Grenzstadt, près du Col du Feu Noir

[[MJ] The Puppet Master]

C'est un froid après-midi d'hiver comme l'Averland en a connu des milliers : un pâle soleil décroit inexorablement derrière un fin voile nuageux qui ne laisse entrevoir que la silhouette imprécise de l'astre du jour comme au travers des brumes d'un mauvais rêve. La petite bourgade est silencieuse, la neige semble avoir posé une chape de silence sur tous les environs, personne dans les rues ne s'attarde, pas même les chiens errants. Seuls quelques rats osent braver le froid mordant pour venir se délecter de quelques détritus abandonnés dans les rigoles aux eaux croupissantes qui traversent les rues boueuses de Grenzstadt.
Dans ce décor morne et triste, la silhouette d'un nain encapuchonné dans un épais manteau s'avance d'un pas monotone.

Alrik se demande s'il trouvera ici un endroit où se débarrasser de la couche de neige qu'il supporte depuis qu'il est descendu de ses montagnes.

Au bout de la Grand Rue, se dessine les contours incertains d'une petite place et il peut apercevoir l'enseigne d'une auberge prête à l'accueillir à en juger par les lueurs qui dansent derrière les carreaux jaunes des petites fenêtres qui lui font face.

Il presse le pas et, sans aucune forme de cérémonie, le nain pousse la porte de la salle principale. Avec lui, entre le froid et tous les regards se posent sur celui qui trouble la quiétude de l'endroit. Immédiatement après qu'il a refermé la porte, plus personne ne s'occupe de lui. Lui qui vient ici, fuyant son ancienne vie.

Dans un coin de la salle, non loin de la grande cheminée où crépite un feu vif à la chaleur bienfaitrice, Melerewor Vartmacher, lui aussi, a fuit son ancienne vie. Voilà des heures qu'il observe la place au dehors, ne sachant que faire de sa nouvelle existence...

[Alrik Gunnarson]

Alrik parcouru le chemin le séparant du comptoir, créant à chaque pas un chemin de neige, bientôt transformé en eau, sur le dallage de l'auberge. Sous ses sourcils épais et broussailleux, ses yeux s'agitaient, essayant d'estimer où un nain pourrait s'asseoir et boire une bière en paix. Toutes les tables semblaient occupées en majorité par des humains, une seule semblait disponible, bien qu'un homme s'y trouva déjà.

S'approchant du comptoir, il se secoua la barbe pour en faire tomber la neige qui s'y était accroché, achevant là sa trace, puis se défit de ses gants de peau et s'adressa au tavernier dans un commun moyennement maîtrisé et rocailleux, les syllabes s'entrechoquant dans une voix tantôt grave tantôt aigüe : "Aubergiste, une bière pour une panse naine !"

Attendant que le tavernier procède à sa demande, il disposa ses gants, non sans les avoir secoués auparavant, dans sa besace, et il en sorti une petite bourse de cuir. A son flan droit pendait sa masse, la tête recouverte d'un calot de cuir.

[Melerewor Vartmarcher]

Ploc. Ploc. Ploc.

La neige se liquéfiait sous les vapeurs de chaleurs qui émanait de la cheminée. Les gouttes coulaient alors le long de la cape pour enfin sauter dans le vide avant de s'écraser plus bas sur leurs sœurs, rejoignant un sol mouillé et déjà rongé par l'humidité et la crasse. Levant une main gantée, Melerewor la passa une énième fois dans sa chevelure toujours humide. Son chapeau aux larges bords, reposant à présent sur le dossier de son siège ne l'avait guère protégé de la neige qui avait traversée le tissu avant de lui geler le cerveau. Laissant retomber sa main sur la table, il se saisit de la choppe de cervoise chaude et fumante avant de la porter à ses lèvres et d'en ingurgiter une lampée. Portant un regard sur l'ensemble de la pièce, ses yeux se plissèrent, seul à sa table, la taverne était bondée de monde. Proche de la cheminée, ses pieds se réchauffaient doucement au contact de la chaleur alors qu'affalé dans son siège, le nobliau regardait de gauche à droite sans se soucier des alentours.

Il venait depuis peu de traverser le Haut Reik et par tout les poils de la barbe d'Ulrich, il ne s'était jamais senti aussi libre et enivré devant le monde s'ouvrant à lui ! Il avait, enfin, échappé aux longues serres crochues et acérées de sa diablesse de mère ! Il imaginait à présent la tête de ses parents et de son ex-futur-beau-père, le seigneur de Machinbidulechouette, un pauvre type collet-monté qui semblait avoir avalé son épée. Seul regret, sa future avait plutôt l'air d'avoir reçu les faveurs de Shallya, tant pis, après tout, le monde l'attendait avec impatience. Déplaçant ses mains sur la table, il se pencha en avant, jetant un rapide coup d'œil pour vérifier la présence de sa lance appuyée contre le mur derrière lui. Se saisissant de sa choppe, il en but une nouvelle gorgée avant d'essuyer la moustache de mousse qui venait d'apparaître sur le dessus de sa lèvre.

Les minutes s'écoulèrent où il ne trouva rien d'autre à faire que de boire quelques gorgées à la santé de son frère coincé là bas dans le Wissenland et échanger quelques sourires avec la serveuse un peu potelée. Elle devait avoir de quoi tenir chaud cela dit, enfin, c'était sans aucun doute la fille du tenancier et s'il avait bien appris quelque chose de la vie, c'était de ne pas faire du rentre-dedans à une demoiselle devant son père. Reniflant, il regarda les alcooliques de la table d'à côté se resservir une tournée d'un pinard qui avait plus l'apparence d'une soupe que de vin. A sa constatation depuis son départ de l'Averland, point énormément de voyageurs arpentaient les routes en hiver et la salle était plus remplie de paysans et d'ouvriers avec une forte tendance à la bouteille que de personnes avec qui partager la route.

Alors, que cette pensée lui traversait l'esprit, l'air se refroidit soudain quand la porte s'ouvrit pour laisser rentrer un vent froid. Regardant, quel intrus laissait l'hiver passer la porte, il ne vit rien avant de se rendre compte qu'il fallait diriger son regard vers plus bas. Plissant les yeux, il vit une sorte de forme recouverte de neige avancer jusqu'au comptoir, dispersant, ici et là des morceaux de neiges révélant un nain. Rien d'étonnant cela dit si près des montagnes noires, Melerewor le regarda quelques instants, du calot de cuir à la masse. Un nain, un vrai, un visage renfrogné et une barbe à rendre jaloux un prêtre d'Ulrich enfin, dans le cas de celui là, c'était plutôt une barbe qui laissait apparaître quelques morceaux de visage renfrogné. Enfin, ça avait beau être un nain comme tant autre, il était a l'heure actuelle, le plus intéressant de la journée, bien plus que les alcoolos de la table d'à côté qui n'allait pas tarder à jouer à : qui crache le premier sa bile sur le plancher. Alors, souriant, il le héla.

« Maître nain ! Venez donc vous asseoir à ma table, il y fait chaud près de la cheminée. »

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Tout heureux de voir une nouvelle tête débarquer dans son établissement, l'aubergiste s'empresse de servir une belle pinte de bière à la mousse débordante et la pose sur le comptoir face à Alrik qui n'a plus qu'à lever le bras pour s'en saisir.

Messire nain, que nous vaut l'honneur de votre venue ? Les nouvelles des montagnes sont-elles bonnes ?

Tout à la dégustation de sa chopine, Alrik Gunnarson, n'a pas l'opportunité de répondre que déjà, un autre homme demande après lui et offre de partager sa table près de la cheminée.

Les hommes auraient-ils donc tant changé qu'ils en soient devenus affables et amicaux envers les étrangers ?

[Alrik Gunnarson]

Alrik se saisit de la chopine de terre cuite et perdit un moment son regard dans la mousse blanchâtre qui s'étalait et diminuait inexorablement à la surface de la bière. Il l'approcha de sa bouche et huma profondément l'odeur qui s'en échappait, et il s'exclama pour lui même : "A la santé de Throdek, que ses jours soient encore longs comme la barbe de Grungni !". Puis il porta la chope à ses lèvres et d'un geste ample, en avala une grande gorgée.

Il s'essuya d'un revers de manche une grande partie de la mousse qui lui maculait et la barbe et la moustache, il ne put en dire plus que "Hrmph, les Peaux-Vertes se tiennent tranquilles pour le moment mais..." lorsqu'il fut hélé par un jeune homme isolé dans un coin de l'auberge. L'humain souriait et l'avait invité à le rejoindre. Le nain ne souhaitait pas particulièrement de la compagnie, mais il n'avait pour seul choix qu'un aubergiste un peu trop indiscret à son goût, et le ramenant à sa forteresse quittée, ou humain enjoué. L'humain lui paraissait être le meilleur choix, peu de chances qu'il ne s'intéresse à ses origines, les jeunes étant plus souvent intéressés par eux-mêmes à ce que lui avait dit Throîm.

"C'est une bonne gueuse que vous avez là !" dit-il au tavernier, le saluant en se dirigeant vers la table de Melerewor. Il chemina péniblement, devant contourner les différentes chaises et éviter les gestes inconsidérés d'outre à vinasses ne se rendant compte de ce qu'elles faisaient, mettant ainsi en danger une bière qui aurait pu être d'une facture bien pire. Et sans parler de ceux qui se croyaient bien malins de rire d'un nain dans leur ivresse... Il savait qu'il ne devait s'arrêter à quelques fils de Sigmar idiots, lui même avait déjà du penser de même alors.
Et tous n'était pas de la même valeur, tel ce jeune homme.

Arrivé à sa table, il disposa sa chopine sur la table et d'un geste adroit, s'assit sur une chaise disposée en face de l'humain. "Merci d'honorer l'amitié des hommes et des nains en m'accueillant à votre table.". Il rabattit alors son capuchon révélant alors une longue chevelure cendrée, non tressée contrairement à ses frères, et deux yeux d'un brun perçant.
Il prit alors une nouvelle lampée de sa bière, entamant correctement la pinte qui lui avait été servie, dégustant en silence.

[Melerewor Vartmarcher]

Les yeux verts couvèrent le nain du regard alors qu'il s'avançait vers sa table, Melerewor poussa une chaise vers le nain en souriant. Il devait reconnaître en regardant Alrik s'asseoir qu'il aimait bien les nains, avec les hommes, c'est toujours aisé de savoir ce qu'ils ont en tête. Alors qu'avec les nains, il fallait leurs raser la barbe pour voir leur expression et il aurait été plus facile de faire avouer son homosexualité à un adepte de Khorne. Ben, quoi, c'est vrai, non ? Quand, on se balade dans une grosse armure bardée de cornes phalliques et avec une arme gigantesque, on a quelque chose à compenser, non ? Un manque de virilité dut au fait que leurs mères ne les ont pas assez câliné ? Melerewor en était là dans ses pensées sur les grandes folles de Khorne quand le nain, lui adressa la parole. Reprenant pieds sur terre, il sourit à nouveau avant de répondre avec sincérité.

« Il est bien naturel que de partager une bière avec un compagnon nain et sans doute voyageur, à vous voir seul, ici ? »

Le jeune homme avait tôt fait de finir sa phrase que l'engrenage de ses pensées farfelues se remit en route dans son crâne. Ce nain lui semblait sympathique et parlait pas trop mal sa langue, enfin de toute manière, il avait connu d'autres nains avant et c'était toujours entendu avec. Declan, un milicien nain du château familial, lui avait dit que pour être ami avec un des siens, il fallait partager une bière, un serment et une rancune. Un bruit à la table d'à côté le tira de ses fugitives pensées pour le ramener dans le présent, les alcoolos de la table d'à côté commençaient à chanter. Mal. Et fort. Melerewor parla alors plus fort après une bonne rasade de cervoise.

« J'en oublie de me présenter. Melerewor Vartmarcher, fils de Avertden Vartmarcher. Humm, voyageur, enfin, quelque chose dans ce goût là. Et vous, quel est votre nom et celui de vos anciens ? »

Il lui semblait que les nains s'exprimaient comme cela lors des présentations à quelques choses près. Enfin, en tout cas, un aventurier nain qui était passé au château un été parlait ainsi. Un sacré tireur, ce nain là ! Il s'était inscrit au jeu de tir du domaine, bien sur tout le monde c'était moqué d'un nain dans un concours de tir. Ben, il avait tout raflé, un tireur d'élite, Père l'avait même invité à la table seigneuriale pour le récompenser de ses prouesses. Comment, il s'appelait déjà ? Ah oui ! Nik Illarson.

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Continuez à faire connaissance, je lis et alloue les Xp. Ensuite, j'interviendrai quand je jugerai le moment opportun.

[Alrik Gunnarson]

L'humain se montrait enthousiaste. Alrik ne pouvait en dire autant. Les ivrognes commençaient à lui échauffer sérieusement les oreilles. Non qu'il fut opposé à l'ivresse et à la façon de la déclamer ouvertement au monde, lui même avait déjà pratiqué ce loisir un certain nombre de fois. Certes il était loin d'être le nain aimant le plus les joies de la bière mais, foi de nain, il fallait y mettre du sien autour d'un bon tonnelet de bière.
Sauf qu'il voyageait depuis quelques temps déjà, et qu'il était fourbu, sa vie à la forteresse ne l'avait pas tant que ça habitué aux rudesses des pérégrinations sous la neige, dans un froid hiver. Bref, il aurait souhaité pouvoir dégusté sa gueuse en silence, ou à défaut, dans un léger bruit ambiant.

Cela dit, si l'humain était curieux, il était aussi sympathique, et avait même daigné se présenté, le nain ne savait que faire. La savoir-vivre nain exigeait qu'il en fasse de même et qu'il liste ses ancêtres. Et pourtant, on ne révélait pas ses ancêtres au tout venant. "Alrik Gunnarson, Fils de Throîk, de Karak Anghazar" Ceci devrait suffire pensa Alrik. Juste ce qu'il faut pour ne pas se montrer impoli et honorer l'honneur de ses ancêtres, et ne pas les compromettre.

Après une gorgée de bière lentement dégustée en bouche, il songea qu'il était peut être adéquat de s'intéresser à la vie de l'humain.
"Oui, je voyage... Nous sommes donc semblables. Où vos pas vous emmènent ?" Le nain s'exprimait toujours de cette voix rude et hésitante. D'autant plus qu'il devait couvrir le bruit des autres outres à vinasses.

[Melerewor Vartmarcher]

Melerewor arqua un sourcil et reprit les paroles du nain, éludant la question lui demandant ou le menaient ses pas, après tout, il n'en savait pas grand chose et il ne se sentait d'avouer à sa nouvelle connaissance qu'il n'avait guère de but.

« - Karak Anghazar ? Je connais pas, c'est une forteresse des Montagnes Noires ? Les seuls nains qu'on voyait passer dans l'Averland venait de Karak Hirn et de Karak a Karak, ramenaient de la pierre aux Seigneurs du coin pour la plupart. »

L'homme se stoppa dans sa phrase pour réfléchir un instant et scruter de nouveau son vis à vis, il semblait seul et n'était guère loquace et un peu bourru, cela dit tout les nains paraissent bourrus de prime abord.

«-Enfin, je parle et je me répète alors que vous n'avez peut être que guère envie d'évoquer ce qui vous mènent ici avec un inconnu. Buvons aux nains et aux hommes ! »

Levant sa choppe vers Alrik avant de la porter à ses lèvres, le liquide ambré descendit le long de sa gorge pour lui réchauffer les entrailles une nouvelle fois. A la table d'à côté, les paysans du coin étaient plus que réchauffés et leur joyeuse et bruyante humeur en devenait perturbante à toutes discussions. Sans doute qu'une journée à bêcher la terre et à ramasser des navets, quoique les navets, ça ne pousse pas en hivers ? Bref, travailler la journée et se saouler le soir, une bien triste vie enfin, c'est tout de même pas une raison pour emmerder le monde. Se tournant sur sa chaise, la main du jeune homme s'abattit sur l'épaule d'un des clients assis à la dite table.

« - Hé, l'ami, faites un peu de silence, on ne s'entend plus ici. »

Relâchant sa prise sur l'épaule du paysan, il se retourna vers sa table et sourit à Alrik avant de reprendre sur le ton de la conversation comme si rien ne venait de l'interrompre.

« -Pour ce qui me mène là ? Je ne sais, l'envie d'échapper à une vie terne, enfin pour l'instant à part la route et la neige, je n'ai rien vu. Hum, la fille de salle est assez attrayante cela dit dans le genre paysanne potelée. »

[[MJ] The Puppet Master]

Alors que Melerewor Vartmacher et Alrik Gunnarson font plus ample connaissance et à l'instant où le paysan interpellé par le jeune noble va se rebeller contre cette attitude plus que cavalière à son goût, la porte de l'établissement s'ouvre en grand, claquant son bois contre le mur de pierre dont elle manque se décrocher. Un homme au ventre rond sous son tablier de travail trempé de neige fait irruption dans l'auberge en haletant. Son regard est affolé et tous ses membres tremblent comme s'il avait eu affaire avec un démon ou quelque revenant échappé du royaume de Mòrr. Il s'entretient un instant avec le tenancier sans que personne ne puisse entendre un seul mot de leur inquiétant aparté. Suite à cette rapide conversation l'aubergiste, plutôt rougeot et bonasse jusqu'ici, blêmit à vue d'œil. Dans la salle, la tension est palpable mais personne n'ose aller se renseigner sur la situation. Finalement, l'intrus ressort en claquant la porte laissant les spectateurs de la scène dans l'expectative...
L'aubergiste s'agite tout à coup et, tentant de faire bonne figure, semble apprêter la salle. Il bouge les tables, installe des bancs, sourit aux habitués pour les rassurer, fait un signe fébrile à l'attention de Melerewor et Alrik mais tout, dans son attitude, trahit l'inquiétude.