- Mon amour tant fol m’aime-t-elle ? murmura Wilhelm en tenant Elise dans ses bras. Si fol pour s’effeuiller céans sous la lune ? Si fol pour entonner quelques tristes proses à mon départ ? Si fol pour…
- Quelle étrange manière de parler ! l’interrompit-elle en rigolant.
- C’est ainsi que s’exprimaient les poètes d’antan, lui répondit Wilhelm. Le contexte le justifie.
- Je comprends, mais pourquoi parler ainsi ? C’est un vieux poème ?
- Non, je l’ai écrit moi-même.
- Pourquoi l’as-tu écrit ainsi ? insista Elise. Tu ne parles pas comme ça d’habitude !
Le jeune noble grimaça.
- Je… je voulais évoquer une époque passée, une ère plus romantique. Un âge d’intenses passions et…
Elise leva un sourcil.
- Es-tu en train de prétendre que romance et passions intenses n’existent plus ? Comment dois-je le prendre ?
- Non, je…
Wilhelm hésita, puis soupira, vaguement exaspéré.
- Tu n’es pas le genre de fille à aimer qu’on lui récite des poèmes. Je ne suis même pas certain que tu veuilles entendre la suite.
- Ah, mais bien au contraire, lui répondit-elle avec un sourire timide et en déposant un baiser sur sa poitrine. A moins que tu préfères apprendre combien fol ton amour t’aime, ajouta-t-elle en lui embrassant le cou. Peut-être cela te permettra-t-il d’ajouter quelques vers un peu plus croustillants à ton poème.
Wilhelm grogna et l’attira à lui pour l’embrasser longuement. Les corps se rapprochèrent l’un de l’autre. Elise fit courir ses mains le long de son dos et le désir monta en elle comme la chaleur d’un feu intense.
Le feu s’intensifia et elle roula au-dessous de lui, Wilhelm lui mordilla l’épaule alors que leurs mains caressaient leurs corps. Le tempo monta, les lèvres du jeune noble trouvèrent son cou. Ses doigts étaient brûlants, son odeur enivrante. Le goût sur sa langue eût raison de sa résistance. Il perdit tout contrôle de lui-même. Poussant un cri animal, il lui déchira la gorge de ses crocs.
Wilhelm Hollenbach se réveilla d’un bond, haletant, le goût du sang d’Elise sur les lèvres et son odeur sur sa peau. Le rêve s’estompa doucement et il se laissa retomber en arrière, le regard vide. Cela se passerait-il ainsi s’il devait revoir Elise ? Cette passion serait-elle à la mesure de sa colère, transformée en rien d’autre que de la rage et de la violence ?
Son questionnement terminé, le vampire nouveau-né se releva.
L’odeur du sang planait jusqu’à ses narines. Du sang pas encore versé, du sang toujours dans les veines. Il pouvait également l’entendre courir dans les vaisseaux, en des pulsations effrayées. Ses yeux voyaient le monde en rouge et noir.
La senteur se renforça, les pulsations devinrent plus fortes, à peine supportables, extirpant toute pensée de sa conscience jusqu’à ce qu’il ne soit plus hanté que par cette faim, ce vide rugissant qui réclamait d’être comblé. Il lui criait qu’il mourrait s’il ne le faisait pas et que cette mort ne serait pas pour lui une délivrance. Il lui hurlait que rien d’autre ne comptait, pas même la loyauté, ni l’honneur et encore moins la compassion. La seule chose importante était de s’accrocher à l’existence, même dans cette non-vie, aussi longtemps qu’il le pourrait.
Cette odeur provenait de l’étage inferieur où étaient attablés les clients de l’auberge. A tout moment, Wilhelm Hollenbach pouvait descendre les escaliers et massacrer les clients afin de se nourrir. Mais les paroles de Nahabazzar, son mentor, refirent surface :
La discrétion doit être de mise !
Débouchant rapidement une des fioles que Nahabazzar lui avait données, l’apprenti nécrarque porta la fiole à ses lèvres, un sang riche et froid se répandit dans sa bouche. Un frisson de plaisir lui traversa le corps. Il laissa le liquide lui emplir la gorge et glisser jusqu’à son estomac puis jusque dans ses propres veines. Cette sensation était délicieuse, enivrante, plus forte que le kvas, plus douce que le brandy, plus réconfortante qu’un bouillon chaud par une nuit froide de Kislev.
Une fois cette tâche effectuée, Wilhelm Hollenbach sortit de l’auberge sous le regard anxieux du tenancier, et se rendit vers le coche pour reprendre la route. Il retrouva le chariot au même endroit, sans nouveaux chevaux et le cocher ne semblait plus être là. L’ancien noble se rappela des regards que leurs lançaient les gardes à leurs arrivées. Il craignait le pire…
Wilhelm s’approcha du coche pour voir si Ygor n’avait pas laissé un message. Le vampire en doutait fortement car le kislévite ne devait sûrement pas savoir écrire.[/font][/i]
Si Wilhelm ne trouve pas de message, il cherche les traces d’un possible affrontement autours du coche. S’il ne trouve toujours rien, il part à la recherche du maréchal-ferrant de la bourgade.
Bonne année et à l’année prochaine !