Tandis qu'il attendait ses camarades, Calandir profita de ce petit moment de calme pour observer plus attentivement son instructeur. Son visage était de marbre et il se demandait combien de jeunes recrues étaient déjà passées devant lui, qu'avaient-ils éprouvé, avaient-ils passé les tests avec succès ? Bien peu, assurément. Calandir, lui, éprouvait une forme de respect pour cet ancien elfe,
il a dû en voir passer et disparaitre, des aspirants, se disait-il en son for intérieur. Mais le moment n'était pas au pensées, car il entendait au loin, ses compagnons de fortune arriver. Ils se placèrent à ses côtés et attendirent en silence jusqu'à ce qu'Alyn approcha sa bouche des oreilles de Calandir.
« Alors, pressez de guerroyer, mmh ? Ne soyez pas si hâtif, ce n'est pas encore la grande épreuve ; moi qui pensais que nous étions sur un pied d'égalité, vous êtes décevant Calandir... »
Il devait surement faire référence au fait qu'il était déjà là, avant les autres. Ses provocations juvéniles n'intéressaient pas Calandir, il prêtait peu d'attention aux moqueries et autres quolibets. Néanmoins il fut troublé par une chose, ni Alyn, ni l'aspirant muet n'avait l'air perturbé. Était-il le seul qui avait donc fait ces cauchemars cette nuit, ou ses rivaux dissimulaient leurs craintes sous un masque ? Il savait que, pour survivre, il ne devait pas douter et surtout ne pas le montrer aux autres, c'est comme ça qu'il avait toujours fonctionner et il qu'il fonctionnera quoi qu'il arrive. Mais ses chimères nocturnes qui avaient quittées sont esprit revinrent au galop devant l'improbable et dérangeante vérité. Malgré tout il se forçait à ne rien montrer aux autres et concentrait son esprit pour chasser ces démons qui le rongeaient de l’intérieur.
Heureusement, son instructeur vint à son secours, sans le savoir, en dessinant une ligne devant lui et en prenant la parole.
« Ceci est le dernier entraînement que vous aurez. Demain commencera la première des trois épreuves qu'il vous faut valider pour aller au Temple d'Asuryan, celle du combat. Bien, après un rapide échauffement, vous combattrez en un contre un, toujours avec vos bâtons, et en pagne cette fois-ci, vous n'aurez donc aucune protection, et... Alyn se battra contre moi-même. »
Il comprit alors qu'Alyn devra subir les conséquences de son orgueil en combattant le maitre. Mais il ne fallait plus penser à Alyn, il fallait d'ores et déjà se préparer à affronter les épreuves et pour ça il allait devoir d'abords se battre contre le mystérieux rouquin pour s'entrainer. Un petit échauffement au pas de course plus tard, on pouvait observer les jeunes recrues s'étirer les muscles un peu endoloris de la veille. L'endroit était majestueux, mais Calandir ne le voyait même pas, il s'était émerveillé de la beauté du lieu lors de son arrivée et se concentrait depuis sur son entrainement et ses épreuves.
L'échauffement terminé, les recrues ainsi que l'instructeur vinrent se placer en position de combat. Calandir en face du jeune silencieux, mais à sa grande surprise, il esquissait un mouvement de lèvres et c'est avec grand peine que l'on put entendre le son de sa voix.
« Je me nomme Ténarion... je... Asuryan me guide... »
Eh bien, il ne s'attendait pas à cela. Pourquoi parler maintenant ? Calandir se dit que c'était surement une forme de respect. Il pensait être à l'opposé direct d'Alyn, mais en réalité, l'inverse de l'orgueil est le silence et même s’il ne connaissait rien de son parcours, Calandir commençait à ressentir une sorte de respect pour son adversaire. Se présenter ainsi avait suffi à ragaillardir notre jeune héros qui sentait arriver un beau combat.
Malheureusement, le combat n'allait pas vraiment devenir très attrayant et dès le début de l'assaut, Calandir ne vit pas arriver l'attaque de Ténarion et il se prit un violent coup sur l'épaule droite. Un peu sonné par ce coup, Calandir vit le sourire en coin de Alyn qui ne se débrouillait pas si mal contre l'instructeur. Calandir se ressaisit et passa à l'action, mais il ressentit une vive douleur dans le bras, dût à la blessure de son épaule, et manqua son adversaire d'un bon pied. Ténarion vit une ouverture et balançât son bâton en direction du crane de Calandir, mais il ne toucha pas la cible. Calandir tenta de profiter de son échec pour lui porter un coup, mais rata lui aussi. Quel combat épique l'on devait avoir sous les yeux, deux jeunes recrues qui n'arrivent même pas à se toucher. Une nouvelle passe commença lorsque Ténarion se rua sur Calandir, qui vit son attaque arriver de loin et put se placer facilement afin d'obliger son adversaire à continuer son mouvement. C'était là sa chance, il pouvait renverser ce combat en retournant son attaque. Mais un flash de ses cauchemars de cette nuit lui revint en mémoire et le coup frôla de peu son ennemi. Il voulut retenter sa chance, car Ténarion était encore sur son mouvement et il était à sa merci, mais son deuxième coup était beaucoup plus forcé et moins précis donc amena au même résultat.
Effectivement ce combat qui avait commencé par une preuve de respect n'était pas vraiment ce qu'on pouvait attendre d'aspirant à la glorieuse Garde Phénix. Mais Calandir eu un regain de confiance, il avait perdu de l'assurance lors du premier coup qui lui a été asséné, mais la deuxième passe avait remonté son estime personnelle, car il savait qu'il pouvait le vaincre. Il décida donc de prendre un instant pour analyser la situation. Il doit être au même niveau physique que son adversaire et cela voulait dire qu'il avait une chance de le vaincre. Les deux apprentis avaient de longs bâtons de bois pour arme et Calandir avait eu un entraiment spécialisé dans ce domaine par son sergent donc il avait peu être un avantage. Ces bâtons de bois offrent une large échelle de protection et meilleure maniabilité qu'une lame ou une lance, mais devait obliger des mouvements plus précis. Calandir avait rapidement pris sa décision, il allait feinter une attaque sur la partie supérieure gauche de son adversaire puis viser avec le plus de précision possible sa jambe droite. Si son action réussissait, son attaque aurait un effet physique, son opposant étant touché et blessé sur son appui, et un effet psychologique qui montrerait une position de supériorité.
Calandir avait réussi à vaincre ses doutes dans l'action. Il avait oublié toutes formes d'angoisse pour se consacrer à son combat. C'était peu être ça le secret de la puissance d'Asuryan, un esprit vidé de tout ressentiment, doute et angoisse, juste vivre l'instant présent sans penser à la suite. Se laisser guider par l'instant sans penser au lendemain, à l'heure suivante, à la seconde suivante. C'était peut-être ça le secret de la force des gardiens d'Asuryan : un silence de la parole, un silence de la pensée.