Le choc fut terrible, à la hauteur de ce que laissait présager la fureur de la charge, le bruit assourdissant du fracas des sabots et des cris de guerre. Emporté par l’élan de sa monture lancée à pleine vitesse, Dréanoc vit sa lance de cavalerie transpercer la garde de sa cible, au sens propre. Le bouclier du druchii ne put rien pour le protéger de l’impact terrible de la pique elfique, à la fois atrocement effilée et diablement solide. Le fer de l’arme traversa aisément le bois du bouclier adverse de part en part, et empala son premier adversaire qu’elle souleva de terre sous la violence de l’impact. Le pauvre elfe noir n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui était arrivé. Il était mort sur le coup, une expression de surprise figée à jamais sur son visage.Que le combat commence ! Pour ta question, en l’occurrence, si : comme tu t’es entraîné avec cette arme, tu n’auras pas de malus.
Round 1 :
Puisque vous chargez, vous avez automatiquement l’initiative.
Eranor charge garde 1 : 9. Réussite. Parade : 15. Ratée. Relance bouclier : 20 ! Echec critique ! Le garde se rate complètement dans sa parade et finit embroché.
Son compagnon riposte : 9 ! Touché ! Parade : 19. Ratée. Relance bouclier : 3. Réussite. Localisation : bras droit. Dégâts : 0.
Round 2 :
Un test détermine si tu peux traverser pour recharger : tu le peux.
Eranor charge de nouveau : 19. Raté cette fois-ci.
Riposte de l’elfe noir : 20 ! Echec critique. Ca t’offre le droit à une nouvelle attaque.
Eranor attaque de nouveau : 8. Touché. Parade : 4. Réussite. Localisation : bras droit encore. Dégâts : 15.
Round 3 :
Cette fois-ci vous êtes englués au corps-à-corps, je considère que tu dois dégainer ton épée pour te battre contre lui. Tu as théoriquement l’initiative, mais ton épée étant encore dans son fourreau, la dégainer te prend ton action mineure. Il peut donc frapper en 1er durant ce round uniquement, et qui plus est, tu n’auras pas la possibilité de parer ou d’esquiver à ce round seulement.
Garde 2 attaque : 2 ! Touché. Localisation : bras droit toujours (décidément). Dégâts : 20 ! Il te reste 40 PVs.
Eranor riposte : 20 ! Echec critique !
Round 4 :
Test d’évolution du combat autour de toi : globalement à ce que tu vois, tout le monde s’en tire plutôt bien. Tu peux continuer à combattre sans que l’ennemi ne bénéficie de renforts ce tour-ci.
Eranor attaque : 14. Raté de justesse (à cause de l’armure).
Garde 2 riposte : 8. Touché ! Parade : 9. Réussite. Localisation : jambe droite. Dégâts : 0.
Round 5 :
Autour de vous la victoire semble totale pour les vôtres.
Eranor attaque : 5. Réussite. Parade : 14. Relance : 16. Ratée. Localisation du coup : torse. Dégâts : 20. L’ennemi est mal en point, mais sa haine des hauts-elfes et son désespoir le poussent à se battre encore.
Garde 2 riposte : 17. Raté.
Round 6 :
Eranor attaque : 3. Réussite. Parade : 19. Relance : 17. Ratée. Localisation du coup : bras gauche. Dégâts : 23. Il est mort.
L’homme qui se trouvait juste à sa gauche, un garde elfe noir en armure intégrale, avec bouclier et lance, siffla de haine à la vue de son camarade embroché tel un vulgaire poulet. D’autant plus qu’autour de lui, la charge des cavaliers lourds avait fauché une bonne partie de ses coéquipiers. Avec toute la rage dont il était capable, le druchii frappa Eranor au passage, tentant de le stopper voire de l’éliminer, mais le fer de sa lance fut dévié habilement par le solide bouclier de l’Asur qui s’en tira indemne et put continuer sa route un moment avant de se retourner pour charger à nouveau, lance couchée.
Cette fois-ci, l’elfe noir ne fut pas tué. Le garde devait sans doute savoir se battre, car il parvint in extremis à dévier de son bouclier la dangereuse lance. Pas assez cependant pour lui éviter toute blessure, hélas pour lui. Si sa parade réflexe avait été suffisante pour lui sauver la vie, elle fit riper la lance adverse sur son bras droit, lui causant une profonde estafilade. Le tissu, le cuir et la maille de son kheitan avaient été déchirés, laissant apparaître une plaie béante dans la chair nue, d’où suintait un liquide sombre rougeâtre et poisseux. Cette blessure arracha un hurlement de douleur au druchii, mais, loin d’entamer sa combativité, elle le fit redoubler d’ardeur.
L’élan de la charge d’Eranor Dréanoc étant stoppé, ce dernier était pris au combat rapproché et devait lâcher sa lance pour dégainer son épée au plus vite afin de faire face à son opposant. Le druchii sut saisir cet instant propice pour passer à l’action. Malgré sa blessure au bras, il porta une attaque de sa lance exactement sur le bras de son adversaire qui dégainait, sachant très bien que l’asur ne pourrait pas parer une telle attaque. Et le coup fit mouche ! Les protections d’Eranor lui évitèrent tout juste d’avoir le biceps transpercé de part en part, mais elles ne suffirent pas à totalement annihiler la blessure. Lui aussi arborait maintenant une estafilade profonde dans bras droit, d’où le sang coulait.
L’adrénaline du combat aidant, la douleur ne prit pas le dessus sur l’esprit des combattants. Chacun savait qu’il devait éliminer son adversaire à tout prix. Mais un rapide coup d’œil aux alentours rassura Dréanoc et le raffermit, tandis qu’il augmenta encore la rage et l’amertume de son vis-à-vis.
En effet, autour des deux combattants, les derniers gardes se faisaient massacrer par les autres heaumes d’argent, un par un, ils tombaient, tandis que des pluies de flèches et de traits continuaient à tomber sur le village depuis les hauteurs, fauchant indifféremment les vies des combattants comme des fuyards. Déjà, la bataille semblait perdue pour les autochtones.
Mais ce n’en était pas fini du duel entre Eranor et son adversaire inconnu pour autant. Quitte à mourir, ce dernier comptait bien emporter le plus d’asurs avec lui dans la tombe, à commencer par l’héritier des Cimes Stellaires. Sifflant de rage et de douleur, le druchii évita le coup du noble et le frappa en retour de sa lance, une nouvelle fois. Mais ce coup-ci, l’arme trouva le bouclier de l’asur sur sa trajectoire et ne put faire de dégâts. Puis ce fut au tour de Dréanoc de riposter, d’un coup d’estoc qui trouva la faille dans la garde adverse et s’enfonça dans le torse de l’elfe noir, passant au travers son kheitan et s’enfonçant de quelques centimètres dans la chair.
La fin était proche, car le druchii était très mal en point. Avec un grognement de douleur, il tenta de se ressaisir et de lancer une nouvelle attaque pour repousser Eranor. En vain. La douleur était trop forte et ses blessures trop handicapantes. Il fut facile pour le seigneur haut-elfe de lui asséner une ultime attaque élégante, un coup de taille qui lui sectionna le bras gauche au niveau de l’épaule. Avec un hurlement de souffrance pure à faire pâlir un médecin, le druchii s’effondra sur le sol dans une gerbe de sang, à côté de son bras encore fermement cramponné à son bouclier. Il agonisait pitoyablement dans une mare de sang, aux côtés des corps de ses anciens camarades, tous morts eux aussi. C’en était fini de la résistance de la colonie.
C’est alors qu’Eranor, dont la concentration n’était plus captée uniquement par son combat, prit conscience de ce qui se passait autour de lui. La première information qu’il avait eue d’un simple regard était que tous ses compagnons se portaient bien. Il y avait d’autres blessés comme lui, mais rien de trop grave apparemment.
Quant au village… Une vision de l’horreur s’offrait devant lui. Partout des gens tentaient de fuir. Des elfes noirs en panique ou qui tentaient de se battre étaient massacrés un par un. Ceux qui se barricadaient dans leurs maisons étaient délogés par des groupes de soldats qui défonçaient les portes pour éliminer toute opposition. Quand la résistance était trop forte, les asurs ne s’embarrassaient même pas à entrer : ils mettaient le feu à la bâtisse pour obliger ses occupants à en sortir ou à brûler vifs. Des pelotons d’archers s’amusaient parfois à canarder les elfes noirs qui sortaient par les fenêtres ou les portes des maisons en flammes, tandis que d’autres prenaient un malin plaisir à justement ne pas achever ceux qui brûlaient en poussant des hurlements déchirants qui touchaient jusqu’au fond de l’âme.
Ce paysage était apocalyptique. Partout, des gens fuyaient, mais ils n’avaient aucune chance : le village était cerné. Certains se jetaient à l’eau, mais beaucoup s’y noyaient, les autres étant criblés de flèches et de carreaux de baliste à répétition Serre d’Aigle. Eranor fut même témoin d’un acte qui prouvait le désespoir ou la haine que leur portaient leurs sombres cousins : sous ses yeux, une mère de famille exécuta froidement ses enfants avant de se donner la mort pour éviter de tomber entre les mains des asurs.
Au milieu de ce massacre sans nom, quelques flashs, quelques actes le frappèrent particulièrement. Tout d’abord, Kalisha, prenant un plaisir jouissif non dissimulé à poursuivre et à massacrer le plus d’elfes noirs possibles et à les éliminer sans aucune pitié, riant tandis que son cheval, son arme et même son propre corps se couvrait de sang. La fidèle de Khaine ressemblait plus, à cet instant, à une furie druchiie, une épouse folle du dieu du meurtre, assoiffé de sang, qu’à une noble asur civilisée.
Elidor Dalahnil s’occupait pour sa part de superviser des groupes de soldats, et achevait quelques elfes noirs au passage de coups d’épée nonchalants. Il faisait réunir le butin du pillage en cours et les prisonniers dans l’enclos aux esclaves, s’assurait qu’aucun druchii ne puisse fuir l’encerclement, et donnait ses ordres aux autres. Rovarion et Belnaith l’aidaient dans sa tâche.
La plupart des autres heaumes d’argent avaient cessé tout combat et toute activité, se contentant de regarder le spectacle macabre qui s’offrait à leurs yeux, laissant à la plèbe le soin des tâches ingrates et de s’occuper du menu fretin qui restait. Isidris Syphaë et Seïlil Nérasfer, qui n’avaient pas été blessés, fanfaronnaient en se vantant de leurs exploits. Lorimir Morecon, qui avait été chanceux lui aussi, levait les yeux au ciel en remerciant les dieux de n’avoir pas été blessé. Merethil Doratel ne pouvait cacher un air sinistre, comme s’il goûtait amèrement à sa vengeance froide. Elderwën était à moitié satisfaite, à moitié excitée, elle se tourna vers Eranor en arborant un grand sourire : elle l’avait fait : elle s’était montrée à la hauteur, et n’avait pas eu à subir de blessure qui plus était.
Globalement, aucun de ces jeunes heaumes d’argent ne semblait réellement prêter attention à l’extermination en règle qui était en train de se produire à quelques dizaines de mètres d’eux. Aucun sauf Orcan. Lui aussi était intact, il restait de marbre en apparence, mais ses poings étaient crispés, sa mâchoire serrée. Une ride lui plissait le front et il balayait le champ de bataille, qui tournait à la boucherie, d’un regard froid et noir.
Tanaris Mïndwandel, la magicienne, n’était plus visible près de l’artillerie. Elle était sans doute descendue vers le village au cours de la bataille, mais où était-elle et que faisait-elle ? Eranor n’aurait su le dire.
Une chose était certaine : après l’hallali, vint la curée. Nul n’aurait su dire tout ce qui se passait dans les maisons qu’investissaient les soldats piétons asurs, mais des cris de terreur de douleur ou des suppliques hurlées étaient tout ce qui en ressortait, à part des soldats à l’air rassasiés et les bras chargés de richesses, les armes souvent ensanglantées, leurs uniformes, parfois mal remis, souvent maculés de sang qui n’était pas le leur ou de suie. Entre ces deux peuples, ce n’était pas seulement une guerre, c’était l’expression d’une haine brute et primaire, d’une détestation ancestrale dans tout ce qu’elle avait de pire.
Elidor Dalahnil, toujours en train de donner ses ordres et de superviser ce massacre, passa devant ses cavaliers et leur désigna un groupe de fuyards à peine équipés et habillés parfois, qui s’enfuyaient en courant en direction de la petite forêt à l’Ouest. Ils venaient de sortir d’une maison et courraient vers les bois pour espérer y trouver un refuge. Parmi eux, essentiellement des femmes, des enfants, des vénérables elfes, et apparemment uniquement des civils dont très peu étaient armés, et très sommairement. Le commandeur les désigna du doigt et ordonna :