[Maria] L'Estrella

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[MJ] Le Grand Duc
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[Maria] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

A bord du bateau-prison l'Estrella, dans une crique quelque part sur la côte estalienne

Image
L'armature de la caraque craquait à intervalles réguliers tandis que le navire oscillait calmement, porté par le ressac des vagues qui venaient lécher les falaises blanches de la crique dans laquelle il mouillait. La cale de l'Estrella était froide et sombre. Elle était aménagée en prison et de grandes cages aux barreaux de fer s'alignaient les unes à côté des autres. Le sol de ces cellules était jonché de paille défranchie puant la pisse et le moisi et l'humidité ambiante rendait l'air malsain. Dans un coin dégagé, près de l'escalier qui permettait d'accéder aux ponts supérieurs, deux soldats jouaient aux dés sur une table ronde garnie d'une bougie, d'une bouteille en verre épais et de deux gobelets en bois. C'étaient des marineros, ces soldats de la marine estalienne qui embarquaient aux côtés des équipages pour livrer bataille sur la mer. Ils portait des chemises sales à manches bouffantes, des gilets en cuir élimé, des pantalons en lin bleu délavés et des dagues passées dans la cordelette qui leur servait de ceinture. Leurs morions étaient posés sur le sol à côté de leurs tabourets, et leurs rapières étaient posées contre le bordé. Ils discutaient à voix basse et jetaient les dés l'un après l'autre, poussant de temps à autres une poignée de piécettes vers le gagnant.

Il y avait précisément six cellules. Trois d'entre elles étaient vides. L'une d'entre elle était occupée par trois tiléens silencieux, assis à même le sol et plongés dans leurs pensées. La deuxième renfermait Elias "Trois-Doigts" et sept autres pirates capturés lors de l'abordage du Corbin. Dans la troisième, enfin, étaient enfermées deux femmes : Maria Lucini et Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev.

Maria "La Sire" Lucini avait fui Sartosa à la faveur de la nuit, grimpant à bord du premier navire amarré aux docks de l'Homme Mort et proposant ses services sans même prendre le temps de négocier son offre. Soucieuse de quitter l'île au plus vite, elle s'était laissé engager contre une bouchée de pain à bord du Corbin, un brick dépassé et en mauvais état qui levait l'ancre cette même nuit pour récupérer une cargaison de contrebande sur une petite île au sud d'Almagora. Le capitaine du Corbin était Elias "Trois-Doigts", un marin alcoolique et endetté qui travaillait pour le compte d'armateurs peu scrupuleux de la trempe de Donato Buccina. L'équipage était à l'image du navire, un ramassis de loups de mer pouilleux aux dents manquantes et aux bras maigres, dont les regards lubriques se posaient sur la croupe de la Sire dès que celle-ci se baissait sur pour brosser le tillac, comme le lui ordonnait constamment "Trois Doigts". En deux jours, Maria était passée de capitaine de navire à matelot corvéable à merci sur un rafiot qui empestait la misère et le mauvais rhum. Quelques jours à peine après qu'ils aient pris la mer, ils essuyèrent un grain qui mis à mal le brick déjà fatigué et une série d'avaries se déclara. Manann semblait avoir pris le Corbin et son équipage en grippe car, alors même que l'équipage commençait à se mettre au travail pour repartir le plus vite possible, la vigie repéra une voile à l'horizon. C'était un galion de patrouille estalien qui, une fois qu'il les aperçu, n'eut aucune difficulté à voguer à leur rencontre. S'ensuivit un simulacre d'abordage durant lequel la moitié de l'équipage du Corbin fut passé par les armes, et l'autre moitié, dont la Sire, fût mis aux fers et entassé dans la cale du galion tandis que les canons rugissaient et que le Corbin trouvait enfin son repos dans les tréfonds des mers du Sud. Quelques jours plus tard, la cargaison de prisonniers fut transférée sur l'Estrella.

Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev connu le même sort que la Sire. Après avoir mis le cap vers Sartosa et avoir traversé maintes péripéties dans la Mer des Griffes et dans le Grand Océan, la Meute s'enfonça dans les mers du Sud en longeant l'Estalie. L'embarcation, de facture norse, était parfaitement calibrée pour les longs voyages de la sorte. Son équipage était solide et réduit, et le couple de capitaines formé par Dazhia et Gunnolf Valkorson inspirait courage et goût du risque aux marins nordiques. Les rameurs s'époumonaient à chanter en chœur tandis que le vent vif soulevait l'épaisse crinière rousse de la jeune femme. Mais ces rêves d'aventure furent rapidement maîtrisés par la marine estalienne. Leur oiseau de malheur ne fut pas un galion, mais trois frégates légères et rapides qui devancèrent le drakkar. Dans un tonnerre d'acier et de poudre, les canons ennemis démâtèrent la Meute, firent voler les rames en éclat et réduisirent en charpie les trois-quarts de l'équipage. Gunnolf fût démembré sous les yeux de Dazhia par une salve particulièrement précise, et seule la jeune femme fût tirée de l'eau alors que le drakkar sombrait avec les rêves de liberté qu'il portait. Deux jours après, c'est une Dazhia enchaînée qui était transférée dans les geôles humides de l'Estrella.

Et voilà pour commencer.

Vos équipements vous ont été confisqués et vous ne portez qu'une simple chemise de toile qui vous arrive aux genoux. D'après ce que vous avez pu voir en arrivant, l'Estrella possède un équipage d'environ une trentaine d'hommes.
Poste en premier qui veut !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Un navire n’était jamais silencieux ; il vous parlait constamment, et j’avais passé suffisamment de temps à leur bord pour comprendre leur langage, si sibyllin aux oreilles des néophytes. Celui-ci, dans lequel j’étais présentement enfermée, craquait de toute son âme, et les œuvres vives rendaient l’écho des lames se heurtant contre le bois. Là-bas, le doux chuintement de l’eau, tombant en clapotis, signalait la présence d’un mauvais calfat, et les hommes ne tarderaient pas à devoir écoper ou à rembourrer la voie d’une lourde étoupe collante. S’entendaient tout autant les quelques marins qui s’activaient sur le tillac, et dont les pas retentissaient faiblement au-dessus de nos têtes. Enfin, ces deux gaillards-là, qui jouaient aux dés sur une table, venaient compléter le tableau auditif du bruit de ces petits cubes roulant difficilement sur la table, et de leurs rires et grognements. Il ne me fallut qu’un seul coup d’œil pour comprendre qu’ils n’étaient pas de véritables marins, ceux-là.

Ils jouaient à bord d’un navire, chose ô combien interdite à bord de presque tous les navires pour quelque marin que ce fût. L’on ne comptait plus les rivalités engendrées par les cartes et les dés pipés, les sommes d’argent que l’on perdait à crédit et dont on pouvait récupérer la monnaie, fictivement, en laissant tomber un camarade de bord. Un accident était si vite arrivé, sur un vaisseau. Et à bord de ces derniers, l’unité primait sur tout le reste, et la moindre manœuvre mal effectuée d’un côté comme de l’autre pouvait conduire à la perte du bâtiment comme à celle d’un bras ou d’une jambe lorsque l’on parlait d’un homme. Mais, eux, là, ils n’appartenaient pas aux corps même des marins, non pas, avec leur trogne patibulaire et leur dégaine de mercenaire. Rajoutez à cela l’accent estalien, et vous aviez en face de vous de vrais marineros.

Dans un sens, me disais-je, ce n’était pas plus mal, car mon œil alerte avait pu remarquer la présence d’une quinzaine de bougres à bord de l’Estrella, ce qui reportait mes estimations à quelques trente âmes. Et vu la taille du bâtiment, je gageais que, pour faire évoluer toutes ces manœuvres, bras, écoutes, amures, hâlebas et autres espars, il fallait justement peu ou prou une trentaine d’hommes. Bon, peut-être un peu moins, fallait voir. Mais, si fait, ces gus-là -les marineroes- étaient-ils les seuls à bord du navire, chargés de nous surveiller ? C’était fort peu possible, encore que l’on ne pouvait jamais savoir. Mais mieux valait qu’il y eut une dizaine de ces soldats plutôt qu’un équipage tout entier à affronter. Car, oui, je comptais bien me tirer de là à un moment ou à un autre.

Mais l’Estrella valait bien mieux que le Corbin, et, cela aussi, je l’avais entendu et senti au moment même où j’avais posé un pied sur son gaillard. Fallait voir la tronche des manœuvres. A peine goudronnées, les torons écharpés dans tous les sens, elles vous écorchaient jusqu’aux paumes les plus endurcies et couvertes de cals. Un seul coup d’œil, et l’on pressentait qu’il s’agissait presque d’un bateau-cercueil, ce genre de rafiot qui avait davantage de chances de couler par mer bonace que de flotter par mauvais grain. Et cela ne manqua pas, ou presque. Certes, pour le peu que j’en avais vu, l’équipage ne semblait pas des plus frais et des plus brillants, et je ne pouvais pas encore juger de sa véritable valeur, mais, s’il fallait imputer la faute à quelqu’un, ou à quelque chose, c’était bien à l’état du brick plus qu’autre chose. La première tempête que nous essuyâmes, et plusieurs avaries nous tombèrent sur le coin de la figure ; une écoute claqua, manquant d’emporter la moitié du visage d’un marin, des cargues cédèrent à leur tour, affalant une voile, et, lorsqu’il fallut la carguer de nouveau, un simple claquement de toile arracha le bras d’un type de sa phénoménale puissance. Plus tard encore, une enfléchure mal en point fut sciée par le poids d’un marin, et le bougre tomba à la mer. Faire effectuer un virement de bord ou un empennage au navire pour repasser par la suite au point exact où un homme était tombé à la mer pouvant prendre plusieurs heures, après que le vaisseau eût louvoyé à bonne vitesse, le bougre se noya tout simplement. Bref, et ce fut tout un autre amoncellement de drisses, étais, balancines et cornes qui furent sens dessus-dessous et la grande voile qui fut déchirée lorsque vint l’accalmie. Impossible que de pouvoir s’esbigner au loin lorsque la vigie repéra les premiers mâts d'un galion se découpant sur l’horizon. Se faire rattraper par un galion ! Plus massif et empâté que ce type de navire, tu meurs. Mais tout exténués que nous fûmes après pareille agitation, la veille de l'abordage, alors que tous les quarts avaient été annulés pour tenter de sauvegarder le navire, nous offrîmes une pitié de résistance. ‘Parles de pirates. J’en éprouvais encore de la honte, plus encore, peut-être même, que de me retrouver enchristée dans cette foutue cage, comme un vulgaire animal. Et plus encore que de cette remembrance d'avoir été prise de vitesse par un foutu galion.

Je jetai un coup d’œil aux alentours. Trois tiléens affalés dans leur cage, huit de mes anciens compagnons qui se tenaient serrés comme des sardines dans la leur, et moi, avec une autre donzelle à la chevelure de feu. Mmh… Je n’avais eu de cesse que de pourpenser à nos chances de pouvoir nous échapper de nos cages et de mettre les voiles de ce navire. A nous treize, cela demeurait possible, peut-être. Car j'imaginais bien que, désormais, nous étions tous du même bord, et pas mal dans la merde. J’avais résisté de peu à foutre mon poing dans la tronche de la nouvelle-venue une heure après qu’elle fût entrée dans ma cage. Oh, rien de personnel vraiment. Je cherchais juste un moyen de me tirer de là, et je ne connaissais pas mieux pour faire venir les gardiens jusqu’à nous, voire les faire ouvrir la grille pour nous séparer. A partir de là, les choses auraient peut-être pu évoluer. Mais il était bon, parfois, de savoir prendre son mal en patience, quand bien même n’était-ce pas du tout mon genre, quand bien même devenais-je folle à ronger mon frein, et de poser les bonnes questions. Alors plutôt que de lui coller directement une beigne, de façon aussi fortuite que gratuite, j'avais plutôt opté pour l'approche diplomatique.

«Coucou, toi, lui décochai-je en la regardant franchement, comme elle entrait dans ma cage. Tiens, tu boîtes pas ? »
Le sous-entendu était des plus évidents, mais je ne préférais pas développer, bien que lançant, à elle comme aux bougres qui l'accompagnaient, nombre de regards éloquents. Et j'espérais tout autant qu'elle me répondrait pas un typique ça parle d'expérience ?, ou quelque chose du genre, sans quoi allait-elle manger les barreaux. Y avait sûrement matière à forger meilleure répartie.
Puis, que l'on se tînt dans un coin ou que l'on s’engueulât peut-être, mon regard dériva par la suite du côté des joueurs de dés. Je tentai d'écouter un peu ce qu'il se disait, au cas où, puis, lorsque je jugeai que leur jaspinagne n'était plus si important, je les interrompis.

«Eh ? Eh, Don Michelangelo, lâchai-je en balançant un titre estalien à un des deux gus tout en le nommant du premier prénom estalien qui me passa par la tête, on va où, en fait, quelle est notre destination ? Ah, et, accessoirement, vous comptez faire quoi, de nous ? »

La réponse était plus ou moins prévisible, mais le destin pouvait parfois vous réserver quelques surprises. Encore que, là, elles étaient déjà toutes choisies ; esclavage ou pendaison. J’avais bon ?
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »

Ce fut le chuchotement désagréable de la panique qui me tira de mes songes, ainsi qu'on peut tirer un animal hors d'une mare poisseuse où il avait à peine pied.
Je me redressais d'un bloc, trop vite pour ne pas m'attirer une nausée foudroyante, vestige du coup de rame reçu à la tête alors que je tentais de m’échapper du massacre perpétré sur la Meute. Je portais une main prudente à ma tête, esquissant une grimace de souffrance mêlée de frustration. On m'avait bien eue. La bosse était toujours présente.

Une odeur rance de transpiration, d’urine et de déjection stagnait dans l’air. La cale était humide et silencieuse, hormis le bruit des dés qui roulaient sur une table. Je tournai ma tête vers la droite et je découvris deux soldats de la marine en train de parier de l’argent sur un quelconque jeu de dés. Le clapotis régulier de gouttes d’eau tombant dans une flaque marquait invariablement chaque seconde.

Je me tenais dans une cellule tout ce qu'il y avait de plus sordide, parfaitement digne d'une cale d’un bateau. Au moins, j'étais habillée, ironisai-je en mon for intérieur en découvrant la chemise de toile qui s’arrêtait au niveau de mes genoux. Et c'était déjà un confort qui m'était cher, tentais-je de me convaincre en essayant d'ignorer les relents de pourriture qui inondaient l'endroit.
Je pouvais deviner la lividité de ma peau, sentir la transpiration presque maladive qui ruisselait sur mon corps, creusant un sillon désagréable sur ma colonne vertébrale. J’avalai laborieusement une grande bouffée de l'air fiévreux de la prison. Habituée à chasser dans les steppes kislévites et norses, je me sentais mal à l’aise dans cette prison.


«Coucou, toi. Tiens, tu boîtes pas ? »

Une jeune femme se trouvait également dans la même situation que moi. Je jetais un regard acéré à son visage, porteur de l’assurance mutine de celles qui ont des origines bourgeoises. Celle-ci semblait d’ailleurs partager avec moi le fardeau de la voie des armes, si j’en jugeais aux quelques cicatrices qui zébraient sa peau. Son accent, à mes oreilles, sonnait avec l'intonation du Sud - certainement originaire de l'Estalie ou de la Tilée.

- Belle endroit pour une rencontre, raillai-je en ne faisant pas un geste pour m’approcher, adossée que j’étais au fond de la cellule.

Une vague de culpabilité me submergea alors que je pensais à l’équipage de la Meute, ainsi qu’à Gunnolf Valkorson. Cela ne pouvait pas se terminer ainsi. Je n’avais pas fait tout ce chemin depuis la Norsca pour finir dans une cellule miteuse au fond d’une cale. Gunnolf n’était pas mort en vain !

Avec un certain soulagement, je me rendis compte qu’aucun corde ou chaine n’entravait mes poignets ainsi que mes chevilles. On m'avait délestée de toutes mes possessions et je me trouvais pieds nus dans cette cellule. Mes bottes avaient été confisquées et par la même occasion le poignard qui s’y trouvait également. Décidée à ne pas croupir ici, je me mis en tête d’inspecter la cellule, cherchant à trouver une faiblesse dans ses barreaux. Alors que mes recherches avancées, j’entendis l’autre occupante interpeller les gardes. Intéressée et dubitative, je me portais à hauteur de ma compagnonne de cellule et des barreaux de la cellule afin d’observer les réactions de mercenaires. Si elle préparait une évasion, je devais en être.

J'ai pris quelques légères libertés sur la physique de Maria donc si ça dérange prévenez-moi :clindoeil:
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev, Pirate Norse
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

L'inspection de Dazhia s'avéra bien inutile : les barreaux étaient en fer, très légèrement rouillés au niveau du sol mais hormis cela ils étaient en bon état. A première vue, aucune de ces barres de fer n'était susceptible de céder aux coups et l'interstice entre elles était bien trop mince pour permettre à quiconque de se faufiler à l'extérieur.

Les marineros se retournèrent vers les cellules lorsque Maria les apostropha. Ils se jetèrent un regard et ricanèrent tandis que l'un d'eux se levait lentement et s'avança vers les cages, un sourire fendant son visage mal rasé et dévoilant sa dentition déchaussée et inégale.

- "Ce qu'on compte faire de vous, bella ? De la marchandise !" dit-il avant de s'esclaffer, imité par son collègue toujours attablé. Le regard aviné du soldat de marine s'attarda sur les courbes de la Sire et de Dazhia que l'on pouvait deviner sous leurs chemises sales de prisonnières. "Vous serez vendues un bon prix à Lashiek. On dit que les sultans adorent avoir des blanches rebelles dans leur harem ! Pour les calmer, ils les laissent une nuit dans la caserne de leurs mamelouks ... Le lendemain, elles sont douces comme des agneaux."

Un court silence plana dans la cale.

- "Et nous, raclure ! Nous, on devient quoi !" l'apostropha Elias "Trois-Doigt", entouré du reste de son équipage hagard qui s'accrochait aux barreaux autour de lui.

- "Vous, hijos de puta, vous serez vendu pour trois de cuivre au premier capitaine de galère venu." lui répondit sèchement le marineros avant que son sourire sadique ne s'étire. "A moins qu'on ne vous coupe les cojones pour garder ces beautés là." ajouta-t-il en pointant un doigt vers la cage des filles.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Aucun problème, pour la Sire ; c’est tout à fait légitime !

De la marchandise. Bha tiens, comme c’était étonnant. Et c’était très probablement dans cette volonté de conserver une belle marchandise, en bon état, que nous avions été séparées du reste de l’équipage. Les femmes d’un côté, et les hommes de l’autre. Evident, quand bien même n’avais-je préféré ne pas trop y songer. Ils pouvaient toujours essayer ; ils n’en seraient pas à leur première tentative avant de terminer avec la glotte écrasée. Je considérai le mufle et sa dentition déchaussée d’un air neutre, stoïquement. Intérieurement, je bouillais. Que l’on me prive un jour de ma liberté, ès qualité de pirate, jamais. Certes, j’étais née ainsi, et ce n’était ni par choix ni par nécessité que je m’étais tournée vers une telle voie, mais j’avais depuis longtemps embrassé ces valeurs qui nous unissaient tous. La camaraderie, le danger, l’aventure, le sang, et, surtout, notre foutue liberté. Je me sentais comme l’un de ces pauvres bougres pressé par la marine royale estalienne, raflé sur les côtés de son village natal pour aller mourir sur un énorme cercueil de bois. L’on vous envoyait au casse-pipe pour des conneries, les puissants de ce monde se foutant royalement du sort de la plèbe, et vous serviez ainsi de chair à canon pour servir les intérêts des grands. Et pour peu qu’un bien placé vous prît en grippe à bord de son propre navire, et, pour le premier prétexte, l’on vous faisait subir le supplice de la grande cale. Sincèrement, vous faire passer par-dessous la toute longueur de la coque d’un navire, voire même par-dessous la quille, halé par l’équipage qui vous tenait en laisse, et vous faire arracher la peau, les bras, le nez par la myriade de concrétions terriblement coupantes et abrasives des bernacles et autres coquillages incrustés sur la coque… Mais qui était donc le fils de pute capable d’une pareille invention ?

Sortant de mes évagations de l’âme et de mes sombres pensées, je remarquai que je n’arborais plus tant que cela un air neutre, mais plutôt bien une mine noire et meurtrière, que je tentai aussitôt d’estomper. Le regard du bougre, lorsqu’il passa sur moi comme sur ma compagne de cellule, était sans équivoque. Je gageais que, au fond, mieux valait clairement un harem que d’être servie en tant qu’esclave dans un bordel ou une arène ; c’était peut-être plus… Raffiné. Mais mieux valait surtout ma liberté. Il semblait aller de même pour celle qui était présentement à mes côtés, et qui avait eu l’intelligence de ne pas rétorquer ce que je ne voulais pas qu’elle me répondît. S’il y avait un truc qui m’agaçait véritablement, c’était de penser de la part d’une personne que celle-ci ne manquerait pas de s’activer d’une mauvaise façon, ou bien de dégoiser des idioties, et que, une seconde plus tard, elle le fasse effectivement. Cela me donnait un sentiment de légitimité tout puissant qui me donnait tous les droits pour lui gueuler dessus, insistant à quel point elle était sotte. Mais non, la nouvelle-venue s’était fendue d’une raillerie tout en maintenant ses distances avec moi.

«Ouais, tu parles… », avais-je lâché dans un sourire sans joie, un coin de mes lèvres s’ourlant dans une moue plus que sarcastique. Puis je l’avais vue examiner les barreaux avec minutie.

«Cherche pas, ma belle ; c’est aussi bien peine perdue que ça serait trop beau. »
Je n’avais pas même pris la peine de correctement vérifier, tant cela me serait paru gros. Un des ongles de ma partenaire de malheur vint faire s’effriter une mince pellicule de rouille, mais sans plus, alors qu’elle le faisait glisser contre un barreau. Hélas, c’était bien ce que je me disais ; rien à faire de ce côté-là. Quant à nos autres compagnons d’infortune, qui demandèrent leur sort avec autant de diplomatie que je n’en avais montré, la réponse fut plus ou moins la même. Ils serviraient en tant que galériens, à ramer, ramer, et ramer encore, la peau du dos éclatant sous les coups de fouet donnés à répétition, cramant sous le soleil de plomb, et cela jusqu’à se tuer à la tâche. Y’avait des moments où être une femme avait ses avantages, encore que je ne savais quel sort était véritablement le mieux. Bref, fallait clairement se tirer de là.

Mais cela demeurait difficile, dans ces conditions. J’observai ma vêture et celle de ma partenaire ; une simple tunique àlakon qui me descendait jusqu’aux genoux. Fort heureusement. Et rien d’autre, que dalle. Mon pistolet, ma rapière, mes dés et cartes et tout… Plus rien. Tiens, penser à mes ustensiles de jeu, que je chérissais au même titre que mes armes, me donna une idée. C’eût été des plus cons, vraiment, que de se barrer de là sans même savoir où se trouvaient nos possessions. Mais il y avait peut-être une possibilité de savoir où ils les avaient refourguées.

«Y’a moyen de jouer ? Je suis sûre que je vous démonte. Puis j’ai mes propres dés. Enfin, je les avais, avant que vous les foutiez je ne sais pas où. A travers les barreaux, sans risque, et à distance si vous voulez. C’est plus drôle à trois, voire à quatre. Parce que là, je me fais foutrement chier. »

Ouais, dans l’idée, me disais-je, ce n’était pas bête. Et puis ça me permettrait aussi bien de passer le temps que d’apprendre à connaître, peut-être, ces deux geôliers, avant de tenter toute action qui pouvait se révéler aussi intrépide que vaine.

Je sous-entends donc qu’ils puissent, s’ils acceptent, aller chercher mes dés là où ils les ont mis, avec, peut-être, nos autres possessions. Je check donc où serait le sac. J’en profite également pour voir qui pourrait porter les clefs, à moins que les deux les aient, possiblement. Et voir si je peux en apprendre un peu plus sur eux, de par leur comportement, réponse, ou même le jeu. A voir.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2016, 14:35, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »

Un pli passager de rage déforma mes lèvres. Cela faisait longtemps que j'avais cessé de me laisser abattre par mon sort, mais lorsque cela avait un rapport avec ma liberté et ma condition de femme, mon humanité se révoltait. Qui que fût-ces sultans qui payaient des mercenaires pour se payer des femmes cela me rendait folle. Il y avait bien des roitelets et des despotes de par le vaste monde, mais leur multitude ne devait pas les banaliser. Ce n'est pas parce qu'un mal est répandu qu'il se légitime, de quelque façon que ce soit.
J'eus un claquement de langue agacé, refusant obstinément de regarder le geôlier dans les yeux. Je ne pouvais pas vraiment en vouloir à ces deux-là, qui étaient probablement aussi victimes que moi dans cette histoire, à leur manière. L'embrigadement, je connaissais ça. Ce n'était pas pour autant que j'hésiterais à les contraindre, les blesser, ou les tuer si j'y étais forcée pour recouvrer ma liberté. Un sourire de dérision passa sur mes traits.
Sans armes, ce serait compliqué. J'en avais bien évidemment été délestée, et je n'en voyais nulle trace sur le plancher de la cale.


- Vous êtes donc sous les ordres de ces sultans. Moi qui pensais que les Estaliens étaient fiers et indépendants…

J'avais effacé de ma voix toute tonalité colérique, n'y glissant qu'une curiosité presque désintéressée. Si je m'étais entendue, j'aurai pu croire que je cherchais simplement à tuer le temps. Décidément, les vieilles habitudes reprennent vite le dessus lorsqu'on est dans une situation compliquée.

Sans même attendre une réponse, je repartis vers le fond de la cellule, laissant ma compagne de geôle abattre ses cartes. Celle-ci arborait une assurance de celles qui ont appris à faire de leur corps un instrument aussi doux que tranchant. Pour ma part, j'avais toujours préféré oublier le côté mielleux, consciente que j'étais vouée à suivre le chemin des armes. Même si généralement je me refusais à utiliser mes charmes féminins – cela facilitait toutes les situations – je pouvais également faire preuve d’une entreprise déconcertante pour obtenir ce que je voulais. Mais cette fois, je préférais prendre du recul, de toute manière ma partenaire semblait avoir une idée derrière la tête. Même si je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir avec sa partie de dés.

En retrait dans la cellule, j’avais dorénavant un champ d’actions élargit, d’autant plus que les deux marineros étaient distraits par les propos de l’autre femme. J’observais les deux mercenaires pour essayer de trouver la clef de la cellule, mon examen des barreaux ayant été peu concluant. J’avais à peine réussie à effriter une mince pellicule de rouille avec un de mes ongles et l’état des barreaux était plutôt bon. Notre évasion ne se ferait pas grâce à un barreau endommagé. Alors que je cherchais le trousseau de clefs, mon regard s’attarda sur une autre cellule qui contenait trois tiléens. Que pouvait-il bien faire ici ?
Les huit autres pirates, qui apostrophaient aimablement les deux geôliers, devaient sans doute faire partis du même équipage que la jeune femme. Quant est-il de ces trois-là qui restaient silencieux ? Tandis que ma compagnonne de cellule s’occupait des marineros, je décidai de m’intéresser aux Tiléens. Autant étudier toutes les pistes possibles avant de se lancer..

Dazhia "critique" légèrement l’idée des dés mais seulement parce qu’elle ne sait pas où Maria veut en venir. Moi je sais ce que tu veux faire et c’est une bonne idée. Pas taper, pas taper :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2016, 16:02, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev, Pirate Norse
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test d'observation de Dazhia (basé sur Int) : 2, réussi.
La nordique étudiait minutieusement le garde, essayant de repérer un éventuel trousseau de clés. Elle remarqua qu'il portait une chaîne autour du cou. Les maillons disparaissaient dans le col de son pourpoint en cuir sale qui s'ouvrait sur les lacets de sa chemise et sur les poils de son torse. Quand l'homme parlait et bougeait, son col dévoilait un anneau au bout de la chaîne et la jeune femme remarqua fugacement la tête de plusieurs clés qui y étaient accrochées, et dont elle devinait la tige sous la chemise délavée. Ainsi le garde portait-il les clés des cages autour de son cou.

Quant aux tiléens de la cellule d'en face, ils ressemblaient à n'importe quels marins : pantalons de toile et vieille chemise en lin, le visage mangé par la barbe et les traits marqués par le sel et le soleil. L'un d'eux avait les cheveux et la barbe blonds au poil roussi par une vie passée en mer, un autre avait une boucle en or à chaque oreille, une mâchoire carrée encadrée par des favoris épais et le troisième avait des cheveux noirs de jais en bataille garnis de quelques tresses, elles-mêmes décorées de perles colorées. Pirates ou non, ils était eux aussi prisonniers dans les entrailles de l'Estrella, et leur attitude résignée et leur silence devaient signifier qu'ils croupissaient là depuis un bout de temps.

Test de Char de Maria (+2) : 6, réussi.
Le marinero se retourna vers la Sire et la scruta du regard, sourcils froncés. Il jeta un coup d’œil à son collègue.

- "Tu sais ce que je risque moi, à jouer aux dés avec des prisonniers ?" demanda le soldat à la jeune femme. "El capitán est pas un tendre ..." Son regard légèrement jaune se posa sur les attributs de Maria. "Et puis, t'as pas grande chose à parier sur toi ... si ?" dit-il avec un sourire lubrique.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Bon, pour la taille du poste, on repassera, mais je n'avais pas grand-chose à dire entre deux dialogues.
Ben voilà ; l’on en revenait toujours à la même chose, avec ce genre de types, mercenaires et soldats qui ne voyaient pas grand-chose d’autre qu’une épée, du sang, et qui, passant leur temps sur un navire militaire, ne devait pas non plus voir beaucoup de femmes. Et voilà ce qu’il se passait lorsqu’ils posaient les yeux sur l’une d’entre elle, et cela d’autant plus que je me trouvais enfermée dans une cage. Même en occultant la puanteur des lieux, le moisie qui suintait des tissus humidifiés et de la paille trempée par les voies d’eau, la tronche du bougre ne me donnait envie de rien.

«Non, j’en sais rien. Tu risques quoi ? »
Allez, dis-m’en davantage, mon grand. Je ne connais rien de ton capitaine, mais savoir de quoi il est capable, jusque où il pourrait aller, est toujours quelque chose de bon à prendre. Apprends à connaître tes amis, et mieux encore tes ennemis. C’était pas comme ça, que l’on disait ? Mais je me disais qu’il y avait peut-être la possibilité d’en savoir un peu plus sur l’équipage, alors même que l’on venait d’aborder le sujet del Capitan. Fallait la jouer finaude, et pas trop évidente. Quoiqu’il s’en foutait peut-être ; n’étions-nous pas enfermés, pratiquement à poil ? Mais peut-être, toujours des peut-être, parlait-il du capitaine de son unité, et non pas de celui de l’Estrella. Bha, fallait que je tente ma chance tout de même. Au mieux, j’en saurai davantage, au pire, je passerai pour une idiote, et ils se méfieraient d’autant moins de ma petite personne.

«Les marineros sont aux ordres du capitaine ? J’connais pas trop les modes estaliennes, mais je me disais que c’était deux trucs différents. Genre un côté l’équipage avec le capitaine du navire, et puis, de l’autre, vous. Toute façon, j’vois pas trop ce qu’ils pourraient vous faire faire. C’est pas comme si j’y connaissais grand-chose en stratégie, mais bon, entre un type qui a manié les manœuvres toute sa vie, et l’autre les armes, y a pas tableau. Vous jouez bien aux jeux de hasard sur un navire. »

Oui, j’avais eu envie de dire « photo », instinctivement, mais je ne savais même pas ce que c’était. Qu’importait ; j’avais aucune possession matérielle à échanger en cas de défaite, mais la réciproque était tout aussi vraie. Il pouvait toujours me déshabiller du regard en étirant les lèvres façon prêtre de Sigmar qui aime les petits enfants, ça ne changeait que dalle à la donne.

« On joue comme ça ; c’est pas non plus comme si j’avais grand-chose à gagner, hein ? Si je te bats, j’ai quoi, ma liberté ? Arharharharh. »

J’imaginais bien ce qu’il voulait, ça, pas de doute. Mais je ne voyais pas trop ce qu’il pouvait m’offrir en cas de victoire ; la liberté était évidemment une chose qu’il ne pouvait pas se permettre de m’accorder. Alors, si jamais il trouvait une chouette idée, pourquoi pas.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2016, 18:17, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »

Je me mis à détailler ouvertement chaque tiléens de la cellule d’en-face. Pour avoir suffisamment baroudé afin de connaître la chose, je savais qu'un groupe aussi vulnérable que le nôtre allait devoir se souder, se lier d'une cohésion très solide, pour pouvoir sortir de cette cale.
Je voyais des visages hâves, et les privations seules ne leur avaient pas donné ce caractère famélique. La terreur et l'angoisse profonde qui taraudait tout être humain, celle de la mort, pouvait faire d'une personne a priori en bonne santé une sorte d'ombre d'elle-même. Si je pouvais seulement balayer cet effroi qui régnait sur leur cœur, je serai alors en mesure de leur restituer un peu de leur dignité, d'ôter quelques plumes à ce fardeau sur leurs minces épaules. Ces trois-là semblaient perdus dans une attente interminable.
Je gagnais le fond de la cellule où je m’assis, adossée aux barreaux de fer. Ces mêmes barreaux qui me privaient de ma liberté. La cellule qui nous faisait face était résignée. A l’écoute des jérémiades viriles des autres captifs notre évasion semblait être plus envisageable avec leurs aides.
Un sourire enfantin perla à mes lèvres. Il était bien innocent, bien ridicule en d'autres circonstances. Mais ici, au cœur du désespoir et de l'accablement, c'était une perle précieuse de ce que nous autres humains avons de plus cher.

Je fermais les yeux, laissant vagabonder mes pensées loin d'ici, très loin de cette cale hideuse et anxiogène. Les vastes steppes norses s'offrirent à moi. Les silhouettes minces et petites de ses habitants déambulaient ici et là, cernées par des yourtes faits la plupart du temps en cuir. Un clan sauvage à peine intégré à la société. Une pointe de fierté teintée de tristesse se ficha dans mon cœur comme je découvrais ce village typique qui me rappelait tant Ulferth.

Le rire forcé de ma compagne de cellule me sortit de mes pensées. Cette dernière continuait à discuter avec le garde. Celui-là même qui portait les clefs des cellules autour de son cou. Je reportais mon attention sur les autres individus de la cale. D'un œil affûté par la certitude que le sens du détail pouvait sauver la mise, je cherchais à repérer et comprendre ce qu'on avait laissé aux prisonnières pirates, et ce qu'on avait pu leur ôter. Comprendre les actions d'un geôlier pour mieux deviner sa prochaine action, et éventuellement les défauts de sa réflexion.
L'instinct de survie grondait en moi comme un animal acculé.

J'observe la cellule qui renferme Elias "Trois-Doigts" et ses sept pirates. Ensuite je me concentre sur le garde qui est resté à la table.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 janv. 2016, 18:01, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Elias "Trois-Doigts" et les pirates qui se trouvaient dans sa cellule avaient des tronches patibulaires et un air miteux. L'un d'entre eux avait un crochet, un autre avait une jambe de bois. Les gencives attaquées par le scorbut, le nez rouge et gonflé par la boisson, les traits fatigués. Il y avait deux vieillards en sale état, à tel point qu'on pouvait bien se demander quel capitaine de galère voudrait bien les acheter. Ils portaient tous des chemises sales et à moitié déchirée du même acabit que celles que portaient les filles et les tiléens d'en face. Elias, lui, était grand et maigre. Il portait la barbe en un bouc rêche et ses cheveux sales étaient tirés en arrière par un catogan. Sa joue gauche et ses arcades sourcilières étaient couturées de cicatrices, traces d'anciens combats et de bagarres de taverne. Son surnom lui venait certainement de sa main gauche, à laquelle il manquait l'annulaire et l'auriculaire qui étaient remplacés par une horrible cicatrice.

Quant au second marinero, il ressemblait à son collègue : même équipement, même gueule de mercenaire. Il écoutait d'une oreille distraite en remplissant son gobelet de vin plus que de raison, les yeux rivés sur les deux femmes. A vrai dire, il avait l'air passablement ivre.

Le soldat qui parlait à Maria rigola en se grattant le coup puis posa les mains sur les barreaux en regardant la jeune pirate droit dans les yeux. Il éluda ses questions, ne répondant qu'à ce qu'elle proposa en dernier.

- "Tu me prends pour un jamón. Escúchame bien, mi bella. On va pas jouer pour rien. Si toi et ta copine gagnez, je m'arrange pour que vous ayez autre chose à bouffer que du pain rassi. Si vous perdez ..." Il jeta un coup d'oeil vers l'autre marinero qui inclina la tête avec un sourire stupide. "... vamos a hablar un poco, acuerdo ?"

Elias "Trois-Doigts", debout contre les barreaux de sa cellule, poussa un soupir dépité et s'accroupi au sol en secouant la tête.

- "Eh beh mon cochon ..."
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