Lucy laissait Halmut avec son vin, s’éloignant de lui d’un pas gracieux. Elle réfléchissait à une manière de participer au jeu de Mannfred Ueblingen, et elle opta pour du repérage. Elle cherchait une ouverture, guettant les personnes qui s’approchaient de Mannfred, tout en bougeant de manière à attirer le regard, de manière discrète, certes, mais prononcée.
Tout en avançant dans la salle, zigzaguant entre les canapés, les tables remplies de victuailles et les regroupements des nobles, elle entendit tout à coup quelqu’un là héler, avec un fort accent d’Arabie :
« Ma chère, vous êtes ravissante ! »
Au moment même où elle entendit la voix l’interpeller, un flot immense de souvenirs déferla sur elle ! Elle se revit pendant plusieurs de ses missions, de plus joyeuses aux plus tristes, et une nouvelle vague de souvenirs déferla sur elle, surement renforcée par l’alcool ingéré précédemment.
En effet, Lucy se trouvait sur la place Markt, une place rectangulaire qui était desservie par trois grandes allées, l’allée Schulze, l’avenue Eichmann, et l’allée Ohlsdorf.
Cette place était également cernée de pleins de petites ruelles assez sombres pouvant cacher n’importe qui, surtout une petite voleuse comme Lucy Trend.
Lucy se baladait donc, cherchant une bourse bien remplie à récupérer en douceur. De nombreux choix s’offraient à elle pour trouver ce qu’on pourrait appeler une bourse de premier choix. Il lui fallait toute fois déterminer au préalable sa cible. Sur qui jetterait-elle son dévolu ?
Tannous le tisseur, qui vendait tous les jours sur cette place de nombreuses étoffes et soies venues d’endroits lointains. Son étal était cerné de tissus en tout genre, et même si le repérage était ardu, Lucy pourrait s’y faufiler en toute discrétion sans aucun souci, et vu la taille de son étal, sa bourse devait être très bien remplie.
Leon et son apprenti Jens, un vieil alchimiste lui aussi habitué à cette placette. Il était connu pour être un très mauvais alchimiste, mais il pouvait, grâce à son alambic, fabriquer de nombreux tord-boyaux de qualité. Comme Jens est très naïf et que Leon est lent pour son âge déjà pas mal avancé, les voler serait facile, mais le contenu de la bourse serait plus petit et d’autres personnes pourraient voir et accuser Lucy.
Dennis le marchand de jouet itinérant. L’avantage de voler Dennis est le fait qu’il est étranger à la ville, seulement son étal est petit et très facile à surveiller. Ce serait un défi certainement émoustillant de tenter ce vol ci, mais il n’en resterait pas moins difficile car Lucy devrait trouver une technique d’approche particulière audacieuse.
Et viens finalement Nazari, le marchant d’Arabie venu récemment en ville pour y vendre ses fruits et légumes assez exotiques pour Marienburg. Son étal est plein à craquer, et il est très joli à voir. L’affluence de personnes autour de Nazari faciliterai le vol, mais le rendrai également plus dangereux en cas de pépin, car la masse de gens entourant cet étal ralentirait fortement Lucy. Néanmoins la tentation de récupérer en plus un des ses fruits rouges et juteux venus de loin devait certainement tenter Lucy.
Lucy devait faire son choix, et définir sa stratégie d’approche. Voulait elle observer et attendre le moment propice ? Passer en force et s’enfuir par les toits ? S’immiscer au milieu de la masse et agir discrètement ? Déclencher d’une manière ou d’une autre une diversion ?
Tout était possible, la seule limite de Lucy était son imagination !