pour se réchauffer le ventre, d'une chanson qu’elle avait un jour entendue dans son ancien village minier. C'était un homme à la voix fringante qui l'avait livrée à qui voulait l'entendre, avec une pureté et une sobriété touchante. En vibrant de sincérité, le vagabond avait exprimé son désir de vouloir chanter pour ceux qui étaient loin de chez eux. Des vérités poignantes se cachaient dans ses mots, et Juliette comprenait très bien que la maison, l'image de la demeure, puisse avoir un attrait plus puissant que l'or pour qui en est privé. La sécurité illusoire d'une bâtisse, d'une simple chaumière, était une panacée à bien des maux…

    C'est en sursaut que la jeune servante se réveilla. La veille, elle avait finalement due s’endormir, ivre de fatigue.
    Le ciel était d'encre. Il faudrait encore une ou deux heures avant que les premières prémices rosées n'y fassent une quelconque apparition pour annoncer l'aurore. Un gargouillement secoua son estomac : la jeune fille avait atrocement faim, mais curieusement, elle parvenait à reléguer ce désagrément dans un coin de sa conscience assez flou. Suffisamment pour la ressentir un peu moins, en tous cas. Bientôt elle devrait aller s’occuper de la margrave : la laver, la sécher, la coiffer, l’habiller avant de lui préparer son repas… Encore une grosse journée en perspective…
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Et ce jour-là aussi bien que les autres s’enchaînèrent alors que les jours passaient et que les semaines faisaient de même, imperturbables. Tout le monde vaquait à sa tâche dans la ville d’Eisental, sans plus prêter attention au temps maussade et sombre de l’Ostermark. Le soleil se levait tard et se couchait bien tôt, laissant planer un froid mordant qui persistait tout au long de la journée et qui n’en était que renforcé encore lorsque gouttait une lourde pluie qui s’écrasait sur vos mains et votre vêture. Sortir du manoir pour aller au lavoir ou acheter quelque provision que ce fût en ville n’était ainsi pas une tâche plaisante, mais Juliette, ès qualité de camérière de la margrave, n’avait pas à s’en soucier trop souvent. Il en allait tout autrement en ce qui concernait Estelle, laquelle s’était vue dépouillée dudit rôle parce que l’autre taularde avait osé faire de l’œil au margrave et que, au dernier moment, elle n’avait pas voulu faire le grand saut avec lui, se faisant si fait passer pour une victime innocente de ce qui eût pu être un viol.

    C’était tout du moins ainsi que la blonde voyait soudainement les choses, et l’on pouvait de temps à autre l’entendre ressasser de bien sombres pensées alors qu’elle lavait le sol ou faisait les poussières. Il arrivait également qu’elle les dît tout haut, tournant ainsi ses phrases et le ton employé en une morgue certaine. Tiens, voici la bagnarde qui arrive, entendait parfois Juliette lorsqu’elle descendait de l’escalier et que la révoquée se trouvait dans le hall à s’afférer. Sûrement cette dernière ne savait-elle pas que sa consoeur avait tenté de la couvrir, mais la concernée ne cessait d’adopter un comportement mauvais à son intention, ce qui en devenait fort vite désagréable.

    Licinia lui avait même rapporté qu’Estelle s’était fait souffler par la margrave alors qu’elles s’étaient retrouvées à deux durant une permission de l’ancienne mineuse. La brunette s’occupait de ses tâches habituelles dans les parages et n’avait pas manqué de tendre une oreille indiscrète mais pas bien méchante en direction de ce qu’il se disait dans le bureau d’Adélaïde, là où celle-ci se parlait à elle seule, quand bien même Estelle se trouvait-elle avec elle. La margravait méditait sur l’agréabilité de la prêteuse sur gage de la ville, la décrivant comme aussi aimable qu’une porte de prison. Ce à quoi Estelle n’avait pas su se retenir dire d’ajouter, sortant de son mutisme ancillaire :Oh, mais c’est que Juliette devrait s’entendre à merveille avec elle, alors !. La fustigeuse devait très certainement se trouver proche de sa maîtresse à ce moment-là alors que le bruit d’une main atterrissant sur une joue retentissait même à travers le mur.
    Il était évident qu’Estelle en tenait grande rancune, et cet épisode-là n’avait rien fait pour arranger les choses. Eu égard à la gifle qu’elle lui avait administrée, Adélaïde en avait connaissance ; le comportement et les remarques de la jeune femme étaient des plus limpides, mais la maîtresse de céans feintait de ne pas s’en apercevoir, sauf, tout de même, lorsqu’elle en était la principale témoin.

    Vint un moment qui ne fut pas sans rappeler toutefois un moment que Juliette avait partagé avec Estelle. Cette première était ainsi au service propre d’Adélaïde depuis un assez long moment, et au service du manoir depuis une période plus grande encore.
    Un soir, alors que la jeune femme peignait docilement les cheveux de sa maîtresse assise devant son grand miroir, elle put sentir le regard de la margrave rencontrer le sien dans son reflet. La dame eut une mine pensive, méditative, puis, après avoir pris ce qui semblait être une décision, arrêta le mouvement de sa servante.
    «Reste ici un instant, je te prie. Je reviens tout de suite. » Elle alla alors à sa table de chevet, ouvrit l’un des tiroirs, et en retira un petit trousseau de clefs avant de s’éclipser doucement de la pièce, laissant Juliette seule à l’intérieur. Les pas s’éloignèrent dans le couloir, avant que le mécanisme d’une porte ou d’un verrou soit actionné, et le silence se fit. Un instant plus tard, et ces mêmes sons furent portés à nouveau à l’oreille de Juliette, avant que la margrave ne revînt dans sa salle à coucher, amenant avec elle une coupelle et une dague bien effilé.

    «Te rappelles-tu ce que je t’avais demandé, le soir de ce que l’on pourrait appeler une…. promotion ? Il est tant que tu me cèdes un dû qui pourrait te sembler bien curieux, mais ne t’en fait pas, il n’y a rien qui te mettra en danger. Le regard de la margrave se révélait être bienveillant, et son ton empli de douceur. Il était vrai que la vue d’une dague apportée ainsi le soir, dans une pièce où seules deux personnes y résidaient, pouvait être source de questions. Le monde est plein de choses qui nous dépasse, nous et notre entendement, et cela, ce que je te demande, surpasse assurément le tien. Me fais-tu confiance, Juliette, ou éprouves-tu de la peur ? Je réclame simplement quelques gouttes de ton sang, rien de plus. »

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • «Te rappelles-tu ce que je t’avais demandé, le soir de ce que l’on pourrait appeler une…. promotion ? […] Me fais-tu confiance, Juliette, ou éprouves-tu de la peur ? Je réclame simplement quelques gouttes de ton sang, rien de plus. »

    Quelques secondes plus tôt, la margrave Adélaïde von Mach était allée chercher un bol doré et un petit couteau à lame courbe, qui semblait bien effilé. Juliette observa, un peu inquiète, la lame que la margrave tenait dans sa main droite. Puis elle haussa finalement les épaules. Si elle devait s’entailler la main pour continuer à être la camérière d’Adélaïde, elle n’avait pas vraiment d’autre choix. Depuis quelques semaines, Estelle la détestait, Frédérick la snobait. Il ne lui restait plus que cette « promotion » comme réconfort. Elle était devenue la favorite de la margrave et il n’y avait donc plus aucun moyen de reculer.

    « Très bien. J’accepte votre réclamation. Mais pourrais-je, au moins, m’entailler moi-même la main ? »

    Sans trop de surprise, Adélaïde accepta, ne voyant aucuns inconvénients dans la requête de sa servante. Elle tendit alors le couteau à Juliette. L’ancienne paysanne hésitait toujours un petit peu, mais elle prit finalement la lame. Elle eut l’impression de saisir un morceau de glace. Le manche était gelé presque au point de lui faire mal aux doigts. L’appréhension. Elle posa pourtant la lame en travers de sa paume, juste au-dessus du bol…

    Après quelques secondes d’hésitation, Juliette fit glisser le petit couteau à lame courbe le long de sa paume et sentit une vague de vertiges. Elle avait la bouche pâteuse, mais elle leva son poing au-dessus du bol et serra. Du sang sortit de la coupure et tomber dans le petit récipient. Un mince sourire se dessina sur les lèvres d’Adélaïde. Lorsque la margrave décida qu’il y avait assez de sang, elle le lui indiqua.

    Juliette Dickens retira sa main et posa le couteau sur une commode. Maintenant, pouvait-elle lui demander pourquoi avait-elle le besoin de son sang ? La jeune servante ne savait pas comment la margrave allait le prendre : la traiterait-elle d’insolente ? Ou lui expliquerait-elle ? Juliette ne préféra pas prendre ce risque de peur de perdre sa place de privilégiée.
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Si elle devait en croire sa maîtresse, Juliette ne risquait rien, quand bien même la demande était-elle des plus étranges. Si Adélaïde en appelait à son fluide vital, elle ne devait en prendre que quelques gouttes d’après ses dires ; pas de quoi inquiéter la jeune femme qui accepta à la seule condition qu’elle puisse manier elle-même la lame.
    « Si tu le souhaites, bien entendu. Je n’y vois pas d’inconvénient. »

    La margrave plaça le petit bol sous la main de Juliette qui, tenant le couteau, trancha sa peau à ce même niveau. « Ici ?, s’étonna la noble.[/b] Voilà qui risque d’être fort long…[/b] » Et pour cause, lorsque sa camérière referma son poing, pressant la peau entaillée, quelques gouttes y tombèrent bien, mais cela ne suffit point à sa maîtresse qui fronça les sourcils. Loin des petites perles ensanglantées, ce fut véritablement la moitié de ce que pouvait recevoir le bol qu’exigeait Adélaïde, et lorsque la petite plaie cessa de suinter, elle s’empara du couteau pour y faire elle-même l’office.

    S’emparant sans ménagement du poignet de Juliette, elle le tint fermement, usant de son autre main pour trancher à travers sa peau en une morsure froide et acérée. L’horrible sensation glaciale des tissus disséqués, de la lame glissant doucement sur sa petite artère ductile, mollement, avant de la pénétrer sur le dessus la fit presque hoqueter de mal-être alors que le sang se répandait le long de la lame et coulait dans le bol. Une sensation chaude et pourtant malsaine qui s’étendait sur le bras de Juliette, là où le liquide carmin ruisselait également, et les pulsations cardiaques, étrangement, se faisaient d’autant plus ressentir à l’intérieur de sa poitrine qu’elle manqua de tourner de l’œil, assommée par les effluves cuivrés. Quand bien même le sang affluait-il que la plaie n’était pas véritablement profonde, et, lorsque le bol fut à moitié rempli, Adélaïde s’empara d’une serviette, la compressant fortement contre le poignet de la victime devenue blême. Le tissu s’entacha de rouge, gonflant légèrement sous le liquide vermeil qui s’y propageait allégrement. La margrave fit racler la lame rougeâtre contre le rebord du bol, des deux côtés, faisant ainsi glisser les dernières gouttes de sang à l’intérieur, avant de laisser la dague et de donner du fil à sa servante.
    «Voilà qui est mieux… Je te remercie, Juliette. Tiens, attache la serviette à ton poignet. Je reviens. »

    Les bruits de clefs cliquetèrent à nouveau alors qu’elle quittait la pièce en compagnie du petit bol, et le même parcours fut effectué de la part de la margrave qui s’arrêta à nouveau devant l’étrange porte, la déverrouillant ainsi pour pénétrer dans le pièce qu’elle dissimulait. Un instant plus tard, et, alors que Juliette s’attelait à faire des nœuds autour de son poignet, Adélaïde revint dans la pièce, sans dague ni coupelle, mais clefs à la main, qu’elle déposa dans sa table de chevet. Voilà qui était toujours bon à retenir.

    «M’est avis qu’il faudra que tu gardes une serviette durant quelques jours, le temps que se cicatrise la plaie, annonça-t-elle en portant un regard critique sur le tissu que tenait Juliette. Si jamais elle se salit trop, nous la changerons. Enfin, nous verrons cela demain. »

    Juliette fut ainsi congédiée de la sorte, autorisée à aller se coucher. Retirer ses vêtements sans faire de même avec le pansement ne fut pas chose aisée, et lorsqu’elle fut couchée, il lui fut difficile également d’oublier cette douleur lancinante et acide qui lui gonflait le poignet, se faisant ressentir à chaque petit mouvement. La nuit fut des plus longues.

    ***

    Au petit matin, fraîchement réveillée par le chant du coq, elle se rendit compte que la serviette était gorgée de sang, tâchant ainsi une partie de sa couverture. Cela ne se voyait pas facile, fort heureusement, eu égard à la couleur foncée du drap, mais voilà qui renseigna Juliette sur le fait de changer le pansement. Ce que ne tarda pas à remarquer la margrave à son tour alors que sa camérière venait la seconder dans sa toilette, lui en proposant une nouvelle du ton magnanime et bien intentionné de ceux qui se savaient responsable du méfait. Il était en revanche aussi facile de se tremper les manches de sa robe de servante dans l’eau du lavoir que de dissimuler à l’intérieur le bandage et, bien que lesdites manches étaient assez larges, elles étaient aussi et cependant assez étroites pour compresser légèrement la serviette contre la peau, ce qui s’avérait fort pratique.

    Dans la salle de bain de la margrave, l’eau chaude de la baignoire enfumait la pièce, humidifiant de buée les murs, le plafond et les vêtements. Adélaïde se déshabilla prestement sous les yeux de Juliette, désormais habituée à pouvoir poser les yeux sur le corps dénudé et fort agréable de la margrave. Si l’ancienne mineuse avait le regard perçant et la mémoire vive, elle s’aperçut que, contrairement à d’ordinaire, deux grands pichets étaient présents dans la pièce, posés sur une table ; pichets dont s’empara, un à un, la maîtresse de céans. Après un petit regard en catimini à sa servante et un petit sourire mutin, consciente de l’étonnement que cela allait susciter chez elle, elle verrouilla la porte de la pièce puis versa le contenu des cruches dans la grande cuve où elle irait se baigner. Aussitôt, un immonde flot rouge et épais vint plonger dans l’eau transparente, la teintant immédiatement d’une couleur écarlate et visqueuse alors que dans l’air humidifié monta des exhalaisons cuivrés et repoussantes. Si l’odeur était déjà forte, renforcée par la chaleur qui l’exacerbait, voilà que le second pichet versé acheva de rendre les choses pires encore, à la limite du supportable pour qui n’en n’était pas habitué.

    Adélaïde, clef en main, s’immergea le plus naturellement du monde dans ce bouillon rougeâtre, dardant un regard intéressé sur sa servante. Avait-elle peur que celle-ci s’enfuit aussitôt, horrifiée par ce qu’elle venait de voir, pour avoir fermé la porte à clef et garder encore dans ses mains cette dernière ? Qui n’eût pas été bouche-bée d’horreur et de dégout devant un tel spectacle ? Après avoir observé la réaction de Juliette, la margrave prit simplement la parole.

    «Comme d’habitude, Juliette », la somma-t-elle, faisant référence à sa toilette.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Juliette Dickens inspira silencieusement face à la beauté de la margrave Adélaïde von Mach, lui trouvant un petit quelque chose en plus chaque fois qu’elle la contemplait. Comme tous les matins, la maîtresse des lieux l’attendait dans sa chambre pour sa toilette. Et chaque matin, Juliette était époustouflée par la beauté d’Adélaïde. Ses cheveux dévalaient sur ses épaules tel un flot de miel, alors que ses traits fins et juvéniles étaient sculptés à la perfection, dépassant de loin les plus belles œuvres des artistes travaillant à la Cour de l’Empereur. Sa longue robe bleue était tressée de boucles et de spirales argentées ; son doux regard sévère était animé par une lueur magique.

    L’eau chaude de la baignoire était déjà en train d’enfumer la salle de bain, qui se trouvait juste à côté de la chambre de la margrave. Les deux femmes quittèrent la chambre pour la salle de bain. Et Adélaïde von Mach se déshabilla sans aucunes gênes vis-à-vis de sa camérière. Elle se défit de sa robe et ses dessous connurent le même sort. Juliette préféra se retourner. Gênée.

    Après s’être extirpée de sa robe, la margrave se saisit d’une cruche posée sur la petite table de la salle de bain. Elle verrouilla la porte de la pièce et versa le contenu du pichet dans la cuve…

    L’odeur du sang planait jusqu’aux narines de Juliette Dickens. La margrave venait de vider le contenu de la cruche dans sa baignoire déjà remplie avec de l’eau chaude. Un immonde fluide rougeâtre vînt se mélanger avec l’eau translucide, la teintant d’une couleur écarlate. La senteur se renforça alors qu’Adélaïde versait la seconde cruche.

    Une fois cette tâche terminée, Adélaïde se laissa tomber avec soulagement dans la cuve, se laissant langoureusement submerger par le mélange de sang et d’eau tiède. Assisse bien au fond de la bassine, ne laissant que son visage à découvert, la margrave lança un regard à sa servante :


    « Comme d’habitude, Juliette »

    L’ancienne mineuse s’attela à laver scrupuleusement la margrave du mieux qu’elle pût. Elle attrapa les savons et le gant de toilette avant de commencer à frotter le dos de sa maîtresse. La texture du liquide qui se trouvait dans la cuve était extrêmement désagréable, visqueux. A cela s’ajoutait une odeur écœurante et cette tâche plutôt aisée devenait une laborieuse corvée. Juliette s’attarda à masser les épaules et le dos de la margrave. Et alors qu’elle lui massait délicatement les épaules, Juliette décida d’obtenir quelques explications sur le sang dans la baignoire ainsi que sur hier soir. C’était sûrement le meilleur moment pour questionner Adélaïde vu qu’elle était décontractée.

    « Margrave puis-je vous poser une question ? Pourquoi cette attraction pour le sang ? »

    Juliette décida de s’attaquer aux cheveux de la margrave. Ses doigts habiles courraient dans la chevelure brune d’Adélaïde…
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