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[Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 17 juil. 2017, 23:50
par [MJ] Kriegsherr
Les jours, puis les semaines s’étaient écoulés. Le voyage n’avait pas été si long que cela, somme toute, puisqu’il n’avait duré qu’environ trois semaines. Mais les impératifs de navigation, les informations reçues sur les dangers en mer et les ordres reçus par les marins avaient allongé considérablement le temps de trajet par rapport à un bateau qui aurait parcouru le chemin en ligne à peu près droite avec pour seul but un débarquement rapide.

Si les heaumes d’argent comme les membres de l’équipage ignoraient encore leur mission, il semblait que certaines rumeurs étaient vraies. Tout d’abord, ils croisaient bien dans les eaux agitées au Nord-Ouest de l’île géante d’Ulthuan, selon les marins, et même d’après eux beaucoup plus près des côtes orientales de Naggaroth que des côtes occidentales de Nagarythe. Ensuite, une violente dispute avait éclatée entre les commandants des deux composantes de la petite force armée. Celle-ci avait eu lieu dans l’intimité de la cabine du capitaine, ce qui rendait difficile toute conjecture précise sur sa teneur, car seuls des éclats de voix avaient été perçus. Le sujet de cette dispute semblait être l’interprétation des ordres de mission reçus.

Bien que supérieur en grade, le commandeur Dalahnil n’avait d’ailleurs pas réussi à obtenir ce qu’il voulait des gardes maritimes. Le capitaine qui commandait ces derniers ne semblait lui-même pas plus content, comme si lui aussi avait dû faire des concessions. Ce qui était sûr, c’était que finalement une solution de compromis avait été trouvée entre marins et terrestres.

Un matin, au lieu de l’entraînement habituel, Elidor réunit toutes ses présentes sur le pont du « Requin Aigle », tandis que sur celui de la « Lance d’Ecume », son chef de l’infanterie faisait de même. Il fût expliqué de la manière suivante aux troupes réunies par leur commandeur sur le pont du navire ce que l’on attendait d’elles :

Image –Soldats d’Ulthuan. Demain à l’aube, nous accosterons en terre hostile pour y mener des opérations en condition réelles. J’insiste bien sur ce point. Vos classes touchent à leur fin, une fois que nous aurons débarqué en Terre du Grand Froid, il n’y aura plus à hésiter, plus à échouer. Vous allez vivre la raison de votre entraînement, réaliser l’objectif de votre engagement. Souvenez-vous que vous êtes des soldats Asur. Vous n’avez pas le droit de faiblir, et certainement pas devant des Druchiis ! En attendant, je vous donne quartier libre jusqu’à demain. Reposez vous, détenez vous, amusez vous une dernière fois... Et soyez prêts à l’aube, car une fois débarqués, nous seront en pleine guerre, et Naggaroth ne nous fera aucun cadeau.
Cependant, il devint vite clair que tous ne participeraient pas à ces opérations, car un second briefing fut organisé sur les deux bateaux, lui pour les marins uniquement. Bien que polyvalents et tout à fait aptes à se battre sur terre sans doute même mieux que les conscrits qui formaient le gros des rangs de Dalahnil, les gardes maritimes de Lothern étaient les seuls à savoir manœuvrer un navire de guerre. En conséquence, on ne pouvait pas se permettre de les perdre ou de les envoyer au combat. Eux ne participeraient donc pas aux opérations qui s’annonçaient, ils resteraient sur leurs bateaux qu’ils échoueraient pour le débarquement et garderaient ensuite tout le long de la mission, en restant prêts à reprendre la mer rapidement si nécessaire. Ce qui impliquait que ladite mission au sol devrait sans doute durer un certain temps, sans doute calculé en jours à minima, et qu’elle s’éloignerait sans doute dans les terres.

Sur le Requin Aigle, tout le monde ne parlait plus que de cela. Les uns étaient enthousiastes à l’idée d’enfin en découdre, les autres plus ou moins inquiets. Certains semblaient énervés de ne pas rester en sécurité avec les gardes maritimes, d’autres les qualifiaient de couards des mers, d’autres encore les enviaient. Une chose était certaine : à la même heure, le lendemain, ils seraient en terre Druchiie pour y porter la guerre : ça y était.

Je te laisse décider de ce que tu fais durant cette dernière journée sur le bateau avant le débarquement. Si tu souhaites interagir et connaître les réactions de certains PNJs, n’hésite pas à me contacter par MP.

Ton profil a été mis à jour et tu peux dépenser ton xp. ;)

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 14 août 2017, 20:09
par Eranor
Trois semaines d’entraînement intensif se succédèrent sur le navire et, effectivement, les elfes à bord purent constater qu'ils prenaient la direction du nord ouest. Cependant, le requin-aigle ne s'approchait pas des côtes de Naggaryth comme le disaient les rumeurs, mais plutôt des sombres côtes de Naggaroth, la terre où s'étaient réfugiés les sombres cousins des Asurs. Étant donné le temps de trajet, il n'était pas difficile de constater que la flottille avait pris des chemins détournés pour éviter les embûches de cette mère dangereuse et elle arriva donc en bonne forme non loin de son lieu de débarquement.

Mais personne ne connaissait la teneur de cette mission qui menait les troupes d'Ulthuan vers la terrible Naggaroth. Les rumeurs allaient bon train, mais rien de bien sérieux, personne n'avait de réelles informations. Et les commérages fusèrent d'autant plus lorsqu'éclata la dispute entre le commandeur Dalahnil et le capitaine du requin-aigle. Le commandeur avait un grade supérieur, mais un capitaine se considère toujours comme seul maître à son bord et l'officier de la marine n'hésita pas un instant à tenir tête au commandeur. Les seules choses qui ressortirent de cette dispute furent quelques nouvelles rumeurs sur des interprétations différentes des ordres et deux officiers particulièrement mécontents qui avaient dû certainement faire des compromis.

Mais la situation éclaircie quelque peu lorsque le commandeur Dalahnil réunit ses troupes sur le pont du requin-aigle. Celui-ci confirma ce qu'il se disait sur le navire : les asurs allaient débarquer sur la terre maudite de leurs ennemis jurés et s'enfoncer dans l'un des plus dangereux endroits au monde pour les nobles hauts elfes. Cette nouvelle provoqua un frisson dans l'échine d'Eranor qui ne connaissait que trop bien l'histoire militaire d'Ulthuan. Très peu d’expédition asur était revenu des terres froides des durchiis et seule une avait survécu à un raide sur la capitale, celle du célèbre Eltharion le sinistre qui faillit tout de même y laisser la vie.

Eranor avait déjà affronté de nombreux dangers, et bien souvent en des situations particulièrement précaires. Que ce soit dans le dôme chaotique en Naggaryth, dans la jungle profonde de Lustrie ou dans l'horrible colonie des hommes, la mort et la folie avait côtoyé le noble elfe qui avait bien failli mourir par trois fois déjà. Mais c'était autre chose que de se faire annoncer que l'on allait pénétrer dans les terres des plus grands ennemis de sa race... Une armée en marche était, de plus, rarement discrète et nul doute que les éclaireurs et les espions des durchiis ne soient vite informés du mouvement de force qui s’opérait dans leur domaine. Ainsi, même si, cette fois, le descendant des Dréanoc ne se battrait pas seul, il savait le danger au moins aussi grand d'une telle entreprise. Pourtant, il sentait aussi une forme d’excitation et d'impatience qui montait en lui car, enfin, il allait pouvoir affronter, dans une armée, ceux qui tourmentaient son peuple depuis des millénaires.

Eranor regarda tout de même les réactions des camarades de son unité, principalement de Merethil, d'Isidris et d'Elderwën. Merethil semblait emplie d'une froide détermination et son regard appelait à la vengeance. Jamais le jeune noble n'avait vu cet elfe pragmatique aussi froid et aussi dur et cela lui faisait froid dans le dos, mais, au vu de son histoire, c'était une chose plutôt compréhensible. Isidris, elle, débordait de confiance et d'impatience jusqu'au point où elle fanfaronnait presque auprès des autres. Enfin, Elderwën, elle, semblait heureuse d'enfin pouvoir montrer ce qu'elle valait mais Eranor n'était pas dupe. Il connaissait suffisamment l'elfe de l'Empire pour voir l’appréhension du combat qui l'habitait. Ce serait son premier, et il était normal que cette peur n’enserre son cœur. Elle ne tremblait pas de peur mais elle avait la légère pâleur de celle qui savait qu'elle risquerait de laisser sa peu pour défendre les siens et qui acceptait cette possibilité de bonne grâce.

Le noble Dréanoc choisi donc de se diriger vers cette dernière personne. Il ne savait comment réagir envers Merethil qui semblait plutôt avoir besoin de solitude et Isidris, qu'il avait vu cacher un lourd secret, semblait tout à fait indéniable étant donné son état d’excitation. L'héritier des Cimes Stellaires se sentait donc plus utile essayer de faire oublier l’appréhension du premier combat à Elderwën en lui changeant les idées. Et puis, il devait avouer qu'il lui peinait de voir son amie ainsi et qu'une simple discussion avec elle lui ferait plaisir...

Ainsi, d'un ton anodin, comme si ce jour n'était rien d'autre qu'un jour d’entraînement comme les autres, l'elfe s'adressa à la fille de l'ambassadeur d'Ulthuan en marchant sur le pont avec elle.


-Eh bien, il semblerait que notre voyage touche à sa fin. Autant profiter de nos moments de paix alors ! Dites-moi, nous avons souvent discuté mais jamais je n'ai cherché à en savoir plus sur le continent des hommes, alors comment était donc la vie dans cet autre continent ? Je suppose que votre vie a été bien différente de la mienne et vivre parmi un peuple dont on est étranger doit être une étrange expérience ! 
Test de CHA : 1 ! Réussite critique.
Elderwën Eskeladel était effectivement en proie à un mélange d’anxiété et d’appréhension créé par la perspective imminente d’un débarquement en terre hostile. Dans le même temps, une part d’elle-même semblait aussi fière de se trouver confrontée à un tel défi, car cette expédition allait donner du sens à son engagement. Finis les entraînements, finies les classes, le grand jour approchait, et tout le monde aurait l’occasion de faire ses preuves. C’était à la fois un grand honneur et une lourde responsabilité, collective comme individuelle. Toujours est-il que la plus jeune des filles de l’ambassadeur d’Ulthuan dans l’Empire apprécia grandement l’initiative du noble de Calédor. Elle sourit en entendant ses propos rassurants. Evidemment, une fine politicienne comme elle avait tout de suite deviné les intentions de celui qu’elle osait qualifier d’ « ami », et elle ne lui en était que d’autant plus reconnaissante de la distraire pour soulager son stress, son appréhension.

La jeune elfe réfléchit un petit moment, se remémorant sans doute son passé, avant de répondre en pesant ses mots :

Image -Je ne suis pas sûre d’être la personne la plus à même de vous offrir une réponse satisfaisante, Eranor, loin de là. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours détesté l’Empire et plus généralement le Vieux-Monde. D’une certaine manière, je pense que ce n’est pas la faute des humains. Ils sont comme ils sont. Rustres, primitifs, grossiers, avides, pressés, grouillants, et incroyablement volatiles. Et comme tout être vivant, ils ont bâti un monde à leur image. Mais c’est dans leur nature, et ce n’est pas à eux que j’en veux le plus. Pas même aux nains que pourtant je ne supporte que très mal avec leur fierté et leur honneur qui n’est en fait qu’un sens de l’égo surdimensionné et mal placé, conjugué à un incroyable déni de réalité qui les conduit tout droit dans le mur, car ils sont bien les seuls à refuser de voir l’évidence : leur intransigeance et leur absence totale de subtilité les conduit droit à l’extinction. Certes, leurs principes sont préservés, mais leur race va s’éteindre sous peu s’ils n’acceptent pas qu’une certaine souplesse, une finesse et une adaptation est parfois nécessaire. Et puis, entre nous, ils sont hilarants quand ils sont en colère. Une fois ma sœur a eu un problème à une forge d’Altdorf tenue de par des nains, elle était venue en aide à l’un d’eux et lui a évité d’être défiguré, au prix de sa barbe. Je ne te raconte pas la scène qu’ils nous ont faite, il fallait voir les trésors de diplomatie que mon père a dû déployer pour étouffer l’incident. Mélianor a été punie pendant un moins entier où elle n’a pas pu quitter sa chambre à cause de cela et aussi pour sa propre sécurité : ces petits êtres sont d’une ténacité rare : encore aujourd’hui, des années après, certains la lyncheraient sans hésiter si elle croisait leur route.
Elderwën rit un peu puis soupira et continua sur un ton de dépit et d’intimité. Déjà avant la première partie de sa réponse, elle s’était assurée d’être assez isolée sur le pont du navire pour que seul Eranor Dréanoc et elle entendent leur échange, elle n’avait pas envie de se confier à n’importe qui :
Image –Non, en vérité, c’est que ce qui m’a fait détester autant la terre où je suis née et où j’ai vécu, et à l’inverse idéaliser cette Ulthuan rêvée, ce n’est pas les autochtones. En d’autres circonstances j’aurais même pu tomber amoureuse du Vieux-Monde comme ma sœur ou mon père… Eux qui aiment tellement les humains et les nains qu’ils en oublient d’aimer leur propre race, leur propre famille… C’est dur pour une petite fille de se sentir seule, Eranor. Même pour une elfe. Tout ce que je voulais, c’était leur attention, leur amour.
C’était là des confidences très difficiles et intimes que lui faisait Elderwën. Elle lui révélait ce qui était au plus profond de son cœur, toute tremblante. Mais elle se reprit un peu et finit :
Image –Je ne sais pas pourquoi je te révèle tout cela. A vrai dire je ne pensais jamais le dire à personne. Jamais. Sans doute est-ce parce que justement tu as toujours agi envers moi comme le frère dont je rêvais, encore là tu viens vers moi pour essayer de soulager mes peurs. Vous êtes ; tu es ma famille. C’est pour ça que je me suis engagée. Pour ça que je me bats. Pour ça que demain et les jours suivants j’ai peur de ne pas être à la hauteur. En même temps j’ai hâte de me battre pour prouver la force et la véracité de mes sentiments, mais cela ne va pas sans une certaine appréhension. Et si je n’étais pas aussi forte que cela ? Et si devant le danger je me tétanisais ou pire, vous abandonnais ? Toi tu t’es déjà battu, tu as déjà risqué ta vie, tu es courageux, loyal, franc, brave, mais moi... Je ne sais pas. Je ferai de mon mieux, mais cela suffira-t-il ? Nous n’aurons pas le droit à l’erreur, pas le droit à l’échec demain.
Comme d’habitude pour les paroles d’Elderwën, les mots en italique sont en reikspiel dans le texte.
Eranor sourit aux premiers propos de l'elfe de l'Empire. Il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle ai deviné qu'il essayait de lui changer les idées mais elle se prêtait au jeu, et avec plaisir apparemment. Entendre l'anecdote du nain fit apparaître un large sourire sur le visage harmonieux du noble Asur qui se figurait la scène avec amusement. Voilà qui était digne de ce qu'il avait entendu des nains ! Un peuple aussi fermé sur ses anciennes traditions et aussi susceptible avait quelque chose de risible... Autant que certains Asur qui voulaient ne pas évoluer avec le monde et se refermer sur le souvenir d'un age d'or depuis bien trop longtemps révolu.

Mais lorsqu'Elderwën jugea qu'elle était suffisamment éloignée des oreilles indiscrètes, elle avoua ce qui avait pesé sur toute la vie qu'elle avait jusqu'alors connue. Le sourire d'Eranor s’effaça et laissa place à un regard sincèrement compatissant. Cette jeune elfe avait dû se sentir mise de coté, comme l'avait été le jeune Dréanoc lors de son enfance. Mais, pire encore que pour lui, Elderwën avait dû se sentir délaissée au profit d'êtres volatils provenant d'une race différente qui était bien loin de l’élégance et la subtilité naturelle des Asurs.


Eranor attendit que les craintes de la fille du diplomate d'Ulthuan se soient matérialisée en des mots avant de lui répondre le plus sincèrement du monde.

-Elderwën, je sais que tu seras à la hauteur. Non pas que je sais que la peur ne t'affectera pas ou que la panique ne te touchera à aucun moment, mais tu ne te bats pas seule. Je sais que tu ne nous... Que tu ne m'abandonnerais pas. Nous n’échouerons pas demain, j'en suis persuadé.

Après une courte pause, Eranor prit un air plus sombre avant de continuer.

-Je crains que le portrait que tu dépeins de moi ne soit un peu idéalisé. Oui, je me suis déjà battu, mais j'ai failli en de bien trop nombreuses fois. J'ai déjà failli aux yeux de mon père depuis ma plus tendre enfance, je n'étais pas le fils qu'il avait espéré avoir. Lui a toujours eu du talent pour géré les affaires financières et politiques, moi, comme mon grand-père, je ne rêvais que des grandes batailles que mes ancêtres livraient à dos des grands dragons de ma région natale. J'étais doué aux armes et je comprenais la stratégie mais j'étais incapable de m’intéresser à la politique, au contraire de ma grande sœur qui accaparait toutes les éloges de mes parents. Pourtant, je l'adorais. Elle était toujours là pour me soutenir, m'aider ou simplement passer du temps avec moi, je pourrais presque dire que c'est elle qui m'a élevé dans les premières années de ma vie.

Mais, c'est là que vint mon plus grand échec. C'est certainement la raison pour laquelle j'ai été envoyé ici d'ailleurs. Ma sœur fut envoyée à la cour du roi phénix et en revint profondément changée. Au milieu de toutes les richesses de la cour, son cœur s'était perdu et son âme a été volée par le culte du plaisir. C'est pour cette raison que Seïlil a pu me nommer frère de traîtresse...


Le noble de Calédor poussa un soupir avant de reprendre.

-En vérité, je ne t'ai pas tout dit. Je fus le premier à me rendre compte que ma sœur avait sombré. Je ne comprenais pas ce qu'il lui arrivait alors je l'avais surveillée et je me suis vite retrouvé face à l'évidence : le chaos était en elle. Mais je n'ai rien pu faire... J'étais incapable de faire le devoir de tout Asur digne de ce nom et je l'ai laissé s'enfuir. Un sourire nerveux apparut sur le visage d'Eranor. Je n'avais jamais parlé de cela avant...

Mais, rapidement, le noble se reprit et continua sur un ton plus léger, comme pour oublier ce qu'il venait d'avouer.

-Je puis imaginer sans mal ce que tu me décris du pays des hommes, il m'est arrivé de côtoyer le lie de l'humanité dans une colonie moribonde en Lustrie. Mais, même là, j'ai pu trouver des personnes d'honneurs, des femmes courageuses et intègres. Je suis persuadé que, malgré leurs manières et leur art grossier, il se trouve des personnalités particulièrement intéressantes dans cette race éphémère ! Ces gens me donnent l’impression de n'être que des enfants parfois, mais certains sont des enfants prodiges alors...
Etant donné que je ne vais rien rajouter, je n'ai pas détailler les réactions d'Elderwën, tu peux le faire et enchaîner sur l’ellipse dont tu m'a parlé ^^

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 17 août 2017, 19:19
par [MJ] Kriegsherr
Test de CHA : 4, décidément tu réussis tous tes tests avec elle.


Elderwën Eskeladel resta coite en écoutant la réponse que lui fit Eranor Dréanoc. Elle préféra se taire, mais ses yeux et son expression trahissaient aisément ses pensées pour qui savait un tant soit peu lire ces choses là. La gratitude, la compassion, la compréhension. Telles étaient les émotions qui dominaient le cœur de la jeune elfe à cet instant, et qu’elle ne cachait pas. Sans doute était-elle reconnaissante envers Eranor, non seulement de l’avoir écoutée et soutenue, mais aussi et surtout de lui accorder en retour une confiance égale à celle qu’elle lui avait donnée. A travers cet échange de secrets, ces douleurs profondes et intimes partagées, le lien qui nouait les deux nobles ne s’était que renforcé, car tous deux avaient conscience de la difficulté qu’avait dû avoir l’autre pour concéder de tels aveux. Cette confiance nouvelle allait au-delà de la simple affinité qu’ils avaient ressentie au début, au-delà du respect mutuel entre nobles Asurs, au-delà même de la fraternité et de la camaraderie militaire. Maintenant, on pouvait sans l’ombre d’un doute les dire « amis ».

Peut-être parce qu’elle-même savait combien il aurait été douloureux et difficile pour Eranor de continuer à parler de sa sœur, Elderwën préféra continuer sur le sujet moins intime des humains et de la maigre expérience que le Calédorien avait faite à leur sujet. Elle hocha la tête positivement, comme pour confirmer ses propos, puis se laissa aller à un petit éclat de rire et précisa sa pensée à haute voix, continuant avec le tutoiement que les deux interlocuteurs avaient adoptés tacitement l’un envers l’autre, non par manque de respect, mais plus par une sorte de proximité nouvelle :

Image –Et bien je dois reconnaître que tu n’as pas tout à fait tort à leur sujet. Je suppose que dans toutes les races intelligentes, il doit y avoir des gens de bien comme des gens mauvais. Je ne doute pas de la valeur de certains humains exceptionnels, mais globalement, je m’en tiendrai à mon jugement de tout à l’heure sur eux.
Puis le sujet dériva et chacun vaqua ensuite à ses occupations propres. Il faudrait aussi s’assurer de prendre des forces, de se coucher tôt et de bien dormir pour être opération demain, dès l’aube. Voire même légèrement avant, car un débarquement en terre hostile ne se préparait à la dernière minute.

Pourtant, sur le bateau, les réactions de préparation et d’anticipation de l’évènement étaient variées. Certains piaillaient d’excitation (enfin, à la manière des elfes, en se montrant hyperactifs, anormalement joyeux, en chantant, en allant parler à qui voulait l’entendre,…), d’autres se muraient dans le silence ou s’isolaient, d’autres encore s’entraînaient ou se noyaient dans le travail plus pour ne pas penser au lendemain que pour s’affuter encore (il était de toute manière trop tard pour s’entraîner efficacement si l’on ne l’avait pas déjà fait avant). Certains, à l’inverse, passaient ces moments entre amis, profitant de ces instants de calme avant la tempête. Enfin, quelques groupes semblaient mécontents.

Il fallait se souvenir que l’écrasante majorité des troupes roturières du commandeur Dalahnil n’étaient que des conscrits sans expérience, et non pas des soldats de métier, plutôt rares en Ulthuan. Ce n’étaient pour la plupart que des fermiers, des artisans, des artistes et autres civils qui effectuaient leur service militaire.

A l’inverse, les gardes maritimes de Lothern qui dirigeaient les bateaux, eux, étaient parfaitement impassibles, sans doute plus habitués, en tant que militaires professionnels. Il fallait aussi dire que ces marins ne participeraient pas aux opérations terrestres en Naggaroth, et qu’en conséquence, ils avaient moins à craindre que les « terrestres ».

D’ailleurs, Eranor Dréanoc fut abordé en privé dans sa cabine par ses deux amis roturiers Samellion et Ruvénielle en fin d’après-midi. Ils étaient venus le trouver pour le tenir au courant d’une rumeur persistante qui circulait parmi les hommes de troupes et dont les nobles et officiers n’étaient pour la plupart pas au courant, comme d’habitude. Ce fut Ruvénielle qui parla la première :


-Seigneur Dréanoc, excusez notre intrusion, mais le fait est que nous avons eu vent de certaines informations dont nous avons jugés bon, mon frère et moi, de vous avertir...

Samellion continua, plus taciturne, comme à son habitude. Sa voix était grave :

-L’on parle beaucoup dans les cales, seigneur. Et plusieurs sentinelles parmi les marins qui étaient de garde ce jour là nous ont affirmé avoir entendu la teneur de la dispute entre leur capitaine et le commandeur Dalahnil.

Ruvénielle, plus impatiente, s’exclama en venant directement aux faits :

-En un mot comme en cent, seigneur, on ne devrait pas être là !!

Samellion lança à sa sœur un regard désapprobateur et reprit la parole :

-Ce que ma sœur essaye maladroitement de vous dire, seigneur Dréanoc, c’est qu’il se dit parmi les marins et certains des hommes que le commandeur Elidor Dalahnil aurait outrepassé ses ordres. Le général Astaris n’aurait pas autorisé un quelconque débarquement, notre mission ne devait être qu’une simple patrouille navale, selon ces rumeurs. Je serai moins catégorique que Ruvénielle, car cela n’est que rumeurs et on-dit colportés entre hommes de troupes, et rien de tout cela n’a été confirmé par quiconque. Mais si l’on en croit ces dires, alors oui, il se peut que nous ne devions pas être ici.

Le soldat soupira puis continua, d’un ton las :

-Que ce soit vrai ou pas, une partie des troupes, minoritaire, celle qui a peur, grogne contre le commandeur qui, disent-ils, va les envoyer à la mort pour rien. La majorité des troupes est quant à elle excitée et impatiente à l’idée de « casser du druchii ». Pour ma part seigneur, je sais que ce n’est pas à moi de me poser ce genre de questions. Je laisse aux officier et aux nobles ce genre de discussions stratégiques, et je ferai ce qu’on me dira de faire, sans discuter. J’estime qu’il est mauvais de ne serait-ce que remettre en cause ou douter de l’autorité ou l’intégrité de ses supérieurs.

-Mais enfin Samellion, comment peux-tu dire ça ? On va aller au casse pipes pour les beaux yeux d’un commandeur qui se fout de nous et ça ne te fait rien ? J’ai pas signé pour ça ! Eranor, s’il vous plait, vous êtes noble, faites quelque chose.

-Tu t’es engagée parce que tu voulais rester avec moi, et non pour servir Ulthuan, c’est ça le problème. Je te l’avais dit, Ruvénielle, de ne pas le faire. Je savais que tu n’étais pas prête. C’était mon choix et pas le tien. Tu aurais dû rebâtir ta vie là-bas comme tu le voulais. Excusez-la seigneur Dréanoc, ma sœur n’aurait jamais dû s’engager, et en vérité elle a peur, comme une partie de ceux qui sont mécontents. Mais n’ayez crainte, nous sommes des Asur, et nous agirons comme tels. Personne ne trahira le commandeur Dalahnil, nous mourrons pour lui s’il l’ordonne. Nous espérons seulement que cela servira à quelque chose…

Sur ces paroles, les deux roturiers prirent congé de leur sauveur. Les informations qu’ils lui avaient apportées étaient sujettes à caution. Rien ne prouvait leur véracité, mais elles traduisaient avec exactitude l’état des troupes du commandeur et ce qui disait parmi les simples hommes du rang. De toute façon, il serait impossible à Eranor Dréanoc de vérifier l’exactitude de quoi que ce soit avant le débarquement, le commandeur et le capitaine des marins qui étaient sans doute les deux seuls officiers sur le navire à connaître les ordres du Prince Astaris d’Enectalia, s’étant retranchés dans la cabine du capitaine pour y préparer les opérations du lendemain, et ne pourraient être dérangés sous aucun prétexte.

Se pouvait-il que quelqu’un d’autre sur le Requin-Aigle soit au courant des réelles instructions du général ? Eranor l’ignorait, mais une chose était certaine : avec le système de hiérarchie stricte et le cloisonnement des informations nécessaire pour éviter qu’en cas de capture, d’espionnage ou de désertion un soldat révèle trop de choses, seuls les plus éminents gradés devaient être au courant. Les capitaines des navires, forcément, afin qu’ils puissent naviguer vers leur objectif, les commandants des troupes terrestres également. Mais qui d’autre ? Même parmi les nobles, les heaumes d’argent, le Grand-Heaume Rovarion ne semblait pas au courant. Et même s’il l’était, jamais il n’en parlerait à qui que ce soit de non habilité. Se pouvait-il que les autres officiers subalternes, comme l’œil-de-faucon des archers ou la sentinelle des lanciers soit au courant ? Cela était très peu probable, et même si c’était le cas, il était quasi-certain qu’à l’instar de Rovarion, ils ne divulgueraient pas de telles informations.

***
L’aube. Depuis une heure déjà, tout le monde était réveillé à bord du Requin-Aigle et de la Lance d’Ecume, et la nervosité et l’excitation gagnaient les troupes terrestres, tandis que les marins s’activaient pour la manœuvre difficile de l’accostage en mer inconnue et à luminosité réduite. Même pour des yeux elfiques et des marins aussi expérimentés et réputés que les gardes maritimes de Lothern, les meilleurs au monde d’après eux, l’opération serait dangereuse, complexe et éprouvante.

Au Nord-Ouest, l’on devinait les côtes torturés et découpés au couteau typiques de l’Est de Naggaroth. Ils devaient se trouver au Nord du lieu qui était appelé les « Terres Brisées » et au Sud des Monolithes, sur le continent à l’Ouest des îles de la Fosse Navrée.
L’endroit était relativement éloigné des principales cités elfes noires, les plus proches étant Clar Karond très à l’Ouest dans les terres, et Karond Kar très au Nord, gardant l’entrée de la mer Glaciale. Toutefois, il y avait une multitude de forteresses mineures plus proches, les Monolithes, la Colonne de Hotek et la Pointe de l’Esclavagiste, pour ne citer qu’elles. La force du commandeur Elidor Dalahnil était beaucoup trop petite pour pouvoir espérer s’en prendre à de telles cibles.

Les premiers rayons de soleil venaient juste d’émerger de la Mer du Chaos à l’Est lorsque les deux navires touchèrent enfin terre dans une petite crique ceinte de collines, à l’abri du vent, des marées et des regards des patrouilles côtières. C’est là, sur une plage de gros galets gris clair, que le Requin-Aigle et la Lance d’Ecume s’échouèrent en douceur, avec grâce et légèreté. Dans la minute qui suivit, les pontons de débarquement furent déployés et immédiatement, dans une discipline parfaite, les troupes terrestres débarquèrent sur le sol de Naggaroth, la Terre du Grand Froid, celle de leurs frères et ennemis jurés les Druchiis. Bien qu’ils soient à l’intersaison, en ce début d’automne, le froid glacial était déjà mordant. Fort heureusement, les uniformes des Asurs, et encore plus les vêtements des nobles, étaient prévus pour leur permettre de supporter de telles températures. De plus, la saison froide ne s’était pas encore installée. A vu de nez, il devait faire à cet endroit dans entre cinq et quinze degrés durant une journée normale pour la saison.

Le paysage était morne, sauvage, hostile, mais pas laid. On avait tendance à décrire le pays des elfes noirs à l’image de ses habitants : froid, dur, tranchant, à la végétation torturée. Pourtant, cette petite crique semblait avoir été épargnée. La plage de galets était assez grande, d’une vingtaine de mètres de large pour un peu plus d’une centaine de long et donnait sur une sorte de bande de terrain assez plate et probablement acide parsemé de touffes de hautes herbes et de grands espaces rocailleux, végétation aride de type tourbière froide. Au-delà de cette bande d’environ cinquante mètres de profondeur, commençaient les premiers contreforts d’une chaîne de petites collines rocailleuses parsemées ça et là de bosquets d’épineux, d’herbes hautes sauvages battues par le vent, et dans les vallées et sur leurs flancs les moins exposés de grandes forêts de résineux sombres.

La crique était encadrée par deux contreforts escarpés qui empêchaient tout accostage à ces endroits, et la dissimulaient assez bien aux yeux des patrouilles côtières lointaines, d’autant plus que l’approche maritime du lieu était difficile en raison de la proximité de nombreux écueils, récifs et petites îles rocailleuses et traitresses dans les environs. A droite et à gauche de la plage, marquant la fin de cet espace dégagé et le début des abruptes collines de pierre qui entouraient la crique coulaient deux torrents qui longeaient les hauteurs et se jetaient dans la mer, recevant ce faisant les flots d’une multitude de petits affluents qui n’étaient guère que de simples ruisseaux montagneux.

Mais Eranor Dréanoc n’eut guère le temps de contempler plus en détails le paysage pittoresque. Les ordres du commandeur Elidor Dalahnil fusèrent en effet dès que les troupes de son bataillon eurent toutes débarquées. Il transmit d’abord aux deux sentinelles* et aux deux œil-de-faucon* les instructions pour la troupe, à savoir se préparer à un départ imminent. Puis il convoqua auprès de lui, en plus de ses lieutenants (le Grand Heaume Rovarion, les deux capitaines des gardes maritimes qui dirigeaient les navires, ses 2 oeils-de-faucons et ses 2 sentinelles) Eranor en personne, ainsi que la magicienne Tanaris Mïnwandel.

Une telle convocation était inhabituelle, car Dréanoc n’était ni le plus ancien, ni le seigneur de plus haut rang civil parmi les heaumes d’argent. Pourtant, à part Rovarion qui était le second de Dalahnil et le chef de leur unité, aucun autre camarade d’Eranor n’avait été convié à ce conseil restreint qui se déroulait sur la plage de galets, à l’écart du gros des troupes pour que la teneur de leurs propos reste confidentielle. Les autres heaumes d’argent s’occupaient pendant ce temps à faire sortir les chevaux, y compris ceux des trois absents qui participaient à la réunion, dont Senthoï.

Le commandeur accorda à peine un regard froid à la magicienne à l’éternelle bonne humeur qui était mal réveillée (Tanaris avait fait preuve d’une indépendance telle durant tout le voyage qu’il était de notoriété publique que le commandeur et une grande partie de ses hommes la prenaient pour une « fainéante insubordonnée qui minait la discipline en n’en faisant qu’à sa tête »), mais s’adressa directement à Eranor dès que celui-ci eut rejoint et salué, en ces termes. Il sentait que tous les regards des officiers étaient pointés sur lui, seule la magicienne regardant Elidor d’un air mutin et espiègle semblait-il, et qui rappelait à notre héros la tête d’une gamine se payant la tête de l’intéressé, en l’occurrence le commandeur :

Image –Bien. Repos Dréanoc. Comme vous le savez sûrement, nous allons scinder notre force en deux groupes. Les gardes maritimes resteront près des navires pour les défendre et se tenir prêt à repartir. Ils se chargeront d’établir un camp de base autour des deux bateaux échoués avec les moyens à disposition.

Pendant ce temps, le reste des troupes devra progresser dans les collines devant nous à la recherche d’une cible ennemie. Mais on ne peut y aller à l’aveuglette, et c’est la raison de votre présence ici, Dréanoc. Le prince Astaris a insisté sur le fait que vous saviez vous débrouiller en autonomie : c’est le moment de le prouver. Vous irez en reconnaissance avec le heaume d’argent Belnaith Estanel et éventuellement une petite escouade si vous le jugez nécessaire, pour un effectif maximal qui ne devra pas dépasser cinq elfes en tout. Estanel est expérimenté et très qualifié comme éclaireur, mais puisqu’on me dit que vous aussi, et que le prince semble vouloir que je vous teste, c’est vous qui prendrez le commandement de cette opération, il vous secondera.

J’insiste sur le fait que puisque c’est vous qui serez au commande, vous serez responsable de la réussite comme de l’échec de cette mission d’importance capitale. Je vous donne la chance de faire vos preuves, saisissez là, mais c’est à double tranchant si vous échouez.

Votre objectif est de déterminer les positions ennemies et d’évaluer si possible leurs défenses sans se faire repérer ni commencer l’affrontement avec eux, puis de revenir pour nous indiquer l’itinéraire à suivre. Il vous faudra rester discret à tout prix pour conserver la surprise et que les elfes noirs ignorent notre présence sur leurs terres jusqu’au dernier moment. Nous sommes une petite force et la surprise et la rapidité seront nos atouts majeurs, ne les gaspillez surtout pas, ne vous faites pas repérer et n’engagez l’ennemi que si c’est strictement nécessaire.

Le bataillon ne vous attendra pas et progressera dans les collines en suivant l’axe de ce torrent dès que nous serons près à partir, dans environ une heure. De cette manière, nous pourrons réagir au plus vite dès que vous reviendrez. Des questions ou des remarques, Dréanoc ?
* :
Œil-de-faucon et Sentinelle : respectivement les chefs des unités d’archers et de lanciers (généralement entre 20 et 50 hommes, parfois mais rarement moins ou plus de 10 à 70 environ), équivalents à peu près à des lieutenants ou des adjudants dans notre armée (chef de section), ils sont pour la plupart des roturiers issus des rangs (donc expérimentés), soldats de métier. Ils sont inférieurs en rang et en grade aux Grands-Heaumes (chefs des unités de heaumes d’argent et donc nobles), et bien évidemment également aux commandeurs et princes. Quoi que non nobles et donc inférieurs en rang, ils sont considérés hiérarchiquement comme supérieurs aux simples heaumes d’argent, même s’ils ne leur donnent pas d’ordre et inversement, ne faisant pas partie de la même unité.
Carte schématique de la crique (la légende est dessus, sauf pour les collines les moins escarpées qui sont celles en marron avec du vert foncé dessus et à côté, représentant les forêts de conifères qui parsèment les vallées et les flancs les moins exposés au vent). Je te laisse le choix du torrent que l'armée va suivre, celui du haut ou celui du bas, de toute façon ça ne changera absolument rien au scénario (dans les faits ce choix est fait par Elidor mais comme j'avais la flemme de choisir considère qu'il te montre du doigt le torrent en question).

Image

Rappel de la composition des forces d'Elidor :
2X50 lanciers, 2X40 archers, 4 balistes à répétition "serre d'aigle" avec 2 servants par balistes, une dizaine de heaumes d'argent, 1 douzaine de patrouilleurs ellyriens, 1 quinzaine de guerriers fantômes.
Tu ne peux choisir d'autres éclaireurs que parmi les GF (guerriers fantômes) ou les PE (patrouilleurs ellyriens), Elidor ne tolèrerait pas que des novices en matière d'éclairage se chargent d'une mission aussi importante. Il n'y a pas de "chef d'unité" chez les GF et les PE, ils sont donc tous équivalents (dans les faits il y a une sorte de sergent, mais il n'a pas le rang supérieur ni de grade supérieur, c'est plus des petites unités d'éclaireurs détachées sous le commandement de Dalahnil que des unités constituées à proprement parler).

Ce à quoi il faut ajouter les gardes maritimes qui restent au camp, avec 160 elfes, (2unités de 30 par bateau, plus 10 artilleurs marins par bateau maniant 5 serres d'aigles).

Si tu as des questions tu peux me MP.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 07 sept. 2017, 22:59
par Eranor
Avec le sourire, Eranor reprenait la direction de sa cabine. Au-delà de l’objectif qu’il s’était fixé en allant voir Elderwën, il avait passé un agréable moment avec elle. Plus encore que d’aider une amie, l’échange l’avait lui-même aidé aussi car même lui ne pouvait faire taire la nervosité du calme avant la tempête. Seul un inconscient n’aurait pu ressentir le poids d’une tâche aussi dangereuse que celle qui sera menée en Naggaroth… Mais, cette fois, Eranorse sentait plus serein, son cœur s’était raffermi par la simplicité d’un échange entre amis, une chose qu’il n’avait, à vrai dire, que peu connu dans sa vie.
Mais l’asur n’eut que le temps d’arriver à ses quartiers avant que d’autres connaissances vinrent le rejoindre. C’était Ruvénielle et Samellion, les deux elfes qu’il avait sauvé d’un terrible sort aux mains d’esclavagiste du nouveau monde. Eux aussi devaient être plein d’appréhension car, bien qu’ils n’aient pas déjà connu la violence du monde à l’extérieur d’Ulthuan, ils en restaient à leur premier combat, à leur première campagne dans l’armée disciplinée des asur. Le noble de Caledor reçut ses deux amis roturiers avec plaisir, profitant de cet instant de confidentialité pour discuter avec deux elfes qu’il appréciait mais qu’il ne pouvait décemment pas rencontrer en public étant donné leurs rangs respectifs.

La mine enjouée du seigneur elfique se décomposa pourtant rapidement en une expression dure et pensive. Les informations que lui apprenaient les deux roturiers étaient bien différentes de ce à quoi il s’attendait. Dans les rangs des soldats-citoyens d’Ulthuan, l’ambiance n’était pas vraiment la même qu’entre les heaumes-d’argent, qui représentaient l’élite de cet ost. Si l’excitation de la bataille à venir se lisait sur la plupart des guerriers nobles, la peur se ressentait bien plus dans les rangs des archers et des lanciers. Ce n’étaient, après tout, que de simples citoyens, des artisans, des artistes, des fermiers, des pêcheurs… Là où tout noble qui se respectait recevait un entrainement aux armes et un équipement de qualité –dépendant tout de même de ses richesses, la maison Dréanoc, par exemple, ne pouvait plus se permettre de posséder une armure faite du précieux ithilmar, cet acier elfique enchanté aussi dur que l’acier normal et aussi léger qu’un habit de coton- , les roturiers devaient, en un temps restreint, apprendre tout de l’art des armes avec des armures plus légères alors même qu’ils seront sans nul doute plongé dans la mêlée. Comment leur en vouloir, alors, de ressentir une telle appréhension face à l’inéluctable qui approchait si vite ?

Ce n’était pourtant pas ces considérations qui avaient poussé Eranor dans la perplexité, mais bien ce que ses deux amis lanciers lui apprirent alors qu’ils demandaient une entrevue avec lui. Ruvénielle était particulièrement agitée, contrairement à son frère, plus calme et peut-être un peu fataliste. Le lancier apprit à Eranor les rumeurs qui se propageaient dans les rangs des soldats roturiers d’Ulthuan au sujet de la dispute entre le capitaine du navire et le commandeur, une rumeur qui se basait sûr de très graves accusations sur un officier supérieur. Si elle était vrai, alors Dalahnil était passible de cour martiale pour avoir délibérément outrepassé ses ordres e mis en danger un ost entier. Mais Eranor avait plus tendance à être d’accord avec Samellion, remettre des ordres d’un commandeur en cause était la meilleure manière d’affaiblir la discipline de l’armée asur, et, au-delà des compétences martiales des combattants elfes, c’était cette même discipline qui avait transformé l’armée d’Ulthuan en une machine de guerre implacable. Sans elle, l’ost perdrait son plus grand atout dans les batailles à venir, la préserver rendait indispensable une grande confiance entre les soldats et ses commandants. Aussi, lorsque Samellion eut terminé e qu’il avait à dire, Eranor laissa passer quelques secondes en se frottant pensivement le menton avant de répondre.


-Voilà des rumeurs troublantes, en effet. Cependant, je suis du même avis que vous, Samellion. La plus grande force de notre armée vient de sa discipline et nous ne pouvons nous permettre de la perdre pour de vagues rumeurs sur les ordres d’un supérieur. Dalahnil est notre commandeur, et nous devons avoir toute confiance en ses ordres. Nous ne connaissons rien à la situation, nous ne savons rien des considérations stratégiques, des renseignements des éclaireurs, des mouvements adverses… Ce que nous savons est que nous sommes des soldats au service d’Ulthuan et du commandeur Dalahnil, et en tant que tel, nous nous devons d’appliquer ses ordres.

Ruvénielle, je suis peut-être un noble, mais je n’en reste pas moins un simple soldat dans les conditions actuelles. Je n’ai aucune autorité dans cet ost, et je n’ai aucune information de plus que vous. Cependant, nous tous devons considérer que Dalahnil sait ce qu’il fait, et vous devez partir du postulat de base que si nous prenons le risque de débarquer en Naggaroth, ce n’est pas pour y mourir pour rien Ruvénielle.

Mais il est vrai,
continua le noble de Caledor sur un ton plus doux, que je peux plus facilement me rapprocher du commandeur que vous. Je peux donc peut-être tout de même me renseigner de manière détournée, et, au nm de notre amitié, je peux essayer de la faire si cela peut vous rassurer. Mais je ne peux pas vous promettre le moindre renseignement car, en général, un simple soldat n’a pas à savoir ce que les officiers savent.

Sur ces derniers mots, les deux lanciers prirent congé, laissant Eranor à ses réflexions. Les accusations qu’il avait entendues étaient graves et méritaient peut-être qu’il y réfléchisse, d’où sa promesse de se renseigner. Mais trop de choses étaient obscures pour accorder quelques crédits que ce soit à ces rumeurs de manquement aux ordres. Et même si Dalahnil n’avait pas scrupuleusement respecté lesdits ordres, rien ne prouvait que le général ne lui avait pas laissé suffisamment de liberté pour agir en cas de circonstance particulière nécessitant une action rapide. Et quand bien même, parfois, un bon officier se reconnaissait aux initiatives qu’il était capable de prendre pour gérer une situation imprévue plutôt qu’en s’en tenant à des ordres qui n’avaient pas pris en compte ce qui se passait.

De toute manière, ce n’était pas ce soir que le descendant des Dréanoc pourrait obtenir quoi que ce soit. Tous les officiers devaient être bien trop occupés à préparer le débarquement du lendemain pour pouvoir prendre de leur temps pour accueillir un simple soldat. L’elfe devrait attendre des circonstances plus propices pour se renseigner et elles n’arriveraient pas avant que le débarquement soit terminé. Ainsi, il se débarrassa de ce qui l’encombrait et se laissa lentement couler dans un sommeille bien mérité.

L’heure du débarquement arriva bien assez vite, avant même l’aube. Les soldats marins de Lotherne mettaient toute leur force dans la manœuvre difficile de l’accostage sur une rive inconnue où haut-fond et mauvais courent pouvaient exister et l’agitation battait son comble sur les ponts des navires. Eranor put apprendre sans mal que la baie dans laquelle les navires se dirigeaient était plutôt éloignée des grandes citadelles Durchii, mais quelques places plus modestes se trouvaient plus proches, bien que l’ost de Dalahnil soit bien trop restreint pour les attaquer. Celui-ci débarquerait grosso modo au nord-ouest de Naggaroth, sur une cote pas si éloignée de celles d’Ulthuan, laissant certainement un chemin de retraite facile dans des eaux peu gardées.

Alors que le soleil se levait, les soldats purent enfin mettre un pied à terre et purent alors profiter du plaisir de l’immobilité du sol de ceux qui étaient habitués à rester loin des océans pour la première fois depuis plusieurs semaines. Ce plaisir devait être encore plus grand pour les chevaux qui avaient dû être confinés dans des espaces bien trop petits pour eux, et ils allaient devoir faire quelques heures d’exercice avant que l’on puisse ne serait-ce qu’espérer les monter à nouveau.

Sous les ordres du commandeur, l’armée s’organisa rapidement mais la troupe ne devrait pas s’attarder et devait partir le plus rapidement possible. Seules les gardes maritimes restaient sur place pour monter quelques défenses autour des navires échoués sur la plage de galet des terres froides et inhospitalières de Naggaroth. Un choix controversé mais pourtant, selon Eranor, Sage car rien ne pourrait être pire que d’être coincé sur le contiennent des ennemis jurés de son peuple sans aucune retraite possible. Laisser une défense au seul chemin de retour était une chose à ne pas négliger. Pourtant, ce choix impliquait aussi de priver l’ost d’une force professionnelle, efficace et puissante.

Rien de tout cela n’étonna le noble asur plus que ce qui allait suivre. En effet, le commandeur Dalahnil convoqua rapidement son corps d’officier pour exposer ses ordres et une partie de ses plans. Il convoqua son corps d’officier et Eranor. C’était particulièrement inhabituel qu’un simple soldat ne soit intégré dans une réunion de gradés et ce fut avec curiosité et fierté, ainsi qu’une pointe d’appréhension, que l’elfe rejoignit ses supérieurs hiérarchiques. Lorsque ce fut fait, il fit un salut militaire qui convenait à son rang et restât droit et attentif, restant le plus professionnel possible.

Une fois que la jeune mage indisciplinée arriva enfin, Dalahnil put commencer, très certainement agacé par cette conduite. Tanaris possédait encore l’inconscience de la jeunesse, pensait Eranor, elle ne se rendait toujours pas compte de la gravité de la situation, de l’importance de ce qui se déroulait en ce moment. Elle ne devait pas même se rendre réellement compte de la mort qui guettait froidement chaque elfe de cet ost. Elle avait dû toujours vivre bien protégée, elle ne pouvait donc comprendre ce qu’était la mort, et elle l’apprendrait alors de la manière la plus brutale possible. Pour l’heure, rien ne semblait pouvoir entacher son assurance arrogante, celle d’une jeune elfe qui avait trop peu vu de l’horreur qui habitait ce monde. Eranor ne poussa pas plus loin ses pensées car, rapidement, le commandeur lui adressa sa requête.

Voilà un véritable honneur qui était fait à un soldat avec si peu d’expérience dans cet ost ! Obtenir la direction de quelques elfes pour une mission d’éclairage, c’était à la fois une grande responsabilité et une marque de confiance en ses aptitudes qu’il n’aurait pas soupçonnées arriver de sitôt ! Le seigneur des Cimes Stellaires s’obligea à réfléchir rapidement sur ce dont il aurait besoin pour mener à bien cette tâche, essayant le plus rapidement possible de ne négliger aucun point qui pourrait s’avérer important.

-Monseigneur, je pense avoir besoin de quelques informations supplémentaires pour effectuer correctement cette mission. Sait-on d'où est partie la force armée que vous avez mentionnée ? Et connaît-on la topographie du terrain au-delà des collines boisées qui protègent le camp ?

Si Dalahnil voulait avancer si vite, c’était, présumait le heaume d’argent, parce qu’il devait avoir des informations sur les forces qu’il pouvait rencontrer. Et s’il était possible de savoir d’où celles-ci étaient parties, il serait alors plus simple d’imaginer la route qu’elles avaient prise et de les trouver rapidement. Mais Eranor ne put rien apprendre de plus sur ce sujet, on ne lui parla que de quelques colonies isolées çà et là… Cependant, il fut plus heureux avec la topographie de la région. Celle-ci comportait de nombreuses collines pierreuses dont les versants étaient parsemés de petites forêts. Cette information poussa Eranor à privilégier les gardes fantômes plutôt que les patrouilleurs Ellyriens. Les premiers étaient plus lents mais bien plus discrets et adaptés à la traversée de bois et de bosquet et, aux vus des instructions de Dalahnil, il semblait préférable de privilégier la discrétion à la rapidité. Dans le cas où il n’y aurait pas eu de bois où se cacher aisément, le choix du noble de Caledor se serrait sans nul doute porté sur les patrouilleurs, mais, aujourd’hui, avancer à pied semblait une meilleure solution.

Lorsque le commandeur eut fini, Eranor prit congé avec un nouveau salut militaire et se dirigea sans attendre vers un intendant de l’ost. Son armure actuelle ne serait qu’un poids inutile dans cette mission et risquait plus de le faire repérer que de l’aider, et l’asur chercha alors à se procurer temporairement des protections de cuir qui le laisserait libre de tout mouvement. L’intendant accepta sa demande et prit rapidement les mesures du noble pour lui dénicher un équipement le plus adapté possible. Lorsque l’elfe fut recouvert de cuir, il alla placer son armure de plaque dans son paquetage et le laissa avec son cheval en arrière, des dispositions seront très certainement prises pour les faires suivre l’ost, Eranor n’en doutait pas et il ne voulait pas perdre de temps à parler de cette affectation avec quiconque pour des raisons de confidentialité comme de temps, celle-ci devant se faire le plus rapidement possible.

Enfin, Eranor rejoignit Belnaith Estanel et lui indiquât qu’il souhaitait recruter quelques guerriers fantômes avant de partir commencer cette mission, avoir plus d’effectif pour couvrir le plus de distance possible tout en restant discret semblait être une bonne idée. Il put rapidement rejoindre les éclaireurs à pied de l’ost, vêtu d’une armure de cuir et transportant son épée et son bouclier, et les rassembla le plus possible pour leur expliquer brièvement ce qu’il avait en tête.


-Messieurs, je suis Eranor Dréanoc commença-t-il alors, membre de l’unité des heaumes d’argent et le commandeur Dalahnil m’a donné la mission de repérer le plus rapidement et le plus discrètement possible les forces de l’ennemie avec l’aide de Belnaith Estanel ci-présent. Je demande donc deux ou trois volontaires pour former une petite escouade de reconnaissance. L’ost se mettra en marche dès que possible en suivant le ruisseau le plus à nord tandis que nous partirons de suite entre les deux ruisseaux en restant le plus possible à couvert dans les bois. Nous devons trouver la trace d’une force ennemie sans nous faire repérer, celle-ci ne sait pas que nous sommes ici et nous ne devons en aucun cas laisser penser à nos ennemis que nous sommes là. Discrétion et rapidité sont nos deux mots d’ordre. Des questions ?

Finalement, Eranor n’avait pas cherché à apprendre quoi que ce soit de plus au sujet des rumeurs dont on lui avait fait part, mais la situation était encore moins propice que le soir de la veille jugeait-il, la mission qui lui incombait était bien plus cruciale que de satisfaire une curiosité mal placée.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 13 sept. 2017, 17:07
par [MJ] Kriegsherr
Les guerriers fantômes se regardèrent un instant, puis trois des leurs, deux femmes et un homme, s’avancèrent et se désignèrent volontaires pour la mission. Aucun d’entre eux n’avait posé de question : éclaireurs professionnels, ils étaient coutumiers de ce genre d’opérations, et savaient parfaitement à quoi s’attendre. Le commandeur Dalahnil ne les avait pas tous envoyés, mais préféré un petit nombre car il souhaitait privilégier la discrétion avant tout et qu’il n’a pas estimé nécessaire d’envoyer tout le groupe. Mais les autres non sélectionnés ne seraient pas inutiles pour autant. Sans doute joueraient-ils le rôle d’avant-garde, d’arrière garde et de protection des flancs du convoi principal qui allait partir dans la foulée d’Eranor et de son escouade. Un rôle moins mis en valeur que celui d’éclaireur, certes, mais non moins vital pour la sécurité d’une colonne qui avançait en terrain hostile.

Au final, c’était donc un groupe composé de deux nobles assurant le commandement et de trois roturiers spécialistes de la traque et de l’infiltration qui partirait à l’aventure en avant de l’ost. Sans plus tarder, la petite force d’élite se mit en marche, commençant leur méthodique progression dans les collines. Chaque seconde était précieuse et pouvait compter, il fallait donc être rapides. Pour autant, le moindre indice ne devait pas être laissé de côté, sans quoi ils pourraient oublier un détail important, la précipitation était donc à éviter.

Il s’avéra bien vite que Belnaith Estanel était coutumier de ce genre de missions, et qu’il avait lui aussi reçu un briefing spécial en amont, sans doute par le biais de son chef d’unité qu’il suivait comme son ombre, le grand-heaume Rovarion. En tout cas n’avait-il pas eu besoin d’un rappel de la part du Dréanoc, se contentant de lui signaler qu’il avait été mis au courant et lui laissait le commandement, conformément aux instructions. Il ne lâchait cependant pas Eranor des yeux, scrutant son attitude, ses choix en matière de commandement et sans doute évaluant ses compétences. Cependant, son éternel air maussade et froid, voire blasé, empêchaient le natif de Caledor de deviner ce que son second pensait de lui sur cette mission. Une chose était certaine, l’elfe n’était pas bavard, et préférait de loin se murer dans le silence plutôt que d’entamer une conversation. Comme son homologue Eranor, il avait troqué la tenue lourde des heaumes d’argent pour une armure plus légère, mais avait conservé son arc sur lui.

Les trois guerriers fantômes, eux, étaient à mille lieues de ces préoccupations. Efficaces et expérimentés, vouant une haine farouche à leurs cousins Druchii, les traitres qui avaient détruit leur propre région, ils se contentaient de faire leur travail, et pour autant qu’Eranor ait pu en juger, ils le faisaient bien.

Après avoir une direction globale à suivre en fonction des informations dont ils disposaient et selon ce qui leur paraissait le plus probable au vu du relief pour établir une communauté, les trois soldats s’étaient mis à chercher des traces de vie intelligente, se déployant pour se faire un peu en avant des deux nobles, et revenant fréquemment leur faire part de leurs découvertes. Ils scrutaient l’horizon, humaient la terre, sentait le vent et tendaient l’oreille. Le plus petit indice de la présence d’une vie intelligente dans les parages aurait été remarqué par ces guérilleros expérimentés et entraînés, aux sens affutés.

Toutefois, malgré tout ces efforts, la première journée ne donna rien. Mais les ordres étaient de continuer durant un certain temps, et Belnaith paraissait rester confiant, de même que les trois éclaireurs. Au bivouac du soir, sans feu bien sûr pour ne pas donner l’éveil à d’éventuels ennemis, et établi sous le couvert des arbres, l’une des guerriers fantômes nommée Yliett, une elfe de taille moyenne aux cheveux blonds cendrés et aux yeux bleus, défigurée par d’horribles cicatrices sur son visage qui la rendaient difficile à regarder (sauf pour quelqu’un d’aussi imperturbable que Belnaith et pour ses deux compagnons guerriers fantômes sans doute habitués), prit la parole et résuma ainsi la journée :


-Certes, seigneur Dréanoc, nous n’avons pas abouti, mais croyez-moi, ces collines regorgent de cachettes, même pour un petit village entier. Y trouver une colonie dès le premier jour serait aussi chanceux que de sortir une aiguille d’une botte de foin du premier essai. Dormez sans crainte cette nuit, nous veillerons. Demain, nous continuerons. Plus nous progressons, plus nous avons de chances de couper une piste ou une trace, même ancienne. Il ne nous restera alors plus qu’à la suivre pour tomber sur notre objectif.

Le lendemain matin, la mission de reconnaissance reprit. Pour Eranor, c’était une nouveauté, et cette fois-ci, il n’avait aucune affinité particulière avec ses subalternes. Les trois guerriers fantômes étaient réservés et n’échangeaient qu’entre eux, quant à Belnaith, il restait égal à lui-même. D’un côté, ce n’était pas plus mal, car il n’y aurait aucune distraction, tous se concentreraient sur le travail uniquement.

Vers le milieu de la deuxième journée, cependant, le guerrier fantôme mâle, un tout petit elfe châtain aux yeux verts nommé Rislïn, appela les autres à lui : il avait découvert quelque chose.


-Regardez seigneur. Là, des traces !

Effectivement, ils se trouvaient dans une vallée très boisée à la terre meuble, car proche du cours d’eau. Et c’était ce qui avait permis de conserver plusieurs empreintes de pas à demi-effacées, à peine visibles sur la berge. Après une brève analyse des traces et une concertation entre les trois éclaireurs, Rislïn compléta son rapport en apportant les éléments déduits des traces.

-De toute évidence, il s’agissait d’un groupe d’humanoïdes assez important. Au moins une vingtaine, mais pas plus de trente. A leurs pieds nus, on devine facilement qu’il doit s’agir d’un groupe d’esclaves, car personne ne serait assez bête pour se promener pieds nus volontairement avec le froid qui commence à arriver et la rudesse de ces terres caillouteuses. L’absence de route ou même de sentier aménagé, ainsi que de traces de pas bottés ou montés, nous permet d’imaginer que ce groupe n’avait pas de maîtres druchiis avec eux. Il s’agit probablement d’évadés.
Ils sont venus du Nord-Ouest, ont dû s’arrêter ici hier pour se désaltérer et se reposer un peu, puis sont repartis, en direction du Sud-Est. Ils n’étaient pas particulièrement pressés, ce qui laisse à penser que nous sommes encore à bonne distance de la colonie elfe noire la plus proche, sans doute au moins quelques heures, sans quoi jamais ils ne se seraient arrêtés aussi près. Mais leur simple présence confirme le fait que nos informations étaient exactes : il y a des elfes noirs dans les parages.

Ces esclaves connaissent sûrement l’emplacement d’au moins une colonie ennemie. Mais les poursuivre ne serait pas sans risques, car cela pourrait compromettre notre mission, notamment si cela nous fait repérer. En effet, un groupe aussi important, qui a fui depuis quelques temps, sera sans doute tôt ou tard traqué par des ombres et cavaliers noirs. De plus, rien ne nous indique quelle pourrait être leur réaction en nous voyant.
Nous pourrions également tenter de remonter leur piste, mais peut-être se sont-ils enfuis il y a des jours, des semaines ou des mois déjà, et cela pourrait en ce cas nous ralentir si nous concentrons nos efforts là-dessus au détriment de la recherche d’autres indices.
Enfin, il y a la possibilité d’ignorer ces traces et de continuer nos recherches comme si de rien n’était, au risque de passer à côté d’une opportunité majeure, ou encore de scinder nos forces ce qui présente bien sûr un risque accru à la fois pour notre sécurité et notre discrétion.

Vous seul pouvez prendre une décision, seigneur Dréanoc. Quels sont les ordres ?


Telle était la raison de la présence d’Eranor dans le groupe. On attendait de lui qu’il tranche. Il n’y avait pas la possibilité de revenir demander à l’armée qui les suivait, celle-ci ayant au minium une demi-journée de retard sur eux, et Belnaith Estanel n’était que son second. Chaque instant d’indécision était un instant de perdu pour leur mission. Il revenait donc au chef de l’escouade de réfléchir vite et bien aux avantages et inconvénients de chacune des solutions et de donner ses ordres. C’était sa responsabilité, il ne pouvait plus y échapper, et le choix qu’il allait faire serait peut-être crucial pour la réussite de sa mission.
Bien évidemment, si tu souhaites poser des questions aux membres du groupe avant de prendre une décision, tu peux le faire en me contactant par MP.
A titre informatif, la dernière elfe non présentée (guerrière fantôme) est une elfe de grande taille, aux cheveux d’argent et aux yeux marrons foncé, du nom de Danaëlis.

Chaque guerrier fantôme a son équipement standard, ils sont tous d’âge moyen (environ 200 ans) et en bonne forme physique évidemment [comme tu n’as pas précisé, je ne t’ai pas mis de jeunots, de vétérans assez âgés pour que ça joue négativement sur leurs performances physiques, ni de malades, ça me paraissait évident que tu recherchais des types « moyens »].

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 24 sept. 2017, 12:09
par Eranor
Trois guerriers fantômes avaient répondu à l’appel d’Eranor, sans poser plus de question que nécessaire. Ces soldats étaient habitués à ce genre de mission et ne cherchaient pas à discuter les ordres, faisant preuve d’une discipline louable, d’autant plus pour des elfes de Naggaryth, l’ancienne patrie des durchii. Beaucoup d’elfe regardait les guerriers fantômes avec méfiance, car bien que personne ne haïsse autant qu’eux les elfes noirs, ceux-ci avaient dû partager leur cruauté et leur violence pour survivre dans l’environnement malsain qu’était devenue leur ancienne terre. Il ne restait plus qu’à espérer que les choses continueraient dans ce sens, ce qu’Eranor ne doutait pas vraiment.

Ainsi, deux nobles et trois guerriers fantômes composèrent le groupe d’éclaireurs. Ce dernier ne s’éternisa pas et se mit en marche rapidement, avancement le plus rapidement possible, caché par les collines boisées, sans pour autant se précipiter et risquer de perdre une trace importante. Les elfes de Naggaryth connaissaient leur métier et agissaient sans que l’on ait besoin de leur donner des ordres, ils savaient parfaitement ce qu’il fallait faire et n’attendaient pas qu’on le leur demande. Somme toute, Eranor, et Belnaith Estanel, ne faisaient que coordonner les recherches des guerriers fantômes et prendre les décisions quant à ce qu’il convenait le mieux de faire.

Belnaith Estanel restait d’ailleurs une énigme. Il conservait son air maussade en toutes circonstances, ne laissant rien transparaitre sur ce qu’il pouvait penser. Eranor ne doutait pas qu’au moindre pas de travers qu’il ferait, la direction de l’expédition revienne à ce noble qui était chargé de le surveiller, mais il était incapable d’interpréter son attitude envers lui. Peut-être était-ce dû à la grande mortalité de l’unité… Belnaith Estanel avait peut-être vu tant de jeune noble mourir au combat qu’il ne souhaitait plus risquer de s’attacher à l’un d’eux désormais…

Les cinq soldats marchèrent toute une journée, ne trouvant aucun signe de ce qu’ils devaient chercher. Le second de l’unité des heaumes d’argent s’était muré dans un profond silence, et Eranor n’avait pas une seconde cherchée à le briser. Sa mission n’était pas de nouer des liens et parler n’aurait fait que nuire à la discrétion du groupe, il ne voyait donc aucun intérêt à essayer d’engager une conversation. Les seules interactions que l’elfe de Caledor avait eues avec celui qui devait le surveiller étaient quelques coups d’œil intrigués qui cherchaient à décrypter, en vain, ce qu’il pouvait bien penser de lui.

Lentement, la première journée prit fin et le groupe d’éclaireurs dû se poser pour monter un camp, sans feu, évidemment. Les soldats roturiers durent voir la déception qui marquait légèrement Eranor car l’une des elfes du groupe, celle qui avait été horriblement défigurée, voulut le rassurer. Le descendant des Dréanoc avaient évité de la regarder dans les yeux depuis le début de la mission, non pas qu’elle lui inspirait le dégout, mais plutôt car il ne pouvait s’empêcher de ressentir la douleur que cette pauvre elfe avait dû soutenir et qu’il ne voulait pas particulièrement qu’on le juge incapable de prendre des décisions difficiles en interprétant mal son empathie. Pourtant, il se forçat à garder ses yeux plantés dans ceux d’Yliett lorsqu’elle lui parla et cacha au mieux qu’il pouvait les vagues de compassions qu’elle lui inspirait.


-Je vous remercie, mais ne vous en faites pas pour moi. Nous trouverons ce qu’il y a à trouver, je n’en doute pas, ce ne sera qu’un peu plus long que ce que j’avais espéré. Ce n’est pas la première fois que je dois dormir en a la belle étoile de toute manière, et je ne pense pas avoir déjà été en si bonne position lorsque j’ai dû le faire…

Cette dernière assertion était étonnamment vraie songea Eranor. Pas de dôme démoniaque, pas de risque de se faire broyer par des créatures mutantes, pas de risque de sombrer dans la folie ou de mourir empoisonné… Il était dans l’endroit le plus dangereux du monde pour des hauts elfes mais il n’aurait jamais dormi plus en sécurité qu’ici, voilà un fait plutôt amusant… Le noble de Caledor ne s’appesantit pas sur la question et ne chercha pas à en dire plus, mangeant en silence. Il avait déjà dormi dans des circonstances plus difficiles, il n’eut alors aucun mal à s’endormir malgré le manque de confort et à se lever aux aurores pour reprendre la marche.

Cette fois, il n’imaginait pas trouver quelque chose avant le lendemain, mais, en milieu de journée, on vint quérir les deux nobles pour leur montrer des traces presque invisibles. Des traces d’un groupe d’esclave en fuite, avec tout ce que cela impliquait… Voilà une piste parfaite pour retomber sur l’ennemi que l’ost de Dalanhil cherchait ! Plusieurs solutions s’offraient au jeune noble pour exploiter ces traces, donnant un choix difficile qui devait être prit le plus rapidement possible. Eranor réfléchit quelques secondes sous le regard du groupe d’éclaireur avant d’annoncer sa décision.


-Nous remontrons la piste des esclaves vers leur point de départ. Nous ne pouvons pas nous permettre de rejoindre un groupe d’esclave en fuite, la discrétion est le mot d’ordre de cette mission. Je ne veux pas prendre le risque inutile qu’un esclave aille parler de nous aux durchiis avec l’espoir illusoire d’obtenir ainsi la rédemption ou que des cavaliers noirs ne nous tombent dessus. La sécurité de l’armée est plus importante que la vie de ces esclaves, quelle que soit l’origine de ceux-ci…

Nous devons remonter cette piste vers le nord-ouest, mais nous devons nous montrer encore plus prudents et discrets. Nous savons que nous avons des chances de croiser des durchiis et je ne veux pas qu’ils puissent penser que nous sommes là. Même si nous avons l’avantage, nous n’engagerons aucun combat si nous les croisons et nous les laisserons suivre la trace des esclaves. Le but est de trouver la colonie de nos sombres cousins, ne nous laissons pas déconcentrer de cette mission capitale.

Je ne pense pas que les esclaves soient en fuite depuis des semaines ou des mois… Ils sont pieds-nus, probablement mal protégés du froid et avec peu de vivres. Ils n’auraient pas survécu tout ce temps, tué par les conditions de ce pays ou par des elfes noirs. Nous ne devons pas être loin de leur point de départ, peut-être un ou deu jour, au plus, je pense. Si nous n’y arrivons pas dans cette journée, nous devrions faire notre camp éloigné de la piste des esclaves et organiser des tours de garde deux par deux, une personne qui surveille le camp et l’autre qui surveille la piste afin de ne pas rater d'éventuels mouvements des durchiis. Belnaith Estanel et moi-même en ferons avec vous.


Eranor avait choisi rapidement, même si cela le forçait à abandonner tout un groupe d’esclave dans lequel se trouvaient potentiellement des asurs. Malheureusement, ces pauvres êtres étaient déjà condamnés lorsqu’ils furent capturés par les durchiis, contrairement à l’ost qui avait des chances de mener à bien sa mission sans grande perte s’il ne se faisait pas repérer…

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 01 oct. 2017, 12:57
par [MJ] Kriegsherr
Rislïn opina du chef. En bon soldat, il ne discuta pas les ordres de son supérieur. De toute façon, d’après ce qu’Eranor Dréanoc pouvait déduire des attitudes de ses subordonnés taciturnes, tous, y compris Belnaith Estanel, paraissaient plutôt satisfait par sa décision. Sans doute trouvaient-ils son raisonnement sensé et le partageaient-ils.

Cependant, la solution adoptée n’était pas sans danger non plus. En effet, remonter une piste fraîche d’esclaves en fuite, en admettant qu’ils ne le soient pas depuis très longtemps, présentait le risque de tomber sur des chasseurs esclavagistes avides de faire payer leur insolence et leur désir de liberté aux fuyards. L’ennui étant bien sûr que ces fameux poursuivants éventuels pourraient potentiellement détecter au passage la présence des asurs sur leurs terres et donner l’alerte s’ils en venaient à croiser l’escouade d’Eranor ou à repérer leurs traces. La réalisation de ce risque, ils devaient à tout prix l’éviter, il en allait de la réussite de leur mission. Mais ce ne serait pas chose aisée pour autant.

Et pour cause ! La rivalité entre les guerriers fantômes hauts-elfes et les ombres elfes noirs était légendaire. Les deux groupes faisaient partie chacun des meilleurs éclaireurs du monde et se détestaient cordialement. Il en allait exactement de même des patrouilleurs Ellyriens et des cavaliers noirs. Bien que d’un niveau strict à peu près équivalent objectivement, chaque unité de chaque faction se prétendait la meilleure dans son domaine. Cette fois-ci, en tout cas, il n’y avait plus le choix, c’était le moment d’un test en conditions réelles, les guerriers fantômes allaient devoir tromper la vigilance de leurs sombres cousins, et ce ne serait pas mince affaire.

L’avantage des asurs sur les druchii était que les premiers étaient parfaitement conscients du risque de tomber sur les seconds, là où ceux-ci ignoraient en théorie la présence des premiers sur leurs terres. La surprise jouerait donc pour eux, s’ils parvenaient à la conserver en restant discrets.

Le groupe d’éclaireurs continua sa progression tout au long de la journée. Les trois guerriers fantômes étaient surmotivés, tous leurs sens aux aguets. Ils savaient que dorénavant, la réussite ou l’échec de la mission qui leur avait été confiée, et accessoirement leurs propres vies, dépendaient principalement de leurs capacités. S’ils tombaient dans un piège tendu par des ombres, s’ils se laissaient surprendre par des cavaliers noirs, alors tout pouvait basculer en un instant. Aussi l’expérimentée Yliett avait-elle pris la peine de prévoir un protocole de sécurité à suivre pour limiter ces risques. L’elfe au visage arraché se chargerait elle-même de remonter la piste, tandis que ses deux camarades surveilleraient les flancs de celle-ci, cachés dans les bois et évoluant parallèlement à bonne distance. Derrière eux, à distance suffisante pour qu’ils ne soient pas surpris et pour leur permettre de réagir et de se cacher au besoin, se trouveraient Belnaith et Eranor. Les deux nobles étant peu au fait des techniques d’éclaireurs professionnels, il était vital qu’ils aient un temps d’avance pour pouvoir espérer tromper des ombres druchiies en chasse.

Yliett leur avait donc fortement recommandé, appuyée par Rislïn et l’autre guerrière fantôme, Danalya, de ne pas rester près des traces des esclaves, de manière à ce que leur piste ne soit pas détectable par les potentiels traqueurs. En vérité, à les en croire, il valait mieux qu’ils évoluent sur un côté de la piste, à bonne distance dans les bois, comme les deux autres éclaireurs mais en arrière d’eux. Yliett avait ajouté que la personne la plus exposée serait de toute façon celle qui remonterait la piste et qu’il fallait limiter au maximum de laisser des indices aux éventuels poursuivants des esclaves quant à leur présence. Seul un expert comme un guerrier fantôme pouvait espérer parvenir à dissimuler sa présence et sa trace à des ombres elfes noires qui ne se doutaient pas de leur présence. Et encore, mieux valait limiter au maximum les traces à effacer, d’où le fait qu’une seule elfe remonte directement la piste, les autres évoluant une vingtaine à une trentaine de mètres sur les côtés, et prenant le soin d’effacer leurs traces grossièrement, une technique que les guerriers fantôme avaient pris la peine d’enseigner sommairement aux nobles afin de ne prendre aucun risque.

Toutefois, ledit risque ne se réalisa pas durant les heures suivantes, et la journée se termina comme elle avait commencé, toujours sans résultat concret. Pour autant, la découverte des traces avait instillé un espoir dans les cœurs de tous et c’est donc confiants qu’ils se couchèrent cette nuit là, à l’exception de ceux dont c’était le tour de garde qui veillaient. Après un bivouac réalisé selon les prudentes mais sages instructions d’Eranor, les cinq éclaireurs asurs se remirent en route à l’aube.

Et c’est peu après, au petit matin, que la rencontre eut lieu. Tout alla très rapidement. Le signal fut donné par Yliett, qui s’éclipsa presque aussitôt dans les fourrés. Elle avait sans doute du entendre, sentir ou voir quelque chose qui échappait à Eranor, car il n’y avait pourtant rien qui ne laissa présager quoi que ce fut. Pourtant, dans la minute qui suivit, sans aucun signe avant coureur, un trio d’ombres furtives et silencieuses, silhouettes à peine visibles dans la pénombre du matin, fit son apparition sur la piste.

Test d’HAB comparés (de groupe, bonus de +4 pour les asurs car les druchiis ne les recherchent pas et ne se doutent pas de leur présence, et que des précautions ont été prises) : 4 (-4=0) VS 10. Les Asurs gagnent même sans le bonus.
Les trois elfes noirs étaient absorbés par la poursuite des traces des esclaves en fuite et ne semblaient pas se douter le moins du monde de la présence d’un groupe d’éclaireurs asurs les épiant en ce moment même et remontant la piste à contre-sens. Malgré ses ordres, Eranor put constater que les guerriers fantômes ainsi que Belnaith avaient tous sorti leurs arcs et encoché des flèches. Chacun d’entre eux visait soigneusement sa cible tout en restant dissimulés. Leur objectif n’était pas d’abattre les elfes noirs, mais les hauts-elfes restaient prudents et préféraient être prêts à le faire immédiatement au moindre signe d’agressivité de la part de ces derniers. Fort heureusement, les ombres disparurent aussi rapidement et aussi furtivement qu’elles étaient apparues, laissant sur leur passage des repères bien visibles. Rislïn rejoignit alors Eranor en rampant et lui expliqua la situation en chuchotant :

-Restez caché seigneur. Ces trois là étaient des éclaireurs. Ils balisent la piste pour un groupe de poursuivants plus important qui ne devrait pas tarder à arriver. Il vaut mieux rester dissimulés en attendant qu’ils soient passés.

Une longue attente commença. Une heure passa… Puis deux… Puis trois… Et enfin, encore une demi-heure plus tard au moins, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, un groupe de cavaliers noirs, au nombre d’une quinzaine environ, passa à toute allure sur le sentier, sans même prendre la peine d’examiner les traces, se fiant uniquement aux repères laissés par leurs éclaireurs ombres. Si ce groupe tombait sur les pauvres esclaves en fuite, il n’en ferait qu’une bouchée, leurs arbalètes à répétition maniées avec une précision mortelle capables de décimer les rangs des fuyards à longue portée, et leurs lances alliées avec l’agilité et la rapidité des redoutables coursiers elfiques ne leur permettrait même pas d’espérer s’enfuir de nouveau.

Pourtant, Belnaith Estanel esquissa un sourire glacial au passage de ces cavaliers de mauvais augure puant la mort à des kilomètres à la ronde. Il s’en expliqua après leur passage, une fois que les guerriers fantômes leur eurent indiqué que tout danger était écarté et qu’ils pouvaient continuer. A dire vrai, c'était la première fois qu'Eranor Dréanoc l'entendait parler. Jamais auparavant Belnaith n'avait daigné prendre la parole devant lui. Sa voix, bien que forte et assurée, était rauque et éraillée, comme s'il avait perdu l'habitude de s'exprimer.

Image –Ceux-là seront autant de gardes en moins à la protection de la colonie ennemie. Je craignais qu’ils n’aient un réseau d’éclaireurs déployé pour s’assurer de leur sûreté. Mais avec un peu de chance, ils seront occupés à poursuivre les fuyards et nous pourrons les surprendre complètement.
La journée durant, la longue remontée des traces continua. Cette fois-ci, la progression était facile et très rapide. En effet, il n’était plus question de suivre les traces anciennes d’un groupe d’esclaves à pied, mais bien de remonter celles du groupe des cavaliers noirs qui les poursuivaient. Et cela ne manqua pas. A la tombée de la nuit, alors que la luminosité était déjà très basse, le ciel se couvrit et une forte pluie accompagnée de vents violents et sifflants commença à tomber, commençant à effacer les traces. Pour couronner le tout, à peu près au même moment, la piste quittait la terre pour se perdre sur le versant pierreux d’une colline. Tout aurait pu être perdu, si dans les dernières lueurs du crépuscule, alors qu’ils étaient sur le versant Est de la colline en question, une mince colonne de fumée n’était apparue aux yeux d’Yliett qui était montée sur la crête pour essayer de retrouver –en vain- la suite de la piste.

L’indice était mince, mais de toute façon ils n’avaient pas le choix : partout autour, les rocailles omniprésentes dans le secteur n’imprimaient plus de traces. Cette fois-ci, contrairement à la veille, les guerriers fantômes insistèrent pour continuer à avancer dans le noir. Et pour cause : ils connaissaient leur objectif, n’avaient plus d’empreintes à trouver et pourraient profiter du couvert de la nuit pour s’approcher subrepticement. Il en fut donc fait ainsi.

Il fallut au groupuscule encore trois ou quatre bonnes heures de marche rapide pour arriver au sommet d’une petite colline surplombant une vallée encaissée traversée par une rivière, au fond de laquelle ils découvrirent leur objectif : un petit village elfe noir. Peuplée de quelques centaines d’habitants tout au plus, enfants compris, la colonie était petite, mais était très bien camouflée. L’existence de l’endroit était insoupçonnable de loin, il fallait vraiment être sur les collines l’entourant directement pour le découvrir, et sans les traces de pas, puis la colonne de fumée, Eranor et son groupe auraient pu fouiller la zone mille fois avant de tomber dessus.

L’endroit semblait bâti autour d’une mine, dont les deux entrées se trouvaient sur la rive Est de la rivière, rive qui comportait bon nombre de bâtiments de travail mais semblait totalement inhabitée à l’exception d’un petit camp d’esclaves encerclé par une palissade et surveillé par plusieurs miradors, et d’un poste de garde secondaire.

Les gardes fantômes, après quelques repérages supplémentaires, confirmèrent aussi les suppositions de Belnaith : les druchiis n’étaient pas sur leurs gardes et n’avaient posté aucun guetteur sur les hauteurs alentours pour protéger leurs demeures. Sans doute estimaient-ils quasi-nulles les chances qu’une attaque ait lieu, les raids hauts-elfes étant excessivement rares, et leur village bien caché. Trop sûrs d’eux, les imprudents avaient dû baisser leur garde et envoyer leurs quelques éclaireurs pour traquer les esclaves en fuite au lieu de les laisser surveiller les hauteurs dominant leur colonie.

Les seuls elfes en armes visibles étaient une dizaine de gardes tous au fond de la vallée, patrouillant autour d’un immense enclos où étaient parqués des esclaves, tels des bêtes au nombre d’au moins une centaine. Cet enclos était lui situé lui sur la rive Ouest où se situaient toutes les habitations. A cela il fallait ajouter quelques gardes autour d’un second enclos d’esclaves plus petit sur la rive Est, et deux gardes devant le portail d’une sorte de manoir. Sans doute y en avait-il plus dans le village, comme le prouvaient la présence d’un terrain d’entraînement militaire et de deux corps de gardes plutôt imposants (proportionnellement à la taille du village), pouvant chacun abriter entre une vingtaine et une cinquantaine d’elfes sur le pied de guerre (seulement une quarantaine maximum pour le poste de garde Est, légèrement plus petit).

Mieux encore, la situation du village, dans le creux de la vallée permettrait à l’armée entière d’approcher sans être vue, cachée par les crêtes, puis de fondre sur eux totalement à l’improviste à condition de faire l’effort de prendre position sur les hauteurs. Aux entrées du village et en divers endroits « stratégiques », plusieurs croix étaient visibles sur lesquelles des esclaves étaient attachés, sans doute pour les punir et dissuader leurs semblables de désobéir. Car c’était bien les esclaves, très nombreux, qui étaient la base de toute l’économie de ce village minier druchii. Environ cent cinquante d’entre eux étaient visibles, parqués dans les deux enclos de la colonie elfe noire, dormants les uns sur les autres dans les abris de fortune qu’ils s’y étaient fabriqués et étroitement surveillés depuis des miradors dominant les palissades de leurs prisons à ciel ouvert. A ce chiffre, il fallait rajouter les esclaves des particuliers, qui dormaient probablement dans les propriétés de ces derniers ou parfois dans des sortes de « niches » spécialement aménagées dans les jardins des plus riches propriétaires. Au final, il pouvait y avoir facilement deux cent à trois cent esclaves vivant là en tout, soit au moins autant que d’elfes noirs... Et encore, l’enclos principal paraissait à moitié vide !

Le village en lui-même, sur la rive Ouest de la rivière, était constitué de plusieurs rangées de maisons, dont la richesse croissait à mesure qu’elles se trouvaient loin de la rivière, pour culminer avec un petit manoir entouré d’un mur en pierres qui était sans doute la résidence du noble chef du village. Aux extrémités Nord et Sud de la colonie se trouvaient les divers commerces, où logeaient également leurs tenanciers.

Légende sur les cartes, sauf précisions ci-dessous (vous pouvez avoir mémorisé voire tracé ces cartes et les utiliser librement pour la suite) :*

Carte générale (l'étoile rouge à 4 branches est le moment de la perte des traces, l'étoile rouge à 5 branches le village elfe noir, votre trajet est symbolisé en pointillés rouge) :

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Carte agrandie de la colonie minière :

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-COM = commerces non précisés (menuisier, alimentation, tailleur, etc…)
-MP = maison pauvre, en bois (pouvant abriter cependant jusqu’à une demi-douzaine d’habitants chacune, avec possibilité d’y avoir en + jusqu’à 2 esclaves domestiques qui y vivent).
-Maison riche = grande demeure principalement en pierre, avec muret de séparation et jardins. Peut contenir jusqu’à 25 habitants et 10 esclaves.
-Maison aisée = maison intermédiaire, en pierre et bois, pouvant abriter jusqu’à une quinzaine d’elfes noirs et une demi-douzaine d’esclaves.
-Les autres lieux d’activité dans le village principale (rive gauche sur le schéma), comme par exemple la forge, le tanneur, l’auberge ou le marchand d’esclaves et les commerces en général peuvent de + comporter une partie habitat (c’est à la fois une forge et la maison du forgeron et de sa famille et ses esclaves). Ces commerces sont en pierre, de la taille d’une maison aisée voire riche, mais ne peuvent contenir que jusqu’à 6 elfes noirs et 10 esclaves chacune, car il y a une partie dédiée au travail.
Exception : la boutique du marchand d’esclaves peut elle contenir jusqu’à une trentaine d’esclaves, et 6 elfes noirs.
-Le manoir du seigneur est un édifice imposant en pierre avec des jardins, entouré d’un mur de pierre de deux mètres de haut. Il y a 2 gardes à l’entrée en permanence, et la demeure semble pouvoir accueillir une trentaine d’elfes noirs et autant d’esclaves.
-Les deux entrées des mines dont on extrait du métal sont indiquées par des triangles gris clair.
-A part les gardes du poste de garde secondaire et les esclaves du petit enclos, personne ne vit sur la rive droite (sur le schéma), mais c’est le lieu de travail de la majorité des esclaves non domestiques, que ce soit à la scierie, aux entrepôts, aux mines ou à la fonderie.
-Les forêts sont indiquées par les zones en vert foncé. La seule forêt exploitée est celle juste au Nord de la scierie.
-Les zones en vert clair sont les berges inondables et zones agricoles exploitées par les esclaves.
-La zone en bleu clair est un gué.
-En marron foncé les routes et le pont.
-Les petits carrés autour des enclos d’esclaves sont les miradors.
-Les étoiles à 4 branches noires sont les croix sur lesquelles souffrent et parfois meurent des esclaves crucifiés.
-En bleu une rivière, les reliefs en marron (zone basse, principalement pierreuse mais avec des herbes hautes et végétation basse aussi, d’accès difficile pour une armée), gris foncé (zone intermédiaire, exclusivement pierreuse, d’accès très difficile pour une armée, et difficile pour un homme seul ou groupuscule), et noir (zone haute, infranchissable pour une armée, très difficile pour homme seul ou groupuscule).

Remarque : attention ! Quand j’emploie le verbe « pouvoir », c’est pour donner un maximum de capacité, cela ne signifie pas que tous les bâtiments sont remplis à ce maximum. Au contraire, cela paraîtrait extrêmement improbable qu’ils le soient. Parfois ils ne sont remplis qu’à la moitié ou au quart de ce maximum théorique.

Ces informations prises, il fallait maintenant revenir pour les transmettre à l’ost de Dalanhil. Eranor choisit par acquis de conscience de laisser derrière lui deux des guerriers fantômes (Yliett et Danalya) afin de continuer à surveiller les lieux et de s’assurer que les éclaireurs druchii ne revenaient pas. Le trajet du retour fut tranquille. Aucune anicroche, aucun problème, aucun fait notable à signaler même.

L’ost Asur progressait lentement et péniblement dans cet environnement hostile. Elle avait pris beaucoup de retard sur le groupuscule d’Eranor, et ne suivait d’ailleurs pas la bonne route. La colonne formée par les combattants de front était précédée par une bonne partie du reste des guerriers fantômes et patrouilleurs ellyriens, dont le rôle était de repérer un itinéraire praticable et de l’aménager pour le passage de l’armée. Un travail harassant et ingrat, certes, mais indispensable. Cette avant-garde fut soulagée de voir revenir les éclaireurs dépêchés en avant.

Une fois arrivés à la hauteur du commandant, les éclaireurs furent accueillis avec contentement de la part du commandeur Elidor Dalanhil, qui s’empressa de les prendre à part avec ses officiers pour écouter leur récit… Pour lui, le retour ne pouvait signifier qu’une chose : leur cible avait été repérée. Tous se turent et attendirent le récit du chef de la mission avec une certaine impatience.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 12 oct. 2017, 22:06
par Eranor
La décision d’Eranor ne fut pas contestée, et même plutôt partagée, à ce qu’il pouvait voir des mines approbatrices des guerriers fantômes et de Belnaith Estanel. Ainsi, le groupe d’éclaireurs remonta la piste laissée par les esclaves en fuite des cruels druchiis en prenant des précautions particulières. L’un des éclaireurs professionnels asur suggéra de rester à bonne distance de la piste tout en apprenant au jeune noble à camoufler rapidement la sienne, ce qui ralentissait la progression du groupe. Mais une telle prudence était nécessaire pour ne pas se faire repérer des éclaireurs elfe noir, car leurs compétences, tout comme celles des guerriers fantômes, étaient légendaires.

Le temps passa et le soleil entama lentement sa descente à travers les collines environnantes. Cette journée ne donnerait pas de résultat de plus que ces traces, mais, au moins, les éclaireurs avaient une piste cette fois. Un petit camp fut monté comme la fois précédente et les soldats s’organisèrent rapidement pour les tours de garde avant d’aller se coucher sans échanger plus de mots que nécessaires.

Ce fut au petit matin que se produisit le second évènement de cette mission cruciale. Yliette donna le signal, prévenant la troupe qu’elle avait détecté un mouvement sans qu’Eranor ne soit le moins du monde capable de voir, entendre ou ressentir quoi que ce soit. Les éclaireurs s’arrêtèrent et se cachèrent et observèrent la piste. Rien ne semblait bouger jusqu’à ce que, soudainement, trois ombres apparurent. En prévention, les guerriers fantômes et Belnaith sortirent leur arc et se préparèrent à tuer les ombres au moindre signe de suspicions, mais ces dernières ne soupçonnèrent même pas la présence des asurs et continuèrent leur route. Pourquoi chercherait-il des traces d’éclaireur haut elfe sur leur propre terre de toute manière ? Les raids venant d’Ulthuan étaient rares, même presque inexistants, car l’armée asur était perpétuellement mobilisée pour défendre ses côtes étendues et son peuple menacé par les druchiis.

Eranor allait se remettre en route avant de se faire arrêter par Rislïn qui l’enjoignit à rester sur place. Le guerrier fantôme était coutumier des manières de faire de ses sombres cousins et il savait que d’autres forces suivaient les ombres de leur ennemi. Et ses prédictions s’avérèrent justes car une quinzaine de cavaliers noirs suivirent la piste des esclaves fuyards trois heures et demi après le passage des ombres. Ces soldats ne feraient qu’une bouché des esclaves peu protégés… Ils les massacreraient, ne gardant des prisonniers que pour les torturer de la plus horrible des manières. Eranor ne se voilà pas la face, c’était lui qui les avait condamné à une mort lente et douloureuse en choisissant de remonter leur piste plutôt qu’en essayant de les aider à se protéger. Mais bien plus pourraient être sauvés par cet abandon, que ce soit d’autres esclaves ou les soldats asurs qui traversaient actuellement le pays.

Belnaith était, lui, plutôt heureux de voir passer ces cavalier, voyant là des soldats de moins à affronter plus tard. Et ce fut avec un enthousiasme renouvelé que la troupe poursuivi sa route en suivant les traces des cavaliers qui n’avaient pas pris la peine de camoufler quoi que ce soit. Pourtant, la chance tourna lorsque la pluie tomba et que le vent se leva. Les traces disparurent lentement dans la boue pour, en plus, complètement disparaitre dans un sol plus rocailleux. Le temps passa et la peur et la déception prirent place dans le cœur du jeune seigneur de Caledor. Le soleil se couchait et il était impossible de retomber sur une piste… Mais Yliette, qui était montée au sommet d’une colline aperçue au loin une colonne de fumée, remettant la troupe sur la bonne voie au grand soulagement de chacun.

Les guerriers fantômes, se sachant proches, insistèrent pour continuer la marche de nuit, ce qu’accepta sans mal Eranor, sachant que la piste pouvait être facilement perdue et que la nuit cacherait sa petite escouade sans mal. Ainsi, après trois ou quatre heures de marche à un rythme soutenu, le village druchii apparut enfin, encaissé dans une vallée entourée de collines escarpées et traversée par une rivière. La colonie ne devait pas comporter plus de quelques centaines d’habitants, dont une majorité qui ne prenait pas les armes. C’était une colonie minière qui fonctionnait principalement avec des esclaves, comme les camps d’esclave de la rive est et le grand enclos de la rive ouest semblaient l’attester. Une dizaine de garde était visible et patrouillait autour de l’enclos d’esclave mais deux corps de garde pouvant abriter peut-être jusqu’à cent soldats laissaient suggérer qu’ils étaient plus nombreux. La ville fonctionnait certainement uniquement grâce aux esclaves, car au moins cent-cinquante d’entre eux étaient parqués comme des bêtes dans un enclos surveillé. Cette simple vision provoqua une mine de dégout sur le visage d’Eranor. Comment des êtres aussi abjects et cruels pouvaient partager le sang de la race elfique ?

Le jeune Dréanoc mémorisa de son mieux la colonie qui s’étalait en bas de la colline et essaya de ne rater aucun détail qui pourrait être utile au commandeur. Avant de prendre le chemin de retour, il suggéra que deux gardes fantômes restent sur place afin de surveiller les mouvements dans le village ainsi que l’éventuel retour des cavaliers noirs avant que l’ost asur ne les rejoignent.

Ainsi, une partie seulement des éclaireurs revint en direction de la petite armée de Dalanhil. Aucun fait notable ne vint, cette fois, ralentir les elfes et Eranor tomba rapidement sur les éclaireurs en avant de l’ost. Ainsi, sans prendre le temps de se reposer ou de manger un morceau, ni même de parler à quiconque, le jeune seigneur asur se présenta devant le commandeur qui rassembla ses officiers avec enthousiasme. Eranor fit les saluts règlementaires et commença son rapport sans plus attendre.


-Trois gardes fantôme nous ont rejoints pour cette mission. Nous avons suivi la rivière en direction du nord en avançant à travers les bois et en évitant le plus possible les endroits découverts tout en restant à l’affut de la moindre trace. Au milieu de la deuxième journée en continuant sur cette trajectoire, nous sommes tombés sur des traces d’humanoïde. Les traces étaient celles de pieds nus autour d’un point d’eau, nous en avons déduit qu’il s’agissait d’esclaves en fuite faisant une pause ici. Les traces provenaient du nord-ouest et allaient en direction du sud-est. J’ai pris la décision de remonter ces traces pour retrouver le point d’origine de ces esclaves en évitant toute confrontation avec l’ennemi.

Nous avons remonté les traces pendant le reste de la journée, puis, le lendemain matin, nous avons croisé trois ombres qui balisaient une piste en suivant les traces des esclaves en fuite. Nous les avons laissé passer sans trahir notre présence, conformément aux ordres, puis nous avons attendu pendant environ trois heures avant de laisser passer un groupe d’une quinzaine de cavaliers noirs qui suivait la piste des ombres. Nous avons alors continué jusqu’à ce qu’il commence à pleuvoir et que l’on perde la piste, mais nous avons pu distinguer de la fumer et nous diriger vers elle alors que la nuit tombait. Au bout d’environ quatre heures, nous sommes arrivés devant une colonie minière druchii.

La colonie se trouve dans une vallée entourée de collines aux crêtes escarpées, il est facile d’en approcher sans se faire repérer et les druchiis ne semblent pas prendre de précaution particulière pour surveiller cette colonie, ils ne doivent pas s’attendre à ce qu’elle soit en danger. Une rivière coulant du nord vers le sud sépare la vallée, sur la rive est se trouvent les infrastructures minières, un petit enclos à esclave et un poste de garde et un terrain d’entrainement et sur la rive ouest, il se trouve un grand enclos à esclave avec au moins cent cinquante d’entre eux surveillé par un autre poste de garde. La rive ouest comporte aussi les lieux résidentiels, avec les maisons les plus pauvres les plus proches de la rivière et un grand manoir le plus éloigné de la rivière devant abriter le noble dirigeant la colonie. Je dirais que les postes de garde devraient pouvoir abriter, au maximum, une petite centaine de soldats, certainement moins les quinze cavaliers noirs que nous avons croisés plus tôt. Un gué au centre du village et un pont au sud permettent de traverser la rivière. Lorsque nous sommes arrivés, une dizaine de garde patrouillaient autour du grand enclos à esclave et deux autres surveillaient l’entrée du manoir.


Eranor avait décrit ce qu’il avait vu en en dessinant schématiquement les endroits les plus importants sur le sol meuble. Lorsqu’il eut terminé sa carte improvisée, il se laissa une seconde de répit avant de reprendre.

-J’ai pris la décision de laisser deux gardes fantômes volontaires, les dénommées Yliett et Danalya, sur place pour observer les mouvements dans la colonie le temps que l’ost rejoigne la position. Ainsi, elles pourront vérifier que la présence de l’ost est bien inconnue de la colonie et elles pourront nous avertir de l’éventuel retour des cavaliers noirs. Avec l’aide du soldat Rislïn et de Belnaith Estanel, je pourrais vous tracer l’itinéraire que nous avons suivi pendant ces trois jours de recherche.

Eranor avait fait son rapport et attendait les réactions des officiers présents. A vrai dire, il s’attendait fortement à ce qu’on lui demander de partir maintenant, le temps qu’ils ne prennent des décisions, mais le seigneur asur espérait tout de même pouvoir obtenir un moment seul avec le commandeur. Non pas qu’il n’avait pas des informations secrètes à lui confier, mais certaines choses l’intriguaient particulièrement. Pour quelle raison l’ost se déplaçait-il sur ces terres ? Qu’est-ce qui justifiait que le commandeur risquât un ost entier en Naggaroth ? Certainement pas le simple pillage d’une petite colonie minière sans importance… Les asurs, eux, n’étaient pas des êtres cruels ne vivant que par la destruction, le viol, il devait y avoir une autre raison pour que cette armée se soit mise en marche dans l’endroit le plus dangereux qui puisse exister pour les hauts elfes.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 22 oct. 2017, 16:34
par [MJ] Kriegsherr
Le compte-rendu de l’héritier des Cimes Stellaires avait été écouté par les officiers avec une attention extrême. Le silence était religieux, et à juger par les expressions faciales, c’était plutôt bon signe pour le Dréanoc. En effet, à chaque description, chaque récit de décision prise, chaque cible identifiée décrite, Eranor put voir des sourires approbateurs, des signes de tête affirmatifs échangés entre les supérieurs, des yeux pétillants. C’était un sentiment étrange qui semblait partagé, à mi-chemin entre l’attente impatiente et l’appréhension. Grâce à Eranor et ses éclaireurs, ils avaient conscience qu’ils touchaient au but, que l’aboutissement de leur longue quête était proche. Mais en même temps, il y avait une certaine cruauté à la perspective de ce qui s’annonçait être une bataille où certains laisseraient sans doute leur vie.

A la fin de sa présentation, ce fut le commandeur Elidor Dalahnil lui-même qui prit la parole en ces mots, afin de le récompenser :

Image –Excellent travail, Dréanoc. A vrai dire j’avoue que je ne m’attendais pas à une réussite aussi parfaite du premier coup. Le prince Astaris avait raison à votre sujet, vous êtes un élément prometteur. Grâce à vos informations et vos initiatives, nous allons pouvoir prendre ces traîtres à leur race complètement de court.

Nous allons profiter de la nuit pour nous poster sur la crête Ouest qui surplombe leur village. A l’aube, nous leur tomberont dessus à l’improviste. A partir de maintenant, plus un bruit, plus un feu.
L’un des commandants, chef d’une des unités de lanciers, se permit d’intervenir :

-Le plan est bon, mais à marche forcée sans feu et de nuit dans des montagnes difficiles d’accès… Cela va être très dur pour les hommes, commandeur.

Elidor eut un sourire sinistre en répondant d’une voix théâtrale avec un soupir :
Image –Je le sais. Mais ce sera dur pour moi aussi. De plus, jamais les druchiis ne soupçonneront une telle audace. Nous ne devons à aucun prix leur donner l’éveil sous peine de perdre l’effet de surprise et l’opportunité qu’Eranor Dréanoc nous a offerte par son travail remarquable. Mieux vaut prendre le maximum de précaution, car qui sait de quoi ces chiens d’esclavagistes sont capables… Et n’ayez crainte, je ne risquerai pas la vie de mes hommes si je n’étais pas sûr que la tâche était à leur portée.

Dréanoc, est-il possible oui ou non pour l’armée de prendre position sur la crête Ouest ?
Le heaume d’argent lui répondit que ce n’est pas un terrain facile et qu’il ne sera pas possible de garder une formation le temps de la montée du relief, mais que c’est néanmoins possible. Il précisa qu’il lui semblait plus simple de placer un groupe d’intervention réduit et bien entraîné qui pourrait prendre le village à revers si le reste de l’ost s’avançait par la route.
Image – Merci, Dréanoc Vous pouvez disposez. Allez rejoindre votre unité et tâchez de vous reposer un peu pendant la marche, vous l’avez bien mérité et vous en aurez besoin très bientôt.
Les discussions tactiques continuèrent durant quelques instants après qu’Eranor ait rejoint son unité. Puis l’ordre de marche fut donné dans la nouvelle direction, avec les consignes restrictives. La plupart des soldats étaient partagés entre une excitation montante à l’approche du combat, et une certaine mauvaise humeur due à la perspective d’une marche longue et difficile. Quant à Eranor, il fut accueilli avec enthousiasme par Elderwën Eskeladel et salué par quelques autres membres de son groupe, mais personne ne lui posa trop de questions. En effet, il était visible que l’ex-éclaireur était fourbu après sa longue mission à pied. Et même si ce ne serait pas l’idéal, il valait mieux pour lui se reposer en route sur son fidèle destrier Senthoi plutôt que de gaspiller ses forces à parler de ce qu’il avait vu ou fait.

Il fallut une journée et une nuit aux troupes de Dalahnil pour prendre position selon ses ordres. En chemin, ils étaient tombés sur Danalya, envoyée par Yliett pour leur signaler qu’après des reconnaissances menées dans la zone à l’initiative de la plus expérimentée des guerrières fantômes, il s’était avéré que les druchiis envoyés à la poursuite des esclaves en fuite n’étaient toujours pas près de revenir, mais que le village avait néanmoins posté des guetteurs à l’extrémité Sud de la colline à l’Est de leur village pour surveiller l’accès le plus simple. Il serait impossible de passer par là sans se faire repérer.

Cela avait conforté le commandeur dans son idée de passer par-dessus la montagne dont les elfes noirs pensaient naïvement qu’elle les protégeait. Et effectivement la progression nocturne sur les pentes abruptes et pierreuses fut lente et difficile, très difficile même. Seule l’aide des gardes fantômes et des patrouilleurs Ellyriens permit à l’ost de trouver des passages praticables pour prendre position. Mais à force de persévérance, sous l’inflexible commandement de l’intransigeant Elidor Dalahnil qui ne tolérait aucune contestation, vers le milieu de la nuit, ils avaient réussi. Non seulement ils avaient pris position en surplomb du village, à l’insu total des druchiis qui dormaient paisiblement, inconscients de la menace imminente qui pesait sur eux, mais en plus, ils avaient quelques heures d’avance sur l’horaire prévu pour l’attaque, l’aube.

Dalahnil était fier d’avoir réussi ce qui paraissait impossible. Dans les rangs et même parmi les officiers, il y avait eu de la grogne, des mécontentements très forts lors des passages les plus difficiles. Mais maintenant, tout cela était oublié. Au contraire, la plupart des elfes paraissaient considérer leur chef comme un génie, qui leur avait permis de se dépasser eux-mêmes, et même les officiers étaient impressionnés, même s’ils le montraient moins. Tout mécontentement avait disparu, remplacé par une excitation d’avant-combat.

Seule mauvaise nouvelle, deux elfes avaient été mis hors de combat durant la pénible ascension. L’un d’eux avait posé son pied sur une pierre qui avait roulé et s’était brisé la jambe, l’autre avait glissé dans la pente abrupte, l’avait dévalée sur une trentaine de mètres au moins et était mort peu après de ses blessures. Mais globalement, à part leurs amis et camarades les plus proches, les autres semblaient considérer cela comme un moindre mal, si cela permettait de sauver plus de vies durant l’assaut.

Tandis que les officiers discutaient, les hommes s’étaient vu autoriser un court répit de quelques heures pour dormir et reprendre des forces. Pendant ce temps, les éclaireurs préparaient le terrain. Ils avaient déjà trouvé les sentiers et chemins d’accès aux pentes inférieures plus douces et régulières, d’où une charge pourrait sans problème être lancée, avec l’avantage de la hauteur en plus.

Chaque groupe connaissait son objectif. Les archers et l’artillerie resteraient en hauteur pour canarder l’ennemi de leur position avantageuse et apporter leur soutien aux troupes de corps-à-corps. L’infanterie fonderait sur l’ennemi, ses unités disciplinées devant engager les ennemis pris de court, et bloquer toute issue par le Nord ou le Sud. Quant à la cavalerie lourde, les heaumes d’argent et le commandeur, ils chargeraient depuis les hauteurs et briseraient les défenses adverses.

C’était maintenant presque l’heure. L’aube ne tarderait pas et les soldats avaient été réveillés. Ils s’équipaient et se préparaient pour l’assaut qui serait donné sous peu. Parmi les heaumes d’argent, une certaine excitation régnait. Rovarion et Belnaith étaient clames et taciturnes comme à leur habitude. Ils avaient déjà connu cela de nombreuses fois. Pour eux, ce ne serait qu’une bataille de plus, et pas la plus difficile.

Mais parmi les autres, principalement les nouveaux, chacun se préparait à sa manière. Kalisha était impatiente d’en découdre. Elle ne cachait pas son envie de plonger sa lance dans de la chair vivante druchiie. Orcan était tendu, très tendu, mais ce n’était rien face à Lorimir Morecon, livide et tremblant. Merethil, qui était lui aussi expérimenté, tentait tant bien que mal de les réconforter. Elderwën Eskeladel, elle, s’était agenouillée devant son épée, sans doute pour prier Asuryan ou Isha. Elle était tendue, mais fit un petit signe de la tête à Eranor pour lui signifier que cela allait. Seïlil Nerasfer et Isidris Syphaë, eux, paraissaient plus prêts que jamais. Débordants d’énergie, ils répétaient à qui voulait l’entendre qu’ils allaient se couvrir de gloire aujourd’hui. Finalement, quand ils furent prêts, tous montèrent sur leurs chevaux harnachés et prêts au combat. Elderwën se plaça entre Eranor et Merethil, et leur glissa en chuchotant :

Image –Je... Je crois que ça ira. Mais on y est, c’est ma première bataille. J’ai du mal à y croire. Oui, il y a eu l’entraînement, mais ce n’est pas pareil, je vais devoir tuer pour la première fois. En tous cas, ça me réconforte de savoir que je me battrai à vos côtés.
Les heaumes d’argent furent bientôt rejoints par un Elidor Dalahnil en grande forme. Il avait un sourire carnassier sur le visage et était fin prêt à en découdre. Une silhouette paraissait toutefois mécontente, pour la première fois depuis qu’Eranor l’avait vue. Il s’agissait de Tanaris Mïnwandel, la jeune magicienne, qui resterait avec les archers et les balistes à répétition serre d’aigle. Apparemment, la perspective de la bataille ne l’enchantait guère, bien au contraire, elle affichait une mine renfrognée, agacée, voire même énervée.

Et alors même que les premières lueurs annonciatrices de l’aube apparaissaient à l’Est, le signal fut donné ! En un instant, telle une machine parfaitement huilée, l’ost asur se mit en mouvement. Les fantassins se déployèrent, les archers et balistes se mirent en place et commencèrent à ouvrir un feu meurtrier, tandis que la cavalerie lourde dévalait la pente dans une charge d’une puissance terrifiante.

L’avantage de la surprise était énorme. Dans la vallée, les quelques gardes pris de court qui n’avaient été fauchés par les premières volées tentaient tant bien que mal de donner l’alerte et de s’organiser pour défendre leur village. Des maisons et manoirs sortaient des elfes noirs souvent encore mal habillés qui en voyant ce qui se passait tentaient soit de fuir, soit rentraient se barricader chez eux, soit encore allaient s’équiper de leurs armes pour combattre.

Mais il était trop tard. Déjà la nasse se refermait sur les druchiis surpris et massacrés par les tirs nourris. Les lanciers avaient pris position aux deux extrémités de la vallée sur la rive Ouest, et s’avançaient pour prendre l’ennemi en tenaille.

S’élevant à quelques centimètres au dessus du sol, Tanaris, dont le visage était grave et n’avait plus rien de jovial, envoyait des gerbes de flammes sur le pont pour couper l’arrivée de renforts de l’autre rive.

Tanaris Mïnwandel durant la bataille.
Image
Pendant ce temps, la cavalerie lourde chargeait le gros de la résistance ennemie, un groupe d’une douzaine de gardes qui s’étaient réunis pour défendre l’entrée du village entre le marchand d’esclave et l’auberge. Ce groupe recevait déjà des renforts des hommes et femmes réveillés à l’intérieur des maisons, qui s’équipaient sommairement, prenant uniquement leurs armes pour rejoindre les gardes et tenter de monter une ligne de défense dans le village. Il fallait à tout prix briser cette résistance avant qu’elle ne s’organise.
Vous chargez donc un groupe de 12 gardes druchiis armés et en armure qui se sont regroupés pour défendre la route entre le marchand d’esclaves et l’auberge. En fonction de vos performances, ils seront rejoints ou non par d’autres combattants sortis des maisons, qui n’ont pas eu le temps d’enfiler leurs armures.

Personnellement, Eranor fait face à deux de ses cousins noirs, qu’il devra vaincre. On considère que tu es en charge sur le 1er, avec ta lance de cavalerie et avec un bon élan car depuis les hauteurs. Tu auras donc d’importants bonus.

Re: [Eranor] Casus belli (II) : de l'étincelle au brasier

Posté : 12 nov. 2017, 10:57
par Eranor
Les officiers écoutèrent Eranor avec attention, acquiesçant aux choix qu’il présentait. Apparemment, ils étaient d’accord avec sa manière d’agir et Elidor sembla particulièrement ravi. Le seigneur asur se sentit à la fois soulagé et fier de ses actions mais garda un visage de marbre, montrant alors une face plutôt professionnelle. Le commandeur énonça alors le plan audacieux que redoutait l’elfe de Caledor : grimper par l’abrupte colline pour tomber sur la colonie druchii sans lui laisser la moindre chance de se défendre. Dit comme ça, cette solution paraissait tout indiqué, mais Eranor savait, lui, ce qu’il en était de la difficulté d’accès de ce chemin. La pente rocailleuse avait été difficile à escalader alors même qu’il était accompagné d’un groupe réduit et qu’il ne transportait que très peu d’équipement, alors avec un ost entier et en armure lourde, avec des chevaux et des bagages, ce serait une mission particulièrement éprouvante… Un officier ne manqua, d’ailleurs, pas d’émettre des doutes et le commandeur se tourna alors vers Eranor pour confirmer son plan.

-L’ost pourrait passer cette colline, sir, mais ce serait une tâche ardue. La pente rocailleuse est abrupte et le sol est traitre, il sera impossible de garder une formation durant l’ascension et nous serons alors vulnérables. Les druchiis ne semblent pas surveiller ces versants, mais si l’idée leur passe par la tête alors que nous sommes en mouvement, ils n’auront aucun mal à nous repérer et ils pourront se préparer en toute connaissance de cause. Il serait cependant aisé de faire passer un petit groupe d’élite sur les hauteurs de la colline tandis que le gros des forces avance par la route principale pour prendre l’ennemi à revers.

Ces indications ne firent que murir un sourire sur le visage du commandeur qui n’y voyait que la confirmation de la faisabilité de son plan. Apparemment, l’action qui se profilait était d’ores et déjà choisie, mais ses modalités devaient encore être discutées. La présence du jeune Dréanoc n’était plus requise pour ces discussions, aussi fut-il congédié à un repos que son corps ne réclamait que trop. Il avait peu dormi ces derniers jours et il avait couvert une grande distance le plus rapidement possible, ses muscles étaient fatigués et de profonds cernes se dessinaient alors sous ses yeux d’émeraude. Eranor rejoignit donc son unité et fut salué par quelques-uns de ses compagnons et plus encore par son amie, l’elfe de l’Empire, Elderwën. Il ne fallut pas beaucoup de temps après ces retrouvailles rapides pour que l’ordre de marche ne soit donné, provocant excitation, enthousiasme, grommellement et appréhension dans les rangs de l’armée. Dans l’unité de heaume d’argent, l’on n’essaya pas de questionner le noble de Caledor qui était, de toute façon, bien trop fatigué pour répondre autrement que par quelques mots imprécis.

Après une difficile journée et une nuit de marche, l’ost croisa l’un des guerriers fantômes laissés en arrière. Ce soldat était porteur de bonne nouvelle : les gardes noirs n’étaient toujours pas revenus, le combat qui s’annoncerait serait alors d’autant plus aisé. Cependant, les druchii avaient posé des éclaireurs sur la route principale afin de surveiller le chemin le plus simple et Dalahnil se retrouvait conforté sur son plan. Il aurait été impossible d’approcher du village sans l’alerter désormais, et le passage par la colline s’imposait.

L’ost avança alors de nuit sur un terrain qui était déjà difficile de jour. L’ascension n’aurait tout simplement pas été possible sans l’aide des guerriers fantômes expérimentés qui étaient capables de dénicher des chemins plus sûrs sur les versants trompeurs de cette colline. L’ost progressait alors lentement, charriant avec difficulté équipement et bête. Eranor était descendu de son cheval, comme ses compagnons, et testait chaque pierre où son destrier devrait poser le sabot. Sur ce terrain, une simple chute pourrait s’avérer fatale pour l’équidé, une simple blessure pouvait le rendre incapable de courir et difficile à déplacer.

Pourtant, à l’étonnement général, l’ost parvint au sommet de la colline dans le milieu de la nuit. Le mécontentement qui s’était levé durant la montée s’était effacé, tous étaient fiers d’avoir réussi cette épreuve de force. Eranor avait dû porter l’équipement de sa monture sur le dos et la tirer ou la pousser un nombre incalculable de fois, mais c’était désormais fait, mais pas sans perte. Deux elfes avaient glissé et chuté de bien trop haut pour en survivre, des pertes qui n’affectèrent que leur proche cercle d’amis car celles-ci auraient «été bien plus grandes si le chemin principal avait été pris. Avec cette position, le commandeur s’assurait d’une victoire facile en tombant sur un village qui n’était pas préparé et sur un point non défendu. Dalahnil avait parié et il avait gagné.

Quelques heures avaient été accordées à la troupe, certains se reposaient, d'autres discutaient entre eux mais Eranor avait choisi de s’éloigner pour chercher un peu de tranquillité. Certes, le combat qui s’annonçait serait aisé, mais tellement de zone d’ombre subsistaient… À commencer par pourquoi l’ost avait-il marché sur cette colonie ? Cette attaque s’inscrivait-elle dans une opération de grande envergure où de nombreux osts allaient attaquer des villages peu défendus sur toute la côte de Naggaroth ? Ou était-ce autre chose ? Dalahnil avait forcément une raison de prendre autant de risque, que pouvait-elle bien être ? Ces questions étant destinées à rester sans réponse, Eranor fit une prière silencieuse à Asuryan avant d’essayer de dormir un peu.
Bien vite, l’ordre d’attaque fut donné. Les éclaireurs avaient repéré les meilleurs endroits par lesquels attaquer, les archers et les balistes se plaçaient en hauteur pour faire pleuvoir la mort sur les druchiis et les lanciers se préparaient à bloquer toute fuite des troupes ennemie prise de court. L’unité de heaume d’argent se tiendrait prête à fonder sur toute résistance de l’ennemie pour la briser sous les sabots des coursiers d’Ulthuan. Dalahnil serait avec cette unité et accompagnerait ses troupes à l’assaut.

Dans l’unité, Orcan et Lorimir étaient particulièrement tendus, mais Merethil essayait déjà de les rassurer. D’autres, comme Kalisha, Seïlil ou Isidris paraissait plus que prêt et débordaient d’énergie et d’envie. Rovarion et Belnaith semblaient ne montrer aucune émotion, ce n’était pas leur premier combat et certainement pas le plus difficile. Elderwën était, elle stressée mais prête à se lancer dans la bataille. Eranor, quant à lui, paraissait particulièrement calme même si un spectre d’excitation se devinait en lui. Il avait déjà combattu de nombreuses fois mais jamais dans des conditions aussi favorables.


-J’ai confiance en vous, et en nous tous. Je suis, mi aussi, heureux de mener ce combat à votre côté, puisse Asuryan guider nos lances et nos lames dans le cœur froid de nos ennemis !

Alors, les heaumes d’argent prirent enfin position au côté d’un commandeur plus encore dans son élément que Kalisha. Aux premières lueurs de l’aube, l’attaque débuta. Les traits se mirent à pleuvoir dans le ciel, les lanciers se mirent en position et la cavalerie dévala la pente dans un bruit de tonnerre. Les druchii étaient complètement pris de cours, aucune discipline ne subsistait parmi eux certains se barricadaient, d'autres essayaient de prendre des armes, d’autres encore se retrouvaient pétrifiés devant l’inéluctable, incapables de croire à ce qu’ils voyaient. Mais tous étaient égaux face à la machine de mort que les asurs avaient mise en route. Les lanciers avaient enfermés la rive ouest dans une nasse qui se refermait lentement, prête à broyer les soldats qui se croyaient en sécurité il y a encore peu et les archers fauchaient les rangs de ceux qui voulaient monter une défense cohérente. Tanaris n’était pas en reste car elle fit jaillir des flammes puissantes sur le pont pour éviter à tout renfort de venir. Son visage avait perdu toute trace d’amusement jovial, c’était une autre personne qui se battait aujourd’hui, et il fallait avouer que c’était bigrement efficace.

Cependant une petite résistance commençait à se créer sous la forme d’un bataillon de druchii mal protégé. Les elfes noirs rejoignaient ce groupe pour tenter de former une défense cohérente qui pourrait bien mettre à mal l’ost. Il fallait briser ce début de formation au plus vite, et le bataillon de heaume d’argent allait s’en charger.

Alors que le bataillon s’élançait à la charge, Eranor lança un rapide regard à Elderwën qui s’était placée à côté de lui pour constater la même détermination qui l’animait. Il faudrait massacrer toute résistance au plus vite ou bien les druchii pourraient renforcer ce début de résistance. Le noble de Caledor se focalisa alors de nouveau sur sa cible et coucha sa lance d’arçon. La rage de Khaine commençait à bouillonner dans ses veines, cette rage que tout elfe connaît et ressent tapie au plus profond d’eux, mais les valeurs d’Asuryan brillaient encore dans son être. Tuer l’ennemi sans hésitation et protéger les siens, c’étaient là les deux mots d’ordre qui s’imposaient dans l’esprit du noble saur. Comme un seul corps, l’unité de heaume d’argent se mit au galop, les lances couchées en une forêt mortelle de pointe d'acier. Un dernier cri s’éleva d’Eranor avant que le choc sanglant n’arrive.


-Pour Asuryan !
Comme d'habitude, j'ai mon profil avec bonus/malus dans ma signature ! Par contre, étant donné que j'ai arme de prédilection, j'ai peut-être -1 d'ATT pour ce combat si tu considères que l'entrainement n'a pas retiré ça (qui est compensé par la +1 d'ATT du fait que je sois sur monture et que j'attaque quelqu'un au sol) ! Sinon, j'ai toujours mon bouclier avec la compétence parade et mon casque qui fait relancer les dégâts contre moi.
Si possible, dans le cas où, suite à la charge, je puisse traverser le groupe d'elfe noir, je continu un peu plus loin et je fais demi-tour pour refaire une charge avec la lance d'arçon. S c'est impossible, je laisse la lance d'arçon et je continu le combat à l'épée. J'aimerais aussi, dans le cas où ça ne réduirait pas mes performances, lancer de temps à autre un coup d'oeil aux autres membres de l'unité pour voir s'ils sont en difficulté ou non !