Selon moi, cela dépend aussi du méchant que tu veux jouer. Il est tout à fait possible de jouer quelqu'un de totalement maléfique, pourri jusqu'à la moelle, si tu arrives à correctement retransmettre son point de vue. Tu ne le justifies pas, tu le développes, rendant la chose encore plus terrible : on comprend la façon de penser du personnage, son point de vue, sa vision du monde. C'est ce que j'essaie de faire avec Necros, il y a toujours des conflits dans sa tête, il lutte pour ses propres principes, mais basés sur une moralité totalement différente, presque inversée.
Ensuite, il y a le méchant qui l'est sans le savoir comme vous disiez, ou qui l'est malgré lui (souvent, ces deux catégories se rejoignent). Il y a toujours un conflit dans sa tête, parfois au point de le rendre fou ou aveugle. Ils finissent presque à chaque fois par tellement s'égarer que même lorsqu'une opportunité leur est donnée de reprendre le droit chemin, ils l'ignoreront, incapables de s'arracher à leur propre malheur.
Il y a aussi le méchant qui s'est convaincu qu'il en est un, mais qui au fond, garde une partie de son humanité malgré toutes ses tentatives pour l'étouffer. J'aime bien celui-là car il peut être vraiment amusant à développer : impitoyable, cruel, cherchant à tout prix à prouver quelque chose à lui-même ou à d'autres, mais parfois frappé d'un bref élan d'empathie. Je ne dis pas qu'il est "gentil" et que tout personnage jouant ce caractère finira par se rallier au bon côté, mais il n'arrivera jamais totalement, malgré ses actes, à se perdre jusqu'au bout.
Après, il y a le gentil méchant, le pire du pire, l'opportuniste, l'homme masqué, justifiant chacun de ses actes par sa moralité perverse et totalement détraquée. Contrairement au méchant qui l'est sans le savoir, lui ne pourra jamais, au grand jamais, se considérer comme coupable, quels que soient ses actes. Il n'y a aucune forme de conflit moral dans sa tête. Sa bêtise est totale, mais il est capable de faire preuve d'une incroyable intelligence pour justifier ses crimes, aux autres comme à lui-même. Un excellent exemple sans avoir à plonger dans la morbidité de la seconde guerre mondiale : Dolores Ombrage. C'est celui qu'on déteste le plus, dont on rêverait d'écraser la tête sous une pierre, puis le ressusciter, puis recommencer, et ainsi de suite.
Evidemment, il y en a pleins d'autres et ces catégories ne sont pas inamovibles : il peut être très intéressant je trouve de les mélanger un peu pour donner un résultat encore plus intéressant.
Bref, selon moi, le plus important ce n'est pas forcément le personnage en soit qui en fait un bon méchant, mais plutôt l'approfondissement que tu en feras ensuite. Les personnages qu'il rencontrera, les obstacles qu'il devra franchir, tout cela est infiniment plus important que le matériel de base avec lequel tu vas te lancer. De plus, mais cela, je le conseille pour toute création de personnage, quel que soit son orientation : chaque pnj qu'il rencontrera devrait être au moins aussi développé que lui, voir plus, car ils lui donneront une véritable matière. Sinon, c'est comme manger un splendide bœuf bourguignon avec une sauce au jus de pieds