Enfin le jour se levait sur Grünburg, et Sarah put rencontrer le fameux Johan Wolfenberg qu’elle allait suivre et avec qui elle allait vivre l’aventure hors du commun des prêcheurs-exorciseurs itinérants. L’aube pointait à peine, mais le frère était déjà debout, il attendait que son initiée, Sarah Lénor, vienne le rejoindre à la sortie du temple. Celle-ci avait été prévenue et préparée la veille au soir par le prêtre qui lui avait enseigné les cours de doctrine du culte sigmarite. Le vieux père lui avait donné un livre de prières qui contenait aussi les formules rituelles et de la plupart des situations que pouvaient rencontrer des prêcheurs itinérants : les bénédictions, les sacrements et les fêtes, les décès, et y compris l’exorcisme. En outre, il confia aussi à la jeune femme une armure et un marteau sigmarite à deux-mains à sa taille. A voir Sarah, petite et d’apparence sainte, on aurait dit que ces équipements ne lui allaient pas du tout, pourtant, au temple de Sigmar de Grünburg, tous les clercs recevaient une formation au maniement du marteau et au combat, ce qui pouvait leur être utile, et c’était Sarah qui avait choisi le saint marteau à deux mains et l’armure de fer, un équipement plutôt lourd, donc, qui contrastait fortement avec son apparence physique. C’est donc avec ces bagages qu’elle rejoignit frère Johan qui l’attendait seul devant la porte.
Curieusement, l’homme ne ressemblait pas du tout au stéréotype du moine sigmarite, il était plus vieux que Sarah, certes, mais seulement de quelques années, les cheveux bouclés et bruns, les yeux sombres. Il portait un grand sac à dos en plus de sa robe de bure, et un marteau de forgeron était attaché à sa ceinture de corde. Il faisait un bon mètre quatre-vingt et était plutôt bien bâti, il dominait largement Sarah par sa taille et sa carrure, mais semblait beaucoup moins lourdement équipé pour le combat. Il sembla surpris de voir que la jeune femme portait sur son dos une armure de fer et un lourd marteau à deux mains, qu’elle tenait dans sa main un livre de prières. Elle n’avait pas de sac à dos et semblait frêle, aussi, après l’avoir jaugée du regard, il la salua chaleureusement, comme un ami, en lui tendant la main :
-Frère Johan Wolfenberg, enchanté de te connaître, Sarah. Tu peux m’appeler Johan. On m’a dit que tu étais très prometteuse, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que tu utilises un tel équipement pour te battre. Je vois que tu n’as pas de sac à dos, ni de couvertures, et divers autres objets, or ces choses sont indispensables pour des voyageurs comme nous. En attendant, donne moi ton armure, je l’attacherais à mon sac à dos le temps que nous allions en ville acheter tout le nécessaire pour toi, car je vois que tu as de l’argent.