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Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 20 nov. 2017, 10:58
par [MJ] Kriegsherr
Que le combat commence ! Pour ta question, en l’occurrence, si : comme tu t’es entraîné avec cette arme, tu n’auras pas de malus.

Round 1 :
Puisque vous chargez, vous avez automatiquement l’initiative.
Eranor charge garde 1 : 9. Réussite. Parade : 15. Ratée. Relance bouclier : 20 ! Echec critique ! Le garde se rate complètement dans sa parade et finit embroché.
Son compagnon riposte : 9 ! Touché ! Parade : 19. Ratée. Relance bouclier : 3. Réussite. Localisation : bras droit. Dégâts : 0.

Round 2 :
Un test détermine si tu peux traverser pour recharger : tu le peux.
Eranor charge de nouveau : 19. Raté cette fois-ci.
Riposte de l’elfe noir : 20 ! Echec critique. Ca t’offre le droit à une nouvelle attaque.
Eranor attaque de nouveau : 8. Touché. Parade : 4. Réussite. Localisation : bras droit encore. Dégâts : 15.

Round 3 :
Cette fois-ci vous êtes englués au corps-à-corps, je considère que tu dois dégainer ton épée pour te battre contre lui. Tu as théoriquement l’initiative, mais ton épée étant encore dans son fourreau, la dégainer te prend ton action mineure. Il peut donc frapper en 1er durant ce round uniquement, et qui plus est, tu n’auras pas la possibilité de parer ou d’esquiver à ce round seulement.
Garde 2 attaque : 2 ! Touché. Localisation : bras droit toujours (décidément). Dégâts : 20 ! Il te reste 40 PVs.
Eranor riposte : 20 ! Echec critique !

Round 4 :
Test d’évolution du combat autour de toi : globalement à ce que tu vois, tout le monde s’en tire plutôt bien. Tu peux continuer à combattre sans que l’ennemi ne bénéficie de renforts ce tour-ci.
Eranor attaque : 14. Raté de justesse (à cause de l’armure).
Garde 2 riposte : 8. Touché ! Parade : 9. Réussite. Localisation : jambe droite. Dégâts : 0.

Round 5 :
Autour de vous la victoire semble totale pour les vôtres.
Eranor attaque : 5. Réussite. Parade : 14. Relance : 16. Ratée. Localisation du coup : torse. Dégâts : 20. L’ennemi est mal en point, mais sa haine des hauts-elfes et son désespoir le poussent à se battre encore.
Garde 2 riposte : 17. Raté.

Round 6 :
Eranor attaque : 3. Réussite. Parade : 19. Relance : 17. Ratée. Localisation du coup : bras gauche. Dégâts : 23. Il est mort.
Le choc fut terrible, à la hauteur de ce que laissait présager la fureur de la charge, le bruit assourdissant du fracas des sabots et des cris de guerre. Emporté par l’élan de sa monture lancée à pleine vitesse, Dréanoc vit sa lance de cavalerie transpercer la garde de sa cible, au sens propre. Le bouclier du druchii ne put rien pour le protéger de l’impact terrible de la pique elfique, à la fois atrocement effilée et diablement solide. Le fer de l’arme traversa aisément le bois du bouclier adverse de part en part, et empala son premier adversaire qu’elle souleva de terre sous la violence de l’impact. Le pauvre elfe noir n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui était arrivé. Il était mort sur le coup, une expression de surprise figée à jamais sur son visage.

L’homme qui se trouvait juste à sa gauche, un garde elfe noir en armure intégrale, avec bouclier et lance, siffla de haine à la vue de son camarade embroché tel un vulgaire poulet. D’autant plus qu’autour de lui, la charge des cavaliers lourds avait fauché une bonne partie de ses coéquipiers. Avec toute la rage dont il était capable, le druchii frappa Eranor au passage, tentant de le stopper voire de l’éliminer, mais le fer de sa lance fut dévié habilement par le solide bouclier de l’Asur qui s’en tira indemne et put continuer sa route un moment avant de se retourner pour charger à nouveau, lance couchée.

Cette fois-ci, l’elfe noir ne fut pas tué. Le garde devait sans doute savoir se battre, car il parvint in extremis à dévier de son bouclier la dangereuse lance. Pas assez cependant pour lui éviter toute blessure, hélas pour lui. Si sa parade réflexe avait été suffisante pour lui sauver la vie, elle fit riper la lance adverse sur son bras droit, lui causant une profonde estafilade. Le tissu, le cuir et la maille de son kheitan avaient été déchirés, laissant apparaître une plaie béante dans la chair nue, d’où suintait un liquide sombre rougeâtre et poisseux. Cette blessure arracha un hurlement de douleur au druchii, mais, loin d’entamer sa combativité, elle le fit redoubler d’ardeur.

L’élan de la charge d’Eranor Dréanoc étant stoppé, ce dernier était pris au combat rapproché et devait lâcher sa lance pour dégainer son épée au plus vite afin de faire face à son opposant. Le druchii sut saisir cet instant propice pour passer à l’action. Malgré sa blessure au bras, il porta une attaque de sa lance exactement sur le bras de son adversaire qui dégainait, sachant très bien que l’asur ne pourrait pas parer une telle attaque. Et le coup fit mouche ! Les protections d’Eranor lui évitèrent tout juste d’avoir le biceps transpercé de part en part, mais elles ne suffirent pas à totalement annihiler la blessure. Lui aussi arborait maintenant une estafilade profonde dans bras droit, d’où le sang coulait.

L’adrénaline du combat aidant, la douleur ne prit pas le dessus sur l’esprit des combattants. Chacun savait qu’il devait éliminer son adversaire à tout prix. Mais un rapide coup d’œil aux alentours rassura Dréanoc et le raffermit, tandis qu’il augmenta encore la rage et l’amertume de son vis-à-vis.

En effet, autour des deux combattants, les derniers gardes se faisaient massacrer par les autres heaumes d’argent, un par un, ils tombaient, tandis que des pluies de flèches et de traits continuaient à tomber sur le village depuis les hauteurs, fauchant indifféremment les vies des combattants comme des fuyards. Déjà, la bataille semblait perdue pour les autochtones.

Mais ce n’en était pas fini du duel entre Eranor et son adversaire inconnu pour autant. Quitte à mourir, ce dernier comptait bien emporter le plus d’asurs avec lui dans la tombe, à commencer par l’héritier des Cimes Stellaires. Sifflant de rage et de douleur, le druchii évita le coup du noble et le frappa en retour de sa lance, une nouvelle fois. Mais ce coup-ci, l’arme trouva le bouclier de l’asur sur sa trajectoire et ne put faire de dégâts. Puis ce fut au tour de Dréanoc de riposter, d’un coup d’estoc qui trouva la faille dans la garde adverse et s’enfonça dans le torse de l’elfe noir, passant au travers son kheitan et s’enfonçant de quelques centimètres dans la chair.

La fin était proche, car le druchii était très mal en point. Avec un grognement de douleur, il tenta de se ressaisir et de lancer une nouvelle attaque pour repousser Eranor. En vain. La douleur était trop forte et ses blessures trop handicapantes. Il fut facile pour le seigneur haut-elfe de lui asséner une ultime attaque élégante, un coup de taille qui lui sectionna le bras gauche au niveau de l’épaule. Avec un hurlement de souffrance pure à faire pâlir un médecin, le druchii s’effondra sur le sol dans une gerbe de sang, à côté de son bras encore fermement cramponné à son bouclier. Il agonisait pitoyablement dans une mare de sang, aux côtés des corps de ses anciens camarades, tous morts eux aussi. C’en était fini de la résistance de la colonie.

C’est alors qu’Eranor, dont la concentration n’était plus captée uniquement par son combat, prit conscience de ce qui se passait autour de lui. La première information qu’il avait eue d’un simple regard était que tous ses compagnons se portaient bien. Il y avait d’autres blessés comme lui, mais rien de trop grave apparemment.

Quant au village… Une vision de l’horreur s’offrait devant lui. Partout des gens tentaient de fuir. Des elfes noirs en panique ou qui tentaient de se battre étaient massacrés un par un. Ceux qui se barricadaient dans leurs maisons étaient délogés par des groupes de soldats qui défonçaient les portes pour éliminer toute opposition. Quand la résistance était trop forte, les asurs ne s’embarrassaient même pas à entrer : ils mettaient le feu à la bâtisse pour obliger ses occupants à en sortir ou à brûler vifs. Des pelotons d’archers s’amusaient parfois à canarder les elfes noirs qui sortaient par les fenêtres ou les portes des maisons en flammes, tandis que d’autres prenaient un malin plaisir à justement ne pas achever ceux qui brûlaient en poussant des hurlements déchirants qui touchaient jusqu’au fond de l’âme.

Ce paysage était apocalyptique. Partout, des gens fuyaient, mais ils n’avaient aucune chance : le village était cerné. Certains se jetaient à l’eau, mais beaucoup s’y noyaient, les autres étant criblés de flèches et de carreaux de baliste à répétition Serre d’Aigle. Eranor fut même témoin d’un acte qui prouvait le désespoir ou la haine que leur portaient leurs sombres cousins : sous ses yeux, une mère de famille exécuta froidement ses enfants avant de se donner la mort pour éviter de tomber entre les mains des asurs.

Au milieu de ce massacre sans nom, quelques flashs, quelques actes le frappèrent particulièrement. Tout d’abord, Kalisha, prenant un plaisir jouissif non dissimulé à poursuivre et à massacrer le plus d’elfes noirs possibles et à les éliminer sans aucune pitié, riant tandis que son cheval, son arme et même son propre corps se couvrait de sang. La fidèle de Khaine ressemblait plus, à cet instant, à une furie druchiie, une épouse folle du dieu du meurtre, assoiffé de sang, qu’à une noble asur civilisée.

Elidor Dalahnil s’occupait pour sa part de superviser des groupes de soldats, et achevait quelques elfes noirs au passage de coups d’épée nonchalants. Il faisait réunir le butin du pillage en cours et les prisonniers dans l’enclos aux esclaves, s’assurait qu’aucun druchii ne puisse fuir l’encerclement, et donnait ses ordres aux autres. Rovarion et Belnaith l’aidaient dans sa tâche.

La plupart des autres heaumes d’argent avaient cessé tout combat et toute activité, se contentant de regarder le spectacle macabre qui s’offrait à leurs yeux, laissant à la plèbe le soin des tâches ingrates et de s’occuper du menu fretin qui restait. Isidris Syphaë et Seïlil Nérasfer, qui n’avaient pas été blessés, fanfaronnaient en se vantant de leurs exploits. Lorimir Morecon, qui avait été chanceux lui aussi, levait les yeux au ciel en remerciant les dieux de n’avoir pas été blessé. Merethil Doratel ne pouvait cacher un air sinistre, comme s’il goûtait amèrement à sa vengeance froide. Elderwën était à moitié satisfaite, à moitié excitée, elle se tourna vers Eranor en arborant un grand sourire : elle l’avait fait : elle s’était montrée à la hauteur, et n’avait pas eu à subir de blessure qui plus était.
Globalement, aucun de ces jeunes heaumes d’argent ne semblait réellement prêter attention à l’extermination en règle qui était en train de se produire à quelques dizaines de mètres d’eux. Aucun sauf Orcan. Lui aussi était intact, il restait de marbre en apparence, mais ses poings étaient crispés, sa mâchoire serrée. Une ride lui plissait le front et il balayait le champ de bataille, qui tournait à la boucherie, d’un regard froid et noir.

Tanaris Mïndwandel, la magicienne, n’était plus visible près de l’artillerie. Elle était sans doute descendue vers le village au cours de la bataille, mais où était-elle et que faisait-elle ? Eranor n’aurait su le dire.

Une chose était certaine : après l’hallali, vint la curée. Nul n’aurait su dire tout ce qui se passait dans les maisons qu’investissaient les soldats piétons asurs, mais des cris de terreur de douleur ou des suppliques hurlées étaient tout ce qui en ressortait, à part des soldats à l’air rassasiés et les bras chargés de richesses, les armes souvent ensanglantées, leurs uniformes, parfois mal remis, souvent maculés de sang qui n’était pas le leur ou de suie. Entre ces deux peuples, ce n’était pas seulement une guerre, c’était l’expression d’une haine brute et primaire, d’une détestation ancestrale dans tout ce qu’elle avait de pire.

Elidor Dalahnil, toujours en train de donner ses ordres et de superviser ce massacre, passa devant ses cavaliers et leur désigna un groupe de fuyards à peine équipés et habillés parfois, qui s’enfuyaient en courant en direction de la petite forêt à l’Ouest. Ils venaient de sortir d’une maison et courraient vers les bois pour espérer y trouver un refuge. Parmi eux, essentiellement des femmes, des enfants, des vénérables elfes, et apparemment uniquement des civils dont très peu étaient armés, et très sommairement. Le commandeur les désigna du doigt et ordonna :

Image -Et alors, qu’attendez-vous, ce n’est pas le moment de bailler aux corneilles, rattrapez-moi ces lâches avant qu’ils n’aient le temps de fuir, vite !
A cheval, il serait facile de les rejoindre avant qu’ils n’aient rejoints l’orée salvatrice du petit bois à flanc de colline pour espérer s’y cacher. Kalisha, déjà occupée à massacrer des druchiis au milieu du village, éperonna sa monture sans ménagement en direction des fuyards. Sa soif de sang n’était toujours pas étanchée. De même, la totalité des autres heaumes d’argent (sauf Belnaith, le commandeur lui-même et Rovarion qui étaient occupés à transmettre des ordres et ne pouvaient se permettre de quitter le village) se lança à la poursuite des druchiis effrayés. Jamais ceux-ci ne pourraient atteindre les bois, mais il était trop tard pour rebrousser chemin pour eux. En plein terrain découvert, ils n’avaient d’autre choix que de courir et de prier, de prier pour la clémence de leurs bourreaux, ou encore pour la survenance d’un miracle.
Si tu décides d’obéir aux ordres et de les rattraper, tu as le droit sans jet de dé de dire que tu les massacres si tu le souhaites. Si tu as des questions je suis dispo par MP comme d’habitude. ;)

Images des civils elfes noirs en train de fuir :
Elfe adulte à peine habillé et réveillé fuyant, équipé d’une épée :
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Enfant elfe masculin fuyant :
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Enfant elfe féminin (à peine réveillée, encore en nuisette) fuyant :
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Enfant elfe féminin (à peine réveillée, en nuisette avec un chaperon, avec une écorchure à la joue sans doute faite en fuyant) :
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Vénérable elfe femme fuyant :
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Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 02 déc. 2017, 10:46
par Eranor
Poussés par la haine de ces êtres abjects qui avaient tant fait souffrir les asurs, Eranor et ses compagnons s’élancèrent vers la dernière défense druchii. Alors que la distance qui séparait les chevaliers elfiques de leurs proies s’amenuisait, le temps sembla ralentir, figeant l’expression tantôt de haine et tantôt de peur que couvraient les visages des soldats et simples recrues elfe noir. Certains n’étaient que de simples citoyens armés d’une épée et cherchant à se protéger son village dans une tentative désespérée, mais nulle compassion pour eux n’existait dans le regard des asurs. N’était-ce pas là des esclavagistes vivant sur la douleur et la haine du reste du monde depuis des siècles ? N’était-ce pas là ceux qui cherchaient à massacrer tous les hauts elfes jusqu’à ce qu’Ulthuan ne soit plus qu’une terre de souffrance et de perversion ? La haine entre les deux peuples était bien trop grande pour que ne serait-ce qu’une once de compassion apparaisse chez les heaumes d’argent.

Alors enfin le choc arriva. Brutal, rapide, meurtrier. Dans le fracas de l’acier rencontrant l’acier, l’unité druchii vola en éclat face à la vengeance implacable des asurs. La lance d’arçon d’Eranor s’enfonça profondément dans un premier elfe, incapable de se défendre, tandis que son bouclier déviait l’attaque de son voisin. Poussé par son élan, le noble de Caledor se retrouva derrière la poche de résistance ennemie, charriant avec lui le cadavre inarticulé de sa proie. D’un mouvement gracile, il fit glisser le cadavre de son arme avant de diriger de nouveau sa monture vers le combat. Pour la seconde fois, Senthoi se mit au galop pour transporter son maitre au plus profond du combat.

Cette fois, le garde ennemi parvint à parer l’arme mortelle d’Eranor, la faisant glisser jusqu’à son bras droit et provoquant ainsi une large plaie. Ce pauvre bougre n’avait aucune chance, mais, comme les asurs, sa haine pour l’ennemi était bien trop grande pour qu’il ne songe à lâcher les armes. Dans son regard, le descendant des Dreanoc vit qu’il n’abandonnerait pas, que ce soldat déjà blessé ferait tout pour emporter le plus d’asur dans sa mort.

Eranor lâcha sa lance, devenue inutile dans une mêlée rapprochée, pour dégainer son épée aussi dangereuse qu’élégante. Le soldat elfe noir profita de ce court moment de vulnérabilité de son vis-à-vis pour assener de la pointe de sa lance sur le bras non protégé de l’asur, infligeant à son tour une blessure douloureuse à son ennemi. Eranor sentit son sang couler sur ses habits et son armure, mais, poussé par l’adrénaline et par la haine d’un adversaire qui le haïssait tout autant, ne ressenti rien d’autre qu’une rage décuplée. Comme si sa blessure n’existait pas, il fit pivoter sa monture autour du garde en balayant l’air du revers de son arme.

L’attaque, bien que malhabile, eut le mérite d’éloigner légèrement le soldat de la colonie et Eranor put en profiter pour observer l’évolution du combat autour de lui. L’elfe retourna bien vite à son propre duel en constatant que les choses se déroulaient particulièrement bien partout autour de lui. Alors qu’une nouvelle fois, le druchii s’élançait vers le noble de Caledor, celui-ci fit cabrer son cheval en faisant tournoyer son arme qui frôla la gorge du soldat tandis que la lance de ce dernier vint glisser sur son bouclier. Le seigneur des Cimes Stellaires imposa alors un léger mouvement à sa noble monture pour partir sur la droite du druchii, là où il aurait le plus de mal à frapper et à se défendre, tout en assenant un coup d’estoc qui déchira, encoure une fois, la chaire comme la maille, libérant un flot de sang qui ne plongea que plus encore le druchii dans la rage et la folie.

Trop gêné par ses blessures et la position qu’avait prise Eranor, celui-ci ne put riposter correctement et, en se tournant imprudemment, exposa même son bras gauche aux attaques précises de l’asur. Sans demander une plus belle ouverture, le noble elfe attaqua d’un geste rapide, précis et gracieux, tranchant net le bras du druchii qui, enfin, s’effondra au sol, agonisant dans ses derniers instants en tenant le moignon ensanglanté qui lui tenait lieu de bras. Avec lui, la résistance de la colonie venait de disparaitre.

Le noble asur ne s’appesantit pas sur les cadavres de ses opposants, cherchant du regard si ses compagnons avaient besoin d’aide, mais bien que certains aient été, comme lui, légèrement blessés, tous avaient réussi à briser les druchii qui s’étaient opposés à eux. Eranor porta alors son attention sur le champ de bataille en son entier pour n’y trouver qu’une horrible scène de mort, de désolation et de désordre total. Les soldats asurs si brillants et disciplinés s’était maintenant lancés dans le pillage et la destruction méthodique de la colonie entière, la haine que partageaient les asurs et les druchiis l’un envers l’autre se faisaient ressentir à chacun des agissements des soldats hauts elfes qui, pour certains, prenaient un malin plaisir à tuer ceux qui ne pouvaient plus se défendre.

Là, des lanciers pénétraient dans les maisons des elfes noirs, volant leur richesse et assassinant homme, femme et enfants sans distinction, ici, des archers tiraient dans le dos de ceux qui essayaient vainement de s’enfuir vers les bois et ailleurs, des soldats mettaient simplement le feu aux bâtisses où une résistance risquait de se faire trop forte. Ce n’était pas un champ de bataille que voyait Eranor en ce jour, mais un véritable foutoir mêlant mort, destruction et désordre sans nom.

Pire que tout, le noble de Caledor put voir Kalisha qui se délectait du sang de ceux qui ne pouvaient se défendre. Elle frappait sans distinction, cherchant uniquement à détruire et tuer. C’était une noble asur et elle se devait de montrer l’exemple, mais elle ressemblait aujourd’hui bien plus à une druchii qu’à autre chose et Eranor dut contenir sa colère pour ne pas lancer au galop sa monture en sa direction pour la mettre hors d’état de nuire. Kalisha ressemblait, en cet instant, à tout ce qu’il avait honni toute sa vie.

Plus loin, le commandeur et ses seconds coordonnaient le pillage d’une manière plus méthodique et s’assuraient que nul ne puisse fuir l’enfer qu’était devenue cette colonie. Eranor ne put que reconnaitre que si des fuyards parvenaient à quitter l’enceinte du village, la sécurité de l’ost s’en verrait grandement atteinte. Nul doute que ces elfes noirs ne connaissent bien la région et si l’un d’eux pouvait rejoindre une autre colonie et prévenir de la présence de l’ost et de ce qu’il avait fait, alors celui-ci devrait faire avec le risque de se retrouver contre une force bien plus grande que lui à combattre sur un terrain défavorable qu’il connaissait particulièrement mal.

Le noble asur porta alors son regard sur ses compagnons, voyant Isidris et Seïlil fanfaronner sur leur combat comme à leur habitude tandis que Lorimir, qui n’avait pas été blessé, remerciait les dieux d’avoir survécu. Merethil, lui, était bien plus sinistre et ne pouvait pas cacher l’aversion toute particulière qu’il portait à ce peuple cruel qu’il venait de briser. Elderwën croisa le regard de son ami, excitée et heureuse d’avoir mené à bien son devoir à son côté. Eranor lui rendit son sourire, mais son visage crispé montrait le dégout qu’il portait à ce qu’il se déroulait autour de lui. Seul Orcan semblait partager l’opinion du seigneur Dréanoc, car il regardait autour de lui avec la même expression que le seigneur Dreanoc.

Eranor voulut se détourner de ce spectacle abject, ne voulant pas participer à ce massacre haineux, mais avant même qu’il ne puisse faire pivoter sa monture, le commandeur rejoignit l’unité, lui ordonnant de rattraper un groupe de fuyard qui pouvait encore espérer atteindre l’orée de la forêt. Kalisha ne réfléchit pas un instant talonna sa monture pour massacrer encore le plus de vie et elle fut bien vite suivie par le reste de l’unité. Eranor, lui, hésita une seconde. Personne ne devait fuir la colonie et la haine millénaire qui existait entre les deux peuples poussait Eranor à se plonger dans le massacre de ces druchiis. Peut-être l’aurait-il fait sans broncher d’ailleurs s’il n’y avait eu des enfants terrorisés au milieu de ce groupe de fuyard.

L’image de corsaires druchiis pourchassant des enfants asurs pour les asservir ou les massacrer s’imposa dans l’esprit du descendant des Cimes Stellaires. Vaudrait-il mieux qu’eux s’il se plongeait dans le massacre irréfléchi de ces fuyards ? Certes, ils n’avaient rien d’innocent car cela devait faire des siècles qu’ils vivaient sur l’esclavage et prenaient du plaisir à la douleur d’autrui, mais peut-être que les enfants pouvaient, eux, être sauvés de l’influence néfaste de ces fous de druchiis.

Eranor prit alors sa décision. Il talonna sa monture pour la faire galoper le plus rapidement qu’elle était capable de le faire afin de rattraper les enfants. Le commandeur avait demandé de rattraper les fuyards, pas de les tuer, et l’asur allait appliquer ces ordres en essayant d’assommer et de récupérer les jeunes druchii qui, sinon, finiraient embrochés par le reste de l’unité.

Dans le cas où d’autres arriveraient devant les enfants ou bien s’ils essaient de les achever, Eranor leur lance ceci en utilisant la compétence autorité et (si possible) éloquence :

-Ne les tuez pas ! Le commandeur a demandé de les rattraper, pas de les tuer ! Seul lui a le droit de décider de leur mort ou non !

Si certains essaient tout de même de tuer les enfants, Eranor en prend le plus possible sur sa monture pour les éloigner d’eux, tout en restant sur le champ de bataille (pas de désertion, hein). Bien sûr, si certains réussissent à passer entre les mailles du filet et son proche de disparaitre dans les bois, la raison stratégique prime et Eranor aidera (dans la mesure du possible) à se débarrasser d’eux. Autre chose, Eranor ne combattra pas les siens, s’il se fait attaquer, il essaiera de s’éloigner de la menace mais ne portera aucun coup à ses camarades.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 05 déc. 2017, 18:32
par [MJ] Kriegsherr
Le groupe d’elfes noirs terrifiés courait à toutes jambes en direction de l’orée des bois salvatrice. Ils espéraient sans doute pouvoir s’y cacher et y trouver refuge suffisamment longtemps pour survivre le temps que les hauts-elfes partent ou que des renforts n’arrivent. Mais leurs espoirs se révélèrent très vite illusoires, douchés, éteints par la charge des heaumes d’argent qui s’étaient lancés à leur poursuite.

A mesure que le bruit des sabots se rapprochait, synonyme de mort pour la plupart, certains druchii commencèrent à paniquer, et à se désolidariser du groupe principal. Sans doute espéraient-ils avoir une meilleure chance seuls. De rares elfes noirs armés tentèrent de former une ligne défensive pour ralentir les cavaliers lourds ennemis assez longtemps pour permettre aux autres de fuir. En vain. L’impact des nobles elfes d’Ulthuan brisa complètement les défenses de leurs cousins de Naggaroth. Et avec leur mort rapide et nette, les autres n’avaient plus aucune chance. Pourtant, ils continuaient à courir, toujours plus vite, avec l’énergie du désespoir, les ailes de la peur comme moteur. Mais même la terreur et le souffle imminent de la mort qu’ils sentaient arriver sur leurs nuques ne pouvait les faire courir plus rapidement que des coursiers elfiques.

Les fuyards isolés furent les plus simples à éliminer. Deux compagnons d’Eranor, en la personne de Merethil et Lorimir, se chargèrent de les rattraper. Quant au groupe principal, plus compact, il pourrait sans doute tenir un peu plus longtemps, les fuyards des extrémités protégeant de facto ceux du centre, mais à moyen terme, leur nombre ne le sauverait pas.

Eranor Dréanoc avait bien fait de hurler des ordres à ses compagnons. En effet, s’il ne l’avait pas fait, le massacre aurait sans doute été total. Au lieu de cela, tous l’écoutèrent, sauf Kalisha, évidemment. De plus en plus, sous la houlette et avec la bénédiction du commandeur Dalahnil, l’héritier des Cîmes Stellaires semblait prendre de l’assurance, et assumer une sorte de rôle de chef, de leader. Les autres étaient plus ou moins conscients de cela, du charisme indéniable et des qualités tant martiales que tactiques d’Eranor. Ils avaient intégré qu’il serait sans doute le prochain parmi eux à être promu, et qu’il disposait d’une certaine crédibilité. C’est pourquoi tous l’écoutèrent, même Seïlil et Isidris. Ensemble, les heaumes d’argent purent capturer et ramener les trois enfants du groupe de fuyards. Tous les autres, femmes, civils, vieillards, avaient été froidement éliminés. Presque aucun n’avait demandé grâce.

Lorsqu’ils revirent en ville avec leurs prisonniers, les chevaliers elfes purent y constater que la bataille était finie. C’était une victoire totale.

Comme à son habitude et dans la plus pure tradition elfique, le commandeur avait organisé l’après-bataille dans les moindres détails. Plusieurs grands bâtiments au sud de la ville avaient été réquisitionnés et transformés pour l’occasion. Le poste de garde principal était devenu le quartier général d’où les décisions étaient prises : les officiers s’y étaient réunis pour discuter de la suite des évènements.

Avant même qu’il n’ait put ramener ses prisonniers, on signala à Eranor, qui était légèrement blessé, que le bâtiment du marchand d’esclave, lui était utilisé comme infirmerie. En effet, plusieurs tables de tortures avaient été trouvées dans l’arrière boutique, une zone de « stockage » et de « dressage » des esclaves, et pouvaient être reconverties en tables d’opération par les médecins. C’était là, parmi les docteurs, que se trouvait Tanaris Mïnwandel, très concentrée sur sa tâche, le front plissé et en sueur, dont la magie blanche apportait réconfort, soutien et guérison accrue aux blessés. S’occuper du cas d’Eranor ne prit guère de temps à un simple soldat qui avait reçu dans le civil une formation aux premiers soins. Après avoir nettoyé la blessure et stoppé le mince filet de sang qui en coulait, il sutura l’entaille et appliqua un bandage propre et par-dessus. Cela ne prit qu’une dizaine de minutes en tout, que les autres heaumes d’argent utilisèrent sans doute pour remettre les enfants prisonniers. Son passage à l’infirmerie lui permit de constater l’ampleur des dégâts qu’avait subi l’ost.

Les pertes de leur camp se comptaient sur les doigts de la main. Quatre morts, allongés dans un coin de la pièce sous des linceuls, et une vingtaine de blessés dont l’état était stable, mais assez grave pour qu’ils ne puissent pas être considérés comme intacts. Ici, un elfe se faisait bander la tête, un œil et la moitié du visage arrachés par un coup d’épée druchiie. Là, un autre était assis sur un matelas posé à même le sol et regardait d’un air amer l’extrémité de son bras droit, qui se terminait désormais par un moignon soigneusement bandé : on lui avait coupé la main au niveau du poignet. Quelques autres avaient pris des carreaux, des coups de lance, d’épée ou d’armes improvisées. Mais rares étaient les blessés vraiment graves, ceux qui ne pourraient pas se déplacer eux-mêmes, même à vitesse réduite, mais devraient impérativement être portés sur des brancards ou des chariots : ils n’étaient que sept sur vingt-quatre dans cet état. Eranor fut sans doute soulagé de constater que ni Samellion, ni Ruvénielle, ni personne qu’il ne connaissait autrement que de vue n’avait été blessé ou tué. A ces pertes, il fallait ajouter le mort et l’elfe à la jambe cassée de la veille. En tout, le bataillon avait donc eu à déplorer pour l’instant cinq morts et vingt-cinq blessés sérieux.

Au moment où, les soins terminés, il voulut partir rejoindre ses coéquipiers, l’héritier des Cîmes Stellaires vit un garde entrer dans l’infirmerie. Il se dirigea vers la magicienne occupée à soigner un blessé, la salua militairement, puis lui transmit un message du conseil, où sa présence était requise. Apparemment, ce n’était pas la première convocation. Pourtant, la magicienne resta concentrée sur sa magie, ignorant totalement le soldat et le forçant à répéter. Le simple lancier était visiblement mal à l’aise. Il ne faisait que transmettre ses ordres, mais ignorait ce qu’il devait faire si Tanaris, comme c’était le cas, refusait visiblement de le suivre. Finalement, après quelques minutes, la magicienne prêta enfin attention aux gardes venus la chercher. Elle leur lança un regard noir et leur dit qu’elle avait plus important à faire que de palabrer et de s’auto-congratuler pour un massacre sans nom tant qu’il resterait des blessés de quelque camp que ce soit. Le soldat parut très déconcerté par une réponse aussi sèche et cassante. Il bafouilla qu’il n’y était pour rien, lui ne faisait qu’obéir aux ordres, et la supplia de le suivre, sans quoi il serait sûrement puni. Il ajouta que c’était très important, que Dalahnil avait insisté pour qu’elle vienne sans délai et de toute urgence, que c’était une question de vie ou de mort. Encore une fois, le soldat fut tout simplement ignoré par la sorcière. Elle grommela que soigner des blessés aussi, c’était une question de vie ou de mort, et qu’il attendrait qu’elle ait finit en silence dans un coin pour arrêter de déranger tout le monde, et agita sa main pour congédier l’importun qui semait le trouble dans l’infirmerie, dérangeant blessés et soigneurs par le bruit qu’il faisait et la place qu’il occupait, empêchant de fait, involontairement, Eranor de quitter la pièce. Très mal à l’aise, le soldat se décomposa et bredouilla quelques mots d’excuse incompréhensibles.

Il ne savait visiblement pas où se mettre. D’un côté, il avait des ordres très précis et formels, apparemment d’une importance primordiale, mais lui-même n’en savait pas plus que ce qu’on lui avait dit. De l’autre, il y avait cette magicienne, qui lui était aussi supérieure hiérarchiquement, bien que théoriquement soumise à l’autorité du commandeur Dalahnil. Et surtout, il y avait le fait qu’elle soignait effectivement des blessés et qu’il gênait effectivement tout le monde en insistant. Désemparé, le soldat choisit finalement de sortir du passage, et de faire comme elle lui demandait, honteux.

Mais cela ne dura guère. Alors qu’Eranor allait enfin pouvoir ressortir, la porte s’ouvrit à la volée en claquant, dans un bruit brusque qui fit sursauter la plupart des blessés et soigneurs et outragea Tanaris, et la silhouette du commandeur en personne apparut. Celui-ci pointa son index sur la mage et lui fit signe de le suivre. Il ne prononça que quelques mots, d’un ton glacial et catégorique, qui n’admettait aucune discussion, tout en promenant son regard sur le soldat auquel il avait donné un ordre et la magicienne rousse :

Image –Je n’ai peut-être pas été assez clair, apparemment, soldat. J’avais dit immédiatement, et insisté sur l’importance de votre mission simple. Quant à vous, la forte tête, suivez-moi, et vite, ou dois-je vous emmener moi-même par la peau du cou ?
Le commandeur se détendit légèrement en apercevant Eranor juste devant lui, qui s’apprêtait à sortir, et lui dit, en s’adressant à lui ainsi qu’à tous dans la pièce :
Image –Ah, Dréanoc ! Je vois que vous êtes réparé. Tant mieux. Je tenais à vous féliciter personnellement pour votre comportement exemplaire durant toute cette mission. Continuez comme cela et vous serez bientôt Grand Heaume. Et vous tous aussi, au nom d’Ulthuan, je vous remercie d’avoir consenti de tels sacrifices pour notre nation. Soyez fiers de vos blessures, elles prouvent votre valeur et ce que vous avez été prêts à donner pour votre pays.
Puis il se retourna et sortit, accompagné d’une Tanaris visiblement contrariée et très en colère, mais qui n’avait pas eu le choix. Si elle avait refusé, il était probable qu’Elidor l’aurait réellement sortie de là manu-militari. Enfin, après eux, Eranor put à son tour s’en aller, accompagné du soldat tout penaud qui s’était fait passer un savon par le commandeur pour n’avoir pas réussi à emmener Mïnwandel avec lui.

Détail intéressant qu’Eranor remarqua en sortant de l’infirmerie et en vérifiant que les enfants druchiis avaient bien été emmenés dans le grand enclos à esclaves qui avait été reconverti en camp de prisonniers, que les blessés elfes noirs, quelque soit la gravité de leurs blessures, avaient été laissés parmi les prisonniers, et non pas amenés à l’infirmerie. Ils gisaient par terre dans la boue, hagards. Plus globalement, les regards entre les prisonniers et leurs gardiens étaient sans équivoque. De part et d’autre, une haine réciproque brûlait. C’était pourquoi une partie non négligeable des archers et lanciers asurs gardaient les clôtures et occupaient les miradors. Elidor avait bien fait les choses et toute rébellion de leur part semblait impossible.

Tous les prisonniers avaient bien entendu été minutieusement fouillés un par un avant d’être parqués et dépouillés de toutes leurs armures, armures et objets potentiellement dangereux, comme le lui apprit un des gardes de l’enclos. Pour éviter tout risque, le commandeur avait d’ailleurs donné l’ordre que nul ne puisse entrer en contact avec les prisonniers, sauf les personnes spécialement habilités.

Le Dréanoc ne voyait pas ses compagnons heaumes d’argent dans les parages, mais ils avaient bien déposés les enfants parmi les prisonniers. Le garde lui indiqua ensuite qu’ils avaient déposé leurs chevaux à l’écurie et s’étaient rendus plus au nord dans la ville. Senthoï y était aussi, et des elfes palefreniers dans le civil s’occupaient d’eux avec soin après la bataille qui avait été aussi éprouvante pour les bêtes que pour les hommes, Eranor put le vérifier et le constater de lui-même : son fidèle destrier serait bien traité, entre de bonnes mains. L’auberge avait été réutilisée directement pour fêter la première bataille victorieuse de l’ost. Beaucoup d’elfes s’y trouvaient, à en croire le garde qui avait l’air dépité de ne pouvoir en faire partie. Mais Dalahnil avait décidé de ne pas baisser sa garde et de placer une partie de ses forces, essentiellement les éclaireurs guerriers fantômes et patrouilleurs ellyriens, en sentinelle tout autour du village. Il avait en outre interdit formellement aux valides de s’éloigner trop de leurs armes et armures. On pouvait boire, mais avec modération. Manger et dormir était conseillé afin de refaire ses forces, mais le repos devait se faire uniquement en armes où à côté de ses armes, et dans les bâtiments réquisitionnés et transformés en dortoirs, afin d’éviter la dispersion des troupes et de savoir précisément qui était où. Le commandeur souhaitait que toutes ses forces soient prêtes à riposter de manière disciplinée en cinq minutes au plus en cas d’attaque.

Enfin, pour l’instant, rien ne semblait avoir été décidé concernant les esclaves libérés. Les chefs étaient encore en délibération et débriefing de la bataille dans le poste de garde : ce serait sûrement eux qui trancheraient sur leur sort. En attendant, les malheureux avaient été réunis dans un espace dégagé, où ils étaient surveillés, nourris, et sommairement soignés et comptés par une vingtaine d’elfes. Mais leurs blessures n’étaient pas jugés comme prioritaires par rapport à celles des soldats blessés de guerre. Sans doute n’auraient-ils droit à des soins plus poussés qu’après les militaires asurs. Pour l’instant, tous les elfes avec des compétences médicales étaient réunis à l’infirmerie, le bâtiment de l’ex marchand d’esclave. Parmi les esclaves, il n’y avait guère que des soldats asur de base qui savaient bander des plaies, mais rien de plus.

La discussion avec le garde de l’enclos lui apprit également qu’un grand nombre de richesses et de vivres pillés avaient été réunis et inventoriés dans le poste de garde principal, le quartier général. Les hauts-elfes n’étant pas des pillards, mais pas non plus du genre à cracher sur un tas d’or potentiel quand ils pouvaient le prendre, il était difficile de savoir ce que comptait faire Dalahnil de ces prises de guerre. De toute façon, c’était le problème des dirigeants, et non celui du Dréanoc.

Eranor fut ensuite informé que la forge au nord de la ville avait été remise en service pour que les elfes puissent y faire réparer leurs équipements. Après une rapide enquête, il s’avéra que c’était là que s’étaient rendus les compagnons d’arme de notre héros.

Il s’était peut-être passé un quart d’heure tout au plus depuis que le heaume d’argent avait quitté l’infirmerie et était passé voire les enfants druchiis et son destrier à l’écurie. Pourtant, déjà, il aperçut Tanaris Mïnwandel qui sortait du quartier général, visiblement très en colère, entourée d’une sorte de halo immatériel inquiétant, ses cheveux et ses yeux rougeoyant comme des flammes. Ce n’était sans doute pas voulu, mais dû sa nature de magicienne et à son état de colère. Sans doute plus par instinct que par choix, la magicienne suivit le Dréanoc là où il allait, restant cependant à une certaine distance derrière lui.

En passant au milieu des rues dévastées de la colonie minière capturée, Dréanoc remarqua que plusieurs d’entre elles avaient été incendiées et finissaient de se consumer, sans que les feux, maîtrisés, ne représentent un quelconque danger de propagation. Ce qui le marqua aussi, était la présence d’un gigantesque charnier au nord du village, entre la dernière maison aisée et la forge. Les corps d’une centaine d’elfes noirs au moins y étaient entassés pêle-mêle, pour certains mutilés, pour d’autres à moitié brûlés ou carbonisés. Tous avaient été dépouillés de leurs biens de valeur. Ce spectacle macabre ne sentait pas encore trop mauvais, mais déjà, l’odeur de la mort avait attiré un grand nombre d’oiseaux et autres petits animaux charognards qui se repaissaient des corps ainsi laissés en pâture.

Juste derrière ce monticule de chair morte de mauvais augure, se trouvait la forge druchiie, qui était maintenant devenue la forge de campagne asur. Sous le porche du bâtiment, il retrouva enfin son groupe, qui s’affairait autour d’un fourneau et d’une enclume rougeoyante. Kalisha semblait en effet s’y connaître en forge. En apercevant Eranor Dréanoc, le bras soigné proprement, les réactions furent différentes.

Seïlil et Isidris le gratifièrent d’un regard hautain et continuèrent leur discussion, tandis qu’Orcan restait assis contre un mur, seul et le visage fermé. Lorimir racontait à qui voulait l’entendre qu’il s’en était tiré, et qu’il avait même réussi l’exploit d’abattre ces « chiens » d’elfes noirs. En réalité, il disait vrai, mais les seuls qu’il avait tués étaient des fuyards isolés sans défense, massacrés dans le dos. Elderwën se précipita pour sa part sur Eranor et le serra dans ses bras ! Elle était tout à sa joie de s’être bien battue pour Ulthuan, de s’être montrée à la hauteur et surtout de revoir Dréanoc rafistolé et quasi-intact !

Merethil, lui, se contenta d’un salut chaleureux avec un petit sourire un peu sinistre. Il était revenu dans l’armée pour se battre, il venait d’avoir sa dose de sang pour la journée. Belnaith et Rovarion était dans un coin, à discuter ensemble, dans des messes basses qui ne regardaient qu’eux.

C’est alors que Kalisha et Lorimir, ainsi que Seïlil et Isidris approchèrent d’Eranor et l’entourèrent. Ils avaient tous l’air excités. Elderwën, qui avait lâché Eranor, le regardait aussi avec un air confiant, de même que Merethil. Même Belnaith, Rovarion et Orcan le regardaient avec curiosité. A cet instant, tous les regards étaient sur lui, et il ne tarderait pas à comprendre pourquoi. Kalisha s’exprima alors, exhibant fièrement une lame toute nouvelle :

Image –C’est un alliage d’excellente qualité ! Sans doute l’un des meilleurs métaux que j’ai vu ! Les druchiis extrayaient sans doute le fer des montagnes, mais il y a aussi là-dedans plusieurs autres composants bien plus rares sans doute volés lors de leurs pillages, qu’ils réservaient probablement à leurs nobles.

Aujourd’hui il est à nous ! Et nous allons refroidir nos nouvelles lames dans le sang de nos ennemis ! Ca fera un peu notre rituel, un lien entre les membres de notre unité. Unis par le sang adverse versé ensemble lors de notre baptême du sang !
En effet, un baquet de sang, probablement elfique, était situé près de la forge. Eranor avait la possibilité d’accepter ou de refuser cette offre de la forgeronne. S’il acceptait, elle forgerait la lame pour lui, mais il devrait la refroidir lui-même dans le sang d’elfes noirs massacrés. Apparemment, dans le groupe, Orcan avait refusé, mais tous les autres, à l’exception notable du Grand-Heaume Rovarion et de Belnaith Estanel qui étaient déjà des vétérans et qui n’avaient pas besoin de ce genre de rituels, avaient acceptés. D’une certaine manière, il ressentait une certaine pression de certains, comme si ce « rituel » était une sorte d’initiation. Evidemment, Elderwën ne lui en voudrait pas s’il refusait, ni Merethil probablement. Mais les autres… Orcan qui avait refusé s’était de fait mis à l’écart du groupe. Eranor serait-il lui aussi ostracisé s’il refusait cette épreuve d’ « intégration » ?

Derrière lui, Tanaris Mïnwandel, qui l’avait suivi jusque là, s’était légèrement calmée et observait le jeune elfe. Son visage était fermé et toujours très en colère. Mais elle était en retrait et personne ne faisait attention à elle. Elle semblait très clairement désapprouver cet acte barbare et irrespectueux envers les morts ennemis.

Profil mis à jour.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 09 déc. 2017, 14:22
par Eranor
Le peuple asur est un peuple d’artistes, un peuple vivant pour l’harmonie, pour créer le beau dans un monde condamné aux ténèbres. Pourtant, ce peuple si doux porte en lui la colère de Khain, et provoquer son courroux donne naissance à une machine de guerre implacable que rien ne peut arrêter. Et, en ce jour, cette petite colonie druchii vivant sur les pillages et l’esclavage en faisait les frais. Comme portés par le vent, les nobles cavaliers elfiques fondaient sur les fuyards qui gardaient l’espoir fou de pouvoir se cacher. Il n’existait nulle pitié chez les asurs pour ce peuple dégénéré, ayant déjà pactisé plusieurs fois avec des forces démoniaques, qui cherchait depuis des millénaires à briser ceux qui essayaient de construire plutôt que de se battre.

Dans le fracas des sabots et les cris des chevaliers asurs, la mort s’abattit sur les fuyards. Certains essayèrent de se séparer du groupe principal mais furent bien vite rattrapés et tués par Merethil et Lorimir, d’autres restèrent groupés, espérant que le nombre ralentirait suffisamment les cavaliers. Mais il n’en était rien, et tous furent massacrés en peu de temps, piétinés par les chevaux ou transpercés par les épées acérées des asurs. Pour survivre dans une société telle que celle des Druchii, il fallait avoir commis des exactions sans nom, il fallait avoir fait souffrir des centaines d’esclaves et essayer de piétiner le plus de ses congénères pour se montrer le plus fort. Ainsi, nulle pitié ne fut accordée pour les civils, mâle ou femelle, vieux ou plus jeunes, qui essayaient de fuir, et presque aucun ne demanda grâce de toute manière. Pourtant, l’innocence existait peut-être encore parmi ces âmes perdues, trois enfants couraient, âgés de bien trop peu d’hiver pour les massacrer froidement et Eranor était prêt à tout pour leur éviter le sort réservé aux autres.

Mais son ordre sembla s’imposer aux autres. Personne n’osa contester l’autorité naissante du seigneur asur qui avait attiré l’attention de son supérieur. Peut-être était-ce plus du fait que cet ordre se basait sur l’autorité de Dalahnil, mais le fait que des seigneurs biens plus haut placés tels que Seïlil ou Isidris se plièrent à cette injonction remplie le cœur du jeune Dréanoc de fierté. Seule Kalisha continuait à massacrer tout ce qu’elle pouvait, accentuant le dégout que pouvait ressentir Eranor envers elle.

Lorsque tout sut enfin terminé, les cavaliers ramenèrent leurs prisonniers au commandeur qui avait tout minutieusement organisé, ne se laissant pas prendre à la folie du pillage qui s’était déroulé sous ses yeux. Il semblait que jamais une telle scène n’eut lieu d’ailleurs tant la discipline chère aux asurs semblait être revenue. Chacun savait ce qu’il devait faire et la ville entière avait été organisée comme un campement pour l’ost.

Eranor ne suivit pas ses camarades pour remettre les jeunes prisonniers terrifiés à son supérieur pour plutôt rejoindre l’infirmerie improvisée dans le bâtiment du marchand d’esclaves. Là, d’anciennes tables de torture étaient désormais des lits improvisés pour aider Tanaris à soigner ceux qu’elle pouvait. Le cas d’Eranor était bien loin d’exiger de telles mesures et un simple milicien, certainement formé à la médecine avant de faire son service, s’occupa en une dizaine de minutes de sa blessure légère.

Pendant ce court laps de temps, le seigneur des Cimes Stellaires put constater que l’ost n’avait à déplorer que cinq morts, en contant celui de la veille, et vingt-cinq blessés. Se réjouir du malheur de ces pauvres elfes malchanceux faisait mal au cœur du noble elfe, mais mener une opération militaire avec si peu de pertes était plus qu’appréciable. Et, au moins, aucune de ses connaissances ne faisait partie du lot. Malheureusement, au moins sept blessés devront être transportés si l’ost désirait s’enfoncer encore plus dans les terres de son ennemie, et Eranor se demandait si le commandeur ne les ferait pas plutôt porter au campement où se trouver les navires.

Ces considérations n’entraient cependant pas dans le champ de compétence du jeune noble, aussi voulut-il quitter la pièce rapidement mais il fut coincé par l’arrivée inopinée d’un lancier portant des ordres pour Tanaris, toujours aussi afférée sur les blessées, qu’ils soient d’un camp ou de l’autre. D’ailleurs, le message du lancier, bien qu’étant un ordre direct du commandeur, ne sembla pas pousser la magicienne à s’arrêter, plongeant le milicien dans un profond embarra. Ainsi, Eranor dut assister aux paroles acerbes de la jeune sorcière refusant de rencontrer le commandeur comme à son ordre et rendant le travail de messager du soldat particulièrement ardu. Celui-ci finit tout de même par se plier aux injonctions de Tanaris, restant dans un coin, particulièrement mal à l’aise.

La magicienne ne comprenait-elle pas l’importance de cette réunion ? Penser aux mourants et aux blessés était, évidemment, une bonne chose, mais elle n’empêchait pas de penser aux vivants ! Et c’était la vie de plusieurs centaines d'elfes qui était en jeu à chaque réunion stratégique, alors comment pouvait-elle y mettre autant de mauvaise volonté là où elle donnait tout pour sauver une poignée de mourant ? Avait-elle oublié qu’elle se trouvait sur les terres maudites de Naggaoth, celle des plus grands ennemis des asurs, d’un peuple prêt à tout pour tuer les hauts elfes jusqu’au dernier ?

Eranor voulut réagir mais n’eut guère le temps car la porte du bâtiment s’ouvrit avec fracas, laissant passer le commandeur Dalahnil en personne, visiblement particulièrement en colère. Sa force et son autorité suffirent cependant à faire flancher Tanaris qui ne manquait pas de montrer son désaccord et son dégout. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Eranor ressentit le besoin de comprendre cette personne, d’entendre pourquoi elle rechignait tant à faire son devoir. Peut-être qu’en la comprenant, il pourrait lui faire comprendre, à son tour, toute l’importance qu’elle avait dans cet ost…

Mais, pour le moment, ce serait impossible, car elle était requise par le commandeur. Celui-ci félicita d’ailleurs personnellement les blessés et Eranor lui-même, à sa plus grande fierté. Le jeune noble essayait d’agir au mieux pour le plus grand nombre et ses décisions semblèrent particulièrement attirer l’attention sur lui. L’honneur qui lui était fait par ces éloges était au-dessus de tout ce qu’il avait espéré ! Ainsi, l’asur fit un salue militaire au commandeur avant de s’exprimer rapidement.


-Je vous remercie commandeur, et je pense parler au nom de tous pour vous montrer notre admiration pour la manière magistrale dont vous avez mené cette opération.

Le commandeur disparu alors, accompagné de la magicienne. Eranor ne tarda pas à partir à son tour, non sans accorder un regard compatissant au lancier pris entre deux feux, lui faisant comprendre qu’il n’y était pour rien. Alors qu’il quittait l’infirmerie improvisée, le jeune Dréanoc ne manqua pas de lancer un coup d’œil à l’ex enclot aux esclaves reconvertis en camp de prisonniers. Les enfants précédemment capturés avaient bel et bien été amenés ici et étaient intactes, à sa grande satisfaction. La plupart des prisonniers paraissaient hagards, ils ne devaient pas comprendre comment une telle chose avait bien pu se passer, comment un ost entier avait pu leur tomber dessus sans même qu’ils ne se doutent de rien. Mais cet état n’empêchait pas la haine toute réciproque qu’ils avaient envers les asurs et ces derniers, pragmatiques, avaient placé une garde substantielle autour de ce camp.

Eranor se dirigea, grâce aux indications d’un garde du camp des prisonniers, vers l’écurie, retrouvant sa monture fatiguée que des palefreniers avaient soignée. Senthoï avait été nettoyé, brossés et nourri et le noble elfe ne s’attarda alors qu’un instant avec lui. Il était plus intrigué par ce que son unité faisait, car tous les heaumes d’argent étaient réunis au nord de la ville alors que les autres soldats fêtaient la victoire à la taverne aux dires du garde. Eranor s’était aussi enquis de la manière dont les choses s’étaient déroulé à la fin de la bataille et il en ressortait que nul n’avait la moindre idée de ce qu’il adviendrait des prisonniers et du butin considérable qui avait été récupéré. L’ost ne s’était pas déplacé sur ces côtes pour des opérations de pillage, le noble Dréanoc en était persuadé, mais ce n’était pas non plus une raison d’abandonner ces richesses aux Druchiis, tout ce qui pouvait aider son armée étant forcément mauvais pour les asurs. Pourtant, si l’ost devait s’enfoncer encore plus dans les terres de Naggaroth, pourrait-il s’encombrer de ce butin ? C’était là une question que seul l’état-major pourrait trancher.

Pour le moment, Eranor prenait le chemin de la forge remise en service. Un garde lui avait indiqué que son unité se trouvait là-bas, au complet, et le noble asur souhaitait bien comprendre pourquoi tout comme retrouver ses amis dans l’unité. Alors qu’il marchait, la magicienne, bouillonnant littéralement de colère, sorti de la réunion de l’état-major. L’on aurait pu croire qu’elle souhaiterait mettre le feu à toute la colonie tant sa colère était visible… Mais elle se contenta de suivre la direction du Dréanoc sans que celui-ci ne sache réellement pourquoi. Cet acte l’intriguait beaucoup, mais il avait plus urgent à faire qu'éclaircir ce qui se tramait pour le moment.

Eranor dû traverser un village dévasté où les maisons n’étaient plus que de ruines fumantes, brulant encore pour certaine. Non loin de la forge, un spectacle macabre se dessinait sous la forme d’un charnier composé d’une centaine de cadavres d’elfe. Bien que ceux-ci ne sentissent toujours pas, des oiseaux chamoniards tournaient déjà autour, prêts à dévorer les corps inanimés dès que l’agitation autour cesserait. Il faudrait bruler ces corps, pensait Eranor, que ce soit par respect envers les défunts ou pour éviter des problèmes sanitaires. Laisser les corps de ces êtres abjects pourrir lentement et se faire dévorer par les larves et les rongeurs ne changerait rien au mal qu’ils avaient fait et se venger sur des cadavres n’apportait aucun sentiment de justice au seigneur des Cimes Stellaires.

Ainsi, le jeune noble rejoignit les compagnons de son unité, tous réunis autour de Kalisha qui était, semblait-il, afférée à la forge. À son arrivé, Seïlil et Isidris ne lui lancèrent qu’un regard hautain tandis qu’Orcan restait enfermé sur lui-même, assis contre un mur. Le grand heaume et son second discutaient entre eux sans réellement prêter d’attention au nouveau venu tandis que Lorimir répétait ses « exploits » à qui voulait bien l’entendre. Enfin, Elderwën serra dans ses bras son ami qui lui rendit, plus calmement, son geste, fière et heureuse qu’elle fût d’avoir accompli son devoir sans sourciller. Merethil, lui, accorda un salue distant au noble elfe, visiblement fatigué et peut-être quelque peu mécontent.

Lorsque Elderwën se retira, tous à l’exception d’Orcan et du grand heaume et de son second, se rapprochèrent d’Eranor, formant un cercle autour de lui. Alors, Kalisha exposa ce qu’elle avait en tête et un frisson parcouru le dos du noble d’Ulthuan. Que les elfes noirs aient réussi à voler de quoi faire un acier d’excellente qualité ne l’étonnait pas, mais que tous, sauf Orcan visiblement, aient accepté un rituel aussi barbare et irrespectueux, plus proche de ce que pourraient faire des druchii que des asurs, remplissait Eranor de rage. Pendant un court instant, l’envie lui prit d’exploser de colère et de renverser ce tonneau de sang d’un grand coup de pied, mais il réussit à se contenir, voyant bien que réagir de la sorte ne provoquerait absolument rien de bon.
Le descendant des Dréanoc n’avait aucune envie de prendre part à ce rituel macabre mais il savait pertinemment qu’il se ferait rejeter par au moins la moitié de l’unité s’il le refusait, comme devait l’être Orcan. Peut-être était-ce la raison de l’état de Merethil qui avait certainement accepté uniquement pour éviter de se retrouver ostracisé… De plus, Eranor n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que Tanaris observait de loin la scène se dérouler et il ne saurait comment elle pourrait réagir à ce rituel…

Tout le monde semblait fortement intéressé par la réaction de celui qui semblait être le plus en vue du commandeur. Pendant une longue seconde, Eranor ne sut comment réagir, plissant les yeux tout en cherchant une solution pour régler cette situation en froissant le moins de monde possible. Alors, une petite idée apparut dans son esprit. Peut-être n’allait-elle que provoquer le dédain de tous ou peut-être pourrait-elle tout changer de ce rituel… Alors, avec un doux sourire, Eranor commença à s’avancer lentement vers le tonneau tout en s’exprimant.


-Voilà une bonne idée, Kalisha. Nous n’en serions que plus soudés et efficace, liés les uns aux autres par le même rituel. Mais… Continua l’elfe en sortant une petite dague de ses affaires. Mais pourquoi s’arrêter au sang que nous avons versé ensemble ? Pourquoi s’arrêter à si peu ?

Eranor regarda alors sa dague pensivement pendant une poignée de secondes avant de dénuder sa main gauche et d’y infliger une profonde entaille. Il mit alors sa main au-dessus du tonneau, faisant couler son propre sang parmi celui de ses ennemis.

-Trempons donc l’arme dans le sang versé pour Ulthuan, pour nos pères, nos mères, nos frères et nos sœurs… Ajouta l’asur en appuyant son regard sur Orcan qu’il espérait voir changer d’avis. Trempons donc ces armes dans le sang des vivants comme des morts. Eranor porta alors ses yeux dans ceux de Kalisha avant de continuer. Après tout, ne sommes-nous tous pas des soldats, des guerriers ? Ne combattons-nous, nous blessons-nous ou mourrons-nous pas tous ensemble, nos ennemis comme nous-autres ? Ne versons-nous pas tous notre sang en même temps ?

Comment donc pourraient-ils tous réagir ? Orcan voudrait-il se raviser après ça . Isidris et Seïlil seraient-ils prêts à soutenir Eranor ou préfèreraient-ils le dénigrer pour cet acte ? Kalisha accepterait-elle de se plier à ce geste ? Cet acte était particulièrement lourd en symbole, tous devaient en être conscients. Le suivre placerait Eranor en tant que décideur et non plus en tant que suiveur de cette idée de rituel, et celui-ci aurait une signification à la fois moins violente et plus profonde, car chacun aurait donné de lui-même pour l’effectuer. Enfin, Tanaris devrait certainement voir les choses bien différemment après ça car, avec ce simple geste, ce rituel passait de l’irrespect envers les défunts à une certaine forme de respect car ces derniers étaient alors au même niveau que les nobles asurs. Du moins, Eranor l’espérait-il…
Serait-il possible d’avoir la réaction de Tanaris en mp s’il te plaît ? J’aimerais discuter avec elle en fonction de sa réaction et de celle des autres ! On pourrait faire le dialogue en mp et je pourrais l’intégrer à ce poste tu pourrais l’intégrer au tien, comme tu préfères ^^

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 29 déc. 2017, 21:10
par [MJ] Kriegsherr
Ce post étant en partie un dialogue, il a été coécrit avec Eranor pour la partie discussion en ce qui concerne son personnage, via MP.
L’idée d’Eranor n’était pas mauvaise, mais les réactions pouvaient malgré tout être contrastées à son égard. Il n’était pas sûr que tous apprécient la manœuvre.
Test de CHA : 8. Réussite.
Globalement, les réactions à l’initiative de notre héros furent plutôt positives dans l’ensemble, bien que contrastées. Le Grand Heaume Rovarion et Belnaith Estanel s’en retournèrent à leur conversation à voix basse sans exprimer d’avantage d’intérêt pour la chose, tandis que Seïlil reniflait avec une sorte de dédain, comme amusé de l’importance que voulait toujours se donner Eranor et surtout vexé de n’avoir pas eu lui-même cette idée avant pour se mettre en avant. Isidris, elle, le regarda avec un air hautain, signifiant très clairement que son altesse la princesse des Hautes-Îles d’Yvresse ne daignerait pas recommencer le rituel. Merethil resta de marbre, impassible. Elderwën, elle, semblait apprécier l’idée de communion entre combattants pour une même cause, et donc accepter pleinement la symbolique du geste. Après tout, n’étaient-ils pas semblables à une sorte de fratrie des combattants, forgée dans le sang, n’appelait-on pas ses camarades « frères » ou « sœurs » d’armes ?

Kalisha, pour sa part, trouvait l’idée franchement bonne. Globalement, son rapport au sang était pour le moins particulier. Il était facile de savoir pourquoi elle avait été affectée dans cette unité, car son comportement et sa dévotion très marquée et disproportionnée envers Khaela Mensha Khaine avaient de quoi gêner. Elle rappelait désagréablement les furies de leurs cousins honnis, et comme par hasard, c’était elle qui était à l’origine de ce sanglant rituel de « cohésion ». Certes, il y avait encore un monde entre forger des armes dans un tonneau rempli de sang elfe, et s’y baigner ou le boire, mais la base était la même : un rapport presque malsain avec la violence. La noble forgeronne n’hésita donc pas à se servir de sa propre arme récemment forgée pour s’infliger une coupure elle aussi, et avec une sorte de délectation, plongea le bras entier dans le tonneau, sous le regard écœuré d’Orcan.

Celui-ci n’eut pas mot au chapitre. Il restait ostracisé dans son coin, volontairement d’ailleurs, pour montrer qu’il n’appréciait guère toute cette violence et cette barbarie. Il baissa la tête en faisant un « non » résigné mais ferme, lorsque quelques uns de ses camarades se tournèrent vers lui pour voir s’il changerait d’avis, sous le sourire moqueur de la servante de Khaine qui n’en attendait pas plus de lui.

Lorimir, quant à lui, buvait les paroles d’Eranor, et regardait Kalisha faire avec une sorte de fascination et de peur à la fois. Quant la guerrière tourna son regard sur lui, il fut comme électrisé, et se dépêcha de s’entailler peu profondément, à regrets et avec une douleur mal dissimulée, mais sans doute par peur de ce qu’elle ferait s’il refusait et de passer pour un lâche. Il laissa à peine une goutte couler dans le tonneau, imitant Dréanoc et ne plongeant pas sa main dans le sang à l’instar de Kalisha.

Quant à Tanaris, elle eut un imperceptible sourire qui ne traversa son visage qu’une fraction de secondes, pendant laquelle Eranor eut l’impression qu’elle lui fit un clin d’œil. Mais la magicienne était mystérieuse, et la seconde suivante, elle était de nouveau impassible, voire de mauvaise humeur. Pourtant, son visage se fit douceur lorsqu’elle se pencha sur Orcan pour échanger quelques mots à voix basse avec lui, qui semblèrent remonter le moral du fils d’Ultran le perverti, le très controversé philosophe pro-orque.

Tandis que Kalisha forgeait son arme à Eranor, ayant pris connaissance de ses mensurations, ses préférences en matière d’armes et de ses techniques de combat au cours d'une courte discussion, la rousse eut une discussion avec Orcan. Kalisha s’adressait à Eranor d’un ton amoureux presque obsessionnel, en lui disant :

Image -Alors Eranor. Dis-moi un peu ce que tu veux. Je crois que tu te bats à l’épée longue de préférence non ? Tu privilégies un style défensif non ? Ta lame actuelle semble conçue pour la parade. Pourtant tu as un bouclier. Enfin bon, dis-moi ce que tu souhaites, décris-moi le plus précisément possible ton arme idéale. On ne plaisante pas avec ces choses là, et chaque engin de mort que je crée avec amour est parfaitement adapté à son possesseur. L’arme d’un combattant est plus proche de lui que quiconque. Elle le connaît mieux que sa femme, mieux que sa mère, et réciproquement. Parce que ce n’est qu’en agissant en symbiose parfaite qu’elle te servira au mieux, et ne te trahira pas. C’est ensemble que vous devez donner la mort.
Eranor affichait un air interrogatif, cherchant visiblement à jauger son interlocutrice afin de saisir au mieux sa façon de réagir.

-Ma lame doit être rapide, effilée et équilibrée. J'ai besoin d'une arme solide qui ne me lâchera pas en frappant l’armure de mon adversaire, une arme capable d'infliger des coups d'estoc comme de taille et que je puisse utiliser de concert avec mon bouclier. Je n'utilise guère mon arme pour parer, mais plutôt pour exploiter les ouvertures que je me crée grâce à mon bouclier. Il me faut donc de l'équilibre et de la précision à mon arme. Je suis certain que tes talents de forgeron pourront créer une telle arme, Kalisha.
Les enfants de noble lignage versés dans cet art sont peu courants... Peut-être est-ce là une sorte de tradition familiale ?


Kalisha renifla en secouant la tête de gauche à droite en signe de dénégation, sans quitter une seconde des yeux son ébauche de lame, et sans s’arrêter de la marteler avec une précision quasi scientifique. Elle répondit au Dréanoc tout en continuant d’un air distrait. Il était clair qu’elle était davantage absorbée par son travail que par la tournure que prenait la discussion, ou du moins qu’elle ne se laissait pas distraire :
Image –Non. Comme à peu près tous les nôtres, j’ai un passe-temps. Mais tandis que d’autres s’intéressent à la peinture, la musique ou la sculpture, j’ai simplement fait le choix de me tourner vers un autre type d’art, beaucoup plus utile…
-Un art plus utile lorsque l'on voue sa vie à la guerre, certes. Je ne peux m'empêcher de m’interroger sur la manière dont vous est arrivé cette dévotion à Khaine... Voilà une chose bien peu courante parmi les nôtres, est-ce encore de votre propre initiative ?
Image -Ma famille est très dévote. Chacun y prie les dieux avec ferveur, mais nous avons tous notre favori, et Khaine est celui qui me correspondait le plus. Il n'y a qu'un pas entre la préférence et la quasi-exclusivité, que j'ai franchi. Mais je ne le regrette pas, car c'est sans doute de loin à la fois le plus important et le plus fascinant de nos dieux.
Puis, lorsque Tanaris eut terminé de parler avec Orcan et Kalisha avec Eranor, alors que la forgeronne commençait son travail, la mage se tourna vers le fils des Dréanoc, et alla le voir isolément derrière le bâtiment, afin de discuter en privé avec lui, tout comme elle l’avait fait avec Orcan juste avant. Ils étaient dehors, devant la forge, le charnier situé non loin d’eux.
Je te laisse la main pour poster la discussion qui suit, réalisée elle aussi par MP.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 31 déc. 2017, 15:04
par Eranor
Eranor vit avec soulagement que l’on réagit plutôt favorablement à sa proposition. A vrai dire, seule une poignée réagissait vraiment, Merthil restait de marbre, Seïlil dédaignait l’idée avec une pointe de jalousie, Isidris n’affichait que condescendance et refusait catégoriquement de recommencer le rituel. Elderwën était emballée par ce que proposait son ami tandis qu’Orcan restait dans son coin, refusant encore de participer à ce rituel d’une certaine barbarie, à la plus grande déception du noble de Caledor. En vérité, ce qui étonna le plus le seigneur asur fut l’acceptation de Kalisha qui, finalement, était plus qu’emballée par la proposition. Ce fut la première qui s’entailla la main après Eranor pour y faire couler son sang dans le tonneau et qui y plongea son arme (et son bras avec…) fraichement forgée et un sourire apparu au coin de la bouche du descendant des Dréanoc.

Plus encore qu’un changement de signification du rituel, lus encore qu’une sorte de marque de respect pour ceux qui étaient morts (marque de respect certes morbide mais qui s’éloignaient d’autant plus des rituels coutumiers du dieu sanglant du meurtre), c’était une forme de victoire d’Eranor sur Kalisha. Il s’était approprié ce qu’elle avait créé, et, plutôt que de la suivre elle, c’était elle qui le suivait. En somme, Eranor avait acquis une espèce d’ascendant sur Kalisha pensait-il, un ascendant autant dû au respect qu’elle vouait à un bon combattant qu’à une espèce d’autorité tacite qu’il avait développée durant la bataille. Pourtant, celle-ci n’avait rien de gravé dans le marbre et pouvait s’envoler à tout moment au moindre signe de faiblesse ou à la moindre erreur (surtout avec Kalisha), aussi fallait-il faire particulièrement attention à ses faits et gestes.

Lorimir agit enfin, suivant ce qui se tramait avec une sorte de fascination morbide. Il avait été happé par la bataille et la gloire sanglante que l’on pouvait y tirer et le rituel violent et malsain de Kalisha l’avait plus qu’emballé. Maintenant, il suivait ce qu’Eranor avait proposé après avoir contemplé Kalisha agir dans un mélange de fascination et de dégout. Mais la réaction qu’Eranor guetta le plus fut celle de Tanaris. Un sourire fugace apparut sur son visage, montrant une approbation relative au choix du noble asur. Il avait l’impression que la magicienne était intriguée par lui, qu’elle ne savait pas réellement quoi penser de ce militaire qui s’attirait les faveurs du commandeur qu’elle détestait. Mais l’air maussade de la magicienne reprit le dessus bien rapidement et elle alla discuter avec Orcan alors qu’Eranor se faisait questionner par la forgeronne fidèle à Khain.

Après un petit dialogue, Eranor jugea qu’il serait mieux de ne pas aller plus loin. Jamais il ne partagerait la conception de Kalisha et jamais elle n’accepterait la sienne. Pourtant, elle faisait partie de l’unité et son bras avait autant d’importance que n’importe quel autre dans cette armée, alors autant ne pas briser le semblant d’unité qui venait de se créer. Le noble Dréanoc fit un petit hochement de tête et se désintéressa de la forgeronne qui semblait, de toute manière, entièrement plongée dans son travail.

Les regards de la magicienne et du heaume d’argent se croisèrent et celle-ci lui indiqua l’arrière du bâtiment. Apparemment, elle avait envie de lui parler, et de lui parler seule, offrant une parfaite occasion pour mieux la comprendre et pour au moins essayer de lui faire comprendre l’importance des considérations stratégiques dans l’endroit où elle se trouvait. Une fois que l’asur eut rejoint sa compatriote, il s’assit près d’elle et chercha son regard.


-Je suis désolé que vous ayez à voir ceci... Commença Eranor en refaisant un bandage sur sa main gauche. Des membres de la noblesse ne devraient jamais s'abaisser à une telle barbarie... Mais dans des circonstances aussi extrêmes, beaucoup ne se comportent plus comme ce qu'ils auraient cru.
Mais, malheureusement, certaines choses doivent être faites pour le bien du plus grand nombre, et j'ai pris la décision de faire partie de ceux qui les font.

[MJ] Kriegsherr a écrit :La magicienne acquiesça d’un hochement de tête, avec un air peiné et grave. A cet instant, elle ne ressemblait plus à l’elfe rieuse, optimiste et insouciante de d’habitude, ni à la sorcière puissante et en colère qu’elle avait laissée entrevoir durant la bataille ou lorsqu’elle s’était dressée contre le commandeur Dalahnil. Non, elle paraissait tout simplement lasse, fatiguée, épuisée même. Ce changement avait été assez soudain. Même lorsqu’elle s’occupait des blessés ou avait parlé avec Orcan, il y avait toujours eu un sourire, une sorte de confiance en la vie communicative sur le visage et dans la posture de la jeteuse de sorts, même lorsqu’elle avait déambulé en suivant notre héros dans les rues dévastées, elle avait gardé un air au moins neutre. Seuls ses accès de colère avaient montré pour l’instant une autre facette de sa personnalité. Ce changement avait été soudain, dès qu’elle s’était sue seule avec Eranor, elle s’était relâchée, assise adossée contre un mur, la face triste. Peut-être son assurance n’était-elle finalement qu’une façade pour rassurer les soldats et les officiers. Toujours est-il que Tanaris Mïnwandel plongea ses yeux verts dans ceux d’Eranor Dréanoc. Elle semblait déçue, et c’est d’un ton amer qu’elle lui répondit, rebondissant sur ses tous derniers mots :
Image-Comme beaucoup de décideurs ici. Dalahnil serait sans doute fier de vous pour cela. Pas moi.
Elle soupira de nouveau, leva un bras en direction du charnier et le désigna du doigt en disant :
Image-Peu m’importe le comportement et la soi-disant tenue qui justifient la supériorité d’un groupe de privilégiés. Je suis née roturière et fière de l’être, et je ne vois pas en quoi je vous serai inférieure en cela, même si je n’avais pas ma magie. Certains de vos camarades au sang bleu ne sont d’ailleurs ni plus ni moins que des assassins revêtus d’un uniforme qui utilisent le prétexte de la guerre pour laisser libre cours à leurs plus bas instincts. Mais j’avoue que parodier le chaudron de sang des furies était de très mauvais goût. Et en rajouter un peu du vôtre n’arrange en rien les choses. J’ai passé tellement de temps et dépensé tellement d’énergie à guérir les blessures faites par l’ennemi que je n’apprécie guère de voir des gens se blesser eux-mêmes pour une raison aussi futile, fut-ce des blessures superficielles.

Quand aux décisions faites « pour le plus grand bien », allez demander aux blessés que j’ai soignés à l’infirmerie ce qu’ils en pensent. Allez demander à ceux que je n’ai pas pu sauver. Allez demander à ceux que vous avez froidement massacrés, ceux qu’on m’a interdit de soigner. Et oui, je parle bien des elfes noirs, entre autres.

Regardez ça, ouvrez les yeux Eranor. Des civils désarmés, des enfants… Comment avons-nous pu participer à une boucherie aussi abominable ? Qu’est-ce qui nous donnait le droit de faire cela ?


Des larmes embuèrent le regard de Tanaris lorsqu’elle détourna ses yeux de ceux du noble de Calédor pour aller se fixer sur les corps entassés pêle-mêle à quelques mètres d’eux.
À son tour, Eranor soupira et ses traits affichèrent une sorte de nostalgie teintée de mélancolie. Cette magicienne était une idéaliste avec une vision des choses bien trop simplistes selon lui. Le jeune noble aurait peut-être partagé cette vision du monde autrefois, mais il avait vécu bien trop de déboires aujourd'hui pour oublier comment était le monde où il vivait. Ainsi, ce fut avec un ton doux empreint d'une certaine tristesse, que le descendant des Dréanoc se prononça.

-Peu me chaut, au final, que Dalahnil soit fier ou non de moi. Ce qui m'importe, c'est de faire en sorte que le plus grand nombre puisse vivre sans avoir à connaitre un jour tout ceci. Et, pour le moment, il me semble que le commandeur agit dans le même but.

La naissance ne fait pas le talent, je vous l'accorde, poursuivi Eranor en plongeant son regard dans celui de la magicienne. Mais elle détermine bien d'autres choses. Et ce n'est pas de talent dont je parle ici, mais de devoir. Tout comme un fils ou une fille de n'importe quelle famille se doit d'aider sa famille et de montrer l’exemple aux plus jeunes de la famille, un noble se doit d'être irréprochable afin de montrer l’exemple au reste du peuple. Je ne dis pas qu'un noble est forcément meilleur, mais, de par la famille dans laquelle il est né, il devient un personnage public, observé par son peuple et obtient une influence certaine sur la plupart d'entre eux. Il se doit alors d'être le meilleur possible, de montrer le meilleur exemple possible pour orienter les autres vers un chemin le meilleur possible pour que tout puisse vivre en harmonie.

Et, ceci,
continua Eranor en désignant le tonneau de sang, est bien loin de l’exemple que devraient montrer des nobles. Mais, malheureusement, les choses ne sont jamais simples... J'aurais préféré refuser tout ceci, renverser ce tonneau et en finir avec ce rituel stupide mais que ce serait-il passé après ? La cohésion de notre unité n'en serait qu’amoindrie, la confiance aurait diminué et nous ne nous serions que battu moins bien par la suite. Et cette perte d’efficacité aurait pu provoquer bon nombre de déboires... Que faire si l'unité ne parvient plus à manœuvrer de concert et n'arrive pas à intercepter une unité qui fondait sur nos archers ? Les regarder mourir par dizaines avant de réussir à intervenir ? L'un des soldats de l'unité risquerait-il sa vie pour aider un camarade en mauvaise posture ou hésitera-t-il suffisamment longtemps pour que son adversaire n'en vienne à bout ? De tels risques ne valent pas le coup d'être pris, et je préfère amplement tremper une lame dans le sang des morts plutôt que de risquer de voir celui des vivants couler à flots... Même si j'ai fait ce que je pouvais pour éloigner le plus possible ce "rituel" des symboles de Khaine.

Eranor fit une courte pause en observant le ciel.

-Je ne pense pas pouvoir vous convaincre de quoi que ce soit, Tanaris, pas plus que vous ne pourrez me convaincre moi je pense. Cependant, peut-être puis-je au moins vous faire comprendre ma manière de voir les choses...

Combien de blessés auriez-vous pu sauver avant de vous écrouler de fatigue ? Combien de temps auriez-vous pris à vous remettre d'avoir soigné tous les blessés, qu'ils soient amis ou ennemis ? Que ce serait-il passé si vous n'étiez justement pas remise alors qu'une force conséquente des Druchii nous était tombée dessus ? En l'absence de l'appui de votre magie, ne serait-ce pas des dizaines, voire des centaines de vies qui auraient pu être perdues ? Sans personne pour dissiper les sorts d'une sorcière ennemie, sans personne pour empêcher une charge de cavalerie par un mur de flamme, ne risque-t-on pas de perdre bien plus de vie encore que ce que vous auriez sauvé en vous épuisant sur les blessés ? Dans ce monde, le pragmatisme doit l'emporter sur l'idéalisme pour éviter que le pire n'arrive et notre peuple a tant tardé à comprendre ceci qu'Ulthuan a bien failli voler en éclats plusieurs fois...

Ce massacre n'a aucun rapport avec le droit ou la justice. Ce massacre n'est rien d'autre que la guerre, Tanaris. En frappant ici, sur le territoire des druchii, nous les forçons à rapatrier des forces sur leurs côtes pour les protéger et empêcher la perte de ressources précieuses. Ces forces sont celles qui terrorisent nos royaumes extérieurs, celles qui pillent nos terres et réduisent en esclavage ceux qu'elles ne tuent pas. Les obliger à agir ici protège bon nombre de villages côtiers tout en affaiblissant ses ennemis dont les richesses dépendent principalement des pillages et des esclaves. Ainsi, ce massacre contribue à protéger les côtes du monde entier en plus de nos voies commerciales, cet abattage, comme vous l’appelez, a pour but de sauver bien plus de vie qu'il n'en a coûté, que ce soit des vies d'adulte ou d'enfant.

Vous me rétorquerez certainement que nous aurions pu éviter tous ces morts, mais là encore, le pragmatisme doit primer. Un seul elfe noir parvenant à fuir la colonie aurait pu suffire à indiquer notre position, notre nombre et la composition de nos forces. Une seule vie aurait suffi à coûter celle de plus de deux cents. Qu'aurions-nous dû faire de ceux que nous rattrapions et qui ne voulaient pas se rentre alors ? Les laisser nous enfoncer un poignard dans la gorge ? Les laisser atteindre la forêt pour rejoindre une autre colonie ? Essayer de les retenir et prendre le risque que les autres ne s'enfuient ? Tout n'est qu'une tension entre risque et récompense, il n'y a jamais de vraie bonne solution.

D'ailleurs, il serait trop facile de considérer ceux qui sont mort aujourd'hui comme de simples civils innocents tués par de cruels soldats... Vous avez vous-même dû le constater, votre infirmerie de fortune était une salle de torture et la moitié de la population de la ville devait être entassée dans cet enclot à esclave reconverti en camp de prisonniers... Combien d'esclaves serait exploité jusqu'à la mort dans cette colonie ? Combien de villages auraient été pillés et combien de paysans auraient été massacrés pour conserver cet enclot plein ? Combien d'esclaves ont et auraient été torturés jusqu'à la mort par ces civiles "innocents" morts aujourd’hui ? Bon nombre de nos soldats ont perdu un être cher dans les pillages et les exactions des druchii, alors comment voulez-vous que réagisse un père qui, en voyant ces enclos et ces salles de torture, imagine ce qu'a dû endurer son fils capturé par les elfes noirs au cours de leur pillage ?


Eranor se retourna alors vers Tanaris et plongea son regard dans celui de la magicienne. Une douleur sincère et profonde se lisait dans les yeux émeraude du noble asur.

-Avez-vous déjà été victime de cette guerre sans fin qui fait rage entre notre peuple et les peuples corrompus, qu'ils soient elfes ou humains ? Dites-moi, pensez-vous que la corruption, la folie et la torture, que les villages de nos côtes en feu et nos concitoyens brisés par la haine et la douleur ne sont que des histoires recomptées le soir pour faire peur aux enfants ?

Eranor était conscient que Tanaris n'avait pas parlé de certains arguments qu'il avait précédemment avancés, notamment sur la nécessité de la magicienne à ne pas soigner tous les blessés ou sur la nécessité que nul ne s'échappe de la colonie. Peut-être commençait-elle à concevoir la sagesse toute pragmatique de certains ordres ou peut-être ne souhaitait-elle simplement ne pas aller plus en avant sur le sujet tout en se cramponnant à ses convictions pour ne pas finir sans arguments. De cette discussion, du bien pouvait ressortir...
[MJ] Kriegsherr a écrit :
Image –Je ne peux le nier, je n’ai pas été victime de leurs exactions, qui sont réelles. Mais pourquoi, sous prétexte qu’ils sont nos cousins ennemis seraient-ils tous des « méchants » en puissance ?
*Petit rire acerbe*
Image –Voilà que vous vous mettez à penser comme Dalahnil ma parole ! La vérité est bien plus dure à entendre, et c’est d’ailleurs pourquoi beaucoup préfèrent se voiler la face et se bercer d’illusions. Ils ne sont pas différents de nous, et vous le savez mieux que quiconque. Ce qui fait qu’ils sont considérés comme des druchiis et pas des asurs, ce sont uniquement leurs choix. Regardez votre sœur par exemple. Ne pensez-vous pas que si des nôtres peuvent faire preuve d’autant de cruauté, alors il doit bien exister chez l’ennemi des gens capables de bonté, inversement ? La société forme ses citoyens tout autant voire plus qu’elle n’est formée par eux. Le seul tort de la plupart ces gens que vous avez tué était d’être nés en Naggaroth et non pas en Ulthuan, et d’avoir fait ce qu’il fallait pour survivre. J’irai même plus loin. Posez-vous la question de savoir ce que vous seriez devenu si vous étiez né d’un couple de nobles elfes noirs ? A voir votre loyauté sans faille et votre conviction au service de notre camp, et ce que vous venez de me dire sur le rôle des nobles selon vous, je suis certaine que si vous étiez né de ce côté-ci de la mer, vous auriez été un parfait noble druchii, à l’exact opposé de ce que vous êtes maintenant, loyal jusqu’au bout à Malékith et prêt à commettre les pires atrocités en vous disant qu’au final sa cause est juste. Ce que nous venons de faire ici n’est pas différent. Et croyez-moi, c’est loin d’être terminé.
L’amertume qu’Eranor perçut dans ses derniers mots était encore plus importante que dans le reste de son intervention. La magicienne continua d’un ton défaitiste :
Image –C’est la guerre à outrance. Peu importe qui a commencé et pour quelle raison. Ca n’a plus aucun sens aujourd’hui, chaque massacre justifie le prochain. Nos arrière-grands-parents n’étaient même pas nés que nous nous déchirions déjà. Si nous n’arrêtons pas ce cercle vicieux, si nous ne montrons pas de la bonté et de la miséricorde quand nous pouvons le faire, comment espérer que nos ennemis en montreront ? Comment les qualifier de mauvais et nous de bons ? En réalité vous justifiez leurs actions en agissant de la sorte. Et pire encore, le feu alimentant le feu, de massacre en massacre, de représailles en représailles, ce conflit ne pourra se terminer que par l’extermination totale d’un des camps.
Le visage d'Eranor sembla perdre l'émotion vibrante qui y était inscrite juste auparavant et le noble asur leva de nouveau les yeux au ciel avec un soupir.

-Je ne pense pas que vous ne soyez en capacité de comprendre la douleur et le sentiment d'horreur face aux exactions que nous avons vu que beaucoup d'entre nous partageons alors. Non pas que vous ne soyez pas assez intelligente ou trop différente, mais plutôt que ces sentiments font partie des choses que l'on ne conçoit réellement qu'une fois que l'on ne les ait côtoyés... Un peu comme la sensation que vous avez lorsque vous tissez entre eux les vents de magie. Je pense que vous ne pourriez me décrire cette sensation avec des mots sans que moi-même en ai fait l’expérience. Je gage que si vous compreniez cette douleur qui vous broie le cœur à chaque instant, vous comprendriez plus aisément les actions de beaucoup d'entre nous...

Mais reprenons donc un discours plus pragmatique, voulez-vous ? Je crois que vous avez du mal à concevoir les différences fondamentales entre notre peuple et nos cousins maudits, certainement parce que vous n'avez jamais été confronté à tant de haine et de cruauté d'ailleurs. Bien sûr, tous les druchii ne naissent pas psychopathes et cruels ! Tous ne sont pas "méchants" par nature ! Mais s'ils ne le sont pas par nature, ils le deviennent par la force des choses. Leur société entière repose là-dessus : la domination du fort par la destruction du faible. Si vous ne vous montrez pas plus dur et plus cruel que votre voisin, alors vous avez toutes les chances de finir à la rue et privé de toute votre famille dans ce pays, voire même réduit à l'état d'esclave de votre voisin... C'est ainsi que Malékith a voulu son royaume : un royaume où seuls les forts survivent et où les faibles sont éliminés. Ceux qui se montrent incapable de cruauté et n'en faisant aucune finissent systématiquement brisés.

Là est l'une des différences fondamentales entre druchii et nous ! Nous ne sommes pas forcément différents à la naissance et nous avons un bon nombre d'elfe cruel dans nos rangs comme un bon nombre de druchii naissent bons. Cependant, nous ne brisons pas nos confrères cruels, nous ne les réduisons pas à l'état plus bas que l'animal tandis que nos cousins le font avec ceux qui naissent bon. Je pense donc que vous vous trompez en disant que le seul tort de cette majorité d'elfe noir est d'être né ici, car ceux qui survivent sont ceux qui ont fait ce qu'il devait être fait ici : briser autrui pour grandir. Nombreux sont ceux qui n'auraient jamais fait cela en naissant en Ulthuan, mais est-ce là une raison valable pour les laisser continuer à le faire ? Que nous aurions possiblement été différents dans d'autres circonstances nous laisse-t-il le droit de torturer des esclaves et de marchander la vie d’autrui comme s'il ne s'agissait que d'une botte de foin ?

Mais, si je vous ai parlé de cette cruauté, ce n'était pas pour vous donner la justification de cette attaque, mais plutôt pour vous rappeler que le monde ne se sépare pas en militaires sanguinaires et en civils innocents. Cette attaque n'avait aucun rapport avec la justice et aucun des druchii morts aujourd'hui ne le sont pour ce qu'ils avaient fait dans leur vie ou pour le lieu où ils sont nés. Les morts d'aujourd'hui le sont au nom de la stratégie militaire. Je vous ai déjà exposé les raisons de ces morts auparavant, ce sont des raisons bien plus pragmatiques que simplement tuer des druchii pour tuer des druchii. Nous n'avons d'ailleurs pas la puissance militaire pour gaspiller des forces à des attaques sans but précis, le massacre dont l'unique but est de verser le sang n’existe pas chez nous, ne serait-ce que pour des raisons de réalisme de nos forces.


Eranor se retourna vers Tanaris en affichant un air pensif.

-Nous sommes en tout cas d'accord sur un point : beaucoup d'entre nous n'auraient pas été différents des druchii que nous avons tués ici s'ils étaient nés en Naggaroth. Cependant, je ne pense pas que j'aurais été le parfait noble druchii. Je pense plutôt que j'aurais fait partie de ceux qui sont mort pour ne pas être suffisamment dur dans cette société. Certes, je serais certainement mort avec une grande loyauté envers le roi sorcier, mais je n'aurais pas su me montrer suffisamment fourbe et cruel pour survivre dans la noblesse de Naggaroth et je serais mort bien jeune dans des machinations de ceux qui lorgnaient sur mes parts. Mais, en attendant, nous ne sommes pas nés en Naggaroth, mais en Ulthuan. Nous n'avons pas été éduqué par les druchii, mais par les asurs. Nous ne vivons pas d'esclave et de pillage, mais d'harmonie avec nos terres. Et j’espère que si les choses étaient inversées, si nous devions vivre de la même manière que les druchii et eux, de la même manière que nous, que ceux-là prennent les armes pour nous empêcher de continuer à répondre mort, douleur et destruction...

Eranor prit le ton le plus calme qu'il pouvait avoir, essayant d’exposer le reste de son point de vue d'une manière à ne pas faire croire à Tanaris qu'il la jugeait.

-Je dois vous dire que je ne suis pas d'accord avec vous sur ce dernier point. Il ne s'agit pas de la guerre à outrance entre nos peuples, mais de la guerre totale. Une guerre liée à deux conceptions incompatibles du monde. L'harmonie qui combat la domination. Cette guerre a un sens, un sens très simple : ou nous mourrons et nous disparaissons, ou ils meurent. Comme vous l'avez dit, la seule issue possible est la disparition d'un des deux peuples... Quoi que... Une troisième issue existe, mais une issue qui me paraît moins probable que les deux autres : la mort de Malékith et Morathi.

Je ne suis aussi pas d'accord sur ce que vous préconisez. Notre ennemi veut cette guerre, il veut ces massacres et n'aura de cesse que si Malékith fini sur le trône du roi phénix et que notre culture finit entièrement détruite. Leur montrer paix et miséricorde serait une erreur qui nous coûterait cher, une erreur que nous avons d'ailleurs déjà faite par le passé, une erreur qui nous a coûtée d'innombrable vie. Repensez au règne d'Æthis, le Poète et à sa fin tragique... Nous avions vécu de paix et de miséricorde envers ceux que nous pensions presque éteint pendant plus de 1700 ans pour nous rendre compte que ceux envers qui nous avions donné notre miséricorde complotaient depuis bien longtemps pour nous mettre à bas. Le culte du plaisir s'était introduit de nouveau dans nos citées sous l’inflexion des agents des Druchii, le roi phénix fut assassiné par un agent de Malékith et une nouvelle invasion d'Ulthuan débuta, nous plongeant dans un siècle de guerre épuisante. Combien de vie a coûté la miséricorde que vous voudriez montrer aux druchii ? Combien de morts, de destruction et de famille brisés ? Ne pensez-vous pas qu'en faisant la même chose, nous n'encourions pas le risque de foncer droit vers un désastre similaire ? Nous ne pouvons pas arrêter ce cercle vicieux car la société de nos ennemis est basée uniquement sur lui et, toujours, ils reformeront le cercle que nous essayons de briser. En vérité, je crains fort qu'aucune paix ne soit possible tant que Malékith et Morathi sont encore de ce monde.


Un sourire apparut au coin de la bouche d'Eranor.

-Comme je vous l'ai dit, je ne m'attends pas à vous convaincre, vous êtes trop idéaliste pour partager ma vision des choses... Mais peut-être pourrais-je vous faire comprendre que nous n'agissons pas pour rependre la mort sans la moindre réflexion, mais bien pour protéger les nôtres de ce que nous avons à vivre ici.
[MJ] Kriegsherr a écrit :
Image –Je ne suis pas d’accord, en effet. Votre raisonnement peut conduire à justifier les pires atrocités, et cela, je ne le permettrai jamais, je ne l’accepterai jamais. De plus, il me semble naïf de penser que tuer Malékith et sa mère suffirait à régler le problème. De même que notre société n’est pas morte avec le roi Calédor Ier, je suis persuadé qu’un autre chef s’élèverait et remplacerait simplement le Roi-Sorcier et sa traitresse de mère à la tête des elfes noirs. Bien sûr, rien ne dit qu’il serait aussi puissant ou arriverait à fédérer son peuple contre nous, et peut-être profiterions-nous de leur faiblesse pour les écraser, mais ce qui me paraît certain c’est que le combat ne cesserait pas du fait de leurs morts.
Sentant qu’ils en étaient arrivés à un point de désaccord, mais toujours avec respect et politesse, la jeune sorcière continua, sur un ton de demande proche de la supplique :
Image – Par pitié Eranor, je sais que vous serez amené à prendre de l’importance à l’avenir dans l’armée comme dans la vie civile, tout le monde le sent. Je ne peux que vous prier, au nom d’Isha, de garder à l’esprit que chaque être intelligent a le droit de vivre. Prendre une vie d’un tel être est un acte révoltant, terrible, contre nature, qui ne doit être envisagé qu’en dernier recours. Tout comme infliger de la douleur à autrui. Ne devenez pas mauvais sans vous en rendre compte, ne vous fermez pas à vos sentiments, vos émotions. La discipline et la froide logique sont une chose, le cœur en est une autre, bien plus importante…
Et pour finir, la magicienne ajouta timidement, d’une petite voix :
Image – Et sachez que si un jour vous avez besoin de quelqu’un pour quoi que ce soit, je serai là.
-Ce ne serait que poussé à l’extrême que ce raisonnement arriverait à telles exactions, et la modération a toujours été notre mot d’ordre. Et je tiens à m'excuser, j’ai dû mal m’exprimer au sujet des dirigeants de Naggaroth. Nul doute que la guerre ne s’arrêterait pas avec leur mort, mais les druchii pourraient, avec le temps, évoluer sans eux et une paix serait alors peut-être envisageable, une paix qui, actuellement, est impossible. C’est ce que je voulais dire précédemment.

Les derniers mots de Tanaris touchèrent le cœur du noble Eranor. C’était un être intrinsèquement bon, un être de pensé et de douceur, un être fait pour la paix et non pour des temps de malheur et de guerre. La magicienne était exactement le genre de personne que le noble Dréanoc souhaitait protéger de la guerre en la menant lui-même et qu’elle ne se retrouve plongée dans un tel chaos avait de quoi lui fendre le cœur. Magicienne ou pas, la guerre ne ferait que l’écorcher de l’intérieur. Le noble posa sa main sur l’épaule de la jeune mage en se levant avant de lui répondre avec douceur.

-Je ne prends jamais à la légère le poids d’une vie, mais nous vivons des temps sombres, des temps de malheurs où discipline et froide logique doivent côtoyer le cœur pour ouvrir sur un avenir meilleur. Nous… Je suis obligé de marcher au bord d’un précipice pour en éloigner les meilleurs d’entre nous et j’ai peur autant que vous d’y sombrer un jour. Mais j’espère du plus profond de mon cœur que si jamais cela devait arriver, vous soyez là pour me rattraper.

Sur ces mots, Eranor gratifia la magicienne d’un sourire sincère puis prit congé. Il devait passer voir où en était Kalisha avec sa nouvelle lame. Outre cette obligation, un peu de repos serait bien mérité et, si l’on n’avait pas besoin de lui ailleurs, ce serait vers lui que l’asur se dirigerait.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 07 févr. 2018, 19:18
par [MJ] Kriegsherr
La discussion entre notre héros et la jeteuse de sorts avait certes été longue, mais pas suffisamment pour que Kalisha en ait fini avec son travail à la forge. Même avec les meilleurs artisans, il fallait une certaine patience pour fabriquer des armes de qualité convenable. La précipitation en ce domaine n’était jamais synonyme d’efficacité.

Mais alors qu’Eranor Dréanoc s’apprêtait à s’étendre pour profiter du temps libre qu’il avait en prenant quelques précieuses heures de sommeil, un évènement imprévu vint perturber ses projets. En effet, un simple lancier qu’il ne connaissait que de vue vint le trouver et lui annoncer qu’il était convoqué sans attendre au conseil. En sortant, Eranor s’aperçut que le Grand Heaume Rovarion et Tanaris Mïnwandel étaient également de la partie. Ensemble, le trio et leur guide retraversèrent le village elfe noir en sens inverse et se rendirent de nouveau au Sud. Cette fois-ci, cependant, Eranor aussi était convié dans le poste de garde principal, ainsi que son chef d’unité, Rovarion.

L’intérieur du poste de garde principal des Druchii n’avait rien de particulier. Quelques cellules lugubres principalement au rez-de-chaussée et au sous-sol, des pièces communes et un accueil simple au niveau du sol, et des chambres et dortoirs pour les gardes dans les étages. En l’occurrence, la réunion d’état-major se tenait dans le bureau du capitaine, le plus grand de tous. Autour d’une table de bois sur laquelle étaient étalés divers documents, les chefs de l’ost haut-elfe discutaient de la suite des évènements.

Ils s’interrompirent en voyant entrer les trois nouveaux venus. La petite pièce étant déjà surpeuplée, tous ne pouvaient s’asseoir. Mais ce détail semblait peu importer à Tanaris et Rovarion, qui se contentèrent de rester debout derrière les elfes attablés, neutres en apparence. Tandis que le garde de faction refermait la porte, le commandeur Dalahnil gratifia d’un sourire le jeune heaume d’argent et lui annonça une bonne nouvelle :


Image –Ah, Rovarion, Mïnwandel et Dréanoc, parfait, nous n’attendions plus que vous. Tout d’abord, les bonnes nouvelles. Je ne reviendrais pas sur le débriefing de la bataille, dont nous avons déjà parlé, mais force est de reconnaître que jusqu’ici cette opération est un succès total.

Eranor Dréanoc, j’avais reçu des instructions du Prince Astaris d’Enectelia à votre sujet. Nous vous avons observé et testé tout au long de la campagne, et force est de reconnaître que jusqu’ici vous avez justifié les espoirs placés en vous. C’est pourquoi je vous nomme officiellement au grade de Grand-Heaume et de sous-chef de votre unité. Toutefois, vous n’exercerez pas de commandement pour l’instant. Ces lettres qui vous nomment à ce grade étaient pré-signées par le Prince en personne et n’attendaient que mon sceau pour être valables. C’est maintenant chose faite. Félicitations, Grand Heaume Dréanoc.
En prononçant ces mots, le chef du bataillon apposa son sceau sur une série de documents et les transmis à leur destinataire. Puis il reprit :
Image –Bien, maintenant, il convient de décider de la marche à suivre. Comme ceux qui ont assisté au début de la réunion le savent, il semblerait que nos informations étaient partiellement exactes, nos craintes étaient fondées.

Pour résumer, effectivement, ce village devait bien servir d’étape et de ravitaillement à un bataillon d’elfes noirs en provenance des terres et devant embarquer sur la côte Est en un lieu et à une date inconnue sur l’Arche Noire « Courroux de la Tour Noire » en prévision de pillages prochains sur Ulthuan. Notre flotte et nos guerriers fantômes ayant déjà fait subir d’importantes pertes à la garnison du Courroux de la Tour Noire, la destruction de ce village devrait suffire à empêcher toute liaison entre les renforts des terres et l’arche noire. Mieux encore. Sans les vivres et l’approvisionnement nécessaire, il est probable que l’ost elfe noire soit forcé à rebrousser chemin et subisse ce faisant de lourdes pertes sans même que nous ayons à combattre. Sur leurs terres et suivant une exigence de rapidité, ils n’emportaient sans doute que des provisions en léger excédant pour ce voyage, et tomberont donc vite à court de vivres. Connaissant l’inhumanité [ineflicité] des commandants elfes noirs, beaucoup de leurs hommes mourront de faim. De l’autre côté, le Courroux de la Tour Noire, ignorant la neutralisation de la colonne de renforts attendue, sera acculé par notre flotte qui donnera l’assaut et pourra aisément l’envoyer par le fond.

La mauvaise nouvelle, c’est que le bataillon d’elfes noirs devrait arriver ici plus tôt que prévu. Il s’agit d’une armée de taille au moins égale à la nôtre et sur le pied de guerre. Une lettre trouvée dans la maison du Fein qui dirige ce village et confirme leur arrivée dans deux jours au plus. Il faut donc impérativement que nous ayons quitté les lieux dès demain à l’aube. Evidemment, cette lettre pouvant être une simple ruse, j’ai pris la précaution de faire vérifier l’information. Au sous-sol de ce bâtiment et en ce moment même, des interrogatoires sont en train d’être menés sur des prisonniers druchiis et quelques uns de leurs esclaves. Nul doute que nous aurons vite confirmation de la véracité de l’information.

La position étant indéfendable, je propose que nous fassions brûler la ville pour empêcher tout renforcement de l’armée adverse. Elle ne doit pas pouvoir se ravitailler ici, en aucune manière, ni en hommes, ni en armes, ni en vivres, et nous ne devons leur laisser aucun refuge non plus. Evidemment, nous passerons tous les prisonniers par les armes. Ces chiens n’auraient eu aucune pitié pour nous, inutile de les laisser se renforcer par notre faiblesse.

Quant aux esclaves libérés, nous laisserons derrière nous ceux qui ne sont pas elfiques et tous ceux qui sont trop faibles pour supporter une marche forcée. De même, Mïnwandel, tous nos blessés qui ne sont pas en état de marcher à cadence renforcée plusieurs jours sans répit devront être laissés sur place.

Ils retarderont un temps soit peu l’ost elfe noir. C’est un sacrifice difficile mais nécessaire, car si nous étions rattrapés par une armée adverse dans ces collines qu’ils connaissent parfaitement, l’avantage serait à eux.

Avez-vous des questions, des remarques, des suggestions ?
Presque immédiatement, la voix de la magicienne rousse retentit, emplie de ressentiment et de colère mal dissimulée :
Image –Mais... Mais vous n’y pensez pas, c’est affreux ! Ces pauvres esclaves, qu’ils soient elfes ou non, après tout ce qu’ils ont enduré, on ne peut pas décemment les abandonner comme ça, ils vont se faire massacrer, torturer. Et… Et nos blessés ? S’ils tombent entre les mains ennemies… C’est… C’est monstrueux ! Même les tuer nous-mêmes serait plus doux et moins hypocrite.
La jeune sorcière chercha désespérément des yeux un soutien parmi les militaires présents dont certains baissaient les yeux et évitaient son regard, d’autres le soutenant. Afin de les impliquer davantage, elle s’adressa même aux soldats en les interpellant directement :
Image –Vous êtes censés être les dirigeants de notre armée, les défenseurs d’Ulthuan. Des serviteurs du bien ! N’y en aurait-il pas un seul parmi vous qui ait le courage de dire quelque chose ? Vous ne pouvez pas acquiescer ainsi au massacre horrible de centaines d’innocents, je ne peux pas le croire !
Mais il semblait que nul n'osait ou ne souhaitait parler pour remettre en cause les directives de Dalahnil et soutenir Tanaris. Eranor, tout nouvellement promu, allait-il prendre l'initiative de rompre le silence de mort qui s'était installé ?

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 10 mars 2018, 15:35
par Eranor
Alors qu’enfin Eranor se dirigeait vers un repos bien mérité, l’esprit las de devoir accommoder tout à chacun pour que les choses se déroulent le mieux possible, le sort l’appela de nouveau. Un lancier vint enjoindre le seigneur asur à rejoindre le conseil de l’état-major, nouvelle qui raviva la curiosité prête à s’endormir du soldat. Lui, un simple soldat, convoqué à une réunion stratégique ? Il y avait de quoi se poser des questions ! Et ce n’était pas comme si le reste de l’unité était convié, car seul le grand heaume et la magicienne prenaient le même chemin que lui. Cette journée serait décidément pleine de rebondissement…

Le trajet ne fut pas long et plutôt silencieux. Eranor était particulièrement pensif, cherchant les raisons de sa convocation, imaginant tout et son contraire en affichant un air circonspect. Le trio arriva alors bien vite jusqu’à la bâtisse où l’état-major se trouvait et y pénétra sans attendre. Le commandeur était entouré de ses sous-officiers, occupé à discuter depuis déjà quelques temps dans le bureau du capitaine de la garde. Les trois derniers arrivants entrèrent dans la salle tandis que Dalahnil s’interrompait et que le garde de faction refermait la porte. Tout comme la magicienne et le grand heaume, Eranor resta debout, les mains dans le dos et le torse droit, attendant la suite des évènements.

Et l’asur en resta bouche-bé quelques instants. Le commandeur lui octroya une promotion en tant que Grand Heaume, sous-chef de son unité pour le moment. Sa promotion fulgurante avait-elle été poussée par les anciennes relations entre le prince Astari, qui avait déjà pré signé ces lettres, et son grand père disparu il y avait bien des années ? C’était une question qui méritait de se poser, car le seigneur elfe ne faisait partie du corps militaire que depuis peu de temps, bien qu’il eut déjà acquis une bonne expérience par ses aventures qui l’avait poussé dans des situations qui auraient semblés inexpugnables à certains. Pourtant, c’était bel et bin Dalahnil qui donnait cette promotion en signant les lettres, celui-ci avait dû voir quelque chose d’intéressant chez Eranor et ce dernier ferait tout pour ne pas lui donner tort.

Ces derniers jours avaient été compliqués, empreint d’effort long et de privation, mais cette nouvelle promotion donnait une certaine sensation d’allégresse au jeune asur qui voyait sa carrière s’élancer qui effaçait toute trace de fatigue. Mais Eranor n’eut guère le temps de profiter car, après avoir récupéré les documents de sa promotion tout en faisant une rapide révérence pour remercier son supérieur, Dalahnil enchaina sur la raison de ce rassemblement. Enfin, le jeune asur comprit les tenants et aboutissants de la présence de l’ost en ces terres par le récapitulatif de Dalahnil et il ne put qu’approuver les agissements de ce commandeur face à cette colonie. L’opération suivait effectivement un plan plus grand dans le but de mettre à bas une large force qui aurait pillé et ravager les côtes de son Ulthuan natale. Tout semblait se dérouler parfaitement, la colonie ne pourrait plus apporter d’aide à la colonne de renfort en marche pour soutenir l’Arche Noire peu à peu acculée par la puissante flotte asur et l’ost haut elfe s’en tirait avec des pertes minimes.

Mais, à la guerre, peu de chose se passe sans encombre. L’ennemi avait marché plus rapidement que prévu et risquait de tomber sur l’armée placée dans une position difficilement défendable. Pourtant, ces connaissances donnaient un large avantage à ses confrères songea Eranor pendant un instant. Les forces druchii avaient, certes, une certaine connaissance et habitude du terrain, mais elles ne savaient pas que l’ost asur se trouvait dans la colonie et qu’il contrôlait déjà les lieux. C’était le moment idéal pour tendre un piège, une chance inespérée d’écraser la colonne de renfort et d’emporter une victoire éclatante. Si l’ennemi ne se doutait pas de ce qui s’était passé jusqu’au dernier moment, alors il suffirait de le laisser s’engager dans la colonie vidée pour, une nouvelle fois, déferler sur lui depuis les hauteurs en faisant pleuvoir une pluie de traits sur lui. Seulement, cette fois, les asurs auraient, en plus, le temps de préparer le terrain et de piéger le village en préparant des foyers d’incendie dans chaque maison et en les enflammant lorsque l’ennemi serait engager. Seulement, ce plan comportait des risques, il suffirait que l’ennemi se doute de quelque chose et ne s’engage pas pour que rien ne se passe comme prévu. Pour pallier ce problème, des éclaireurs pourraient se faire passer pour des forces de la colonie et des choses pouvaient être tentés pour faire penser que le village était encore habité comme autrefois, notamment en maintenant des feux de forge et de cheminée. L’on pourrait aussi simplement laisser le village abandonné en se cachant dans les hauteurs et laisser les forces ennemies commencer à inspecter l’endroit avant de lancer l’incendie et l’attaque.

Pourtant, ce n’était pas cette possibilité qu’évoquait le commandeur. Il lui semblait plus sage d’abandonner les lieux en achevant blessés et prisonnier. Solution qui, bien entendu, engendra une vigoureuse protestation de la magicienne qui en appela à tous les autres gradés de la petite pièce avant de se tourner vers Eranor en lui lançant un regard qui lui enserra le cœur. L’asur porta sa main à son menton et se mit alors à réfléchir à toute allure. Si l’ost devait quitter l’endroit, le commandeur avait raison, il fallait exécuter les prisonniers pour le bien de l’opération militaire, mais garder les blessés et esclaves en vie en les laissant sur place ? Si cette décision était discutable moralement parlant, il sembla au jeune asur qu’elle l’était aussi stratégiquement parlant. Finalement, il s’exprima, faisant fi du risque de perdre la place qu’il avait nouvellement acquise. Peut-être était-ce dû à sa jeunesse, mais il était incapable de condamner des dizaines d’être à un sort pire que la mort, même pour des considérations stratégiques.


-Pardonnez-moi, mon seigneur commandeur, mais peut-être que nous tenons une occasion de frapper les druchiis plus fort encore. La position n’est pas défendable, mais il me semble que nous avons l’initiative car nous savons où est l’ennemi et qui il est, eux ne savent pas même que nous sommes ici. Nous pourrions pousser l’armée ennemie à être ceux qui se défendent dans la nasse où se trouve le village. De plus, nous disposons d’au moins deux jours pour préparer divers pièges pour accueillir ces renforts comme il se doit. Si nous laissions le village indemne tout en cachant nos forces dans les bois, sur les hauteurs, nous pourrions fondre sur la colonne druchii avant qu’elle ne puisse se mettre en ordre de combat. Le village est une colonie minière munie d’une forge, il y a, ici, beaucoup de combustible, nous pourrions les utiliser pour préparer des foyers d’incendie dans les bâtiments du village et les enflammer lorsque l'armée ennemie se sera engagé dedans. Nous pourrions alors faire fondre la cavalerie sur leur arrière et leur couper toute retraite. De plus, nous disposons d’une main-d'oeuvre en grand nombre d'anciens esclaves habitués au travaille de la mine, ceux-ci pourraient être utiles en préparant des éboulements aux extrémités de la ville ou en creusant des abris sous l’entrée du village dans lesquels des soldats pourraient se cacher pour en ressortir une fois que le désordre dans les rangs ennemis serait à son comble. Il serait alors possible d’écraser la colonne de renfort ennemi avec un minimum de pertes. Je pourrais vous fournir une proposition de plan d’attaque si vous me laissiez quelques heures messire…

Nous aurions plusieurs avantages à ne pas reculer : tout d’abord, nous n’abandonnerions pas nos blessés, ensuite, nous sauverions tous les esclaves, elfes ou non, ce qui serait un atout majeur, au moins politique. Qu’une force elfique permette à des esclaves de toutes les nations de rentrer chez eux et nous ferions grandement grandir la réputation d’Ulthuan dans le monde. De plus, les ex-esclaves pourraient porter du butin que nous aurions dû abandonner sur place une fois les renforts écrasés.

Ce plan comporte des risques mais nous ne devons pas oublier que l’ennemi ne sait pas que nous sommes là, ce qui ne sera plus le cas s’il aperçoit la colonie en feu. Quoi qu’il en soit, si nous devons nous retirer, serait-il vraiment bénéfique de laisser en vie les blessés et les esclaves ? Ils seraient une source d’information sur nous pour les druchii, et je gage que ceux-ci sauraient les faire parler. Et que faire si l’un d’entre eux en a entendu plus que ce qu’il devrait ? Il pourrait essayer d’obtenir la rédemption en donnant des informations sur la direction que nous avons prise, sur l’endroit d’où nous venons, notre nombre, notre armement… Tuer nous-même ceux que nous abandonnons derrière nous ne serait pas plus sûr que de les laisser en vie en espérant qu’ils ralentissent hypothétiquement les druchii ?

De plus, nous pourrions y gagner en amenant avec nous tout esclave en capacité de marcher, qu’il soit elfe ou non. Nous pourrions emporter plus de butin, nous pourrions armer une petite unité avec les armes de nos ennemis qui pourrait se battre contre les druchii à nos côtés le cas échéant. Je pense que nombre de ces esclaves haïssent autant les druchii que nous, en les prenant avec nous, nous pourrions utiliser cette haine à notre avantage. Je pense qu’il serait plus sage, si nous devions reculer, de prendre tout être en état de marcher avec nous et de mettre un terme aux souffrances des autres.

La décision est vôtre, commandeur.


Eranor regardait Dalahnil dans les yeux, appuyant ce qu’il disait par un regard déterminé mais sans arrogance. Il n’avait même pas cherché à voir la réaction de Tanaris, gardant son regard dans celui de son supérieur tout le long de son discours. Il avait joué ses cartes, son intervention pourrait être prise comme un manque de respect ou comme des suggestions bienvenues, mais au moins ne serait-il pas resté les bras croisés face à un sort horrible prévu pour des innocents.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 20 mars 2018, 16:07
par [MJ] Kriegsherr
Les chefs de l’ost elfe écoutèrent avec attention les propositions d’Eranor. Une chose était sûre, en tout cas, le nouveau Grand-Heaume ne manquait pas d’audace ! A peine promu que déjà, il proposait son plan d’action pour l’ensemble du bataillon. D’ailleurs, ce plan en lui-même était loin d’être idiot. Toutefois, s’il fut le point de départ d’une réflexion de la part de plusieurs de ses collègues, au final, la décision fut la suivante :
Image –C’est une proposition bien téméraire que vous nous proposez là, jeune Dréanoc. Et je dois avouer qu’elle n’est pas pour me déplaire. En d’autres circonstances, j’aurais accepté, mais en l’occurrence, il y a trop d’éléments qui me poussent à devoir rester sur la retraite. Comme vous êtes destiné à commander un ost entier dans un futur plus ou moins éloigné, je vais exceptionnellement vous détailler mon raisonnement qui me mène à refuser votre suggestion.

Tout d’abord, nous savons qu’un groupe non négligeable d’éclaireurs ennemis, très expérimentés et très mobiles, est quelque part sur nos arrières, beaucoup plus près que la colonne de renforts ennemis. A coup sûr, il aura vu les fumées et compris ce qui se passait. Il est certain qu’en ce moment même plusieurs d’entre eux sont déjà en route par des chemins détournés pour les avertir, tandis que les autres nous épient peut-être, afin de prévenir tout piège. Dans ces conditions, la surprise ne sera pas possible. Au contraire, l’ennemi pourrait même nous encercler lui-même.

Ensuite, d’après les estimations, les forces adverses sont plus nombreuses que nous, et sur leurs terres. Et puisque nous avons détruit leur ravitaillement, ils savent qu’ils n’ont pas d’autre choix que de l’emporter pour survivre en nous volant le nôtre. Le combat serait difficile, incertain. Au mieux ce serait une boucherie pour les deux camps. Au pire, l’ennemi prendrait nos vivres, et pourrait non seulement profiter de la victoire, mais aussi et surtout continuer jusqu’à l’Arche Noire –alors que je le rappelle notre mission est avant tout de les empêcher de la rejoindre-.

Enfin, sans ravitaillement, l’armée druchie est faite. Elle n’a pas assez de vivres pour faire demi-tour, ni, à l’inverse, pour rejoindre leur Arche Noire. En d’autres termes, si nous parvenons à nous retirer, nous éliminerions la menace sans même combattre, par la faim.

Quoi qu’il en soit, votre idée sur les blessés et les esclaves est intéressante.

Il est à craindre que les elfes noirs ne forcent l’allure dès que les éclaireurs les auront rejoints. Ils savent que leur seule chance de ravitailler est de nous rattraper coûte que coûte. Quant à nous, nous ne pourront pas repartir avant demain matin, nos hommes sont épuisés. Et même avec une nuit de sommeil, je crains qu’ils ne soient encore fatigués sur le chemin du retour. Notre avance me paraît bien maigre. Trop maigre pour être sûre. C’est pourquoi il faudra laisser une arrière-garde afin de ralentir au maximum l’ennemi.

Grand-Heaume Dréanoc, vous prendrez le commandement des blessés, des esclaves et de quelques cavaliers. Votre mission, puisque vous y tenez tant, sera de créer une position défensive où bon vous semble afin de retarder l’ennemi. Tenez le maximum de temps possible, puis décrochez en éliminant ceux qui ne peuvent pas fuir et rejoignez-nous avant que nous embarquions. Si par malheur vous n’étiez pas là à l’embarquement, alors nous recommanderions vos âmes à Asuryan et vous remercierions pour le sacrifice consenti. Pour la préparation de vos défenses, vous avez carte blanche. Je vous charge également de superviser l’exécution systématique de tous les prisonniers druchii. Aucun de ces chiens ne doit survivre.
La décision actée, en dépit des protestations énergiques de la magicienne qui menaça de rédiger un rapport où elle raconterait tout, Dalahnil termina en expliquant son plan de retraite à ses officiers, puis en détaillant à Eranor les divers moyens dont il disposerait pour sa mission. L’essentiel étant de gagner le maximum de temps et non pas forcément de faire subir le plus de pertes à l’ennemi puisque de toutes façon, sans vivres l’armée druchiie va mourir d’elle-même à petit feu si l’ost haut-elfe parvient à fuir. Puis le conseil fut levé et le commandeur Elidor Dalahnil conseilla à chacun d’aller dormir pour reprendre des forces, car la nuit tombait déjà et que demain la journée serait longue.
Alors, tu disposes d’un nombre indéterminé d’esclaves de diverses races, plus ou moins loyaux, entraînés et disciplinés. Ce sera à toi de les réunir, de les armer et de les diriger.

En outre, tu disposes de tous les patrouilleurs ellyriens (soit 20 cavaliers), et de tous les blessés plus que légers, soit 20 elfes à pied. Ceux-ci peuvent se battre et te sont parfaitement loyaux, mais leur force, endurance, points de vie et déplacement sont très réduits. En bref, ils ne peuvent presque que tenir une position, et presque pas se déplacer. Ils ont leur propre équipement (arcs, lances, épées, armures et boucliers).

A part leur équipement, tu ne disposes que de tout ce qui traîne dans la ville. Dalahnil a donné l’ordre que tu puisses prioritairement réquisitionner toute partie du butin que tu juges nécessaire à la défense.

Tu peux superviser (faire exécuter ou exécuter toi-même) les prisonniers elfes noirs quand tu le désires.

Jusqu’au lendemain matin, l’armée sera en quartiers dans la ville, puis elle repartira. Attention toutefois, les bateaux ne t’attendront pas. Il te faudra donc les rejoindre avant qu’ils n’aient embarqué ou ils partiraient sans toi.

L’armée ennemie peut arriver n’importe quand, mais au plus tard après-demain. Donc en gros tu n’as à priori que la journée complète de demain pour te préparer dans le meilleur des cas, sachant que l’armée adverse peut très bien arriver n’importe quand avant.

Remarque : évidemment, tu tombes de fatigue, car ça fait une longue période d’activité intense sans repos pour toi. Tu pourrais encore tenir sans dormir, mais en ce cas tu subirais potentiellement, sous condition de test d’END avec modificateurs (résistance à la fatigue/sommeil), des malus qui augmenteraient peu à peu avec le temps.