[Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Le Reikland est une province vaste, populeuse et prospère. Sa couleur est le blanc, mais certains régiments, comme les célèbres Joueurs d'Epées de Carroburg, ont leur propre héraldique. C'est l'Empereur Karl Franz Ier, Comte Electeur du Reikland, qui dirige cette province, depuis la plus riche cité de l'Empire, Altdorf.

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[MJ] Vivenef
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

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  • C’était une catin, bien que jeune, et son métier l’obligeait à se montrer dans son plus simple appareil. Pourtant, là, dans la froideur oppressante du cachot, sous la lumière timorée des torches crachantes, la jeune femme s’arc-boutait sur elle-même, mains dans le dos, tentant de se soustraire aux regards scrutateurs. Elle continuait de gémir, encore que ses pleurs eussent perdu de leur puissance première. Elle en semblait presque brisée, tant et si bien que, lorsque Jade lui annonça qu’elle allait être libérée, l’on ne put que percevoir un maigre mouvement de la tête sous la capuche, un simple acquiescement sans aucune conviction. Lorsque l’initiée demanda à Dagmar de la relâcher, celui-ci fit un pas en avant.

    «Je crois qu’il serait bon, tout de même, à ce que cette damoiselle participe à la résolution de cette affaire. Si cet apprentissage et cette leçon te sont destinés, Jade, ils peuvent être source d’enseignement pour tout le monde. »

    Le répurgateur la dépassa alors pour empoigner la catin, sans état d’âme, et la ramener dans la cellule principale. Là, il lui ôta son capuchon, afin qu’elle pût être témoin de la suite des évènements. En revanche, il ne lui ôta pas pour autant ses liens. Dans le même temps, il ramassa la vêture déchiquetée et humides, la lançant nonchalamment sur les frêles épaules de la prostituée. Jade s’en était retournée auprès des deux hommes. Si elle venait de déclarer la jeune femme innocente, alors l’un des deux derniers captifs s’avérait coupable, quand bien même, pensait-elle, les avait-elle déjà bien examinés.

    Enfin, le noble comme le soldat purent mettre un nom sur le visage de leur bourreau, sur cette femme zélote, glaciale, quand bien même n’en tirèrent-ils aucune utilité. Et le ton avec lequel elle s’adressa à eux le fut tout autant. Comme une furie, elle s’attaqua de nouveau à la vêture du noble, laissant apparaître sa peau blafarde sous laquelle se contrastaient les ruisseaux bleutés de ses veines. Le sang-bleu fit aussi ses chausses lui être retirées, et, dans sa soudaine nudité, il ne fut plus que l’égale de la jeune catin qui gisait désormais à ses côtés, dans le même état. La honte s’appesantit davantage encore sur ses épaules. Il gémit à son tour, se lamentant de tant de violence ; il avait perdu toute sa colère et son ire, et ne demeurait plus, dans son âme, que ce qu’il y avait de plus méprisable dans l’Homme. Cette faiblesse, cette vulnérabilité ; tout ce qui nourrissait abondamment le Chaos. Pourtant, là encore… Elle ne trouva rien.

    Restait le soldat, dont la tenue connut le même sort que celle de ses comparses. Ce fut Jade qui s’occupa de son cas, cette fois-ci, et non pas sa propre personne ; dans cette même pudeur qui l’avait saisi, il dissimula habilement son intimité, bien que se laissant faire. Probablement qu’il redoutait, toujours, le tison ardent qui menaçait de mordre et de calciner ses chairs. Liens coupés, mains libres, et dénudés, ils se redressèrent avec peine, comme Jade leur expliquait les nouvelles règles de son propre jeu.

    Il était intriguant de constater à quel point la vanité humaine pouvait s’élever vers les cieux aussi bien qu’elle pouvait être rabaissée plus bas que terre. Habillés, le noble comme le soldat semblaient être sujets à la pavane, à un certain orgueil. Anton von Delbrecht, pour sa richesse comme pour ses connaissances. Emerich Lutz, pour son corps bien bâti et son visage séduisant. Mais, ainsi révélés dans leur plus simple appareil, les deux se confondaient, l’un comme l’autre, dans la peine et l’humiliation. Ils n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.

    Ils devaient, à présent, dénoncer l’autre, et prouver par la même occasion leur innocence. Ce fut le noble qui prit la parole.

    «Je… Je sais pertinemment que je n’ai rien à voir avec le Chaos, alors… Si ce que vous dîtes est vrai, ce ne peut qu’être lui, pas moi ! »

    Il s’avança vers le soldat. Si le noble avait eu l’idée de couvrir à son tour ses parties vitales dans un premier temps, et en avait effectué le geste, il avait finalement renoncé. Cela lui cuisait, mais il tentait d’ignorer cette sensation d’abattement qui le poursuivait et le rongeait. Mais, comme il s’avança vers le soldat, il s’arrêta tout aussi vite, hésitant. En fin de compte, il ne voyait pas comment dénuder davantage un être déjà libre de toute vêture, et le doute s’immisça en lui. Jade put le vérifier ; la question était inscrite sur son visage. Comment prouver sa propre innocence en inculpant l’autre ? Sûrement se crut-il alors dans quelque duel judiciaire, car il chargea le soldat.

    Ce dernier aurait très bien pu se défendre, eu égard à la formation militaire qu’il avait reçue. Toutefois, il semblait obstiné à dissimuler ses attributs, et ne consentit à élever qu’une seule et unique main pour se protéger. Le poids du noble eut raison de lui ; ils chutèrent tous les deux.

    «Qu’est-ce que… Par Sigmar !! »

    Le cri d’horreur d’Anton fut sans appel, et, alors qu’il avait initié l’assaut, il recula sans attendre, à quatre pattes, sur les fesses, comme une araignée terrorisée. Son regard demeurait braqué sur Emerich, entre ses jambes. Ce dernier, en tombant, avait eu ce réflexe humain d’amortir sa chute sur le sol chargé d’humidité, et sa seconde main s’était posée à terre, révélant ce qu’il était si bien parvenu à dissimuler.

    Il y avait eu une raison, à tout cela. Ce n’avait pas été de la pudeur ou de la gêne, qui l’avait obligé à se comporter comme un jeune homme pré pubère, honteux de se découvrir devant une femme, mais bien la contrainte de ne pas s’afficher en tant que tel devant une possible répurgatrice. Et pour cause, juste au-dessus de sa virilité, au niveau de son aine, un tatouage avait été incrusté dans sa chair, un tatouage alliant le symbole de la masculinité à celui de la féminité. Pire encore, la peau, à cet endroit précis, s’était comme déchiquetée pour s’ouvrir sur une nouvelle cavité, dont les bords ressemblaient à des lèvres. Difficile de savoir s’il s’agissait d’une bouche, ou si cette mutation avait fait de lui un être hermaphrodite.

    Le noble s’en était retournée contre le mur, apeuré. Le soldat, quant à lui, venait de se métamorphoser ; il n’y avait plus lieu d’affecter de l’ingénuité et de la pudeur, et affichait à la place une confiance excessive, une résolution qui frisait la résignation. Il se dressa de tout son être en se tournant en direction de Jade. Bien qu’elle fût armée de sa lame sainte, il la regarda bien droit dans les yeux, exhibant tout de son corps et de sa mutation qui lui grignotait le bas-ventre.
    Test de volonté.
    INT de Jade : 8
    Résultat : 16 ; raté.

    Pour l’initiée de Sigmar, la haine du Chaos avait été enseignée et presque prêchée, bien qu’elle aurait honte d'admettre qu'elle n'était encore que théorique. Elle n’avait jamais encore rencontré de pareils agents du Chaos. Dans sa vie antérieure, la jeune femme avait connu la solitude, la camaraderie militaire, la compétition, et, surtout, la corruption qui pouvait faire rage n’importe où, où que l’on se trouvât. Mais un cultiste du Chaos, jamais. La curiosité morbide faisait son effet, et, ajoutées à cela, les Puissances de la Corruption faisaient effet sur son âme. Elle ne pouvait détourner le regard, avec cette fascination obscène, de cette mutation qui déformait le corps de l’homme. Elle ne put qu’écouter le discours d’Emrich sans véritablement réagir. Sa voix n’avait-elle pas quelques douceurs enchanteresses ?

    «Sigmar est un faux Dieu, dénudé de tout pouvoir. Il n’a été qu’un homme, et ne sera jamais davantage que cela. Contemple-moi, toi, Jade Dahlia, observe le vrai pouvoir, palpable et tangible, de mon Dieu, Slaanesh. Tes désirs les plus perfides te seront accordés, tes fantasmes les plus fous seront rendus possibles. Oublie l’austérité déliquescente de tes prêtres sigmarites, apprends à redevenir humaine, à ressentir les choses. »

    N’y avait-il pas quelques vérités, là-dessous ? Sigmar et son dogme n’était pas reconnu pour sa recherche du plaisir ; c’était presque le contraire qui s’imposait parmi ses prêtres. Jade, subjuguée malgré elle, ne put s’empêcher d’y réfléchir. Et, alors qu’elle pourpensait, elle ne put réagir au soldat qui se propulsa vers elle avec une rapidité déconcertante, et la renversant au sol en était sur le point de s’emparer de son arme. Il n’y eut qu’une petite voix dans sa tête, qui lui murmura des promesses impies.

    «Accepte-moi, comme la femme de Dimitri. Imagine l’effet d’une seconde bouche sur ton corps, à cet endroit précis, dans une étreinte charnelle… »

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Jade Dahlia
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  • Le masque était tombé bien vite. Jade détaillait avec une haine palpable le tatouage du soldat, il revêtait une forme bizarre, oui les bords ressemblaient à des lèvres. La bouche bougea. Les lèvres s’écartèrent. Jade retint à grand-peine un hurlement, mais ses yeux restèrent braqués sur cette mutation anormale. C’était donc lui le cultiste. La souillure du Chaos était en lui. Les dieux sombres avaient apposé leur marque sur son corps. Les pensées de l’initiée se bousculèrent au milieu de l’effroi qui tourbillonnait dans sa tête. Cette créature, qui se trouvait devant elle, exsudait une beauté troublante et monstrueuse reconnaissable comme l'apanage des servants de Slaanesh. Ceux-là aimaient jouer avec l'indicible, mêler l'hideux à l'exquis, troubler l'âme par un hypnotisme détestable.

    « Tes désirs les plus perfides te seront accordés, tes fantasmes les plus fous seront rendus possibles. Oublie l’austérité déliquescente de tes prêtres sigmarites, apprends à redevenir humaine, à ressentir les choses. »

    Jade vacillait. D'un seul coup, le souffle l’avait quittée, avait déserté sa poitrine, la faisant délicieusement souffrir. Délicieusement, car manquement du cœur, cette soudaine dégringolade, elle la connaissait bien. Elle ne laissa qu'une gorge brutalement serrée, une bouffée de chaleur aux tempes et aux joues. Et son corps reprit sa vaillance, aussi subitement qu'il avait chancelé. Sa respiration se dégagea, ses poumons se déployèrent de nouveau. Mais ses propos ne la quittaient pas. C'était plutôt inhabituel. Ses mots étaient flatteurs, intéressants, mais ne disposaient pas de la subtilité et de la saveur qu'ont les propos qui sonnent à ses oreilles comme des carillons capiteux, ces jeux de la langue, de l'esprit, qui la séduisent... Et pourtant ceux-là l'avaient séduite. Jade ne comprenait pas.

    Le regard de la répurgatrice s'égara sur le visage du jeune homme. Etait-ce de l'amusement dans ses paroles ou de la gravité ? Jade aurait préféré le premier, mais rien n'était moins sûr. Ses lèvres étaient fines mais pleines à la fois... elle ne pensait pas avoir vu pareille bouche auparavant. Maintenant Jade le voyait d'un autre œil. Ça n'avait strictement aucun sens, mais le fait était là.
    Il l'attirait.

    Evidemment, il n'y avait rien de mal à ça. Jade avait déjà désiré des hommes, et l'errance d'une soldat, que c'est bien là ce à quoi se résument ses prétendus itinéraires, implique trop de tensions pour ne pas impliquer une certaine passion. Oui, elle avait eu de la passion pour des guerriers et des fermiers, pour des érudits tout comme pour des incultes. C'est là la différence entre la tendresse et le désir. Celui-là ne lui inspirait pas la douceur ; il lui instillait la brutalité. La possession.
    Jade battit des paupières, cherchant à chasser ce sentiment. C’est ce moment que choisi Emerich pour lui foncer dessus et la plaquer au sol.

    Etait-ce une vague étincelle de pitié qui, l'espace d'un fugitif instant, avait touché le cœur de Jade ? Pitié pour quoi ? Pour les pièges auxquels Emerich avait peut-être succombé jadis ? Pitié pour sa faiblesse ? Au nom de quel imbécile principe la pitié existait-elle ?!
    La pitié, c'était le pardon. Le pardon, c'était l'erreur, prêter le flanc à la trahison. Une telle attitude allait à l'encontre du plus élémentaire instinct de survie et en ce sens, n'avait pas sa place chez les Templiers de Sigmar.
    C'est pourquoi l’initiée étrangla sauvagement cet éclat de pitié dans son cœur.

    Jade luttait avec l’abomination pour garder sa lame en main, et dans le même temps, elle cherchait à plonger la main dans sa bottine gauche pour en ressortir sa dague. L'espace entre le corps de Jade et celui d’Emerich était si exigu que chaque mouvement était une véritable bataille. Jade comptait bien mettre à profit sa petite lame afin de se retrouver dans une position plus avantageuse.

    - Je t'enterrai entre ces quatre murs de pierre s'il le faut ! cria-t-elle violemment avant de planter sa dague dans l’horrible bouche du cultiste.
    J’essaye de conserver mon épée dans ma main droite. Et avec l’autre main, je sors ma dague de ma botte pour le planter au niveau de l’aine, dans sa seconde bouche. J’ai pas encore beaucoup de compétences pour le combat, mais dégainer l’épée peut m’être utile :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Vivenef le 27 juil. 2015, 20:07, modifié 1 fois.
Raison : 6 xp / 36 xp
Jade Dalhia, Voie du Répurgateur - Initiée
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[MJ] Vivenef
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par [MJ] Vivenef »

  • Jade vit le monde basculer comme elle tombait au sol, emportée par la charge d’Emerich. Mais, dans le même temps, le choc lui remit quelques idées en place, et l’arracha de la consternation hébétée dans laquelle elle était plongée. L’homme était déjà sur elle, et tentait de lui ouvrir le poignet de force afin de récupérée son épée.
    Test de Force comparé ; réussite à qui aura le meilleur degré de réussite.
    Force de Jade : 8
    Force du cultiste : /
    Test de Jade : 1 ; réussite critique de 7.
    Bon, au cas où :
    Test du cultiste : 14 ; échec.

    Etait-ce dû au choc ou un simple réflexe moteur, Jade parvint à conserver la poignée de son épée dans sa main. Plus encore, serrant comme jamais cette dernière, elle refusa l’accès au cultiste, et la lame bénite, sans pour autant pénétrer les chairs de l’homme, fut appliquée en contact direct avec sa peau dénudée. Sa réaction, Jade put l’observer au plus près, comme leurs visages demeuraient proches l’un de l’autre. Il eut une réaction de surprise, puis un petit tic, un petit mouvement du visage afin de voir ce qui le dérangeait. Enfin, ce fut comme l’effet d’une certaine douleur ou démangeaison insidieuse qui ne se révèle qu’après une petite seconde d’application, et il chercha tant bien que mal à se soustraire à ce contact. Son attention se fit moins portée sur Jade que sur la lame qu’elle tenait étroitement.
    Initiative de Jade : 9 + 1 (dégainer l’épée) = 10.
    Initiative du cultiste : /
    Jade commence.

    Test d’attaque, juste pour voir si tu parviens à toucher précisément la mutation. Etant donné la situation et la réussite critique, j’autorise la touche gratuite. Tu ne pourras par contre pas parer, après avoir dégainé ton arme.

    ATT de Jade : 9 + 2 (cadeau de la réussite critique, dirons-nous) = 11.
    Test : 18 ; raté
    :mrgreen:

    Touche autre chose que la seconde bouche.
    Dégâts : 8*2 + 13 + 2 – 8 = 23.



    En fin de compte, il ne fut pas difficile pour la jeune femme de récupérer sa lame ; pliant sa jambe, elle rapprocha sa botte de sa main libre, laquelle se posa sur le manche. Tirant la lame, il ne lui fallut qu’un seul mouvement pour planter la lame dans le corps de son adversaire. Mais celui bien, bien que légèrement désorienté par la lame bénite, continuait de peser de tout son poids sur le corps de la jeune femme, et son bas-ventre lui demeurait interdit d’accès. Elle ne put que planter sa dague dans le flanc de son adversaire, qui hurla et se tordit de côté.

    Attaque du cultiste : /
    Résultat : 18.
    Eh bhé, vivement que mes dés arrivent.
    Echec.

    La douleur le stoppa net durant l’espace d’une demi-seconde, et les traits de son visage se contractèrent, aussi bien sous l’effet de la douleur que sous l’effet d’un certain plaisir coupable. Le visage toujours aussi proche du sien, Jade put s’apercevoir, mieux que quiconque, des diverses expressions effarantes que trahirent les expressions de l’homme. Oui, c’était comme une espèce d’extase que ses prunelles venaient de capturer. Prunelles qui furent bientôt en partie dissimulées par les mains de l’homme, lequel s’apprêtait à s’emparer de la tête de l’initiée pour la claquer violemment au sol.

    Une ombre s’abattit sur eux deux, et un choc sourd résonna non loin d’elle. Le corps d’Emerich s’écroula sur elle, et ce fut comme s’il avait doublé de poids en retombant sur Jade. La silhouette de Dagmar se découpa sur la lumière des torches, tenant son pistolet par le canon. Il avait frappé l’arrière du crâne de l’homme à l’aide de sa lourde crosse de bois, ce qui avait suffi à le mettre au tapis. Il s’empara de la chevelure de l’homme, et, tirant sans état d’âme, délivra Jade de cette morte étreinte. Il proposa son aide à la jeune femme, sans mot dire, lui donnant sa main, la tirant également sur son bras pour la remettre debout.

    Là, toujours sans rien dire, il lui décocha une belle gifle, sans passion ni colère, ni même pour la remettre de ses émotions.
    «Pour avoir manqué de succomber », lui lança-t-il le plus platement du monde.

    Ignorant ses possibles protestations, il lui prit le menton, la forçant à la regarder en face, avant de pointer le canon de son arme sur le soldat qui gisait toujours au sol.

    «Ta première rencontre avec ce genre de monstruosité. J’espère que tu en reverras plein d’autres, car je compte sur toi pour les cramer, toutes autant qu’elles sont. Dis-moi, qu’as-tu ressenti ? »

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Jade Dahlia
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par Jade Dahlia »

  • La créature qui faisait face à Jade n'avait rien d'humain, rien qui méritait d'être sauvé. A la manière d'un lierre tenace et envahissant, le mal avait profondément plongé ses griffes corruptrices dans cet être qui bloquait la jeune femme au sol, un être qui n'aurait jamais dû poser le pied en ce monde. Son poing fermé, l’initiée de Sigmar avait réussi garder son épée sainte en main.

    Tout le corps de Jade réagissait à l'aura maléfique nimbant le soldat du Chaos, comme la peau peut réagir à un vent ardent ou à une caresse polaire. Elle ne savait pas ce que c'était, n'arrivant pas à en déterminer précisément les conséquences sur elle, mais sa présence devenait plus indicible de seconde en seconde, troublante, mortifiante même. Vous êtes-vous déjà tenu au bord d'un abîme mystérieux, aux ténèbres fascinantes ? Elles vous appellent, elles vous murmurent de les rejoindre et de vous unir à elle. Un mariage odieux, aux relents changeants de domination, où l'on ne sait pas vraiment si vous possédez le pouvoir ou s'il vous possède ; mais cette idée, ce principe de pouvoir, demeure omniprésente. Tout ce qu'il y à faire, dans ces cas-là, c'est de regarder la nuit des abysses bien en face et de lui cracher à la face, avant de la maudire et de tourner les talons.

    Jade savait que ce combat n’était pas en sa faveur ; elle en avait l’intime certitude, à la manière d’une main fouaillant votre ventre en guise d’avertissement. Mais ses ainés lui avaient enseigné à réfléchir avec ses yeux, à voir avec l’instinct. Et lorsqu’elle contemplait son adversaire, elle remarquait que plusieurs choses s'inscrivaient dans son esprit, le frappaient ainsi qu'on peut battre une monnaie pour y inscrire un portrait.

    Emerich Lutz disposait d'une force malsaine, mais Jade ne s’était pas entraînée de manière acharnée pour rien ; bien que simple initiée, elle se targuait d'être aussi solide que n'importe quels répurgateurs du Temple, et tout aussi résolue que le plus acharné d’entre eux, Dagmar Mueller. A défaut d'avoir leur expérience, elle partageait leur détermination et la même haine du Chaos !
    Une haine qui faisait étinceler ses prunelles alors que sa main gauche se tendait vers sa bottine pour y sortir sa petite dague.

    Emerich était encore déstabilisé par la démangeaison que lui infligée l’épée sainte de Jade. Cette dernière décida de profiter de cette ouverture, et elle riva ses yeux aux siens, avec autant de force que s'ils avaient pu être les piques nécessaires à sa crucifixion.
    Les dents de l’initiée grincèrent alors qu’elle foudroyait le démon d'un regard sombre. D’un coup sec, elle planta sa dague jusqu’à la garde dans le flanc d’Emerich qui hurla sous la douleur.

    Un rictus éminemment mauvais étira les lèvres de Jade, en un sourire en lame de couteau. Une seconde plus tard, Dagmar s’abattait sur le cultiste, envoyant la crosse de pistolet à l’encontre de l’arrière de son crâne. Jade battit des paupières en réalisant que la créature était affalée sur son corps, inconscient. L’instructeur attrapa Emerich par les cheveux et délivra la jeune femme de cette carcasse.
    Jada attrapa la main que lui tendait Dagmar et se releva, dépoussiérant rapidement sa vêture. Et sans rien dire l’instructeur lui décocha une gifle, où se mêlait la douleur de la vérité et l’acidité de la frustration.

    Jade était une personne d'orgueil. D'égo, de fierté : la chose était indéniable et elle ne la refusait pas. Elle s'adjugeait l'autorisation d'orgueil, à l'aune de son attitude, à l'aune de son zèle et de son devoir. Et son humilité résidait dans le fait qu’elle acceptait de pouvoir faire un faux pas. Mais ici, elle n’en avait point fait... n'est-ce pas ?
    Avec une certaine frayeur, elle se rendit compte qu’elle tentait de s'en convaincre. Battant des paupières, Jade serra le poing en se morigénant avec hargne ; si elle s'était retrouvée en face d’elle-même, elle se serait également assénée une gifle retentissante.

    - Le plaisir de ces suppôts du Chaos est une facilité sans valeur. En s’y abandonnant, ils perdent tout ce qui fait d'un guerrier ce qu'il est : sa combattivité, sa hargne, sa lutte pour lui et pour les autres. A quoi bon choisir une telle voie ? Vivre plus longtemps ? Peut-être vivront-t-ils longtemps. Mais la corruption qui couve en eux rend répugnantes toutes les années qu'ils pourront encore avoir à traverser. Je n'ai pas besoin de les maudire : ils le font très bien tout seules en choisissant un tel maître, ce sont des pantins de puissances bien trop sombres pour leurs âmes. Et les feu est leur seul salut !

    Jade renifla dédaigneusement.
Modifié en dernier par [MJ] Vivenef le 28 juil. 2015, 14:40, modifié 1 fois.
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Jade Dalhia, Voie du Répurgateur - Initiée
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[MJ] Vivenef
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par [MJ] Vivenef »

  • Le répurgateur la fixa un long moment, de son regard impassible, inébranlable, mais pourtant si difficile à supporter. Il avait cette capacité à remuer vos peurs les plus intimes, plongées au sein de votre être, et à les faire ressurgir à la surface. De remuer votre culpabilité pourtant si bien cachée, et de la révéler au grand monde, aux yeux de tous. Jade n’avait pas véritablement répondu à la question de l’homme, et la jeune femme percevait dans les prunelles grises qui la clouaient sur place quelque questionnement intime. Toutefois, il agréa au discours de la jeune femme, finissant par hocher de la tête.

    « Tu n’as certes pas besoin de les maudire, mais, malgré toute la déchéance et l’opprobre de l’être humain qu’ils incarnent, tu dois t’en méfier. J’ai, comme toi, écouté les paroles insidieuses de ce cultiste, mais ne juge jamais le fond, plutôt la forme. Ce n’était pas le sens véritable de ses promesses qui t’a fait basculer, mais bien le son de sa voix, l’appel de son être. Il eût très bien pu te proposer de t’attacher à un poteau et de te lacérer lentement, ou de te proposer un cadavre à manger, que la sensation eût été la même ; pleine de promesses, délicieuse, attirante, te coupant du monde pour te plonger dans un abîme d’absurdités, plaisantes, certes, mais tellement fausses. Un monde de rêves qui n’existe pas, une nécrose de la pensée et des évagations de l’âme. »

    Il se détourna de Jade, jeta un petit coup d’œil en direction du noble et de la catin, lesquels se tenaient recroquevillés dans leur coin, n’osant bouger. Puis, les ignorant de nouveau, son attention se reporta sur Emerich.

    «Tu en auras mis, du temps, avant de trouver un coupable –le premier, seulement ? J’ai bien cru que tu allais échouer, Jade, bien que tu frôlas la vérité en de maintes occasions. J’ai cru comprendre que tu déclarais la putains innocente, vis-à-vis du Chaos. Que décides-tu vis-à-vis du noble ? Quant au soldat, son appartenance à Slaanesh est des plus évidentes. C’est effectivement la femme de Dimitri Layetov, une certaine Clara Schiller, qui nous l’a dénoncé… A cela près qu’elle nous a dit avoir été abusée par ce soldat. Les deux points de vue diffèrent ; il nous faudra peut-être rendre une petite visite à cette Clara, afin de voir si elle s’est livrée à un cultiste de son bon gré, ou si cela n’était qu’un… regrettable incident.

    Il donna un petit coup de pied dédaigneux dans le corps inanimé d’Emerich .

    «Bien. En ce qui le concerne, nous allons procéder d’une autre manière, avant de revenir à nos deux comparses. Il jeta un dernier regard aux deux spectateurs, qui flanchèrent aussitôt. Tu as encore des choses à apprendre, Jade. En attendant, tue Emerich ; nous brûlerons son cadavre par la suite. »

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Jade Dahlia
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par Jade Dahlia »

  • Dans l'obscurité de la cellule à laquelle Jade était à présent parfaitement habituée, elle prit le parti de river son regard sur Emerich Lutz. Elle réprima le frissonnement de sa laideur intérieure...
    Au cours de son existence, tout le monde pouvait gagner ou perdre en humanité. Mais là, il avait fallu y renoncer. Renoncer à ses droits sur la pitié et la compassion, renoncer à ses droits sur l'amour et le réconfort. L'être qui faisait face aux deux templiers s'était destiné à l'oubli de l'instant présent. Il n'avait plus rien sans doute comme conscience que celle de la seconde qu'il vivait, dans une sorte d'éternel brouillard.
    La pitié qui avait envahi le cœur de Jade plus tôt se retira comme la marée chassée de la grève. Elle s'était fourvoyée une première fois sur l'identité de l'intrus, elle ne comptait pas réitérer.

    L’initiée de Sigmar raffermit sa résolution en même temps que sa prise sur sa dague sainte. Du coin de l'œil, elle nota que la fille de joie s’était recroquevillée dans un coin de la cellule. Bien malgré elle, le regard de Jade s'attarda sur la jeune femme. Ses cheveux en bataille, sa vêture déchirée, ses yeux émeraudes... Le regard de la répurgatrice ne cessait de la détailler, de la scruter, et elle avait le sentiment qu’elle le faisait malgré elle.

    Un léger mouvement de la part d’Emerich ramena Jade à sa priorité. Elle maugréa intérieurement, maudissant avec quelle facilité son attention se détournait. Elle secoua légèrement la tête pour se reprendre.

    - J’espère que la vue du sang ne vous offusque pas, Herr Anton ; fit la répurgatrice d’un ton sadique et railleur. Parce que vous allez en voir une bonne partie avant que je n’en finisse avec notre ami Emerich.

    Cet homme, Emerich, était un monstre. Un tueur d'innocence. Par cette tâche qu'il avait acceptée, il s'était mis au service de l'indignité humaine et de l'avilissement de lui-même. Ce type avait vendu son âme aux monstres du Chaos... La seule chose pire que le mal de fait, le mal effectif, c'est le mal recherché. Le mal a de nombreux visages, mais ils sont tous aisément discernables. On les retient, on les juge. Bien qu’évanoui et à sa merci, ce type ne méritait aucune clémence de la part de Jade. Il avait perdu son droit à prétendre à l'humanité.

    - Que Sigmar décide à présent, souffla la jeune femme.

    D'un geste vif, elle saisit Emerich par sa chevelure et lui trancha la gorge. Elle détourna la tête dans un mouvement dont le contrôle lui inspira du regret ; s'il s'était agi d'un réflexe, elle n'aurait pas eu la déplaisante impression que l'expérience lui était familière. Un jet poisseux et chaud lui aspergea les mains, et elle rejeta le moribond au sol d'une brutale impulsion du genou. Il ne fallait pas chercher de la violence gratuite dans ses actes ; elle était présente, mais n'était que la rétribution de son comportement. De son immoralité.
    Une fois sa sinistre tâche accomplie, Jade observa – la possible – réaction d’Anton von Delbrecht. Avant de se retourner vers Dagmar Mueller :

    - La fille de joie est innocente. Concernant Anton, selon la réaction de ce dernier, il est également innocent.
    Si Anton a une réaction un peu louche lorsque j’égorge Emerich je ne le déclare pas innocent (genre, s’il sourit devant la scène..).
    Sinon s’il est choqué, pas de soucis c’est un innocent :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Vivenef le 28 juil. 2015, 22:37, modifié 1 fois.
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Jade Dalhia, Voie du Répurgateur - Initiée
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[MJ] Vivenef
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par [MJ] Vivenef »

  • Fourbe. :mrgreen:

    Dagmar observa de façon attentive les possibles réactions de la jeune femme. Il lui avait ordonné de tuer un cultiste, et l’initiée ne devait pas échouer face à une telle épreuve. Tuer un homme n’était jamais chose facile, surtout si celui-ci était le premier. Peut-être que jade, toutefois, durant sa carrière de milicienne, avait déjà assassiné un homme. Quoi qu’il en fût, elle ne devait pas non plus se fourvoyer ; Emerich n’était plus un homme. Ce n’était rien de plus qu’une créature monstrueuse, issue des entrailles putréfiées du Chaos. Il en devenait presque un devoir de l’éliminer.

    Le répurgateur nota également les paroles de la jeune femme, à l’aube même de la future exécution. Paroles adressées à Anton, au noble dénudé qui gisait dans un coin de la cellule, et qui se confondait dans l’ombre comme si celle-ci pouvait lui être salvatrice.

    Anton ne réagit pas véritablement au discours de Jade. A la place, il se contenta de porter un regard presque horrifié sur le couteau qu’elle tenait, et, une seconde plus tard, sur la gorge offerte du corps inanimé. Il ne détourna pas les yeux, semblant comme captivé, captivé par cette curiosité morbide qui vous tenaillait et vous obligeait à regarder, alors que vous saviez pertinemment que vous viendriez à le regretter par la suite. Non, il ne détourna pas le regard, ignorant Jade pour se concentrer sur la scène qui allait s’en suivre.

    La lame trancha la gorge du cultiste, répandant un flot de sang carmin qui s’épancha sur le sol, ruisselant dans les petits sillons d’évacuation. Aussitôt, l’initiée darda un intense regard sur le possible dernier suspect, lequel n’avait pas détourné les yeux. Il contempla les mains poisseuses et rougeâtres de la templière, fixa un instant durant l’ouverture béante et ô combien disgracieuse, épouvantable, qui défigurait la gorge de l’homme. Et, se penchant vers l’avant, vomi subitement tripes et boyaux en de longs râles qu’il ne put contrôler.

    Alors, selon ses propres critères, Jade déclara-t-elle le noble innocent, révulsé qu’il était à la vue de tout ce sang versé.
    L’attention de Dagmar se porta sur le noble vomissant, puis le soldat égorgé, et, enfin, sur Jade.

    «Intéressant. Se servir d’un coupable définitif pour en révéler un autre, et cela contre la possible volonté du premier. Inventif, et bien joué. Soupçonnais-tu un adepte du Dieu Sanguinaire ? »

    Puis, à pas lents, il se dirigea vers le noble.

    «Anton von Delbrecht, innocent à l’égard du Chaos… Mais coupable d’exaction à l’encontre de Sigmar. »

    Une lueur d’étonnement cingla dans les prunelles du noble, peu avant qu’une étincelle de compréhension ne fut à son tour perceptible. Mais il n’eut pas le temps d’esquisser le moindre mot que le répurgateur lui avait déjà passé la gorge au fil acéré de sa propre dague. A l’instar d’Emerich, Anton s’écroula à son tour.

    «Son intendant nous a indiqué où était passé l’argent qu’il avait demandé au grand temple de Sigmar afin d’en bâtir un plus petit sur ses terres, en hommage éternel au Porteur de Ghal Maraz. Réinvesti dans quelque commerce personnel qui lui aura permis de faire fortune. »

    Enfin, Dagmar se tourna vers la prostituée.

    « Dorina Kremer… »

    A l’annonce de son prénom, l’intéressée se mit à gémir plus fort qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant. Elle n’avait peut-être pas tout compris des tenants et aboutissants de l’histoire d’Anton, et du pourquoi de sa condamnation, mais, à force de jugeote, compris très bien ce qui allait lui arriver. C’était la lutte sans espoir, sans merci possible face à un homme aussi austère et rigoureux que le répugateur, qui venait de s’engager. Yeux larmoyants, bouche déchirée en une supplique muette, elle se mit à reculer, regard fixé sur son bourreau.

    «J’vous en supplie… J’avais pas le choix, on m’a forcée…
    - … Innocente à l’égard du Chaos, coupable d’avoir empoisonné le vin d’un noble, alors en visite dans ton établissement de passe.
    - Ils allaient me battre à mort si je ne le faisais pas…
    »

    Elle n’était plus que sanglots désespérés, condamnée, et ne chercha même plus à se soustraire à l’inquisiteur comme elle venait d’attendre le mur. Alors qu’elle venait de se laisser choir contre la paroi humide, tremblante, suffocante d’une mort prochaine, Dagmar l’empoigna par la chevelure, la relevant de force. Il y eut un hurlement de douleur, lequel raisonna avec force fracas dans les diverses cellules attenantes, afin qu’il ne fût finalement étouffé dans un borborygme sanglant.

    Le corps tomba sans vie, comme le répurgateur se détournait, jetant sa dague au sol d’un mouvement désintéressé pour aller s’emparer de la vêture du noble et s’essuyer les mains avec.

    «Tu ne pouvais pas savoir, pour ces raisons-là, Jade. Je préférais que tu n’envoies pas au bûcher des innocents, aussi n’ai-je sélectionné des individus dont les jugements avaient déjà été entrepris, et dont la sentence était la mort. Vois-tu, Jade, l’innocence n’existe pas. Il n’y a que des degrés de culpabilité. »

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Jade Dahlia
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par Jade Dahlia »

  • Désolée pour ce petit contretemps :|


    Le luxe de la trahison, songea Jade avec une curieuse pointe d'amertume, était la possibilité d'être faible. La possibilité d'abandonner, de se laisser aller dans les bras doucereux de la facilité. Pour les Templiers de Sigmar, la facilité n'existait pas. Jade se représenta l'image pas si lointaine d’un Anton von Elbrecht, vautré dans la soie et le velours, sirotant stupre et vin de la même bouche, profitant de l’argent du grand temple afin de faire fructifier sa fortune. Qui aurait pu soutenir qu'il appartenait à cette noblesse ? La noblesse du cœur. Il n'était qu'une pâle imitation, une ombre dégénérée et osée d'un idéal beaucoup trop élevé pour que ses mains avides puissent le saisir.
    Cet insecte dédaigneux que Dagmar venait d’égorger servait parce qu'il avait été assez faible pour succomber à ses propres vices. Il ne valait rien.
    Cet Anton von Elbrecht ne méritait même pas de toucher le cœur de la jeune femme. D'y poser le souffle perverti de ses tentations malsaines. C’est pourquoi aucune vague de pitié ne submergea l’initiée au moment où le corps inanimé du noble toucha le sol de la prison.

    Vanité... L'un des précepteurs d'enfance de Jade lui avait un jour déclaré : "Vanité ; tout est vanité". Il y avait une pensée extrêmement profonde dans ces quelques mots. Les individus recherchaient le plaisir ou la valeur, le premier amenant les hommes à s'imaginer perclus de la seconde. N'avez-vous jamais été hérissé par la suffisance de ceux qui vivaient dans l'opulence et le confort ?
    Quant à ces parangons de vertu, ne sont-ils pas pleins de morgue en égard à leur propre valeur ?

    Ce qu'il avait cherché à lui dire, il y avait des années de cela... c'était que l'orgueil était la chose la plus répandue chez les êtres vivants intelligents. Une fibre presque universelle de l'âme. Une corde sur laquelle il fallait jouer, pour en tirer la musique de la réussite. Jade pouvait saisir l’étendue des propos de son précepteur aujourd’hui.

    Les interrogations venaient, mais pas sans leur lot de réponses. Toutefois, elles n'en étaient pas pour autant des solutions. Deviner des conséquences, anticiper des effets et discerner les marches à suivre ne veut pas dire qu'on est capable de résoudre un problème. Il y a un gouffre du calcul à la réussite, un gouffre qui s'appelle bien souvent moyens. C'est ce qui fait la césure de la théorie et de la pratique, bien souvent. Pourtant, pour l'esprit vif et lucide, la théorie ne saurait être contredite par la pratique, n'est-ce pas ?
    Jade craignait seulement qu'un tel esprit ne soit que celui d'un sage, touchant au firmament de la clairvoyance. Une voûte spirituellement céleste qu’était bien en peine d'atteindre, mais dont elle avait promis d'être proche lorsque sa vie arriverait à son terme.
    Il semblait que la jeune femme dut abandonner ses espoirs de sauver Dorina Kremer. L’initiée avait deviné dans les propos de Dagmar qu’il allait l’exécuter de la même manière que le noble, mais un gouffre empêchait Jade de la sauver. Un gouffre nommait moyen. Elle ne pouvait se mettre entre le chemin de son instructeur et de la catin.

    Jade Dahlia se passa une main sur le front, gagnée par une nausée vertigineuse. Elle pouvait deviner la lividité de sa peau, sentait la transpiration presque maladive qui ruisselait sur son corps, creusant un sillon désagréable sur sa colonne vertébrale.
    Elle avala laborieusement une grande bouffée de l'air fiévreux de la prison. La jeune femme détourna son regard alors que Dagmar passait le fil acéré de sa dague sur la gorge de la prostituée. Une fois sa macabre tâche terminée, l’instructeur s’essuya irrespectueusement les mains sur le cadavre du noble et expliqua à Jade que les trois prisonniers étaient avant même le jugement de l‘initiée condamnaient à mort.
    D’une voix absente de toutes émotions, Jade demanda :

    - Bien. Qu’allons-nous faire des corps ? Sont-ils tous destinés au bûcher ?
Jade Dalhia, Voie du Répurgateur - Initiée
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[MJ] Vivenef
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Re: [Jade Dahlia] A l'épreuve du feu.

Message par [MJ] Vivenef »

Il est possible que je réponde bien moins souvent qu'auparavant, ces temps-ci. Welcome back !
  • « Oui, nous allons brûler les corps, afin de nous assurer de la purification des âmes souillées qu’ils contenaient. »

    Dagmar fit signe à Jade que de le suivre, et, sortant de la série d’oubliettes et de cachots, il ordonna d’un petit geste de la main que les gardes en poste s’occupassent des victimes. Un tombereau ne tarda pas à arriver, emportant un à un les macchabées au-delà de leur champ de vision.
    Ils remontèrent une série d’escaliers qui les menèrent dans des lieux plus salubres et éclairés, au même niveau que le monde, là où, de l’autre côté de plusieurs murs épais, la foule de Nuln s’agglutinait innocemment dans ses ruelles, dissimulant en son sein, niescemment, quelques soupçons de corruption.

    «Nous allons nous entretenir avec cette Clara Schiller, afin de connaître ses véritables motivations quant à l’accouplement avec un slaaneshi. Forcée, ou volontaire ? Et pour ce faire, nous devons avant tout trouver ce Dimitri Layetov. Je te laisserai faire, Jade, tu poseras les questions, tu mèneras les disquisitions. Mais d’abord, allons manger quelque peu. »

    Ce fut un repas simple, digne de véritables ascèses ; pain plus ou moins rassis, vieux salmigondis composé d’un restant de viandes sèches, et ce fut là tout. Une volonté de fortifier le corps, de le rendre plus endurant, de le bronzer face à la corruption sordide du Chaos. Et renforcer son âme par la même occasion, selon les mêmes critères drastiques. Dagmar n’était pas homme à prendre plaisir face aux plaisirs de la chère, quelle qu’elle fût, et cette condition de vie qualifiait tout à fait sa sévérité et sa rigueur. Jade pouvait le témoigner, après ses années passées au temple, après s’être rendue céans-même pour y trouver refuge et, peut-être, un sens à sa vie. Années d’obéissance aveugle mais juste, beaucoup de sacrifices pour peu de récompenses, si ce n’était l’absolution, la rédemption, et la promesse d’aider l’Empire et ses petites gens, et de voir reculer la progression du Chaos. Années de prières et de serments, de récitations et de contraintes, de repentances, parfois morales, parfois physiques, et d’épreuves. Et celle qu’elle venait de passer devait sans doute être l’une des pires qu’elle eût jamais vécue, mais c’était là, également, le signe que Dagmar commençait à la prendre en forte considération. Qu’elle sortait doucement de la voie de la béotienne pour arpenter celle de l’apprentie, de l’initiée, de plus en plus confirmée.

    Peu après le repas, ils s’en retournèrent à leurs activités.

    «Emerich était un milicien sur le Poste de Garde Civil des Docks. Je ne doute pas que nous retrouverons tous les éléments que nous recherchons là-bas. »

    Ils y allèrent à cheval, traversant sans encombre les rues et allées de la capitale. Représentant du dogme sigmarite, Jade comme Dagmar incarnaient une véritable autorité, et tous s’écartaient sur leur chemin ; bourgeois, marchands, charrettes à bras, portefaix et autres commerçants. Ils franchissaient la plèbe, la séparant en deux comme si de rien n’était. Quelques récalcitrants ou longs à la détente hésitèrent quelque peu, ou réagirent trop tard ; Damar, chevauchant devant, les écarta de sa monture sans plus de sollicitude qu’il n’en possédait pour le moindre cultiste. Droit, long manteau noir sur ses épaules et son buste, le visage fermé, stoïque, et ô combien sévère, il apparaissait avec toute l’austérité et la menace intransigeante du répurgateur.

    Enfin, ils parvinrent devant le Poste de Garde des Docks, dans le Niederhafen District, là où, sitôt que tombait la nuit, les venelles obscures retentissaient de bruits étranges, de menaces, et scintillaient de l’éclat de la lune sur les lames à vif.
    Une maison fortifiée sur deux étages, barreaux accrochés aux fenêtres. L’ancienne avait brûlée, et la nouvelle avait été reconstruite un peu plus loin.

    Dagmar fit un signe à Jade. A elle que de mener l’enquête.

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