Il y a une référence cachée (enfin pas trop cachée non plus) dans le titre, postez dans la Lampe Magique de mon tuteur (le seul, l'unique... Le Djinn !) pour gagner 2 petits points d'XP
Ahlenhof était une petite ville ... bruyante, Alexander s'en rendait compte en ce chaud matin de début d'été. Accoudé au rebord de sa fenêtre du deuxième étage, il pouvait observer la place qui faisait face à l'auberge revenir à la vie dans un capharnaüm digne d'une ville telle qu'Altdorf. Les pécheurs descendaient au port fluvial, les marchands divers ouvraient leurs magasins, les prêtres entonnaient leur prêche du matin... D'ailleurs, de part la position de l'auberge située à égale distance entre le temple d'Ulrich et celui de Manaan, on aurait pu croire que les prêtres des deux cultes faisait un concours pour déterminer qui avait la voix portant le plus loin. D'après les dires des habitants, cela durait depuis six mois, depuis qu'un nouveau prêtre de Manaan était arrivé en ville avec la ferme intention de faire des pécheurs des fervents adhérents du culte. Peine perdue, selon la majorité des ouailles, puisque la Talabec était la rivière du dieu Taal et que tous, ou presque, sur ses rives le révéraient avec dévotion.
Cela faisait une semaine qu'Alexander avait rencontré Victor von Warënt, et que celui-ci lui avait conseillé de loger dans l'auberge où avait eu lieu leur première conversation : À la choppe dorée. C'était une auberge tout à fait correcte, avec des matelas rembourrés de plumes et non de paille, une bière de qualité et des repas savoureux servis par les trois filles du tavernier qui, il fallait bien l'avouer, était assez mignonnes. Il y avait même des gardes embauchés par l'aubergiste pour assurer la sécurité des biens et des personnes logeant chez lui. Et heureusement pour le jeune assassin que son nouvel employeur lui paya ses frais d'auberge, sans quoi il n'aurait pas pu y vivre plus de trois jours avant d'avoir épuisé le petit pécule que lui avait laissé Maître Gadriel avant de le quitter. Les tarifs pratiqués par l'aubergiste étaient en effet uniquement à la portée des riches marchands qui passaient par la ville, chargés de produits luxueux à destination d'Altdorf ou de Talabheim, ou bien des nobles en voyage. Il s'agissait aussi de l'endroit où les commerçants de la ville et ses notables venaient boire une bière et discuter de leurs affaires.
En elle même, la Choppe dorée était une auberge bien agencée. Avec un bâtiment principal à colombages de deux étages, relié à un long bâtiment de plain-pied abritant les cuisines. Les écuries était dans un autre bâtiment de plain-pied placé parallèlement au cuisines et surmonté d'un grenier pour y stocker le fourrage des bêtes, le tout formant un U. Au rez de chaussée du bâtiment principal était une grande salle commune avec des alcôves le long des murs pour les transactions nécessitant un peu d'intimité. Au premier étage se trouvaient les chambres pour les clients les plus fortunés et au deuxième celle pour les bourses un peu plus modestes.
Alexander avait eu le temps de visiter un peu la ville durant cette semaine passée à attendre sa première mission. Il avait découvert une bourgade d'un peu plus de quatre milles âmes, sans compter les nombreux réfugiés qui y était arrivés après la dernière invasion des forces des Dieux Sombres. La ville étant séparée en deux par la rivière, la rive Sud et la rive Nord étaient reliées par un massif pont de pierre qui malgré des restaurations récentes semblait avoir été construit de très nombreuses années auparavant.
L'économie de la ville tournait surtout autour de la pêche, l'agriculture, l'élevage de bétail, le commerce de ces diverses choses et d'autres, ainsi que la tannerie. Cette dernière activité avait lieu dans un quartier intelligemment situé tout à l'Ouest de la ville sur la rive Sud, en aval du port fluvial et du moulin, en raison des odeurs et des déchets qui étaient déversés sans vergogne dans la rivière. Il abritait entre autre une des enseignes les plus réputée du vieux monde : les tanneries Klaus-Terpig qui équipaient notamment l’armée impériale.
Le jeune homme avait aussi rapidement repéré la caserne de la garde, différentes tavernes chacune avec son propre type de clientèle, ainsi qu'une armurerie qui vendait des équipements de bonne qualité, mais à des prix assez élevés.
Mais aujourd'hui, il n'aurait pas le temps d'aller explorer les ruelles de la cité qu'il ne connaissait pas encore. Non, aujourd'hui il avait rendez-vous avec son noble commanditaire. Victor lui avait fait passer le message par Friedrich, un homme de confiance que le noble avait présenté à l'assassin durant leur première rencontre comme "celui qui se chargerai de transmettre les messages et pourvoirai aux besoins que pourrait faire surgir les tâches les plus délicates". Friedrich avait en effet d'un physique qui attirait moins l'attention que celui de Victor, et était surtout bien moins connu que lui dans la ville, ce qui permettait d'éviter les questions ou situations embarrassantes. Avec son mètre soixante-dix et son teint légèrement halé, il passait très facilement pour un pêcheur (et donc pour n'importe quel habitant peu aisé de la ville) une fois les bons habits enfilés. C'était cependant en tête à tête que Victor souhaitait s'entretenir avec son nouvel employé. Alexander cessa donc de rêvasser à sa fenêtre et descendis dans la salle commune attendre la seconde rencontre avec l'intriguant noble.
Celui-ci était déjà présent, assis dans une alcôve encore plongée dans une semi-pénombre en ce tout début de matinée, et seuls deux autres clients étaient là en train de manger leur pitance. L'aubergiste était en train de lui servir un très copieux petit-déjeuner accompagné d'une flasque de vin. Victor aperçut Alexander, lui fit signe de s’asseoir, puis glissa quelque pièces dans la main de l'aubergiste et le nouvel arrivant crut y apercevoir un reflet doré, surement le prix du silence. À peine le jeune homme eut-il tiré une chaise que Victor commença un monologue à voix basse, visiblement préparé à l'avance :
Bonjour mon jeune ami, j’espère pour toi que cette semaine de repos t'as laissé le temps de prendre tes marques dans Ahlenhof car maintenant, il faut commencer à la purger de ses criminels de tous poils. Comme je te l'ai dis je n'ai que peu d'influence ici, mais mon père est un des conseillers les plus influents du Baron Emil von Kotzebue, l'homme qui dirige cette ville et les terres alentours. Il a donc accès à de nombreuses informations disons... sensibles. Il y a quelques jours, nous discutions et il avait dû abuser de l'excellent vin Estalien que nous dégustions, car il me fit part certaines de ces informations. Selon ce qu'il me dit avant de se rendre compte de ce dont il parlait, il y aurait une organisation de malfrats qui séviraient dans notre cité. Ces viles personnes voleraient les cargaisons des marchands stationnant dans les auberges de la ville et auraient même été jusqu'à tuer deux palefreniers qui se trouvèrent présents lors d'une de leur rapine. L'affaire a été étouffée,surement pour ne pas effrayer les marchands qui souhaiteraient passer dans notre ville, et la garde aurait arrêté quelques traîne-savates et pochards dont l'implication dans les faits est douteuse. D'ailleurs, les auberges ont des gardes que de simples alcooliques n'auraient pas pu flouer si facilement. Mais tu sembles impatient de savoir ce que cela a à voir avec ta mission. Voilà donc ce que j'attend de toi : trouves les véritables responsables, en particulier ceux qui ont commis le meurtre des palefreniers. Une fois cela fait, puni les pour leurs crimes. Mais sois discret, les paroles de mon père me laissent penser que le chef de cette organisation est bien caché, or la tique ne meurt que lorsqu'on lui arrache la tête comme le dit l'adage paysan. Alexander Chauss, tu es désormais le bras vengeur que j'abattrai d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur ceux qui cherchent le malheur de leurs frères. Ensemble, nous ferons de grandes choses pour cette ville. Si tu souhaites changer d'auberge pour rester discret, je n'y verrais aucun inconvénient. Saches cependant que je ne te rencontrerais plus sauf circonstances exceptionnelles, tu auras désormais à faire à Friedrich. Il s'occupera de payer le propriétaire de l'auberge où tu choisira de loger, et de me transmettre tes messages. Pour le trouver, rien de plus simple : il est tous les soirs à la taverne Le gosier Ulricain. À moins que tu n'aies des question, vas maintenant et que Véréna te garde et te montre le chemin, justicier de l'ombre. |
Tout en parlant, il mangeait d'un bon appétit et eut terminé son repas en même temps que son discours. Il attendit quelques instants que Alexander lui posa d'éventuelles questions, puis se leva, lança une pistole à l'aubergiste pour le service et sorti comme si il n'avait fait que parler de la pluie et du beau temps avec son interlocuteur, laissant l'assassin à ses pensées.