La jeune elfe ferma les yeux en soupira lentement, caressant doucement la hampe gravée de sa lance de chasse dont le fil aiguisé reflétait les rayons de soleil perçant la canopée. Lorsqu'elle rouvrit ses yeux vairons, son regard balaya paresseusement les alentours de son perchoir favoris. Un petit ruisseau chantant serpentait entre les arbres, miroitant sous la lumière. Quelques gardons en remontaient le cours en agitant le corps, indolents. Un petit talus naturel surmontait la clairière ainsi formée, la pente terreuse trouée de terriers creusés entre les racines. Un écureuil grimpait prestement le long d'un tronc jusqu'à disparaître dans le feuillage alors qu'un couple de geais gazouillaient en se posant sur la branche d'un jeune frêne. Ce décor idyllique respirait le calme et la fraîcheur d'une matinée de printemps. Un taillis remua dans l'angle de vision de Ilieth et l'elfe vit un cerf accompagné de sa biche sortir doucement des fourrés en humant l'air et se diriger vers le ruisseau. Les animaux respiraient la grâce sauvage que seule la Nature savait octroyer. La biche baissa lentement sa tête délicate et trempa le museau dans l'eau claire pour s'abreuver, tandis que le mâle surveillait les alentours, agitant ses bois effilés.
Voilà deux jours qu'Assül avait quitté le village. Après avoir échoué à l'examen de sélection des forestiers et s'être engagé dans la garde d'Athel Loren, le jeune elfe avait ressentit le besoin de s'éloigner quelques temps pour réfléchir à ses projets et à ses objectifs. Il avait déçu son père et n'avait pas eut l'occasion de s'en excuser. Il allait maintenant tout faire pour reconquérir la confiance et la fierté de son paternel et ce en mettant sa vie au service de la défense du royaume sylvain. Mais était-ce le bon choix ? Ses parents voulaient-ils de lui qu'il en devienne ainsi ? Et qu'arriverait-il s'il échouait également à faire ses preuves dans la garde ... C'est pour chasser tous ces doutes et ces sombres pensées que Assül avait décidé de prendre de la distance. Il était maintenant à plusieurs lieux de Tiliel, son village natal, et avançait à pas de loups dans les bois. Voilà plusieurs heures qu'il avait repéré des traces fraîches de cervidé, imprimées dans l'humus meuble de la forêt. D'autres indices comme des touffes de poil accrochées aux ronces ou des branches basses brisées indiquaient au chasseur qu'il se rapprochait de ses proies qui, elles, ne se doutaient pas qu'elles étaient traquées. C'est en arrivant au sommet d'un petit talus boisé qu'Assül se coucha au sol sans faire un bruit, tous les muscles de son corps tendu comme la corde d'un arc. Devant lui, en contrebas, s'abreuvaient en toute quiétude le couple de daims. L'elfe avait le vent de face, si bien que les animaux ne s'aperçurent pas de sa présence à moins d'une dizaine de mètres d'eux. Ses cheveux bruns noués et ramenés en arrière dégageaient ses yeux rivés sur les proies.