[Maria] L'Estrella

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Désolé pour le délai d'attente, pas mal pris ces temps ci !
Dazhia pnjisée pour un troisième tour et dernier tour.
Test d'Ini de la Sire : 10, raté.
Test d'Ini du marinero : 1, réussite critique.
Tout se passa à la vitesse de l'éclair. Lucio bondit hors de sa cachette et embrocha le premier type avant qu'il n'ai pu dégainer sa rapière. Le soldat poussa un râle que le tiléen étouffa d'une main et son corps s'écrasa sur les planches avec un bruit mat tandis que son morion roula un mètre plus loin. Maria se jeta sur le second marinero mais ce dernier dégaina sa propre lame d'un geste fulgurant, juste à temps pour parer celle de la pirate avec un crissement d'acier.

- "Alerta ! ALERTA ! Los presos son ..." commença-t-il à hurler en direction de l'étage avant que les grosses paluches du Toro ne se posent de chaque côté de sa tête et ne lui brisent les vertèbres d'une rotation brutale. La nuque du soldat produit un immonde craquement d'os et l'homme s'effondra au pied des marches, inanimé.

Rapidement, de nombreux bruits de pas se firent entendre sur le pont au-dessus d'eux et les ordres ne tardèrent pas à claquer ça et là. Malgré les précautions de Maria, l'alerte avait été donnée sur l'Estrella.

- "Nous v'là pas dans la fiente, tiens ..." maugréa Elias "Trois-Doigts" depuis sa cachette, son pistolet serré contre lui.

Lucio, lui, se contenta de sourire en regardant vers l'escalier.

- "Il semble que la situation se pimente quelque peu ... Tant mieux. Après notre séjour dans cette cage, j'avais bien besoin de me dégourdir !" lança-t-il, goguenard.

- "Autant les attendre là et les descendre les uns après les autres ! Leur nombre jouera pas dans l'escalier." avança l'un des forbans édentés de l'équipage du Corbin.

- "Ils ne sont pas stupides. Ils nous attendent tranquillement là haut pour nous cueillir uns à uns." murmura Valante, le blond. Il s'exprimait pour la première fois et sa voix était profonde, son air impassible.

L'un des arabéens, celui qui servait d’interprète pour les siens, s'avança. Sa peau était très mâte, et il avait visiblement retrouvé un turban et de quoi se vêtir simplement dans les affaires entreposées au fond de la cale.
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- "Peut-être nous ..." dit-il avant d'hésiter, comme si il cherchait ses mots. "Nous au-dessus eau." Il fit onduler sa main horizontalement et simulant un homme en train de marcher par-dessus avec les doigts de l'autre main. "Nous sortir ici." Il pointa l'une des cloisons de la cale, en hauteur.

- "Il est pas fou celui-là ? Et tu crois qu'ils vont pas nous entendre, en train d'creuser à travers la coque de leur rafiot ?" lança un autre pirate non loin d'Elias.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Le premier marinero, une furtive expression de stupéfaction affichée sur le visage, n’eut pas le temps de répliquer outre mesure que Lucio l’avait déjà embroché. Le tiléen avait été des plus prestes, je devais en convenir, ne laissant pas le moindre intervalle de temps pour que sa victime ne se mît à crier. Si l’expression de surprise affichée par l’estalien avait été furtive après nous avoir vus ainsi, tous libérés dans la cale, cette première perdura dans la mort comme il tombait au sol. Il fut maladroitement rattrapé par les épaules lors de sa chute, évitant ainsi de tomber comme une masse, mais le petit bruit mat qui en résulta fut inévitable. Je décidai de passer à l’action à mon tour.

Dire que je fus lente eût été exagéré, en sus d’être mauvaise langue. Non, en vérité, je fus même si rapide à me présenter devant le marinero pour lui porter un coup qu’il n’eut que deux solutions. Esquiver le coup tout en dégainant son arme, ou bien gueuler le plus fort possible pour alerter les autres. En fait, je me fourvoyais bigrement, car cette enflure, non content de sortir sa lame à une vitesse ahurissante pour obvier la mienne, se permit carrément de gueuler à tue-tête que l’on s’était libérés de nos cages. Enfoiré. Il fallut attendre l’arrivée de Toro pour lui intimer le silence, silence que ne respectèrent aucunement ses vertèbres lorsqu’elles furent broyées d’une brutale torsion. Pas besoin d’ergoter ; il l’avait bien mérité. Je ne le savais pas encore, toutefois, mais j’en vins rapidement à regretter que nous les eussions tués, eu égard à ce qu’il se passa par la suite.

Mais l’alarme venait d’être donnée, et, au-dessus de nos têtes, les marineros se mirent en branle. L’on courut sur le tillac, se préparant sans doute à la guerre, aux prochaines échauffourées qui ne tarderaient pas à venir. Quelle merde, ouais, comme venait si bien de le dire Elias. Toutefois, je ne prenais clairement pas mon plan pour un échec, car celui-ci nous avait permis de nous occuper de deux marineros sans rien perdre en échange, sans aucune perte de notre côtés, et leur nombre s’était réduit de quelques deux dixièmes, en gros. Ce n’étaient que des chiffres, mais c’était déjà pas mal. Juste dommage qu’il n’y eût pas davantage de victimes là où cela avait encore été possible.

D’autres, en revanche, partageaient un certain optimisme de la situation, voire allaient jusqu’à se réjouir du combat à venir. A rester trop longtemps enfermé dans une cage, si l’anémie ne vous guettait pas, et vous aviez soudainement un trop-plein d’énergie à revendre. Bouger, sauter, péter quelques gueules, votre propre corps ne pouvait réclamer mieux. Telle fut l’opinion de Lucio, plus ou moins reprise par un des gus d’Elias, lequel conseilla de les attendre bien sagement qu’ils déboulent, un par un. C’était pas mal, effectivement. Mais le troisième tiléen du nom de Valante réduit nos espoirs à néant en devinant par avance la stratégie que l’adversité allait adopter. Nous attendre de pied ferme sur le pont.

«Tu crois ça ? Tain, y en a pas un qui va venir voir ce qu’il se passe pour de bon, tenter de reprendre la situation en main ? Ils ne savent pas que l’on s’est tous libérés, une alerte peut venir de n’importe quoi ; un ou deux de notre groupe aurait très bien pu s’occuper des deux types que l’on a tués, merde, et suffirait d’envoyer le restant de la cavalerie pour nous remettre en cage, en nombre si limité. »

Bha fallait croire qu’ils en avaient décidé autrement, préférant jouer sur la prudence au risque de voir la totalité des prisonniers se déverser dans la cale. C’était un parti pris comme un autre, je gageais, mais ça nous faisait bien chier, là. Et ce fut à ce moment précis que les premières tapettes commencèrent à s’exprimer.
L’un des arabéens, balbutiant laborieusement notre langue, commença à expliquer son plan. S’esbigner de là en passant au travers de la coque, puis… Nager.

«Quoii ?! », m’exclamai-je, stupéfaite. Je le regardai là, en train de m’expliquer un plan qu’il tenait presque pour acquis, avec cette même franchise et simplicité contrainte par sa maîtrise de notre langage. Laquelle devait avoisiner son degré de compétence en charpenterie navale.

«Mais… Mais c’est n’importe quoi ! Ouvrant grands des yeux écarquillés, je courrai vers la paroi dans laquelle je toquai du poing, non sans une certaine véhémence. Ce truc-là doit résister à la pression de l’eau, l’impact des vagues, la vitesse du navire, aux courants, aux centaines de tonnes qu’il peut contenir, et à la pression de tout le beau foutoir qu’il y a au-dessus de nos têtes ; mâts, voilures, manœuvres, et j’en passe ! Je revins aussi brutalement devant l’arabéen, pour lui faire apprécier tout le timbre de ma voix alors que je continuais de m’écrier. Et c’est un brick, ce navire, bordel, potentiellement taillé pour la guerre ! Ça doit résister aux boulets, à l’onde de ses propres canons, et même aux hauts-fonds et autres récifs à moitié immergés ! J’énumérai le tout en comptant sur mes doigts au fur et à mesure de mes assertions. Puis… Puis… »

Mais il y avait trop de choses à dire, très clairement. Il ne parlait pas même ma langue, alors à quoi allais-je m’embarquer à lui expliquer la peau d’un navire. Tout un ensemble de d’une carcasse constituée de madriers, de bordages de carène, de vaigres, et de serres. Tout cela en chêne, en putain de chêne, plus résistant parfois que ne l’était le métal. Et encore, il se pouvait bien que la carcasse de l’Estrella fut renforcée d’un métal composite au bois.
Vu l’aspect du navire, je tablais bien sur une épaisseur de trois pouces pour la coque, six pouces pour les préceintes, et dix-sept pour la muraille, si n’on avait vraiment pas de bol ! C’était juste du grand délire.

«T’as dix-sept putains de pouces à creuser au pire au ras de la flotte, super pour nous noyer ! Suffit de voir la gueule du rafiot pour comprendre que, vide, comme là, on est juste au-dessus de l’eau, mais que s’il faisait cale pleine, on serait sous la ligne de flottaison ! Si y’a pas de sabord, c’est pour une bonne raison ! Ton plan, c’est… C’est d’la merde, et puis basta ! Oh, par les couilles de Manann, si y’a quelqu’un qui parle sa langue, expliquez-lui. »

Mais à parler au génie, là, nous étions toujours claquemurés dans cette foutue cale, prêts à se faire pigeonner dès que l’on pointerait le bout de notre nez dehors. Cette situation me donnait envie de m’arracher les cheveux tellement l’idée de me retrouver de nouveau prisonnière, après ce semblant, cet espoir, de liberté me rendait dingue. Je nous voyais très mal parlementer, et l’on avait zigouillé les deux gars qu’ils nous avaient balancés. Plus aucun moyen de pression, et nous nous regardions, incertains, sans savoir quoi faire. Comme si notre situation était déjà perdue d’avance.
Jamais.

«Eh Pedro, viens-là ! »
La démarche assurée, j’avançais jusqu’à l’intéressé, que je saisis par l’épaule. Le chopant ainsi, je l’avançais tout prêt de l’escalier, avant de le regarder dans les yeux.

«Je t’ai dit que tu devrais t’en sortir, mais seulement si tu coopérais, hein ? Bha je crois que t’as pas le choix. Tu voulais me baiser ? Je t’offrirai de quoi te payer des putes si jamais tu sors d’ici, mon gros. Mais en attendant, montre-moi ce que t’as dans la gorge. »

Sans même prévenir, je lui balançai un violent coup de genou dans les couilles, et j’estimais assez juste le fait qu’il meuglât comme un porc.

« ALLEZ PEDRO, GUEULE PLUS FORT, JE SAIS QUE TU PEUX LE FAIRE ! », beuglai-je pour couvrir ses hurlements. Et pour lui donner du courage, de quoi répondre au ton de ma voix, je lui m’emparai de sa main pour lui retourner violemment, le brisant par la même occasion, un doigt.

«ENCORE PLUS FORT, PEDRO, ILS T’ENTENDENT PAS ASSEZ, LA HAUT !! »
Puis un second. J’étais clairement prête à passer au troisième, puis à lui récurer la chair sous les ongles à l’aide d’une dague, avant de les lui arracher un par un. Arrêtant quelque temps ma scène de torture, je passai la tête dans l’escalier, levant ma tête en direction du haut des marches qui menaient au tillac.

«EH, SOUS-RACES D’ESTALIENS, ON A TROIS DE VOS GUS DANS LES PATTES, LA, ET ON EST CLAIREMENT CURIEUX DE SAVOIR COMBIEN DE TEMPS VOUS SEREZ CAPABLES DE LES ENTENDRE HURLER A LA MORT PENDANT QU’ON LEUR ARRACHE LES COUILLES ET QU’ON LEUR ECRASE LES YEUX. CHERCHEZ PAS, PAS DE QUARTIER. ON SORTIRA SOIT VIVANTS ET LIBRES, SOIT LES PIEDS DEVANTS. »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 28 janv. 2016, 13:20, modifié 1 fois.
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La Sire - Maria Lucini, voie du Forban.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

L'arabéen regarda Maria en fronçant les sourcils. Il n'avait vraisemblablement compris qu'un mot sur dix, mais il avait bien saisi que son idée n'emballait pas le moins du monde la femme pirate. Pour sa défense, il était probablement habitué à voguer sur de légers chebecs ou de fins jebega où une telle manœuvre était envisageable. Mais la Sire avait bien raison. Il était tout bonnement impossible d'espérer percer la coque de l'Estrella, si ce n'était avec une canon de douze.

Maria s'en fût dans le fond de la cale pour attraper Pedro sous le regard des autres forbans. Le marinero dodu et suant regarda la femme avancer vers lui avec un regard misérable et ne résista pas lorsqu'elle l'emmena près de l'escalier, traîné comme un malpropre devant les prisonniers dont il avait la garde. Un coup de genou violent vint lui briser les bijoux de famille et le soldat s'écroula en poussant un vagissement. Vagissement qui s'intensifia lorsque un, puis deux doigts se brisèrent sous la poigne sans pitié de la Sire. Pedro criait et pleurait comme un enfant. Lui, le fier marinero estalien, s'effondrait sur les planches de la cale, l'esprit brisé par ce traitement affreux. Il avait probablement dessoûlé aussi vite et, maintenant, il priait à voix basse en se tenant la main, laissant échapper une jérémiade douloureuse de temps à autres.

- "Et bien, voilà une femme qui a du cran." lâcha Lucio avec un demi-sourire, accoudé nonchalamment à la table où étaient installés les deux gardes encore quelques instants plus tôt.

- "A Sartosa, la rumeur court qu'elle en a une belle paire dans les chausses, ouais." grogna Elias "Trois-Doigts" en jetant un coup d’œil vers le haut des escaliers, son pistolet en main.

Là-haut, il y eu encore de l'agitation, des bruits de botte et des ordres étouffés par l'armature du navire. Puis tout sembla se calmer et une voix claire résonna depuis le haut des marches, assez fort pour que tous les pirates puissent l'entendre.

- "Ici Don Cedeño de la Matilla, capitaine de l'Estrella !" lança quelqu'un avec un fort accent estalien. "Au nom du Roi Carlos IX et du Grand Conseil de Magritta, je vous somme de vous rendre sans protester. Déposez vos armes et retournez dans vos cellules. Faites ainsi, et vos vies seront épargnées. Résistez, et vous serez abattus tandis que vos meneurs seront pendus au grand mât."

Il y eu de l'agitation parmi les pirates, qui se regardèrent les uns et les autres. Les arabéens ne semblaient pas avoir bien saisi de quoi il en retournait mais se tenaient prêts à combattre. Le reste de l'équipage du Corbin se concerta rapidement tandis qu'Elias se caressait la barbe, un air sombre sur son visage buriné.

- "C't'un piège. Si on se rend, ils nous pendront un à un avant d'jeter nos corps bouffis à la mer." grogna l'ancien capitaine.

- "Peut-être pas." répondit Valante. "Une cargaison d'esclave comme nous représente une telle somme d'argent que je doute que ce Don Cedeño ose abîmer ainsi sa précieuse marchandise. Ils en tueront un ou deux, pour l'exemple, mais le reste ira bel et bien se pavaner à poil sur les marchés de Lashiek."

- "On sait même pas combien qu'ils sont, là haut !" maugréa l'un des pirates du Corbin.

- "Nombreux ou pas, moi je compte pas passer le reste de mes jours à faire briller les babouches d'un sultan." rétorqua Ducio "Toro" Del Re, le tiléen aux favoris.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Ah, il avait belle allure, le fier marinero, conquérant des mers et des océans, protecteur de la royale flotte de je ne savais plus quelle souverain estalien. Il beuglait et mugissait comme un gamin, il roulait sa tête dans tous les sens, il tapait de la poigne sur sa cuisse et contre le mur de cette main que je n’avais pas encore touchée. Il se mordait la lèvre jusqu’au sang, puis, la seconde d’après, un nouveau rugissement éclatait dans la cale, comme si celui-ci n’était plus qu’un exutoire à un abîme de douleur. Parfait, tout cela, parfait ; ça ne pouvait que jouer mon jeu.
Tout le monde s’était tu, écoutant le doux chant des plaintes larmoyantes de Pedro. Je me demandais quelque part si chacun des membres du nouvel équipage que nous formions approuvait cette méthode peu orthodoxe, ou si certains avaient pour eux un certain respect des valeurs humaines ou je ne savais quelle autre connerie du même acabit. D’ordinaire, pour ma défense, je devais avouer que je pouvais en avoir, mais là, eu égard à cette situation des plus précaires et au fait que, sans plan d’urgence, nous étions tout simplement faits comme des rats, je n’avais pas le choix. Tout dépendait des circonstances ; même si je tenais la liberté comme le bien le plus précieux d’un homme et d’une femme, je serai prêtre à asservir quiconque aurait tenté de voler la mienne. Œil pour œil, dent pour dent. Voilà qui résumait bien la situation.

Petit coup d’œil aux anciens esclaves. Ils ne disaient rien, toujours, pas plus qu’ils n’affichaient quelque expression réprobatrice. Ils attendaient patiemment à ce que quelqu’un vînt les sortir de là, tous en vie. En vérité, il y eut même plusieurs sourires épars dans cette cale, notamment en la présence de Lucio –mais c’était là le genre de type à toujours avoir un petit sourire narquois accroché aux bords des lèvres. Elias, quant à lui, ne sourirait pas, ce n’était pas vraiment son genre, mais le petit commentaire qu’il fit sur ma personne me laissa penser qu’il n’était pas, pour le moment, en opposition directe avec lui, et que j’avais quartier libre pour continuer. D’une façon comme d’une autre, je ne pensais pas avoir agi autrement si celui-ci, tout seul et non pas suivi par l‘équipage, m’avait conté à quel point il n’était pas d’accord. Enfin, il y avait les arabéens. Ceux-là avaient cessé de songer à leur plan pour le moins débile et insensé ; si l’on admettait qu’ils fussent parvenus à creuser à travers le chêne avec leur queue, il eût suffit que le vent se levât et que la houle fut présente pour nous inonder puis nous couler, tous autant que nous étions. Car si une voie d’eau assez conséquente pour laisser passer un homme venait à être ouverte, alors il était impossible ou presque, avec la puissance et la pression de l’eau, à parvenir à la calfeutrer de l’intérieur. Non, il fallait passer par l’extérieur, balancer à l’improvisade une bâche qui viendrait naturellement se coller contre la coque, toujours dans le respect de la force de l’eau qui chercherait tant bien que mal à occuper l’espace de la cale. Et devinez qui nous attendaient à l’extérieur.

D’ailleurs, suite à mes paroles, il y eut un instant de flottement sur le tillac, et pas mal de remue-ménage. Je devinai sans peine que l’on était en train de monter en plan d’urgence en chuchotant, voire quelques pourparlers.

«T’as de la chance, Pedro. A croire qu’ils tiennent encore à toi, mués par ce sentimentalisme développé par l’incroyablement camaraderie de l’armée. »

Et pour cause, une voix me répondit bientôt. Je songeai tout d’abord au sergent des marineros que nous avions aperçu tout à l’heure, alors même que nous étions encore enfermés dans nos cages, puis je réfléchis sur le grade de l’homme qui venait de parler. Capitaine de l’Estrella. Non, il s’agissait bien de deux personnes différentes. Parlant au nom de quelques sommités qui, j’en eusse mis ma main à couper, n’en avaient strictement rien à foutre, il nous demanda de nous rendre, de déposer les armes et de retourner dans nos cellules. Ce fut tout juste s’il ne laissa pas échapper un petit cordialement à la fin de son ultimatum.

Une vague d’agitation parcouru mes chers confrères les pirates, mais pas trop de cette vague qui véhicule un sentiment de panique, non pas. En vrai, je pensais bien que nous étions bien trop lucides pour accéder à la demande de Don Cedeño de la Matilla. Si les arabéens n’avaient rien bitté –bha tiens, ça m’aurait étonnée, il y eut bien quelques « capitaines évidences » pour balancer tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Effectivement, il y avait de fortes chances pour que l’on passât tous, ou au moins la plupart, de vie à trépas comme le restant irait passer une vie de servitude éternelle chez un sultan, et que tout le monde préférait la mort à cette parodie d’existence, nous qui étions pirates.
Quelqu’un demanda tout de même leur nombre. Ça, je pouvais lui répondre ; j’avais compté.

«J’ai compté dix soldats, sans compter l’officier, lorsqu’ils sont descendus dans la cale pour amener les arabéens. L’on en a déjà zigouillé deux, ce qui fait huit restants. Les autres, ce ne sont que des marins d’eau douce qui ne savent pas se battre et n’ont aucune expérience dans les combats. Eh, c’est bien pour ça qu’ils ont embarqué des marineros avec eux, hein Ped… »

Mais quelle conne ! J’étais certaine de moi-même après les avoir comptés, mais il se pouvait qu’il en fût resté en haut lorsqu’ils avaient amenés les nouveaux prisonniers dans leurs cages. Ça, je l’avais toujours ; j’avais toujours gardé en tête cette hypothèse, mais sans jamais pouvoir affirmer leur nombre exact. Et je tenais toujours en main celui qui pouvait nous répondre.

«Pedro, dis-moi, combien étiez-vous, toi et tes petits copains, et combien de marins ? »

Il me donna sûrement une réponse, et quand bien même ne m’en donna-t-il pas que je continuai de lui briser un par un les doigts, dans tous les cas. Je ne voulais pas même engager de dialogue avec les estaliens planqués là-haut. Ils avaient posé les termes de leurs conditions d’une voix posée, humaine. Tout ce que je voulais qu’ils entendissent en réponse, c’étaient les beuglements de notre ami commun, là où ils s’attendaient certainement à des paroles humaines plutôt qu’à des cris déchirants. Comme je l’avais dit, peu importait leur nombre ; je me battrai jusqu’au bout pour recouvrer la liberté et voguer de nouveau sur les mers.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 05 févr. 2016, 17:41, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Aussitôt que Maria posa sa question à Pedro, Lucio la lui traduisit et le marinero répondit d'une voix saccadée, entrecoupée de plaintes et de pleurnichements. Le tiléen l'écouta tranquillement puis se tourna vers la femme pirate.

- "Selon notre ami, il y aurai une vingtaine de marineros et environ le même nombre de matelots. Ces derniers ne devraient pas poser de problème. Et puis ... ce n'est pas comme si nous avions vraiment le choix, n'est-ce pas ?" lança Lucio avec son éternel sourire railleur.

Valante et Ducio hochèrent la tête, l'air résolu, et affermirent leur poigne sur leurs armes, prêts à en découdre. Derrière eux, les autres pirates firent de même, et certains faisaient craquer les jointures de leurs doigts ou de leur nuque, visages crispés. La pression monta d'un cran dans la cale, les souffles se firent plus profond et les regards plus durs. Ces hommes se préparaient à se battre pour leur liberté chérie. Les arabéens, réceptifs, s'assirent à genoux sur les planches, mains à plat sur les cuisses, et fermèrent les yeux. L'un d'eux, le torse nu parcouru de tatouages en spirales, se mit à psalmodier dans la langue râpeuse et rapide de l'Arabie. De concert, ils se penchèrent vers l'avant et touchèrent les planches de leur front. Une fois fait, ils se relevèrent et certains lancèrent un regard déterminé à Maria tandis que d'autres dégainaient leurs couteaux ou soupesaient une dernière fois leurs sabres. Pendant ce temps, la Sire continua de torturer le pauvre Pedro en lui brisant d'autres doigts. Ce dernier vagissait et la suppliait d'arrêter dans sa langue natale. Ses cris résonnaient dans la cale, mais nulle réponse ne venait d'en haut, où tout semblait figé.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

J’avais cessé l’espace de quelques instants ma torture infligée à ce marinero que nous tenions comme prisonnier afin qu’il pût nous en conter davantage au sujet des troupes militaires occupant le navire. Je n’eus pas besoin de le mettre à la question plus longtemps qu’il me répondit instantanément dans sa langue natale au travers de quelques sanglots de circonstance. Si je chopais de ci de là quelques mots, Lucio me fit une traduction plus exacte et bien plus claire ; apparemment, le nombre de marineros s’élevait à une vingtaine, et il en allait de même de l’équipage des marins. Le tiléen fit écho à mes paroles, un moment plus tôt. Effectivement, les marins ne nous poseraient aucun problème ; à vrai dire, je les voyais tels que ceux que nous affrontions de temps à autre, ou que nous singions d’affronter. La plupart du temps, ils se rendaient sitôt qu’ils apercevaient le noir. Notre pavillon se hissait bien fièrement sur le gaillard arrière, frappé à la drisse, comme le leur se baissait une seconde plus tard, avant d’être changé par un pavillon blanc. En revanche, j’hasardais difficilement à ce que les marineros arborassent un tel drapeau, surtout lorsque nous venions de torturer l’un de leurs petits camarades. D’un autre côté, ils n’avaient pas même bougé le petit doigt pour s’en aller le sauver, alors, leurs potentiels reproches, ils pouvaient les garder tout autant que leur probable rancune.

Je tentai bien de titiller Pedro un peu plus encore, afin que les bougres d’en haut se décidassent enfin, mais ils ne semblaient vraiment pas avoir envie de bouger leur cul. D’autres mugissements furent expulsés, sans réaction aucune.

«Fait chier. » Si ce fils de pute n’avait pas sonné l’alarme, songeai-je en décochant un noir regard au cadavre qui gisait un peu plus loin, peut-être que nous n’en serions pas là. En, vérité, savoir qu’une vingtaine de marineros nous attendaient bien patiemment là-haut n’était clairement pas pour me rassurer. En vrai, ça faisait juste peur, surtout vu le nombre que nous étions, et notre position fort désavantageuse. Mais s’il était facile de comprendre et de causer sur l’impéritie des compétences martiales des marins, il était tout aussi aisé de développer l’exact opposé en ce qui concernait les marineros ; il s’agirait inéluctablement d’un affrontement ô combien plus difficile dont peu se targueraient peut-être d’en ressortir vivant. Mais je fermai bien ma gueule là-dessus ; commencer à répandre un vent de panique n’était assurément pas pour nous faciliter la tâche.

Toutefois, fallait croire que les bougres d’esclaves que nous étions l’avaient bien compris ; voilà les arabéens qui commençaient à faire toutes leurs stupides simagrées de prières àlakon. Connerie de religion. M’enfin bon, si jamais cela pouvait leur mettre du baume au cœur, qui étais-je pour le leur reprocher. Si leurs putains de dieux pouvaient nous sortirent de ce bourbier, je leur offrirais bien un petit quelque chose, potentiellement. Les arabéens, ils n’étaient pas dans le genre à faire des sacrifices humains, par hasard ? Mon regard erra vaguement du côté de Ped’.

«Attachez-lui les mains dans le dos », fis-je en désignant l’intéressé. Non, je n’allais pas le sacrifier au nom de quelque divinité que ce fût ; je voulais simplement m’assurer que, durant l’assaut que nous allions mener, il ne nous mettrait pas des bâtons dans les roues. Simple question de prudence. Nous risquions d’avoir fort à faire en haut de l’escalier, alors si l’on pouvait éviter de devoir sans cesse se retourner pour éviter de se faire poignarder de sa part, dans un acte désespéré… C’était toujours ça de gagner.

Les arabéens avaient enfin terminé de se foutre des échardes dans le front et me regardèrent à présent, rompus qu’ils étaient au combat. Les mains se raffermirent sur les poignets, les muscles se crispèrent, et le restant des armes fut mis au clair. Je vérifiai bien, pour ma part, que celles-ci étaient à ma portée, que mon pistolet était bien chargé, paré à l’utilisation –je l’avais déjà fait, mais l’on n’était jamais sûre, et puis… Et puis, en fait, je pris Pedro avec moi. J’eus l’idée géniale que, au fond, je ne savais pas trop à quoi m’attendre une fois parvenue là-haut. Si ça se trouvait, ces fils de putains nous attendaient avec des arquebuses, pistolets et autres mousquets, et je ne donnai pas cher de notre peau. Nul doute que mon gros copain amortirait les premières balles. Ouais, parce que, en plus de tout ça, vu la situation, je ne voyais pas une autre personne y aller la première que moi-même. C’était typiquement le moment de montrer à tous que, moi aussi, j’en avais, des cojones. Ce qui ne m’empêchait pas d’avoir les mains moites sur la crosse de mon pistolet.

« Allez, mon gros, viens par là. Les autres, j’y vais en première, au moins voir ce qui nous attend au bout de l’escalier. Un peu d’aide ne sera pas de refus, par ailleurs, surtout si vous disposez de pistolets. Chargés, hein. On prend la température, on en descend un ou deux si on a l’occasion, et on avise. »
J’imagine que c’est assez clair, mais sinon ; je monte en haut en me servant de Pedro comme bouclier humain, pistolet en main. S’il y a un estalien en haut, je l’allume (compétence adresse au tir en sus. Et j’avise.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

L'un des pirates dénicha rapidement un bout de corde et attacha les mains du pauvre Pedro dans son dos. Ce dernier pleurait de douleur, plié en deux. Et tous les regards se posèrent désormais sur la Sire. Elle empoigna le marinero par col et le força à se relever. Ce dernier se laissa faire sans résister, la bouille bouffie. Les forbans se jetèrent un dernier coup d’œil déterminé et s'avancèrent vers l'escalier à la suite de la jeune femme.

Cette dernière monta les premières marches, une main sur la crosse de son pistolet et l'autre poussant un Pedro tremblant devant elle. Elle pouvait sentir le souffle des hommes massés derrière elle dans sa nuque, prêts à surgir de la cale et à se battre. L'escalier formait un angle et montait vers le pont supérieur, au dessus duquel se trouvait le tillac de l'Estrella. Aucun bruit ne parvenait depuis les estaliens qui défendaient le navire, aussi Maria décida-t-elle d'avancer vers les dernières marches.

A peine Pedro posa-t-il le pied sur les planches que les pistolets ennemis claquèrent, faisant sauter la tête du soldat. Maria sentit le corps devant elle amortir les balles tandis que du sang et des morceaux de cervelle dégoulinaient de ses cheveux. Le cadavre s'affaissa sur elle et tomba sur le côté tandis qu'une poussée désordonnée derrière elle la força à avancer par dessus le corps et à surgir sur l'entrepont. Les pirates lancèrent une grande clameur en s’élançant à sa suite, se bousculant pour grimper les dernières marches de l'escalier.

Maria se retrouva donc en première ligne. Face à elle, le nuage de fumée aux odeurs de poudre noire retombait lentement, dévoilant la ligne de marineros qui les attendait. Ils étaient bien une vingtaine, peut-être légèrement moins. Tous portaient une gilet en cuir et une chemise aux manches bouffantes, ainsi que des rapières et des dagues. Certains étaient coiffés d'un morion en métal, d'autres portaient des cervelières en cuir ou allaient tête nue. Leur officier se tenait derrière la ligne, pistolet déchargé en main. Il jeta un regard courroucé à la Sire et la désigna de la pointe de son épée.


- "Asalto !" hurla-t-il à ses hommes.

Les marineros lancèrent une clameur et chargèrent entre les hamacs et les tonneaux, tandis que les pirates firent de même. Les pistolets des forbans claquèrent à leur tour et un nuage âcre se leva tandis que deux soldats estaliens s'écroulaient dans leur course avec un cri étranglé. Les compagnons de Maria la dépassèrent et se jetèrent dans la mêlée.
Bon visiblement les pirates se sont un peu excités et sont tous montés à l'assaut une fois les pistolets ennemis déchargés. Il y a donc une mêlée qui se met en place sur l'entrepont. Tu peux choisir ton adversaire (any marinero à portée), utiliser son pistolet, chercher l'officier pour l'abattre, aider un de tes collègues ... comme tu veux !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Pedro devant moi, mains attachées dans le dos, prêt à se manger toutes les balles du monde, je m’engageai dans l’escalier de bois. Je ne savais pas ce que j’allai affronter, et je craignais de recevoir un projectile perdu, quitte à ce que celui-ci s’enfonçât dans les chairs de mon bouclier humain pour m’atteindre au travers. Ma crispation était grande, mais, après avoir balancé ce plan, je ne pouvais plus faire marche arrière ; c’eût été écraser mes petits copains de pirates qui, à leur tour, s’étaient engagés dans l’escalier. En somme, je devenais bien malgré moi leur propre bouclier humain. La camaraderie, il n’y avait que ça de vrai.

Je n’eus pas à malmener le marinero ; il se laissa faire. Ce n’était pas s’il avait eu le choix, de toute manière. En revanche, si jamais j’avais opté pour une approche discrète, histoire de m’en aller en repérage, c’était plutôt louper ; il soufflait tellement fort, comme le bœuf qu’il était, que j’étais persuadée que nous étions entendus à des lieues à la ronde. Le bougre faisait concurrence aussi bien à la houle qui s’écrasait doucement contre les œuvres vives qu’à l’armature et aux gréements du navire qui craquaient de ci de là. Et si ça soufflait pas mal juste devant moi, c’était tout à fait pareil derrière ; les pirates me pressaient presque d’avancer, pistolets à la main, sabre au clair. Ils étaient aussi impatients que moi d’en découdre avec nos adversaires.

Nous dépassâmes l’angle que formait naturellement l’escalier. Pour le moment, toujours rien. A mesure que nous escaladions les marches, une par une, l’entrepont se laissait apercevoir, petit à petit. Ce fut, bien entendu, Pedro le premier arrivé en haut, et sitôt que cela arriva, il tombe raide mort. J’avais senti les balles siffler autour de moi, mais, surtout, perçu et ressenti l’impact de celles qui avaient atterri dans les chairs du marinero. Je me demandais si ces anciens camarades l’avaient reconnu ou non, s’ils avaient délibérément tiré, pour quelque raison que ce fût, ou bien s’ils avaient préféré jouer la sécurité en abattant le premier homme à portée. En tout cas, riche idée que j’avais eue, sans quoi eussè-je été aussitôt transpercée de plombs.

C’était même un très bon point, d’ailleurs. Car maintenant qu’ils avaient fait feu, l’entrepont était présentement recouvert d’une fumée qui masquait le champ de vue ; cela agissait comme un fumigène de fortune qui nous permet de nous déployer en tout sécurité. Sans compter que, vu les joujoux, ça prendrait un certain temps pour les recharger alors même qu’ils avaient tout vidé dans leur collègue. Parfait.
Apparemment, les pirates pensèrent comme je venais de le faire ; ils se ruèrent vers l’adversaire, profitant de ce temps mort pour prendre l’avantage. Ou, à tout le moins, de se défaire de ce bourbier, de sortir de cet entonnoir qui limitait fortement nos possibilités. La fumée retomba, et nous découvrîmes, alors que nous courrions sus à l’ennemi, les lignées de marineros, vêtus dans un assemblement hétéroclite de vestes de cuir, de morions, d’autres cuissardes récupérés çà et là. Ils semblaient être légèrement moins que ce que Pedro avait annoncé ; peut-être avait-il cherché à nous faire peur ?

Il y eut un nouveau nuage de fumée comme nos pistolets répondirent à ceux de nos ennemis, couvrant la voix de l’officier qui avait, de son côté, ordonné l’assaut. Deux marineros tombèrent, fauchés par les balles. Je fus rapidement dépassée par mes comparses qui se jetèrent sur l’adversité avec une sauvagerie mêlée de férocité. Moi, de mon côté, j’avais bien repéré ma future cible ; l’officier en personne, celui qui était cordialement venu nous rendre une petite visite dans le fond de la cale. S’il y en avait un à buter, c’était bien lui, après quoi le courage de ses hommes fonderait comme neige au soleil. Eh, ça pourrait nous faire un beau paquet d’esclaves, ça, de quoi leur rendre la monnaie de leur pièce. En sus de multiplier les nôtres.

Me glissant sur le côté, enjambant hamacs et tonneaux, je tâchai de trouver un bel angle de tir, de quoi coller une balle à l’officier. C’était comme un jeu ; une bonne balle, et le combat était gagné d’avance. Autrement… Les choses deviendraient assurément plus compliquées.
Vous avais-je déjà dit que j’adorais jouer ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 09 févr. 2016, 20:00, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Jet de Tir (-1) : jet caché.
La mêlée était maintenant générale et les combattants s'étripaient au milieu des cris et du tintement de l'acier. L'espace était encombré et restreint, et le combat n'en était que plus brutal. A côté de Maria, Ducio "Toro" Del Re était tombé au sol et rouait de coups un marinero désarmé, lui éclatant la figure avec ses gros poings. Plus loin, Elias "Trois-Doigts" était aux prises avec un autre soldat et livrait un duel au sabre. Le capitaine pirate était visiblement blessé, une longue entaille sanglante zébrant sa chemise sale. L'arabéen qui avait fait office de traducteur auprès des siens était affalé contre un tonneau, les yeux révulsés et la gorge percée d'une plaie béante d'où giclait un geyser de sang.

L'officier estalien s'était avancé entre les hamacs, engageant brutalement l'un des marins du Corbin avant de lui passer sa lame entre les côtes. Le pirate s'écroula avec un râle. Le moustachu chercha un autre adversaire du regard, et c'est là que Maria le cueillit. Au milieu du désordre, la femme pirate pointa la bouche de son pistolet vers lui et appuya sur la gâchette. Le claquement lui fît siffler les oreilles et, lorsque le nuage de fumée retomba, l'officier avait disparu. L'avait-elle touché ? S'était-il écroulé hors de vue ? Elle n'eut pas le temps de s'en assurer, car deux marineros se jetèrent sur elle au même moment, sautant par dessus les tonneaux qui les séparaient. Le premier fut arrêté dans sa course par Valante Belleni qui s'interposa en un éclair, un poignard dans chaque main. Le combat s'engagea entre les deux, mais le second soldat continua sa course vers la Sire, levant sa rapière en poussant un cri bagarreur.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Le combat s’était engagé, et ça gueulait dans tous les sens ; qui s’escrimait, qui feintait, qui enfonçait sa lame dans le corps d’un semblable. Je voyais les uns au corps-à-corps avec les autres, les hommes fauchés par les balles, les cadavres commençant lentement mais sûrement à joncher l’entrepont dont le plancher devenait rougeoyant de sang. Et personne pour vider du putain de sable au sol, comme j’avais eu tendance à l’ordonner sur la Vivacia, dans un temps désormais révolu. Fallait voir comment, lors d’un combat ou d’un abordage, ça pouvait glisser comme jamais ; pire encore qu’en cas de tempête. Et c’était poisseux, c’était tiède, et ça puait un cuivre renfloué des exhalaisons des sphincters qui se relâchaient sitôt que la mort venait les cueillir. Et c’était pire encore que sur le plancher des vaches, alors même que le navire était sans cesse secoué, quand bien même doucement, pas le roulis apporté par les vagues et le vent. Il y avait vraiment de quoi se casser la gueule à la première occasion.

Aussi, enjambant les macchabées, les hamacs et tout le bordel que l’on pouvait trouver sur l’entrepont, je tâchai prudemment de trouver un meilleur endroit où me caler. Je ne courrai pas, je marchai bel et bien, tout en faisait attention au remue-ménage autour de moi. Le premier qui tenterait de me couper la route, et je le trancherai en deux. Je n’aimais pas particulièrement cette méthode d’approche, laquelle pouvait me faire passer pour bien plus couarde que je ne l’étais. Mais qu’importait, au final, si un foutu tir bien ajusté pouvait résoudre tout ce joyeux foutoir. J’étais assez douée, en plus, dans cette affaire ; ayant été gabier puis vigie, j’avais déjà eu l’occasion de jouer les moucheurs, demeurant dans la hune du grand-mât afin d’éliminer le commandement adverse, situé sur le gaillard arrière à plusieurs encablures de là. Et, ma foi, j’y étais déjà parvenue à plusieurs reprises, trompant le roulis, ajustant à l’œil mon tire de mousquet ou d’arquebuse pour toucher ma cible. Alors, pourquoi diable ne serai-je pas capable de bousiller l’officier à quelques toises de distance.

Continuant de promener mon regard aux alentours en quête d’un potentiel adversaire inopiné, je longeai la coque. J’aperçus soudainement une vision d’horreur ; l’arabéen traducteur gisant mort, affichant une ouverture béante au travers de la gorge. Mais putain, et comment allais-je faire, désormais, pour me faire comprendre de ces crétins qui ne savaient pas parler l’humain ? Super, de mieux en mieux ; j’avançais de galère en galère. Autrement, Elias Deux-Doigts-Coupés s’en sortait difficilement, bataillant comme un diable contre un adversaire, une plaie tachant sa chemise. Là-bas encore, le Toro s’amusait à tenter de faire exploser le crâne d’un marinero sous la simple pression de ses coups de poings répétés. J’étais persuadée que, à force, il y parviendrait. Quand on veut, on peut, disait-on.

Enfin, je vis ma proie. L’officier venait de se libérer d’un corps-à-corps en envoyant son adversaire, un de mes anciens comparses du Corbin, ad patres. Je me rappelais alors les sages paroles de cette rhapsode de je ne savais plus quelle nation ; Emy Neyme, me semblait-il. « Écoute, si tu avais une chance, une opportunité, d'obtenir ce que tu as toujours voulu, en un instant, la saisirais-tu ou la laisserais-tu simplement passer ? »
Je n’étais pas du genre à la laisser passer. Je tendis mon bras, ajustai la bouche à mon œil, en direction de l’officier, et laissai partir le coup. Il y eut ce bruit sourd de la déflagration qui fit vibrer mes tympan, puis le fameux nuage de fumée, et lorsque celui-ci se dispersa… Je ne vis nulle trace de ce damné officier. Je jurai, espérant bien que je l’avais touché, cet enfoiré.

Mais je n’eus pas le temps de m’appesantir sur son sort que, déjà, alertés par le bruit de la poudre, deux marineros me chargeaient. Là, ça allait tout de suite être plus chaud. Fort heureusement, j’eus droit à mon héros du jour, Vallante je savais plus comment, lequel huerta de plein fouet l’un des gus pour engager un affrontement avec celui-ci. Ne restait plus que le dernier marinero qui me fonçait dessus. Je n’avais pas le choix, pas le temps de recharger. Je rangeai mon pistolet déchargé à ma ceinture, et fis adroitement passer ma rapière de la main gauche à la droite, prête à réceptionner le forcené.

Parade plutôt qu'esquive, m'est avis, et je mène un combat typique.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 févr. 2016, 00:59, modifié 1 fois.
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