Bienvenue à la taverne 2.0

[Listeria Eventelia]

Une goutte de sueur dégoulina le long de ma tempe. Je ne savais si elle était liée à l'effort physique que je venais de faire sur la piste ou bien si la peur commençait à s'emparer de moi.

- Bonsoir, dit-il d'une voix suave.

Son élégance me déstabilisais, de plus, je ne savais s'il était préférable de prendre mes jambes à mon cou et m'enfuir en courant. Mais je voulais franchement éviter cette scène où l'agneau fuit son loup.
Tout de même, je devais rester méfiante -et pour être honnête, je suis pas sûre que le coup de la confiance soit une bonne idée... Je scrutais la pièce des yeux et fis le tour des tables. Une jeune elfe était assise à une table avec...Un immense bonhomme, accompagné d'une petite bestiole (mais de là où j'étais, impossible de savoir de quoi il s'agissait, c'était bien trop petit). Mon regard se prolongea vers le centre de la pièce, que des hommes -ou femmes- ou autres créatures, à moitiés conscients, certains gisaient même sur le sol. hm, je ne pouvais donc pas compter sur leurs aident ou faire semblant de les connaître. J'allais finir mon tour et répondre au vampire, lorsque j'aperçus un bol, tournoyant légèrement au- dessus de la table (si je n'étais pas dans une situation quelque peu..Perturbante, j'aurais sûrement pouffé de rire). Mais je fus des plus étonnée lorsque je me rendis compte que le seul homme assis à cette table, portait son attention sur mon interlocuteur. Effectivement, l'usure et les années avaient marqué son visage et son corps, sa capillarité avait perdu sa pigmentation et il n'était vêtue que du simple...Toge (?).
Je doute qu'il puisse me venir en aide si jamais la situation venait à déraper même si certains disent que, " l'habit ne fait pas le moine", de plus, je ne vois pas pour quels raisons, il le ferai. Mais au plus profond de moi, j'en avais l'envie. Il fallait qu'on vienne distraire cette vile et séduisante créature qui était à mes côtés. Et les dieux savent (dû moins, j'en ai la conviction), qu'une personne ridée par le temps à cette aura que n'ont pas les autres, celle qu'est la vieillesse et la fragilité d'un corps (non pas que je doute des capacités de cet humain). De plus, c'était un mage.

Tout cela venait de se produire en plus de 10 secondes et l'impatience du vampire se faisait ressentir, il fallait que je trouve une réponse.

- Mh. servit en guise de réponse pour son bonsoir, il fallait maintenant que je lui montre qu'il ne m'intimidait pas -même si c'était, hélas, faux- Une personne seule, dans une ambiance si festive, ne préfère-t-elle pas se mélanger à la.."foule" ?

Ok, super, je n'avais rien trouvé de mieux à dire ! Bravo Listeria, comme tu peux être fière de toi.

Il fit glisser sa langue sur ses canines (Bordel, il n'avait donc aucune honte à exposer sa dentition un peu trop parfaites à mon goût ?)

- Vois-tu, une personne seule, se fait beaucoup plus facilement aborder, si tu vois ce que je veux dire..

Son regard se fit soudainement plus brillant, plus intense, puis, il commença à se rapprocher de ma petite carrure.
Oh oui. Je comprenais très bien, à mon grand désarroi. Il était en chasse et son plan venait de fonctionner à merveille (quoi que, je n'étais pas sous son charme, mais je suppose que ça, c'est juste optionnel pour un vampire). Des perles de sueur se formaient sur mon front. J'avais besoin d'aide.

- Oh, j'allais en oublier les présentations. Harrold, c'est comme cela que l'on me nomme.

Sy, comme toujours, pour les fautes et là, notamment avec les ce/se !

[Anton]

Les années passent, le Squig reste...

En poussant une nouvelle fois la porte usée de la taverne, le baron ne put s'empêcher de s'interroger, une fois encore, sur les raisons obscures qui le ramenaient, année après année, au seuil de cet établissement vénérable, vivant, enfantin et irréel. Sur cette passion qui le prenait, parfois, au cœur du jour et de la nuit, le faisait s'écarter des chemins qu'il suivait d'ordinaire pour le faire plonger dans l'univers chahuteux et fantastique de ce repère d'aventurier, de ce micmac absurde de bonnes et mauvaises volontés arrivées des quatre coins du monde pour se retrouver autour d'une histoire racontée ensemble. Chaque fois, il se laissait submerger en un rien par le faisceau fascinant des amitiés éphémères et des anciennes connaissances oubliées, des figures nouvelles et des coloris uniques qu'elles apportaient à l'édifice collectif, à cette salle commune du Squig, à ce forum réduit du Vieux Monde. Il y avait quelque chose de touchant dans le soin que chacun mettait à narrer sa vie et ses œuvres, ses rencontres avec le destin, passions et expériences d'une vie qui toutes allaient se retrouver ciselées avec bonheur dans le flot continu des légendes personnelles. Et au milieu de tout ce rêve, le baron se sentait démesurément vivant.

Bien sûr, évoquer les prix outrancièrement bas de la pinte d'hydromel n'aurait pas été tout à fait faux non plus.

Anton von Adeldoch pénétra dans la salle avec le pas de celui qui sait qu'il va peut-être passer toute la nuit seul à une table contemplant le spectacle de la taverne. Et s'assit donc sans hésitation à son emplacement favori, petite table sans lumière mais sans ombre, ni centrale ni exilée, et où siégerai très bientôt l'hydromel qu'il savait être à son goût. Il n'avait pas vraiment besoin de se faire servir, un signe de tête suffisait. Mais, comme de juste, il dégagea une chaise en signe d'accueil à celui où celle qui viendrait partager un peu de son temps.

Qui sait? Le baron pouvait même espérer croiser quelqu'un pour faire, avec lui, une partie du chemin du retour vers la réalité. Et vivre avec lui de nouvelles aventures à raconter, en duo, à ceux qui écoutent les histoires de la taverne.

[Stefan Von Kantzow]

Stefan poussa la porte de l'établissement, cela faisait plusieurs jours qu'il suivait la piste des bretonniens qui avaient enlevé sa tante. Cela faisait plusieurs jours qu'il se contentait de dormir à la belle étoile autour de feux de camps et même si il n'avait rien contre le fait de faire cela de temps en temps, cette activité finissait par devenir lassante à la longue. Aussi quand il vit sur une taverne qui avait tout l'air d'être un établissement accueillant et de qualité il n'hésita pas et se hâta pour y entrer. Une fois à l'intérieur il commanda un bouteille de vin tiléen et chercha une table de libre. Ce fut alors qu'il en remarqua une où semblait s'être installé un impérial issue de la noblesse tout comme lui. Après une brêve hésitation il s'y dirigea.

-Excusez moi, monsieur mais votre table est-elle libre ? Je me nomme Stefan Von Kantzow, seigneur de Serrig et j'apprécierai beaucoup pouvoir m'attablez avec vous. Demanda-t-il poliment.

Il espérait que cette homme allait le laisse s’asseoir et peut-être discuter avec lui, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas discuté avec un autre impériale, et encore plus un autre membre de la noblesse.

[Anton]

Anton s'empressa de reculer sa chaise et se leva vivement. Le destin faisait toujours bien les choses dans cette taverne.

"Stefan Von Kantzow, de Serrig? Mais comment donc très cher, prenez place bien sûr! C'est un plaisir de rencontrer l'héritier d'une ancienne lignée! Votre père, le baron Leonrod, était bien connu de mon père je crois, quand bien même je ne l'ai personnellement vu qu'une fois ou deux à la cour. Il ne quittait plus volontiers son domaine ces dernières années semble-t-il."

Le regard du baron s'égara un instant, puis il se reprit. Le décès du seigneur de Serrig lui était bien sûr connu, puisqu'il se trouvait alors pour affaire à Nuln. Naturellement, le protocole imposait, même dans une auberge, certaines formalités ; le baron inclina brièvement la tête et joignit les mains sur sa poitrine en signe de respect.

"Mais j'en oublie mes devoirs. Permettez-moi de vous présenter mes condoléances officielles, baron. Votre père était un homme de bien au service de l'Empire. Beaucoup gagneraient à s'inspirer de sa gestion intelligente de ses terres et de ses gens. Et vous savez que si vous rencontrez une difficulté, quelle qu'elle soit, vous pouvez compter sur mon soutien."

A vrai dire, Anton ne se souvenait pas spécialement de grand chose concernant la baronnie de Serrig ; mais le vague souvenir d'une terre prospère s'était fait en lui, et le baron était de toute façon suffisamment fin politique pour ne pas s'embarrasser des détails lors d'une oraison funèbre de ce genre, eut-elle même lieu des semaines après l'enterrement... Il embrassa d'un geste à la fois la table, l'hydromel et la chaise restée vacante:

"Je vous en prie, prenez place, si vous le voulez bien. Je serais ravi de causer un peu avec vous de l'Empire, et de connaître un peu l'image qu'en a un jeune homme comme vous nanti de telles responsabilités!"

Le baron, jaugeant rapidement le jeune homme, se dit que la soirée pouvait désormais être des plus intéressante. Il avait toujours aimé rencontrer les nouveaux visages du pouvoir impérial, et il était très curieux de savoir si le visage honnête que présentait ce jeune homme tiendrait ses promesses. La noblesse était si riche en visages avenants portés par des hypocrites et de jeunes coqs imbéciles que le suspens restait entier...

[Isabella Fortozi]

Depuis quand errait-elle dans la forêt? Elle n‘aurait su le dire, mais pour la fidèle de Mòrr le temps n’avait guère d’importance en ce moment. Son esprit était plutôt tourné vers les hurlements de loups qui s’approchaient dangereusement. Son pas s’accéléra. Elle arriva finalement à une intersection. Un choix rapide s’imposait, la droite ou la gauche. Un corbeau s’envola près d’elle, dans un croisement il s’envola en direction du chemin se trouvant à gauche.

Isabella vit en cet oiseau, emblème de son dieu, un signe. Elle s’empressa de le suivre, un hurlement de loup retentissant près d’elle. Néanmoins, plus elle progressait sur ce chemin, plus les loups se firent distants. Finalement, la forêt se fit moins dense, débouchant finalement sur une clairière renfermant une taverne. On put lire la surprise sur le visage de la jeune tiléenne, mais également de la joie.

S’approchant de l’édifice, elle fût accueillie par une brute, semi-ogre. Celui-ci demanda qu’elle dépose ses armes à l’entrée. L’initié du culte de Mòrr tendit sa masse au colosse, avant d’entrer dans l’auberge. Le nombre d'occupants des lieux la surprit, elle qui croyait qu’une auberge aussi isolée ne pouvait pas avoir autant de clients. Elle se glissa parmi les clients trouvant une table encore inoccupée. Déposant son lourd manteau sur le dossier de sa chaise, elle replaça ses habits, puis s’assit profitant de ce calme relatif.

Il ne fallut que peu de temps à une serveuse pour venir à sa rencontre lui proposant quelque chose à boire et à manger. Isabella lui sourit avant de prendre la parole.

-Un verre de vin et un peu de pain m’iront à ravir.

Attendant calmement sa commande, elle glissa sa main sur la reliure de la bible de Mòrr attaché solidement à la ceinture de sa tunique.

[Eranor]

Le froid, l’humidité, l’odeur de moisissure… Pest soit de cet Empire ! Il pleuvait à nouveau, il pleuvait bien trop souvent au gout d’Eranor dans cette contrée, une grosse pluie glacée qui vous trempait jusqu’aux os en quelques minutes… D’ailleurs, ce fut ce qui lui fallut pour faire son œuvre sur le noble elfe, elle avait démarré une poignée de minutes auparavant, aussi soudaine que puissante, et des éclairs avaient déjà zébré le ciel plusieurs fois. Que faisait-il là, dans cette forêt sombre et dangereuse ? Il ne le savait guère, et, à vrai dire, cela n’avait aucune importance. Arrivé par la mer pour une expédition, tout ce qu’il savait c’est qu’il s’était retrouvé ici, sur le dos de sa monture aux sabots boueux, pataugeant dans la glaise depuis bien trop longtemps. L’Asur avait faim, soif et froid, et il était vraisemblablement perdu. Les terres des hommes n’avaient vraiment rien d’accueillant, il n’y avait guère de route, seuls des sentiers sinueux sous des arbres touffus, des loups s’étaient fait entendre quelque temps auparavant, et maintenant, cette trombe d’eau qui le martelait tant et si bien qu’il avait dû en retirer son casque, la résonance des gouttes sur le métal elfique mettant son crâne au supplice.

Encore un croisement comme tant d’autres, deux chemins perdus dans une forêt perdue s’éloignant. Le noble seigneur Dreanoc pris à gauche, quelle importance avait-ce de toute manière ? Qu’il eût pris à droite, et il aurait parié que rien ne serait changer, les humains ne semblaient pas connaitre l’utilité des panneaux… Mais, non sans un quelconque réconfort, Eranor se rendit compte de son tort. Lentement, la forêt s’écartait, les arbres s’éloignaient, et, si la pluie ne cessait de ruisseler sur son doux visage, le gargouillis de son estomac réveillé par l’espoir de trouver enfin un signe de civilisation suffisait à effacer ce désagrément. Finalement, il fut combler de voir se profiler au loin un bâtiment dans une clairière, enclave de paix dans cet endroit sans répit. Lançant Senthoi au trot pour atteindre au plus vite le lieu providentiel, il finit enfin par arriver devant le lugubre bâtiment, une planche de bois y indiquait un nom original, « le squig unijambiste », mais qu’importe, la faim et l’épuisement l’emportent toujours dans de telles situations. Remarquant une écurie sur le côté, le noble elfe y mena sa blanche monture, avant de se rediriger, pataugeant dans la boue, sa cape, alourdie par les trompes d’eau qui ne cessaient de tomber, trainant parfois dans cette glaise, vers la large entrée de l’auberge égarée. Ce fut alors avec une certaine surprise qu’il aperçut l’énorme créature armée qui lui désignait son arme, et, non sans réticence, Eranor lui céda son épée et son bouclier, sa lance d’arçon étant restée sur son coursier.

Les battants de bois s’ouvrirent enfin sur une grande salle, certes, somme toute, assez laide, rustique, peu travaillée, mais assez chaleureuse pour s’y engouffrer sans hésiter, avec une musique manquant d’harmonie aux oreilles délicates de l’Asur provenant d’une estrade surplombant plusieurs longues tables de bois occupés par une clientèle d’une incroyable diversité. Ancien humain mourant côtoyait jeunes elfes aux allures assez sauvages laissant comprendre leur provenance sylvestre, personnage vêtu assez richement pour marquer une noble ascendance, ou une réussite commerciale, jeune femme maigrichonne et blafarde, et, le tout, sans étonner personne. Soit, se dit-il, personne n’était armé de toute manière. Toujours détrempé, les bottes boueuses, dans son armure finement décorée et le casque rattaché à son côté par une lanière de cuir, Eranor prit le parti de s’installer non loin de la femme anguleuse, ne trouvant guère d’autre place dans l’établissement et ne voulant pas avoir à se retrouver devant ses cousins dégénérés en un peuple de sauvages lâches. Après un court instant, l’on vient lui prendre sa commande, lui montrant des prix si bas pour le vin de sa patrie qu’il doutât de sa provenance réelle. Finalement, il fit son choix sans trop hésiter, portant son dévolu sur une bouteille de vin elfique et un sanglier doré au malt, puis, n’ayant guère de chose à faire en attendant, il commença à scruter ceux qui l’entouraient, en commençant par l’humaine sombre non loin de lui, de son regard d’émeraude en essayant de percer à jour leur histoire, leur provenance, ce qu’ils étaient et qui ils étaient. Exercice bien difficile, et qui, souvent, n’aboutissait guère, mais qui avait la vertu d’occuper l’esprit loin des besoins naturels de subsistance durant quelques instants.

[Isabella Fortozi]

L’ambiance festive où les elfes dansaient au côté d’humain fortement enivré par l’alcool n’était certainement pas le genre d’ambiance à laquelle la jeune initiée était habituée. Le calme des cimetières sanctifiés par Mórr lui manquait amèrement dans de telles situations, préférant le silence au bruit et la tranquillité à l’agitation. Néanmoins, elle trouvait un certain réconfort en ce lieu ludique, se rappelant les loups en ayant voulu à sa personne.

Tandis qu’elle attendait patiemment sa commande, la porte de l’auberge s’ouvrit une fois de plus. L’être qui en franchit le seuil était sans contre dit de haut lignage. Après un regard plus attentif en sa direction, Isabella reconnut un elfe, très certainement d’Ulthuan, se démarquant de loin de ses congénères occupés à danser. L’elfe se dirigea en sa direction prenant en fait une table adjacente à la sienne. Une serveuse passa prendre sa commande, au même moment où la Morienne recevait son vin et son pain. Simple repas, mais suffisant pour la fidèle du dieu des trépassés.

Isabella prit une petite gorgée du liquide rougeâtre, observant un peu les convives présentes. Son regard retourna vers l’elfe en armure, lui-même occupé à scruter la salle. La Tiléenne esquissa un petit sourire à ce dernier lorsque leurs regards se croisèrent, en signe de politesse, néanmoins elle ne poussa pas plus loin les tentatives de rapprochement. Une vie à servir les âmes perdus, à ramener les égarés au royaume de Mórr, à conforter les familles endeuillées et à arpenter les cimetières afin de les protéger des voleurs et des nécromants n’avait laissé que peu de temps à la jeune femme pour peaufiner ses relations avec les vivants. Une habitude propre au culte qui n’avait que très peu à faire du domaine des vivants… Le Père Felino, son mentor, lui avait pourtant dit que le contact humain aidait bien des fidèles et qu’il était en fait souhaitable d’avoir un cercle hors du culte. Un cercle bien choisi toutefois, car le travail d’un serviteur de Mórr ne peut requérir trop d’attachement.

Les dires de son mentor en tête, elle croqua dans le pain qu’on lui avait servi. Il n’était certainement pas aussi frais qu’au matin, mais il n’en demeurait pas moins délicieux, ce qui surprit un peu l’initiée. Idée préconçue à cause des lieux. Son repas fût rapidement terminé, après tout il n’était composé que d’un bout de pain, ce qui laissa Isabella seule face à sa coupe de vin « elfique »

[Eranor]

Le temps se faisait incroyablement long dans la pièce bien remplie. Au moins, la chaleur était présente dans celle-ci, et, petit à petit, le noble asur séchait, l’eau qui dégoulinait de ses cheveux semblait s’épuiser et seules quelques intrépides gouttelettes persistaient à ruisseler le long de ses joues avant de se faire chasser d’un rapide et gracieux coup de main. Le temps que le vin et la nourriture lui vinrent, il n’avait eu que trop le temps de détailler la jeune humaine proche de lui, attraction ayant le plus d’attrait à ses yeux dans cet établissement de l’empire. Pourtant, il ne pouvait apprendre que bien peu de choses sur la dame susmentionnée, aux traits trop secs et empaquetées dans un noir profond. Deuil ou seulement volonté de ne pas se faire remarquer ? Impossible de la deviner pour le moment. Lorsque se croisèrent les regards des deux êtres, c’était la nuit noir, aussi noir que celle de ses cheveux, qu’il vit. Puis arriva alors une miche de pain accompagnée d’un vin rouge et la concentration de la jeune humaine se focalisa sur son maigre repas, qui, d’une certaine manière, provoqua une sorte de pitié pour l’elfe affamé. Les quelques minutes supplémentaires que dura l'attente de son repas, Eranor put distinguer les formes d’un livre dans la gibecière de la blanche femme aux yeux noirs, il savait que les humains étaient un peuple rustre, peu apportaient de l’importance aux douceurs des mots couchés sur le papier, il devait se trouver proche d’une intellectuelle de ces gens. Voilà qui fit apparaitre l’esquisse d’un sourire sur son visage, finalement, il pouvait toujours faire passer l’ennui du moment avec une discussion avec ce qu’il pensait être une forme d’élite humaine.

Enfin arriva son sanglier doré au fumet plus qu’alléchant pour quelqu’un dont l’estomac réclamait avec tant de vigueur de la subsistance. Mais avant que la serveuse ne plaçât le grand plat sur sa table, le seigneur Dreanoc secoua la tête et chuchota quelques mots à l’intéressée. Alors, la nourriture s’éloigna et se plaça à la table de celle qui n’avait eu le droit qu’à un peu de pain. La bouteille de vin était cependant restée à la table de l’asur et il goûta le breuvage avant de se lever. C’était bien un vin d’Ulthuan, sa finesse n’en faisait aucun doute, cependant, pour un noble tel que lui, il n’était que commun, bien qu’il ne doutât pas qu’il paraisse magnifique aux papilles d’initiés. N’oubliant pas la boisson rouge, il prit alors la direction du repas qu’il avait fait apporté à la table un peu plus loin et s’assit en face de l’humaine solitaire. Un sourire se voulant bienveillant sur son visage, il s’expliqua alors avec un accent chantant prononcé.

-Bonsoir, madame, mademoiselle ? Je me nomme Eranor, de la noble famille de Caledor des Dreanoc, permettez que je partage cette nourriture avec vous, j’ai vu que vous n’aviez rien eu de plus qu’un peu de pain, et je gage que de la viande ferait grand bien à votre estomac.
Quitte à passer la soirée et peut-être la nuit ici, autant se divertir quelque peu, et votre compagnie me paraît infiniment plus intéressante que celle de la sauvageonne des bois. Je dois avouer que vous avez quelque chose qui m’intrigue, jusqu’ici, j’ai vu bien peu d’humains ayant une maigre parcelle d’éducation, mais, vous, il me semble avoir distingué l’esquisse d’un livre dans votre gibecière. Que faites-vous donc dans un endroit aussi perdu, au milieu d’un bois dangereux si proche de la nuit ? Je m’étais fait l’idée que l’Empire gardait ses élites bien protégées dans leurs grandes villes pour qu’elles servent dans l’administration.

Eranor détacha un morceau du sanglier et commença à en manger des morceaux, faisant part à son interlocutrice de gestes maitrisés prouvant l’éducation avec laquelle il avait été élevé. Étrange duo que cette femme anguleuse, pâle, aux yeux, tenue et cheveux noirs face à l’asur à la peau légèrement dorée, au regard d’émeraude, aux cheveux châtains et sous une armure argentée avec une longue cape bleutée dans le dos. Le seigneur Dreanoc se demandait bien ce que pourrait donner cette interaction, mais, au moins, il supputait que ce moment serait bien plus captivant que s’il était resté seul sur sa table.

[Isabella Fortozi]

Tandis qu’elle était absorbée dans ces pensées, un plat fût déposé sur sa table. Le fumet qui en émanait était fort alléchant ce qui extirpa l’initiée de ses réflexions personnelles. Un joli morceau de sanglier trouvait place devant elle. Puis ce fût au tour de l’elfe, arrivé quelques instants plus tôt de se présenter à sa table. Ainsi, il souhaitait partager son repas avec la jeune Tiléenne. Geste de gentillesse peu habituelle envers elle qui fit sourire Isabella.

L’asur était en fait un noble, provenant d’une famille de Caledor, du moins selon son propos. Celui-ci avait été attiré par le livre, siégeant aux cotés de la fidèle de Mórr, souhaitant passer un peu de temps en compagnie d’une personne moindrement instruite, ce qui fit une nouvelle fois sourire la jeune femme. Le noble s’enquérait de la raison de sa présence en ces lieux avant de concentrer son attention sur son repas.

-Je suis flatté de votre offre de repas messire et c’est avec joie que je partagerai celui-ci avec vous. Je me prénomme Isabella Fortozi, et ce livre que vous avez aperçu est en fait une bible de Mórr. L’un des livres saints de mon ordre. Quant à ma venue dans ces lieux, elle est un peu le fruit du hasard. Vous avez vous-même mentionné le danger des bois avoisinants et je dois vous avouer qu’avant de trouver cette taverne, je fuyais une meute de loups très certainement affamée.

Isabella avait omis, dans son histoire, le corbeau lui ayant servi de guide jusqu’à ce lieu ne souhaitant pas trop troubler son confrère de table, sachant pertinemment que tous ne voyaient pas du même œil les signes offerts par une divinité. L’initiée se servit une petite portion de viande, puis s’éclaircit la gorge d’une lampée de vin avant de poursuivre.

-Pour ce qui est d’avant ma visite en cette forêt, je me trouvais dans un petit village n’ayant pas accès à un temple de Mórr de façon permanente, ayant souffert d’une grave maladie. Je m’assurais ainsi que le passage des trépassés jusqu’au royaume de Mórr s’effectue sans soucis, la région ayant été, selon certaines sources, victime d’un nécromant. Une tâche primordiale pour mon ordre, la Confrérie du Suaire.

La lutte perpétuelle de la confrérie face aux forces mort-vivantes était connus de plusieurs, mais Isabella n’était pas certaines que le noble avec qui elle discourait en eût connaissance d’où la brève explication qu’elle lui offrit. Néanmoins, elle cessa là la discussion sur son travail, changeant de sujet, préférant s’enquérir de la situation de son interlocuteur.

Et vous, qu’est-ce qui vous amène si loin de vos terres? Comme vous l’avez signifié, cette région n’est pas la plus sécuritaire que l’on puisse parcourir.

Isabelle sourit, appréciant finalement cette petite discussion. Il y avait bien longtemps maintenant qu’elle n’avait pas pris le temps d’interagir avec les vivants et cela lui faisait du bien. Elle brisait ainsi sa routine de prière, études et travaux pour l’ordre. Elle avait intentionnellement oublié de répondre à la question à savoir si l’on devait l’appeler madame ou mademoiselle, son adhésion à un ordre religieux répondant indirectement à celle-ci. Attendant une réponse de l’asur, elle prit une bouchée de la viande de sanglier. Un nouveau sourire pointa sur le visage de la jeune femme.

[Ragnar Jannson]

Ragnar sauta par dessus une branche, évita un rocher planté là en plein milieu, avala une mouche au passage et finit par trébucher sur une racine. La tête dans l'herbe, il avala une gorgée de terre et quelques graviers. Il s'appuya sur le sol et d'un effort sauta pour se remettre debout. Il reprit sa course, en rechaussant sa botte en ferraille. Tapant des pieds et écrasant toute vie dans le sol à chacun de ses pas. Exténué, sentant son pouls dans sa poitrine et crachant l'air chaud de ses poumons. Il les sentait se rapprocher. Il agrippa sa hache lourde comme deux. Manquant de se trancher un doigt, il plissa les yeux de douleur. Un regard derrière, il était sur lui. Il sentit une main forte l'agripper dans le dos. En moins de temps qu'il ne le faut il se retrouva au sol dans un épais nuage de poussière. Donnant des coups de hache à tout va, ne regardant même pas son ennemi, il sentit la chair se déchirer sous ses coups et le sang chaud s'éparpiller sur son visage et ses mains.

Ragnar ne prit pas le temps de vérifier ce qu'il avait tué. Tout ce qu'il savait c'était qu'une flèche avait manqué de lui transpercer le crane quelques minutes plus tôt. Il savait qu'il aurait dû s'acheter un casque. Economies à deux sous !
Il reprit sa course, haletant comme un cheval mourant. Le comble, un mercenaire poursuivit par des brigands. Normalement il les aurait pulvérisé, mais... il n'était gastriquement pas en forme ! Quelle idée de manger ces champignons ! Alors oui ils avaient l'air fort gouteux, avec leurs chapeaux rouges et leurs robes blanche luisante. Oui ils étaient bons rôtis au feu de bois ! Mais visiblement ce n'était pas le met à déguster !
Quelle honte ce fut pour lui, se faire presque détrousser sur le trône ! A peine le temps de remonter son pantalon, ses guenilles et de partir en vitesse.

Courant toujours sans direction précise, il tomba nez à porte face à un bâtiment des plus étranges. La TAVERNE DU SQUID UNIJAMBISTE... Qu'est-ce donc que cela ? C'était mieux dans tous les cas que d'éviter les brigands... et puis peut-être auraient-ils des commodités. Il s'empressa d'entrer mais un troll moche comme un poux... quoique pire, lui demanda d'un geste de déposer sa hache. Il n'osa pas parlementer et s'exécuta.
Poussant la lourde porte en bois il découvrit à l'intérieur une taverne des plus chaleureuses remplie d'ivrognes et de gens de passage.
Il s'adressa au tavernier.

"B'jour m'sieur. Je vous commanderais bien ce que vous avez de mieux, c'est à dire une bière naine. Et avec ceci j'peux profiter de vos commodités ?" dit-il d'un air pressé.

Le tavernier acquiesça de la tête poussa un long verre sur le bord sur bar. Le verre était rempli d'une boisson couleur or et d'une mousse épaisse au bord du précipice. Ragnar avala le tout d'un gorgée, profitant tout de même des arômes nains qu'il appréciait tant. Un mélange d'orge et d'un ingrédient que peu connaissaient... peut-être bien du miel, ou autre chose.

Il toisa la pièce d'un regard, fixa une jeune femme qui se trouvait assise proche d'un homme habillé comme un noble de l'empire. Pas le temps de bavardages, il fila aux commodités pour affaires.

Frais comme un gardon il sortit le sourire aux lèvres et avec la forte intention de profiter de son passage à la taverne du squid unijambiste.