Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par [MJ] The Puppet Master »

En ce début de printemps, la tribu Dolgan savoure la fonte des neiges et la réapparition des touffes d'herbes sur ses steppes. Les guerriers s'entrainent avec ardeur, se préparant à accomplir les premiers raids et les paysans retournent dans les champs pour les labours et les semences. Les jeunes gens, comme Eskil, tentent de s'attirer les faveurs des jeunes filles du clan et, à défaut, abusent de quelques esclaves capturées avant les frimas de l'hiver. Bref, le clan sort lentement de sa torpeur et étire ses membres engourdis par le froid. Partout, l'impatience se fait sentir et chacun a hâte de reprendre ses activités favorites.
Durant tout l'hiver, Eskil a eut à supporter les psalmodies à la gloire de Tzeentch. Il est plus que temps pour lui de prendre un peu de recul et de se recentrer sur son dévouement à Khorne.


__________


Quelques jours plus tard, le chef du clan Olnàr Erjik, fils de Brytäg Lyomar, un colosse aux cheveux de feu et à la barbe tressée, aux dents noircies et à la puissance destructrice, une énorme épée à deux mains en permanence en bandoulière dans son fourreau de peau, s'avance sur le champ où s'est réuni le clan. Tous y ont été convoqués quelques heures plus tôt. Eskil se trouve dans la masse des quelques deux cents âmes que comptent le clan et, du fait de sa taille modeste, il a toutes les peines du monde à apercevoir Olnàr approcher. Le chef du clan, monte sur un petit monticule et gravit le rocher sacré des chefs du clan avant de lever la main en direction de la foule ce qui a pour effet immédiat de soulever une clameur puissante et rauque de la part de tous les hommes présents. Puis, il s'adresse au clan d'une voix résonnante :

Tzeentch a parlé !

Une nouvelle clameur retentit et vient hérisser le poil de Eskil, qui fulmine intérieurement contre un tel enthousiasme pour un pantin tel que ce faux dieu.
Tzeentch est venu, en rêve, visiter nos prêtres et annoncer la venue imminente de Rhuhhaq'ch, monté sur son monstrueux destrier.

La foule reste muette, clouée par la stupéfaction.

Oui ! Le seigneur de guerre favori de Tzeentch est en route pour nous mener vers Kislev !
Hourra ! Hourra !
Préparez-vous ! Nous allons marcher sur Kislev ! L'heure est venue de soumettre ce peuple qui nous dénigre depuis toujours et d'accomplir la vengeance de Tzeentch !
Hourra ! Hourra ! Hourra !

Le clan devient hystérique et Eskil a du mal à le supporter...
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Eskil Dolgan

Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par Eskil Dolgan »

Eskil, perdu au milieu de la foule de ses congénères, resta silencieux devant les clameurs qui montaient à présent au sein du gros des membres du clan. Il soupira légèrement, roulant des épaules et se préparant à la lourde aventure qu'il avait mûri depuis déjà plusieurs mois. Il attendit quelques instants que le chef eut fini de parler -car il n'aurait pas commis l'incorrection de parler lorsque ce n'était pas son tour- pour crier de sa voix posée :

Olnàr Erjik, fils de Brytäg Lyomar, chef du clan Dolgan, je me propose de partir en quête de la bénédiction des Dieux en ce jour qui voit l'avènement d'un nouveau Prophète de Tzeentch, selon notre tradition. Que tous soient désormais au courant que moi, Eskil, fils de Sven, entreprends de devenir un Élu des Dieux et de servir pour la plus grande gloire de notre Seigneur !

Il y eut un instant de flottement. Les maraudeurs se tournèrent vers le jeune Kurgan, et le dévisagèrent en murmurant leurs avis divers sur la question :

- Non, il n'a pas vu assez d'hivers pour survivre.
- Le clan ne peut se permettre ce genre d'errances, pas après que nos effectifs aient été saignés à blanc.
- Il a le droit, c'est dans la tradition !
- Si les Dieux le choisissent, sa destinée est toute tracée...

Eskil inspira un grand coup et bomba le torse, c'était maintenant qu'il s'agissait de devenir convaincant... Il marcha vers le chef des Dolgans, les autres membres du clan se poussant sur son passage pour que tout se passe selon les usages. Eskil se planta devant le monticule. Il avait un air fermé et décidé, mais l'anxiété se lisait sur son visage par les quelques tics nerveux qui parsemaient son corps et son visage. Il était fébrile, et son désir de gloire transpirait par tous les pores de sa peau en ce moment là. Le jeune maraudeur fit un demi-tour sur lui-même, fixant les autres maraudeurs de son regard bleuté :

S'il en est d'autres braves qui désirent se joindre à moi, qu'ils se nomment sur-le-champ, ou qu'ils se taisent devant l'Elu.

Eskil tenta de garder un air neutre malgré la tension qui gagnait peu à peu tous ses muscles. Ses mains se crispèrent sur le manche de sa hache. Il attendait impatiemment -non sans espérer que d'autres jeunes aient la même audace- la décision des autres membres de sa tribu, et la réaction d'Olnàr...
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 26 avr. 2009, 22:59, modifié 1 fois.
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Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par [MJ] The Puppet Master »

Olnàr Erjik, fils de Brytäg Lyomar, chef du clan Dolgan, fronce d'abord les sourcils et émet un grognement quand Eskil vient, au devant de tous, réclamer son droit d'entreprendre de devenir un élu des dieux, alors même qu'il annonce la venue de Tzeentch et son désir de prendre Kislev. Ce jeune impudent serait-il prêt à abandonner son clan à un tel moment ?
Puis les traits de son visage se détendent et il répond, après quelques secondes de flottements ponctuées de murmures parcourant la foule :


Soit, Eskil, fils de Sven, puisque c'est la tradition, je ne saurai m'y opposer... Mais sache que nous aurions préféré que tu choisisses mieux ton heure, mon garçon.

Puis, Olnàr s'adresse à nouveau à la foule frémissante :

Que tous ceux qui, comme celui-ci, ont décidé qu'il était temps pour eux, s'avancent, qu'on en finisse !

Un instant, tout le monde se regarde sans oser bouger, mais rapidement, un puis deux et enfin trois hommes sortent des rangs pour rejoindre Eskil.

Est-ce tout ? Bien. Faites ce que vous avez à faire... souffle Olnàr en passant devant Eskil.

Rapidement, tout le monde se disperse et s'en retourne à ses activités laissant là les quatre prétendants au titre d'élu des dieux.
Il y a Erec Òlofsson, un des meilleurs combattants du clan depuis qu'il est à peine plus âgé qu'Eskil. Il n'est pas plus grand, ni plus musclé, ni plus fort, ni plus rapide que les autres Dolgan mais il est assurément plus beau. Sa chevelure brune coupée court, son visage glabre et son teint halé en font le préféré de toutes, et le plus jalousé de tous. Ensuite, vient Alfrund, chasseur et éleveur de rennes. Eskil ne sait pas grand chose de plus sur cet homme discret mais droit et scrupuleux. Enfin, il y a Ogkan Sielizek, jeune homme prétentieux sensiblement du même âge qu'Eskil. Son sourire en coin et son air hautain en disent long sur sa personnalité.


Et maintenant ? se hasarde Alfrund.
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Eskil Dolgan

Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par Eskil Dolgan »

Eskil ferma un instant les yeux, se relâchant de la pression qui s'était accumulée, depuis le temps qu'il attendait ce moment. Il expira par le nez, extirpant de l'air froid l'une des dernières buées de la saison. Le jeune Maraudeur soupesa du regard chacun des Kurgans qui s'étaient rassemblés. Un mince sourire se lisait sur son visage, qui paraissait comme soudainement apaisé après le moment de tension qu'il venait de vivre, tant l'attente l'avait rongé d'angoisse. Dans l'ensemble, Eskil était très satisfait des nordiques qui souhaitaient retenir l'attention des Dieux. De solides combattants, tous autant qu'ils étaient. Le Dolgan ne put s'empêcher de noter qu'il devait garder à l'oeil Erec et Ogkan, car une rivalité pouvait naître rapidement entre des caractères forts et assurés comme ces deux là... Il se détendit néanmoins. Ce n'était pas encore le moment de se soucier de ces choses, l'heure était à la fête, car c'était une grande épopée qui était sur le point de se dérouler !

Maintenant... dit-il en s'approchant vers Alfrund et en posant sa main sur son épaule, il est l'heure de sceller nos montures et de préparer nos épées, d'embrasser une dernière fois nos femmes, et de festoyer comme jamais ce soir, car demain, nous chevaucherons vers le Nord !

Eskil se tourna alors vers les autres Kurgans, tentant d'alléger l'atmosphère comme seuls les Nordiques pouvaient le faire...

J'espère simplement vous laisser suffisamment de trophées pour que vous ne reveniez pas la queue entre les jambes d'ici une semaine... !

Et il se mit à rire à gorge déployée, tentant de lier des liens avec ses futurs compagnons de voyage.
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 28 avr. 2009, 21:50, modifié 2 fois.
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Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par [MJ] The Puppet Master »

C'est ainsi que, le soir venu, débute le premier banquet de la saison, tant en l'honneur de l'annonce de la venue de Tzeentch que pour fêter le départ des quatre prétendants au titre d'élu des dieux...
Ogkan s'en donne à cœur joie et ne boude pas son plaisir d'être une des attractions de la soirée contrairement à Alfrund qui préfère garder auprès de lui sa femme et ses six enfants pour les choyer et les embrasser une dernière fois avant son départ. De son côté, Erec est, comme à l'accoutumée, le plus courtisé des hommes. Autour de lui les jeunes femmes du clan se bousculent pour obtenir un baiser en espérant plus, évidemment.
Le banquet continue ainsi, deux heures durant avant que Ogkan ne se décide à s'approcher de Eskil pour entamer une conversation sur le pourquoi de tout ceci.


Dis-moi, Eskil, je trouve bien étrange que le jour où Olnàr annonce l'arrivée de Rhuhhaq'ch, seigneur de guerre favori de Tzeentch, pour nous mener en guerre contre Kislev, tu décides, pour sa gloire, de partir dans l'autre sens prouver ta valeur...
Paradoxal, non ?


Affalé sur un banc, un sourire en coin, Ogkan fixe Eskil et murmure :

Que manigances-tu Eskil, fils de Sven...

Sans attendre de réponse, il se lève et s'en retourne boire avec ses amis, non sans avoir ajouté, en passant :

Je t'ai à l'œil...

Sur ces entrefaites, Erec, qui a réussi à obtenir un instant de répit, vient s'assoir à côté de Eskil qui regarde s'éloigner Ogkan d'un œil noir. Il lui tape sur la cuisse, dans un geste amical et dit :

Ne sois pas si soucieux, mon jeune ami... À te voir, on dirait que tu regrettes ta demande.
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Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par Eskil Dolgan »

Eskil plissa les yeux en regardant Ogkan quelques instants avant de se permettre une réponse. Il cherchait à percer le comportement du Nordique à jour. Comment pouvait-il se douter de quoi que ce soit ? Comment se faisait-il qu'Ogkan, qui partait pourtant lui aussi, trouve spécifiquement son comportement étrange ? Laissant ces questions sans réponse à plus tard, il balaya ses doutes et son air soucieux d'un hochement d'épaules dubitatif. Se tournant à présent vers son interlocuteur, le jeune Kurgan répondit avec un sourire en coin :

Ce n'est pas le cas, non..., laissa t-il en suspens.

Eskil laissa aller son regard et embrassa la vaste tente du banquet d'un coup d'oeil. Toute son enfance était ici rassemblée. Ces rudes nordiques, il les connaissait. Cette tente, ces meubles, et même cette terre battue, il les avait maintes fois vus. Tout concourait à lui insuffler un sentiment mêlant nostalgie et envie de renouveau. Eskil posa à nouveau son regard son Erec, qui semblait tenter de déchiffrer le visage sans expression d'Eskil. Il se prit machinalement le poignet droit de sa main gauche, et le fit tourner pour s'échauffer, un vieux tic qu'il avait pris après des années à débourrer les étalons du clan les plus rétifs, qui demandaient une poigne à toute épreuve.

Ne trouves-tu pas que tout ici semble tout d'un coup futile ?, lança t-il soudain.

Le Dolgan fixait à présent son interlocuteur, le sondant de ses yeux clairs. Il n'attendit cependant pas de réponse, et tourna la tête vers la foule, son regard bleu perdu dans le vague, fixant un point invisible. Il expira par le nez en retenant un rire, puis se racla légèrement la gorge avant de continuer:

Le vin, commença t-il en secouant doucement la coupe qu'il venait de saisir sur la table, la viande, les danses, les femmes. Tout cela n'est-il pas tout d'un coup inutile, devant la grandeur qui nous attend ? Je le pense...

Eskil marqua une petite pause, reposant la coupe et la lorgnant avec un dégoût non contenu. Il avait toujours détesté les excès, qui nuisaient à sa forme physique et l'empêchaient de s'entraîner correctement, rendant son corps mou et lent. Il s'était juré il y a déjà deux ans de se restreindre à l'essentiel. Des œufs, de la viande bovine, des légumes, et surtout, jamais d'alcool. Il nota mentalement qu'il commençait à ressentir l'envie de se défouler en s'adonnant à quelques exercices, envie qu'il réprima promptement pour continuer en désignant Alfrund du menton:

Regarde-le. Il a peur. Ça se sent. Il s'accroche à ce qu'il possédait, de peur de tout perdre à jamais, maugréa t-il, amer. Moi, je n'ai rien, rien si ce n'est ma hache et ma jument. Je ne perds rien, et je veux tout, pourquoi regretterais-je ma décision ?

Eskil sourit à Erec, il était heureux de trouver quelqu'un avec qui discuter, et espérait qu'Erec comprenne son point de vue, car il aurait aimé pouvoir parler plus avant avec ce dernier, afin d'échapper aux regards en coin d'Ogkan qui me manqueraient pas de pleuvoir pendant toute la soirée...
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 29 avr. 2009, 17:22, modifié 1 fois.
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Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par [MJ] The Puppet Master »

Erec répond au sourire de Eskil avec une petite moue de déception.

Si jeune et déjà cynique... commence-t-il, Tu cherches à te faire une place au soleil, à être reconnu. Je comprends. L'ombre des ainés est souvent pesante mais prends garde, jeune Eskil, a ne pas te brûler les ailes...

Il se lève et pose sa main sur l'épaule du jeune homme.

Peut-être Alfrund a-t-il peur, oui, mais il sait se débrouiller seul hors du clan. C'est un bon cavalier, un excellent chasseur et il est aguerri à la vie dans les steppes. Il ne manquera de rien, sois-en sûr. Crois-tu être aussi capable que ce modeste éleveur apeuré ? Encore une fois prends garde car, avant de prouver ta valeur à Tzeentch, il te faudra survivre...

Puis Erec se fend d'un large sourire et ajoute :

Bah ! Ne prête pas trop attention à ce discours paternaliste, j'ai trop bu et je parfois je me laisse aller. Sois jeune et vis !
J'vais m'coucher !


Après un clin d'œil et une dernière tape sur l'épaule, il s'éloigne en titubant vers celles qu'il avait laissé quelques minutes plus tôt et, une à chaque bras, quitte la tente.

Non loin de là, Ogkan discute d'un air distrait avec un groupe de jeunes Kurgans et adresse à Eskil un hochement de tête pour lui signaler qu'il le surveille déjà.

Peu à peu, la tente du banquet se vide. Certains dorment la tête au milieu des chopes ou affalé sur un banc. Quelques rires fusent encore au dehors mais la plupart des Dolgan ont rejoint leurs pénates pour terminer la nuit.
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Eskil Dolgan

Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par Eskil Dolgan »

Eskil regarda, impuissant, s'éloigner Erec après qu'il l'eut dûment sermonné pour tenter de réfréner ses ardeurs. Il se repassa les derniers mots du Kurgan mentalement, encore, et encore, goûtant la saveur de chaque mot. Tzeentch, survivre... ? A chaque fois que ces deux mots résonnaient dans sa tête, il sentait une petite pointe de chaleur s'insinuant en lui. Cette sensation montait, semblait se déverser dans ses veines, se répandre dans tout son corps. Très bientôt, Eskil était complètement furieux sans aucune raison apparente, ivre de colère, avide de prouver au monde entier qu'il était non seulement capable de survivre, mais également de défier les adorateurs de Tzeentch, de défaire ces faibles, de les écorcher vif, d'ouvrir leurs pathétiques corps frêles en deux, de...

- Eskil, tout va bien ? s'enquit Matheld, une jeune femme de sa tribu qui fronçait les sourcils en dévisageant le jeune homme. Tu trembles de partout, as-tu froid ?

Coupé dans ses visions de massacres et de gloire éternelle, le Kurgan revint à la réalité et ouvrit la bouche. Il se rendit alors compte que tout son corps était secoué de violents spasmes nerveux qui commençaient à le lancer, tant ses muscles s'étaient contractés et durcis par le sursaut de rage qui s'était emparé de lui. Il déserra ses poings, et mima un frisson, désireux de ne pas s'embourber dans des explications inutiles

Tu as l'œil de l'aigle, Matheld... Il est bien possible que mon aversion pour l'alcool ait fini par avoir raison de moi !

Eskil se mit alors à rire. Un rire qui se voulait chaleureux, mais qui n'était que purement mécanique. Il contracta alors sensiblement ses joues, et les tendons jouèrent leur rôle, découvrant ses dents. Matheld semblait apaisée, aussi s'éclipsa t-il bien vite, car il éprouvait un désir brûlant. Un désir spirituel, impérieux, irrésistible. Un désir de sang et de souffrance.

Eskil salua tous les autres invités encore conscients et se retira, se confondant en excuses et prétextant le départ de demain pour se retirer dans sa tente et dormir. Il souleva le pan de la tente qui obstruait la sortie, et se retourna une dernière fois pour regarder Ogkan, qui ne cessait de l'épier. Crispant la mâchoire, il contracta involontairement son bras qui était resté en l'air une fraction de seconde, faisant saillir une veine, puis sortit en direction de sa tente.

Le maraudeur s'agenouilla sur la terre battue qui constituait le sol de son habitation. Il ne tenait plus. Ses veines recommencèrent à bouillonner du désir de tuer qui s'emparait peu à peu de lui, ravageant son esprit fragilisé, balayant ses émotions, transformant ses pensées. Il ne vit bientôt plus en face de lui qu'une étendue infinie jonchée de cadavres et d'acier qui s'entre-choquait. Cette vision, qui lui semblait comme tangible, s'évanouit bientôt. Il était à présent essoufflé et en nage. L'excitation lui ôtait toute capacité à raisonner et à planifier, il n'était plus qu'instinct.

Eskil s'empara avec fébrilité d'un bol en terre cuite qui reposait sur sa commode, et le posa à terre. Puis, il tendit son bras au dessus du récipient. Haletant, il se balança d'avant en arrière en marmonnant des paroles inintelligibles, lentement, d'une voix sourde et inaudible. Les mots se succédaient comme autant de grognements bestiaux, chacun issus du langage noir des Dieux, appelant à la violence et au meurtre, à la force et au carnage. La mélopée lancinante acheva d'enlever le peu de santé mentale qui subsistait alors en Eskil, qui s'entailla violemment le bras avec sa hache. Sans émettre un son, il regarda le liquide vermeil s'écouler dans le bol, évacuant du même coup la rage aveugle qui s'était saisit de son âme. Eskil entreprit alors de faire baigner une petite idole insolite dans le récipient... Lorsqu'il fut calmé, et que son abject rituel touchait à sa fin, Eskil leva les yeux et murmura :


Ô Seigneur Khorne, accepte une dernière fois mon sang pour toute offrande, car dès demain je te donnerai une mer de crânes...

Le Kurgan chancela légèrement, reprenant le bol et son contenu, et il le reposa à sa position d'origine, sur la commode, avant de le recouvrir d'une couverture en peau de bête. Laissant macérer l'offrande, Eskil tituba jusqu'à sa paillasse et s'endormit d'un sommeil sans rêve...
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 29 avr. 2009, 20:19, modifié 1 fois.
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Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par [MJ] The Puppet Master »

Le matin arrive rapidement, après une nuit courte, très courte. Néanmoins, aucun des prétendants au titre d'élu des dieux ne manque à l'appel.
Erec, Ogkan et Alfrund sont postés à quelques dizaines de mètres du campement de tentes du clan Dolgan, prêts à partir, ou presque.
Alfrund finit de seller son cheval aux flans équipés de sacoches et autres couvertures. Une grande épée est accrochée à la lourde selle, il porte un carquois de flèches au côté et un grand arc pend dans son dos. Il a noué sa chevelure en une unique tresse parée de peintures diverses et de quelques ornements de pierres rouges.
Erec le regarde s'apprêter en esquissant un sourire amical. Il est déjà en selle sur un destrier de belle taille, brossé et harnaché pour le combat. L'homme porte un sac en bandoulière, une hache francisque à double tranchant est attachée à sa selle et il tient dans sa main droite une lance ornée de quelques bandes de tissus, juste sous la longue lame plate en acier située à son extrémité. Il arbore une vieille cotte de maille, sans doute récupérée lors d'un raid car elle semble manufacturée à la manière kislévite, et un long manteau de cuir.
Ogkan aussi est déjà monté. Il porte un habit de tissu sombre rembourré et matelassé, et une longue épée ainsi qu'un bouclier peuvent se voir sur le flanc de sa monture. Quand il aperçoit Eskil s'approcher, son visage s'assombrit et son expression hautaine disparait au profit d'une moue guère avenante.


Ah, nous voilà au complet ! s'exclame Erec, Nous allons pouvoir y aller.
Nous nous étions mis d'accord pour faire route ensemble vers le nord pendant les quelques jours qui nous séparent du premier village Norscan. Ensuite c'est chacun pour soi... Qu'en penses-tu, jeune Eskil ?
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Eskil Dolgan

Re: Tribu Dolgan, près des steppes de l'est

Message par Eskil Dolgan »

Eskil étirait ses muscles endoloris par les quelques heures de sommeil qu'il avait réussi à glaner la veille. Les informations se bousculaient précipitamment dans son esprit, et il avait toutes les peines du monde à sortir de sa torpeur intellectuelle. Le jeune Kurgan regarda autour de lui. Il était juché sur une jument alezane arborant une liste épaisse qui partait du bas du chanfrein pour se terminer à la naissance des naseaux, ainsi que des basanes sur trois de ses membres, le postérieur gauche étant le seul uniformément alezan. La bête semblait en pleine force de l'âge, les yeux vifs, les oreilles alertes et dressées vers l'origine des bruits, son tempérament était à l'évidence très fougueux -une qualité que n'appréciaient pas tous les nordiques car ces chevaux étaient plus difficiles à dresser pour rester calme face au fracas des armes- et elle tapait déjà du sol de ses sabots fraîchement ferré. Il apparaissait clairement alors, à la lumière du jour qui faisait ressortir le poil lustré et la silhouette athlétique de l'équidé, qu'Eskil attachait une grande importance à sa jument et que le couple avait passé d'innombrables heures à s'entraîner pendant le temps libre du Kurgan. Cependant, la jument, qui s'appelait Alrun, n'était harnachée que d'un filet simple et d'une selle de voyage, tant les ressources du jeune homme s'avéraient limitées.

Eskil, quant à lui, n'avait tout simplement pas assez vu de combats pour revendiquer un butin d'importance, aussi n'avait-il pour tout équipement de combat qu'un casque simple ouvert sur le devant et une épaulette récupérée à partir d'une lanière de cuir et d'une pièce d'armure qui avait sans doute jadis appartenu à un quelconque chevalier Impérial. Son bagage se résumait donc au strict minimum : une chemise sans manches en lin, un pagne en laine complété par des chausses et des bandes de cuir, ainsi qu'un sac à dos en cuir élimé également, qui contenait le peu de biens qu'il jugeait utile d'emporter avec lui : de l'argent, quelques rations, divers outils...


Hein... ? lança t-il en se frottant les yeux, en approchant au pas

Erec répéta, non sans un certain agacement, la question qui était posée à Eskil, ce qui le fit bailler avec une nonchalance ostentatoire. Il se frotta les joues du revers de sa main avant d'arriver à la hauteur des autres nordiques et de déclarer d'un ton placide :

Vous n'y songez pas, rassurez-moi... ?

Puis il dépassa le groupe, qui préparait sans doute déjà des répliques sulfureuses, avant de stopper net à quelques pas de leur position et de continuer en prenant soin d'articuler du mieux qu'il pouvait.

Réfléchissez, et vous comprendrez que ça ne serait pas le meilleur moment pour se séparer. Nous allons chevaucher vers le Nord. Nous nous engageons sur un chemin excessivement dangeureux, semé d'embûches, parsemé de créatures qui nous dépassent plusieurs fois en taille et en force. Si nous nous séparons maintenant, nous n'avons aucune chance de ne serait-ce qu'approcher des sites sacrés qui pourraient nous attirer la grâce des Dieux. Erec.

Eskil crispa sa mâchoire, il détestait s'adresser directement à Erec, qui l'intimidait bien malgré lui avec son armement somptueux et ses manières hautaines. Il tenta de se faire menaçant en plantant son regard dans le sien, fronçant légèrement les sourcils, ce qui projeta une ombre sur ses yeux.

Même toi -oui, même toi !-, tu ne pourrais vaincre un Troll ou un Minotaure en combat singulier en l'état. Je le sais, tu le sais. Ne commençons pas à jouer à qui formera des alliances avec tel autre pour se picorer comme des corbeaux. Nous valons mieux que ça. Je propose que nous fassions front commun jusqu'à ce que nous puissions prétendre survivre indépendamment les uns des autres dans l'Antre des Dieux.

Le Kurgan regarda alternativement les autres guerriers, espérant pouvoir raisonner leurs velléités démesurées. Il se pencha machinalement en avant pour contre-balancer les mouvements incessants sa monture, qui désirait déjà partir et se cabrait légèrement, dans l'attente de leur réponse.
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 07 mai 2009, 23:23, modifié 2 fois.
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