[Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Le Talabecland se trouve au coeur de l'Empire, et ses armées prennent souvent la forme de petites forces d'élites. Helmut Feuerbach est porté disparu, mais sa cour est toujours dans la Cité de Talabheim.

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[MJ] Bonnepierre
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[Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

Bratian. Seigneurie frontière entre le Talabeccland et l'Ostermark. Début du mois de Kaldezeit. Milieu d'après midi. Un froid crachin nimbe le vert pays....

Trois cents cavaliers aux couleurs de Talabheim s'immobilisèrent aux alentours du bourg de Grunwald, surveillés par une milice villageoise presque à demi aussi nombreuse... En accord avec la Baronne-Seigneure de Bratian, Lucrétia Von Schwitzerhäum, ils s'y installèrent. Les notables de cette troupe se rendirent au Manoir Hopperkrüffen, encontrer ladite noble Baronne...

Ces notables étaient nombreux, pour beaucoup les têtes pensantes de cette Délégation Ministérielle pour l'Ostermak, plus communément nommée: "Taladélégation"... Les voici, chacun suivis de leurs assistants, par ordre d'importance:

-Le GutsHerr Timothäus Von Kreiglitz, frère benjamin du Comte von Kreiglitz (lui-même époux d’Elise Kreiglitz-Untern), Baron honorifique de la Rotha et du Sumpfrand. Ambassadeur exceptionnel du Talabeccland. Commandant de la Délégation.
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Un homme difficile... qui aimait les choses carrés, droites et claires... et qui, son statut aidant, ne s'embarrassait pas de gants pour fustiger quiconque, qu'il fût noble ou roturier. Mais aussi un juste dirigeant, qui savait reconnaître la valeur, et dont les rares compliments étaient dosés à bon escient.
-Ses multiples conseillers :
-Oskar Dobher (import export bois), fade, inexistant.
-Kilian Freud (import laine), rustaud, procédurier.
-Nikolaus Essen (export porc et poisson salé) , gras et gros, il devait tester tout ce qu'il achetait et vendait?
-Karl Hipps (import bière), un gentil pochetron.
-Joff Herrzung (achat de chalands), minaudier, fayot.
- Dalbran « Gorog » Talprunh, (spécialiste en commerce avec les nains)... lui c'était un nain dans toute sa splendeur, grossier, rustre au possible, rigolard. Il s'entendait très bien avec Karl Hipps.
-Priester Elias Brünner, de Sigmar (icônes religieuses)
-WaldMutter Ingrid, de Taal et Rhya (icônes religieuses et pèlerinages)
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De part leurs statuts de haut prêtres, ces deux derniers étaient un peu différents des autres conseillers du Gutsherr Timothäus : ils avaient plus de libertés et craignaient moins de lui déplaire. Ils avaient aussi une valeur militaire en cas de conflit en voyage. L'homme de Sigmar avait tout d'une brute épaisse et bornée, mais amicale: ceci étant, ce n'était sans doute qu'une façade qu'il se donnait... La femme de Taal et Rhya était mystérieuse, toujours à part avec ses servants... il était prévu qu'elle dorme en forêt.

-Herr Rogan Rogalaunt, Amiral et Ministre Naval en personne, Chevalier du Talabec.
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Personnage silencieux, observateur... Une hache de marin dorée, pulsant de magie, était en permanence à son flanc, qu'il ait son armure ou des atours courtisans. Il n'avait pas vraiment d'assistants, seulement quelques uns de ses fidèles marins avec lui.

-Kapitän Frank « Gemetzel » Tabrag, Chevalier du Taalbastion et de Fort Schwartz, Capitaine de l’escorte, Conseiller spécial de l’ambassadeur en matières militaires:
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"Gemetzel", cela signifiait "Carnage", en vieux Reik. L'homme, maintenant d'un certain âge, n'avait toutefois pas l'air d'un foudre de guerre, nonobstant ses épaules robustes et sa mâchoire carrée: il paraissait plutôt sage... mais, comme sa fonction le demandait, tout à fait autoritaire en matières martiales. Ses hommes lui obéissaient au doigt et à l'oeil.
-"Ses" Chevaliers, officiers de son armée: Gudrik Von Hügel et Lambertus Druhd
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Si le premier paraissait plutôt finaud et aimer à être propre sur lui, le second semblait tout son contraire, une brute de sept pieds de haut dont le seul regard assassin amenait l'obéissance...

-Le Mage flamboyant : Herr Magister Justus Justinus.
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Il y avait toujours un maître flamboyant en compagnie des grands de ce monde. Celui là, s'il aimait jouer de l'air mystérieux de son regard orangé, n'était pas avare en paroles, et appréciait dispenser sa "sagesse cryptée" à qui voulait l'entendre. Il avait un assistant et deux apprentis.

-Le Mage de jade : Herr Magister Halklis.
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Il y avait aussi souvent de ces mages "verts" qui savaient si bien soigner, même des blessures les plus mortelles, dans les groupes nobliaux. Haklis était un homme discret et, semblait-il, bon et généreux. L'on disait qu'il avait guéri nombres de pauvres hères en chemin. Il comptait faire de même toute la nuit auprès des malades éventuels de Bratian.

Cette liste sans fin de visiteurs ne se terminera t-elle donc jamais?... Non pas si tôt, hélas. Car en surplus de tous ces dirigeants, il y avait comme de bien entendu tout un tas de personnages qui profitaient de l'escorte et du voyage pour se rendre à Beehafen...

-De très riches marchands, amis d'Elise Kreiglitz-Untern: Igor Douslak et sa belle et jeune épouse exotique Aramena Douslak; et Arduin Friedrichsohne, éminent négociant talabecclander:
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Douslak avait des parts dans presque tout ce qui se vendait entre Altdorf et le Kislev (dont il était originaire), il était assez imbu et vantard; son épouse était arabéenne et très coquette; Friedrichsohne était un pur marchand Talabecclander, qui avait le vent en poupe et rachetait de fait nombre d'exploitations, grossissant toujours son chiffre d'affaire. Lui était bien moins exubérant que les deux autres...

-Deux jeunes Nobliaux juste là pour s'amuser :
-Alfred Von Schirach, fils unique du célèbre Comte de Krugenheim: mignon godelureau, et futur héritier d'un sacré pactole, qui aimait à se pavaner dans sa belle armure argentée et séduire des fillottes...
-Et son poteau Rikhard Von Liebig, fils troisième du non moins célèbre Comte de Gersdorf : un gamin qui se prenait pour un homme, moqueur et enfantin... ils étaient tous deux accompagnés de quelques négociants de leurs papas, dont ils se fichaient complètement, préférant faire les quatre cent coups…
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-Il y avait aussi le chevalier errant Yann Weiss, surnommé «La Mort Blanche » du fait de ses massacres légendaires et répétés contre les forces obscures qui menacent le monde. Celui là étaient un vrai dur de dur, peut-être le plus aguerri de tous les membres de la Délégation, c'était une légende dans tout l'Empire. Une quinzaine de vétérans et amis mercenaires étaient avec lui, tous là pour aller au final guerroyer contre Crom, un général du Chaos qui serait tapi avec ses armées dans l'Est de l'Ostermark...
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-Enfin, L'on pouvait ajouter à cela toute une tripotée de valets, messagers divers, "apporteurs de portraits peints" en vue d'arranger des mariages, etc...

-Et aussi la jeune et belle Dokhara de Soya...Baronne de l'ouest du Talabeccalnd, pourvue d'une bien maigre escorte personnelle en comparaison de certains plus éminents...

Le Manoir Von Shwitzerhäum - à peine reconstruit - n'avait bien entendu pas assez de chambres pour tout ce monde, aussi seuls l'Amiral Rogalaunt et les deux fils Von Schirach et Von Liebig étaient prévus d'y loger, ainsi que Dokhara De soya... Cela par décision du GutsHerr Von Kreiglitz, lequel dormirait au bourg... et décidait donc, dirait-on, de tout à la place de tous...
Tout ce monde était toutefois prévu pour le banquet au Manoir; Des denrées supplémentaires et des cuisiniers investirent les cuisines en renfort...

A l'arrivée de toutes ces belles gens, et après présentations faites par des héraults, le fameux GutsHerr s'adressa à la Baronne Lucrétia devant tous:
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-Dame Baronne, nous vous remercions de votre accueil... et d'avance ne vous excusez donc point de votre hospitalité limitée, nous savons tous le drame récent qui est advenue par chez vous et vous remercions d'avoir si vaillamment défendu votre fief...
Il y avait beaucoup de morgue chez ce Timothäus, et bien peu d'intérêt ni pour lucrétia ni son domaine. Il disait juste ce qu'il ce devait. Il ne lui laissa d'ailleurs même pas le temps de lui répondre, commentant l'intérieur en faisant quelques pas:
-Mhhmm, c'est toujours en travaux?...
Une puissante intelligence se voyait néanmoins en lui... hélas visiblement ternie par une hauteur plus grande encore... hé! Il était frère de l'actuel homme le plus puissant du pays, qui plus est marié à la grande Elise, pour ce dernier...

Tandis que tous les notables saluaient Lucrétia en entrant, l'un d'eux attira peut-être son attention:
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-Il vous faut des navires de guerre dans le Talabec... Voilà comment il se présenta, sans bonjours ni hommages ni rien... Vous êtes une femme forte, Dame lucrétia, et je suis vraiment satisfait de votre position à Bratian...
Il s'agissait de l'Amiral Rogan Rogalaunt - un certain âge, beaucoup de présence:
-Il y a une belle milice, je vous en félicite, mais sans vaisseaux de guerre sur votre fleuve, Bratian reste totalement vulnérable. Bien que cela ne se voit pas, nous sommes en guerre, vous le savez. Contre des ennemis intérieurs. ... J'ai fait mander deux navires vers chez vous, ils arriveront bientôt... mais vous devriez en acheter à Beehafen.

Cependant, les deux nobliaux débiles - fistons de von Schirach et Liebig - faisaient déjà n'importe quoi dans la salle (duel de fourchettes, jetés de boisson sur tapisseries) dès que le GutsHerr avait le dos tourné...

Un messager officiel remit une lettre à Lucrétia.
Le lettre sera en MP
Ok, la lettre a déjà été envoyée en MP - bon retour dokha ;) je n'ai pas changé grand chose à ce post, à toi d'y trouver ta place... Dès que vous avez toute les deux posté (n'hésitez pas à faire court si ça vous paraît mieux) j'enchaînerai moi

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Bienvenue, Dodo' ! o/
    Aroutinée à tout son tracas quotidien, Lucretia vaquait à ses diverses occupations, lesquelles s’avéraient en réalité peu nombreuses et point régalantes. Tout allait de bon train si ce n’était elle, et la jeune femme se sentait comme subitement ralentie en attendant cette fameuse délégation. Le personnel et les maçons, portefaix et autres petites gens couraient tout autour d’elle, éternellement lancés dans la reconstruction de son manoir. Mascher veillait toujours sur sa milice et sur sa non-présence aux côtés de sa baronne qu’il semblait redouter plus que de raison, et Herrmund Gobz s’attelait à entretenir les premiers contacts avec Bratian et ses habitants, s’enquérant du maire et des personnalités les plus influentes des environs. Certes, il arrivait fréquemment qu’il demandât quelques informations à la jeune femme, et celle-ci se faisait un plaisir que de lui répondre, mais la vie suivait son cours et, avec elle, la monotonie s’installait doucement mais sûrement. Etait-elle sur le point de regretter les Feuerbach et leurs cabales ?

    Le ciel s’était emboucané de lourds nuages gris prêts à cracher leurs embruns, et cela ne manqua pas lorsque la délégation arriva. Fidèle à lui-même, le Talabecland semblait désireux de les imprégner de son humidité omniprésente, et le ciel lâcha de perçants crachins qui vous fouaillaient vêtures et cheveux dans l’air froidureux. L’on baissait la tête et se recroquevillait sous les capes que chacun étreignait contre son propre corps, avançant sur une route bouseuse qu’avaient battue de nombreux chevaux et charrettes.
    A l’orée du village s’élevait une forêt de piques qui pointaient vers le ciel, tenues par une milice qui regardait d’un œil plus curieux que menaçant cette cohorte de noble naissance s’avancer lentement dans leur direction. Les habitants de Bratian avaient été prévenus de l’arrivée imminente de la délégation, et pareille nouvelle avait couru de chaumière en chaumière et de bouche en bouche, devenant tant et si bien l’attraction du moment que chacun avait souhaité en être témoin. Plus de trois cents personnes qui s’acheminaient ensemble en convoi, voilà qui n’était pas un spectacle coutumier dans les environs, et si la raison de cette nouvelle présence était connue de Lucretia, elle demeurait un mystère aux yeux de tous ces habitants qui tentaient d’en percer les secrets.

    Ledit convoi fut mené sur le petit sentier qui menait au manoir de la baronne, dirigé par plusieurs messagers que cette dernière avait envoyés, et ce fut dans une cour entourée d’échafaudages, de grues et de divers ateliers qu’ils arrivèrent. Lucretia en avait été mise au courant et s’était préparée à s’en aller à leur rencontre, demeurant sur le parvis, à l’abri sous un grand parapluie que tenait Elsa. En dépit du mauvais temps qui sévissait tout autour d’elle, Lucretia portait avec ce port altier qui était le sien sa robe pourpre au décolleté certain, et ses mains relevaient délicatement le bas évasé de sa vêture, évitant que les brocards d’or ne s’en retrouvassent salis. Otto et ses quelques gardes se trouvaient légèrement derrière la jeune femme, et ainsi étaient également disposés les différents serviteurs et personnels de sa maisonnée. Et la baronne demeurait là, stoïquement, légèrement surélevée vis-à-vis de ses invités de par les quelques marches qu’il fallait gravir pour entrer dans le bâtiment. Son regard smaragdin chatoyait sur chacun des fines gouttelettes qui venaient s’écraser sur cette suite de seigneurs et de hobereaux, lesquels devaient assurément maugréer de ne pouvoir se mettre à l’abri, eux aussi, sous ce toit qui se tenait à quelques mètres de leur position. Mais la coutume et la bienséance étant ce qu’elles étaient, des présentations s’imposaient.

    La délégation était menée par l’un des hommes les plus puissants de la région, et son rôle tout autant que son rang l’engonçaient dans une horripilante fatuité qui pèserait assurément sur la baronne, celle-ci le pressentait malheureusement. Il portait sur la jeune femme un regard quelque peu vaniteux et pressé, déjà las de toutes ces civilités. Derrière lui, annonçaient ses hérauts, une foultitude de suiveurs divers et variés, ramassant cupidement les miettes de pouvoir que leur seigneur pouvait laisser choir, de bon ou de mauvais gré. Tous les faciès et caractères s’y retrouvaient, et il y avait même, au milieu de tout cela, une petite tête rustaude posée sur un corps trapu à hauteur des épaules des autres ; un nain.
    L’on pouvait trouver de tout et de rien dans cette délégation si attendue, comme pu le remarquer Lucretia, eu égard à ce que continuèrent de présenter les hérauts. Un prêtre et une prêtresse qui n’étaient pas sans rappeler aussi bien Mascher pour le premier que Mandra pour la seconde. Voilà qui ne dépayserait pas la baronne, et elle espérait fortement que la Taalienne ne lui chercherait pas des noises, elle aussi. Et si elle pouvait tenir compagnie à l’anachorète amoureuse des plantes, cela lui ferait de l’air. Mais, aussi mystérieuse et sibylline fût-elle, peut-être n’était-elle pas à l’image de ladite Mandra. Ne pas porter de jugement trop hâtif en se fondant sur une unique et seule personne de cet acabit-là qu’elle avait rencontrée.
    Une autre pointure, lui annonça-t-on, un homme qui n’était pas autre que le ministre de la Marine en personne. A ses trousses, à l’instar de celui qui les menait tous, quelques suivants, mais ceux-ci s’avéraient bien moins vêtus et ostentatoires que cette première flopée de hobereaux.

    Un autre haut-gradé dans la sphère militaire, encore que celui-ci tenait bien plus du sage que du reître que des reflets blancs et grisonnants, aussi bien dans sa barbe que dans ses cheveux, envieillissaient quelque peu, lui donnant cette sagacité qu’il ne possédait peut-être pas. Si les outrages du temps, bien que légers cependant, avaient laissé leurs traces, il ne fallait pas pour autant se fourvoyer ; l’homme était capitaine de l’escorte, aussi devait-il savoir s’y faire quelque peu dans la matière.
    Suivaient alors un affété chevalier doublé d’une brute aussi haute qu’épaisse difficilement amusable. Si le premier se parait avec minutie de beaux tissus et de cire dont il oignait sa moustache, le rendant certes agréable, l’austérité du visage du second ne disait rien qui vaille à la maîtresse de céans.

    Bien trop de personnes dont elle avait pris en grippe leur fonction. Un mage du collège flamboyant venait de faire son apparition. Fallait-il effectivement que les plus éminents personnages s’entourassent de ce genre d’individu ? Cela dit, il eût pu tout à fait s’agir d’un mage de la lumière, ce qui aurait été des plus agaçants pour la baronne et sa nature occulte. Un esprit cynique lui aurait assuré qu’elle s’en sortait bien. Et avec lui vint un autre manipulateur de l’aethyr, mais bien moins menaçant, celui-ci. Un fin connaisseur des différents maux dont pouvaient souffrir le corps et l’esprit humain –et pas que ; l’on était jamais à l’abri de quelque danger que ce fût.

    Le gratin de la cour aimait à s’afficher ci et là, et il n’en démontrait pas autrement dans la demeure de ce qui n’était certainement qu’une petite baronne à leurs yeux de sang-bleus. De grands amis d’Elise, lui dit-on, ainsi que de grands commerçants, voilà ce qui fut présenté ensuite. Deux étrangers de l’Empire, à en juger par leur apparence et leurs traits distincts de ceux que l’on pouvait retrouver habituellement, mais qui étaient parvenus à faire florès partout dans le Vieux Monde civilisé. Quand bien même fussent-ils nobles que leur port semblait des plus arrogants et leurs vêtures fort riches ; Douslak arborait moult fourrures et étoffes rares et de qualité lorsque son épouse, elle, scintillait de mille feux. Sa gorge, ses doigts, poignets et oreilles se teintaient de petites pierres de couleurs rutilantes, et cela n’était assurément pas happelourde.
    Et quoi encore ? Un blond mirliflore pédant accompagné d’un gamin dont la faquinerie rendrait azimuté la totalité de son service ancillaire, et probablement une bonne partie de la délégation si celle-ci n’avait point encore eu l’usure de son esprit fallacieux. Il faudrait ferrer le second avant que n’aillent malencontreusement se perdre quelques soufflets. Quant au premier, la déférence devrait lui être inculquée.

    La Mort Blanche… La mémoire acérée de Lucretia lui remembra quelques histoires ouïes alors qu’elle se trouvait encore à Talabheim. Effectivement, même si ce temps-là lui paraissait bien loin, elle avait déjà eu vent de ce féroce personnage, et peut-être même que les habitants de Bratian le connaissaient également. Il s’agissait là d’un guerrier que toute personne saine d’esprit ne voulait aucunement se mettre à dos. En repensant aux Feuerbch, elle espéra que tout irait pour le mieux et qu’elle ne se retrouverait pas à croiser le fer contre un condottiere de cette trempe.
    Enfin lui fut présentée une autre jeune femme qui lui ressemblait particulièrement sur deux points. Elle était également baronne de son état, et jouissait d’une chevelure longue chevelure flamboyante dont la teinte plus que cuivrée venait souligner un délicat visage. Et si elle était accompagnée de cette escorte de quelques hommes graveleux aux allures de truands, voilà qui étonna Lucretia. La douceur de Dokhara tranchait allègrement avec les trognes grossières de ses suiveurs, ce qui offrait un spectacle étrange et presque hypnotisant.

    Tous avaient été présentés, semblait-il. Aussi fut-ce au tour de Lucretia, et Otto, toujours aussi magnifique et captivant dans son armure, s’avança aux côtés de la jeune femme.
    « Et voici Lucretia von Shwitzerhaüm, Sauveuse et Baronne bien-aimée de Bratian. »
    Rien que cela, songea-t-elle en souriant intérieurement.
    «Bienvenue à tous, reprit Lucretia, avenante, puissiez-vous trouver par chez nous, dans notre humble demeure, un repos mérité après le trajet effectué, et avant la prochaine route que nous aurons tous à parcourir. Nous, habitants de Bratian, sommes honorés d’offrir l’hospitalité à cette grande délégation que voilà. Et en tant que baronne de céans, sachez que ma demeure vous est ouverte. Cela dit, eu égard aux récents et tragiques évènements qui se sont déroulés ici, je crains de ne pouvoir vous accueillir tous dans ma maisonnée, mais sachez que les plus belles chambres des deux auberges ainsi que les gens les plus influents de notre village se feront un plaisir de vous fournir un lit. Un banquet est également organisé en votre honneur, et tout le monde y est bien entendu convié. »
    Elle se tourna en direction de Timothäus Von Kreiglitz afin de déterminer qui passerait la nuit sous son toit.

    Il en retourna que ce seraient donc le Ministre de la Marine, les deux jeunes gens qui s’avéraient bien affaireux, et la jeune baronne, Dokhara de Soya. Ce qui étonna quelque peu Lucretia. Son manoir présentait les meilleures chambrées des alentours, et la maîtresse des lieux avait donc pensé que Timothaüs déciderait d’occuper un de ses appartements. Mais soit. Et pourquoi diable l'Amiral Rogalaunt et les deux gamins ? Disons, pour le premier, qu’il faille bien à ce que quelqu’un profite de mes logements, quant aux deux autres… Lucretia soupira discrètement. Elle eût préféré quiconque mais pas eux. Quoique. La Mort Blanche, le mage flamboyant ou tout simplement Lambertus Druhd, voilà qui ne lui aurait aucunement fait plaisir également. Baste, elle devrait s’en contenter. Et la damoiselle De Soya ? Une personne comme une autre, parce qu’il en fallait bien une, ou une petite protégée que l’on voulait mettre à la meilleure enseigne, si ce n’était davantage encore ? L’Amiral et elle…. ? Non, cela lui semblait peu probant. Cela dit, les femmes demeuraient bien minoritaire au sein de cette délégation, et l’une allait dormir dans les branches –grand bien lui en fasse-, tandis que la deuxième passerait assurément la nuit aux côtés de son mari, et Dokhara se retrouverait si fait esseulée. C’était entendu.

    Tandis que ses propres invités, qui passeraient donc la nuit sous le toit de sa demeure, rejoignaient une pièce bien plus chaude et accueillante que le climat extérieur du Talabecland, Lucretia manda Elsa afin que celle-ci apporte des serviettes propres, de quoi se sécher quelque peu après être resté sous ce mauvais crachin.
    «Je suis ravie de voir que le temps de notre belle région se soucie fort bien de la blancheur et de la noblesse de votre peau, la privant de soleil, lança Lucretia à ses invités alors qu’elle leur tendait lesdites serviettes.
    Toujours en travaux, effectivement, et je regrette ainsi de ne pouvoir accueillir davantage de personnes. , répondit-elle à Timothaüs Von Kreiglitz. La baronne afficha alors une moue quelque peu embarrassée. Cela dit, si Messers Von Schirach et Von Liebig continuent leurs enfantillages, je crains que la reconstruction ne prenne subitement un temps plus important que prévu, en sus de gêner le service ancillaire qui ne pourra alors peut-être pas préparer le banquet comme il se doit, ainsi que les chambres pour nos invités. Et je ne voudrais assurément pas que l’on proclame médiocre la qualité de mon hospitalité. »

    L’Amiral eut sa façon bien à lui de la remercier, parlant tout de suite affaires.
    Je vous remercie, Amiral, et m’en voyez flattée. Lucretia fit mine de méditer quelque temps à sa proposition avant de répondre. Il faudra que je vois cela avec les finances de notre village ; la milice est effectivement plus que décente, mais elle coûte déjà un certain prix. Je ne voudrais pas étouffer Bratian pour des fins entièrement militaires… J’y réfléchirai, sourit-elle en guise de conclusion.
    Mascher serait très certainement enchanté de pouvoir faire joujou avec des vaisseaux de guerre, mais Lucretia doutait quelque peu du bien-fondé de pareil achat. Des ennemis intérieurs, certes, mais ce n’était pas avec des moyens aussi brutes et importants que l’on pouvait justement lutter contre la fourberie, la trahison et corruption. Et son port fluvial ne se prêtait point non plus au mouillage de pareils navires, sans compter la largeur du fleuve lui-même.

    Tenez, prenez cela ; ce serait dommage que vous attrapiez froid, dit-elle à Dokhara en lui tendant une serviette. Puis elle jeta un rapide coup d’œil en direction de sa chevelure. Et, d’avance, courage à votre camérière. Une crinière si belle, mais si abondante, humidifiée par la suite puis séchée à la va-vite… Je sais ce que sais. Elle sourit quelque que, et si d’ordinaire des hommes si caractéristiques de Ruud avaient été présents aux côtés de Dokhara, Lucretia plissa légèrement les yeux, soucieuse, avant de lui demander :
    « Sont-ce vos hommes que j’ai aperçus auprès de vous ? Si vous êtes la bienvenue céans-même, au sein de ma maisonnée, je crains de ne pouvoir leur offrir la même hospitalité… Mais une des deux auberges leur fournira assurément de quoi passer la nuit. »

    Et par la suite, chacun fut libre de venir s’entretenir auprès de la baronne ou de s’installer dans ses appartements en attendant éventuellement le banquet de la nuit.
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 11 févr. 2014, 00:49, modifié 1 fois.
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FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Dokhara de Soya »

Taladélégation, sur la route menant au manoir de la baronne Von Shwitzerhaüm

La Taladélégation était impressionnante, on pouvait l'affirmer. Dokhara avait déjà fait partie de ce genre de caravanes nobliaudes au côté de son père ; dès qu'il s'agissait de quitter une ville, les gens s'amassaient comme des mouches pour s'assurer d'éviter les ennuis sur la route. Mais c'était certainement la première fois qu'elle participait à un convoi de si grande envergure, et avec tant de personnalités diverses et variées. Des nobles, des prêtres, des marchands, des mages, et des flopées de serviteurs, un sacré vivier dans lequel chacun s'empressait de montrer à autrui que le balai qu'il avait dans le fondement était le plus profondément ancré de tous. Un véritable bonheur pour Dokhara, qui heureusement, avait eu le loisir de s'amuser la veille... Un peu trop peut-être, à en juger le petit mal de crâne qui l'accompagnait depuis le réveil.

Une prêtresse de Rhya vivait non loin de ses terres du Guttow et était l'amie de son père autrefois. Bien que d'âge mur, elle était une femme ravissante et forte, au caractère bien trempé et à la langue bien pendue. Lorsqu'elle venait aux fêtes organisées par feu le baron de Soya, elle égayait toujours les soirées de Dokhara par sa jovialité et sa franchise, qui contrastaient terriblement avec un milieu où l'hypocrisie régnait en maitre.
Aussi, Dokhara fut ravie de se voir invitée par la Waldmutter Ingrid à la cérémonie forestière de Taal et Rhya, lors de leur première étape dans un castel sur la route. Elle espérait secrètement que la prêtresse ressemblerait à son amie d'enfance, et accepta l'invitation. Choisissant de se rendre à l'extérieur sans serviteurs, elle était tant curieuse du type de femme qu'était Ingrid, que de voir quels autres nobles avaient été invités à cette cérémonie religieuse loin du confort de leurs petites chambres.
Elle avait entendu certaines rumeurs sur les préférences sexuelles de la prêtresse, qui l'avaient fait sourire. Elle-même ne s'était jamais essayée à expérimenter avec l'autre sexe - enfin, il lui était arrivé de participer à des orgies où se mêlaient bien des individus, mais jamais elle n'avait vraiment finie seule à seule au corps à corps avec une autre femme. Ça ne l'intéressait pas vraiment jusque là... mais il est vrai que depuis peu, ses goûts s'étaient de plus en plus élargis, et sa curiosité était devenue insatiable... oui, un jour, il lui faudra essayer. Pour ne pas mourir idiote, bien sûr. Juste pour savoir. Se renseigner.
Elle participa avec le plus grand respect à la cérémonie d'Ingrid et de ses servants, suivant les enseignements acquis dans sa jeunesse. Puis, une fois l'office terminé, elle s'attarda quelque peu afin de pouvoir discuter à part avec la prêtresse.

- Excusez-moi, Waldmutter Ingrid ? Je m'en veux de vous déranger pour quelques idioties, alors tâchez de ne pas rire, mais voilà... j'ai complètement oublié en Talabheim mes meilleures feuilles de thé, et... j'ai vraiment beaucoup de mal à dormir sans ma dose quotidienne. J'ai toujours été trop énergique... Voyez-vous, j'ai une amie, prêtresse de Rhya, qui vit sur mes terres en Guttow, et jamais aucun thé acheté sur le marché n'égalait celui qu'elle savait me préparer. Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à elle lorsque je vous ai vu, et... enfin, je ne voudrais pas vous paraitre futile, à vous déranger pour ce détail, et je me doute que vous avez mieux à faire, mais vous ne sauriez pas m'aider par hasard ?

Un petit sourire faussement gêné, et la potiche de Soya était en place, trop innocente et naïve pour déplaire à quiconque. L'introduction était un peu classique, mais cela lui permettrait de faire plus ample connaissance avec la prêtresse, et peut-être également d'en apprendre un peu plus sur le frère du Comte.

***

Gudrik von Hegel, avec sa petite moustache en pointe et son armure bien reluisante, était un peu trop pompeux pour plaire à la baronne. Si elle sourit à ses avances, lui rendant les éclats de rire qu'il souhaitait entendre lorsqu'il plaisantait, et quelques exclamations impressionnées quand il lui contait ses faits d'arme, elle ne lui laissa jamais l'occasion d'être seule à seule avec lui. Si elle s'amusait de lui glisser un clin d’œil ou un sourire discrètement de temps à autres, c'était plus par plaisir du jeu de la séduction que d'une réelle envie de le laisser ne serait-ce que l'effleurer.
Elle ignora sans grande difficulté les quelques moqueries de enfants von Schirach et von Leibnitz. Cela ne l’empêcha cependant pas, lorsqu'elle entendait des rumeurs courir au sujet de ses ébats avec Rikkhard, de regarder ailleurs tandis que discrètement, elle montrait un écart de quatre à cinq centimètres entre son pouce et son index.
Elle se lia d'amitié avec Aremena Douslak, invitant la femme du marchand à venir bavarder dans son véhicule. Échangeant au sujet de quelques produits de beauté, Dokhara lui offrit même quelques-unes de ses poudres, et lui fit essayer l'un de ses parfums, en provenance d'Estalie. Là encore, la baronne montrait beaucoup de faux-semblants : à dire vrai, ces conversations futiles l'ennuyaient à mourir, mais elle manquait terriblement d'alliés, et la femme d'un riche marchand disposait d'une influence qui pourrait toujours servir ses affaires plus tard.

Quant au prêtre Elias Brünner, elle laissa à Marguillon la tâche de lui conter sa petite histoire, au sujet de sa rencontre avec une baronne hors du commun. A dire vrai, elle comptait beaucoup sur le prêtre pour que l'histoire passe de bouche en bouche, afin de poser un peu sa réputation... elle évita néanmoins Arduin Freidrichsohne pour le moment - inutile de prendre les devants, elle répondra à ses éventuelles questions en temps et en heure.

Deux autres personnes l’intriguaient dans cette foule, et Dokhara entendait bien apprendre davantage d'eux : le mage flamboyant, et le chevalier errant. mais ne sachant guère comment aborder ces deux étranges personnages, elle se contenta de leur glisser un sourire si d'aventure elle les croisait - restait à voir s'ils viendraient engager la conversation d'eux-même, ou pas.

***

Manoir de la baronne Von Shwitzerhaüm

Après de longues journées de voyage, la délégation fit une nouvelle halte, mais cette fois-ci non pas dans un castel reluisant. Cette fois, elle s'était arrêtée au manoir Von Shwitzerhäum. Un endroit bien surprenant pour passer la nuit, puisque le bâtiment semblait être dans un grand chantier de reconstruction. Dokhara n'était pas bien informée des détails, mais il n'était pas nécessaire d'être une flèche pour comprendre que des batailles avaient fait rage au pied du manoir, et que ce dernier avait pris son content de dégâts. Les travaux étaient apparemment loin d'être terminés.
Ne connaissant absolument rien sur la réputation de la baronne chez qui ils allaient loger, elle posa quelques questions à ses nouvelles connaissances ainsi qu'aux anciennes, curieuse de savoir qui était Lucretia Von Shwitzerhäum, mais aussi quels évènements ont conduit son fief à être assiégé. Peut-être que Rolff ou Marguillon en sauraient davantage, sinon, elle pourrait toujours demander à Ingrid ou Aramena.
Elle ne se plaignait pas néanmoins, après tout, elle avait la chance de pouvoir loger au sein même du manoir, grâce à GutsHerr Von Kreiglitz. Pourquoi l'avait-on choisi elle pour dormir ici avec l'amiral et les deux adolescents attardés, tandis que le reste du gratin irait dans le bourg, elle n'en avait pas la moindre idée. Hasard, ou bien souhaitait-on qu'elle découvre le manoir de l'intérieur ?

Le manoir... ou la baronne ?


Elle aurait pu sourire au trait d'humour qui avait trotté dans sa tête, mais la contemplation de Lucretia la laissa hébétée une courte seconde. Le souvenir de la naine bouffie multicolore qu'était la comtesse Elise était déjà bien loin.
Cette baronne-là cultivait son charme et sa sensualité, par sa vêture et son allure, agrémentés par un maintien ferme, une stature droite, et un visage presque inexpressif - peut-être même calculateur ? Oui, indubitablement, il y avait du calcul dans cette paire d'yeux émeraudes qui épiaient chaque détail, qui analysaient chacun d'entre eux, les jaugeant, les quantifiant, les évaluant. Dokhara ne put échapper à l'étude, et elle aperçut les deux prunelles passer de sa personne au pourfendeur de trolls à plusieurs reprises.

Lucretia n'était pas la seule à agir de la sorte. Observant autour d'elle, Dokhara ne put s'empêcher de remarquer l'attitude des servants et de la milice de leur hôte, qui nourrissaient pour elle un mélange de respect, de fascination, et peut-être même de peur. La femme savait se faire obéir chez elle. Mêlant son charme à une terrifiante autorité, elle semblait combiner à la perfection les rôles de la belle noblesse.

Son discours de bienvenue fut accueillant, souriant et chaleureux - et aussi hypocrite que n'importe quelle femme qui doit supporter l'arrivée de toute la belle-famille indésirable chez elle un dimanche pluvieux. Si Dokhara ne s'intéressait guère à la pompeuse logorrhée traditionnelle d'accueil, elle ne décrocha néanmoins pas son regard de la baronne, captivée non pas par le message, mais par sa voix et son apparence.

Il y avait quelque chose d'intrigant chez cette femme. Dokhara n'arrivait pas à comprendre quoi, et cela l'agaçait, la forçant à l'observer davantage encore, sans pour autant mieux comprendre. Elle semblait orgueilleuse, fière de son corps, de son statut, de son autorité, bref, le genre de femme qu'elle avait l'habitude de cataloguer comme une autre noble jouissant chaque matin du balai qu'elle s'enfonçait dans le fondement.
Mais le respect dans le regard de ses servants, cette impression guerrière qui s'échappait d'elle... c'était vraiment curieux. Dokhara était habituellement plutôt douée pour jauger les gens, et cette baronne était... indéchiffrable.

Restait aussi à comprendre pourquoi elle, petite baronne de rien du tout, avait le droit de profiter du manoir tandis que le reste des pompeux devait se contenter de l'auberge de quartier. Elise souhaitait-elle qu'un lien s'établisse entre deux de ses favorites ? Cela avait un sens, si l'on accordait assez de crédit aux rumeurs sur ses penchants féministes, au milieu de la marée d'hommes que comportait cette délégation...

Protégée par les parapluies de ses serviteurs, Dokhara n'eut pas l'utilité des serviettes que la baronne eut la bonne idée de leur offrir. Elle l'utilisa néanmoins pour frotter un peu sa nuque, et traquer les éventuelles gouttelettes qui auraient mouillé son habit - ne serait-ce que par politesse. Quant à ses cheveux... mouillés ou non, l'humidité avait amplement suffi à les faire boucler plus que jamais. A chaque seconde, elle sentait sa coiffure, si travaillée, hurler pour qu'on la laisse exploser en centaines de mèches folles et désorganisées, de retourner à l'état sauvage de crinière flamboyante. Elle répondit du tac-au-tac à Lucretia au sujet de sa camérière :

- Ma "crinière" ? Ma foi, elle a appris avec les années à la dompter, tout en évitant mes morsures...

Elle offrit à la baronne un demi-sourire, qui disparut lorsqu'elle lui demanda de sortir le nain de son manoir.

- Et si je vous disais que c'était lui ma camérière, uh ?

Elle la fixa droit dans les yeux avec une moue de défi, étudiant son attitude... avant de ne plus se retenir et d'exploser de rire.

- Pardonnez-moi, le voyage a été long, et on ne peut pas dire que les membres de la délégation soient de fiers bout-en-trains. Je vous présente Cogneur, mon garde du corps. Je vous rassure, il ne posera pas plus de problèmes que n'importe lequel de mes serviteurs, je m'en porte garante. Vous ne voudriez pas vous montrer discriminante envers le seul non-humain de ma suite n'est-ce pas ?

Avant même d'avoir obtenu une réponse, elle enchaina, retrouvant son sérieux :

- Quoiqu'il en soit, je vous remercie pour votre hospitalité. Si nous avons pu dormir dans quelques castels sur la route, celui-ci est le premier qui parait moins ronflant et plus chargé d'histoire... même si bien sûr cette dernière est bien récente. Les pierres sentent encore la cendre de la récente bataille qui vous a accablé, non ? Ou c'est une impression ? C'est agréable d'avoir pour étape une demeure plus... vivante, pour laquelle vous vous êtes battue. Cela vous rend plus impressionnante, cela donne plus de sens à votre titre, votre propriété... vous avez lutté pour obtenir ce que vous vouliez, cela ne vous est pas tombé tout cuit entre les mains. C'est... bien. Je suppose.

Dokhara secoua la tête, comme sortant de sa transe, et se rendant compte du flot de paroles qui était sorti de sa bouche sans le vouloir.

- Allons bon, je divague encore, je ferais mieux d'aller me reposer en attendant le banquet. Je pensais avoir faim, mais je ne suis pas certaine de vouloir finir au milieu d'un duel de miches de pain...

Elle fit un mouvement de tête en direction des deux adolescents, avec une moue mi amusée, mi dépitée. Ce n'était évidemment pas sans arrière-pensée. Outre la petite pique qu'elle lançait à Lucretia pour tester sa capacité à se faire respecter sous son toit, il fallait dire qu'elle commençait à avoir quelques inimitiés avec ces deux foutus mômes...
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 11 févr. 2014, 01:00, modifié 4 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

La jeune Baronne et la Prêtresse. Un soir avant Bratian:
En Talabeccland, très nombreux étaient les actifs croyants en Taal et Rhya, couple dieux de la nature et des forêts. Aussi beaucoup de servants, roturiers et autres assistants étaient présents pour les "messes forestières" de la WaldMutter Ingrid. Mais, sauf rares occasions pour montrer leur piété, les "grands" de la Délégation n'étaient pas souvent présents.
Après l'office, dont le Temple était la forêt elle-même, la prêtresse sourit de la demande de Dokhara. Il n'y avait que de la bonté dans ce sourire - mais aussi un soupçon de désir savamment dosé. Ingrid n'était pas vilaine femme, bien qu'elle eût passé la trentaine et que son regard fût souvent fixatif.

-Il ne s'agissait pas de simple "thé", Dokhara, mais d'infusions des bois consacrées. Cela ne se trouve pas en effet à la vente... Chacune est adaptée à celui qui le boira, selon s'il est insomniaque, énervé, trop calme... ou "énergique", en votre cas.
Elle montra la sombre forêt:
-M'accompagneriez vous, tandis que je vous cueille cela?... Je vous prodiguerai aussi un massage apaisant si vous le voulez.

Les deux jeunes nobles et le Chevalier Rolff. Avant Bratian.
Si Dokhara fit peu de cas des rumeurs propagées sur elle par le jeune Von Liebig, ce ne fut pas le cas de son Chevalier, Rolff DesBoisduGué. Sans en faire part à sa maîtresse, il alla voir le godelureau et lui demanda excuses publiques et monnaies en réparation:
-Croyez vous que l'on peut salir en toute impunité la Baronne De Soya, jeune sot? Que nenni! Il vous faudra répondre de cela!
Tels avaient été, en résumé, les mots du vieux Rolff. Aussi coincé fut-il, le Chevalier Rolff Oframm était un homme d'honneur et de devoir, qui servait déjà la Maison De Soya bien avant que Dokhara fût née.
Il en résulta un bel embrouillamini: Liebig fit des excuses, mais son compère Von Schirach - quasi intouchable de part sa naissance - décréta qu'il faudrait un "duel judiciaire" pour régler le différent, et qu'il serait le Champion de Liebig. Le GutsHerr Von Kreiglitz avait alors fait comprendre à Rolff qu'il ferait mieux de s'écraser, car il ne permettrait pas que l'héritier Von Schirach vienne à mourir si bêtement sous son égide.
L'affaire n'était néanmoins pas clairement réglée à l'arrivée en Bratian, et le jeune et pédant Alfred Von Schirach se faisait un plaisir de toiser le Chevalier Oframm comme s'il était un lâche froussard.

Avant Bratian. Généralité:
-Le Chevalier Gudrik Von Hügel, Grand Officier de la troupe, avait toujours des vues sur Dokhara. Celui là ne demandait qu'à lui rendre service... et à la mettre dans son lit bien sûr!... Il restait néanmoins tout à fait courtois - éducation oblige - et se montrait un soupirant somme toute amusant et joueur.
-Le prêtre errant Marguillon était le roi pour se faire apprécier du "peuple". Ses amis parmi les servants de la Taladélégation ne se comptaient plus, et même l'Amiral et le Kapitän Tabrag comptaient manifestement parmi ceux-ci. Il savait rester simple, se montrer si amical et serviable, et sa philosophie humaniste faisait des émules. Entre autres plaisanteries et histoires, il contait bien sûr celle de la vaillante et éclairée Dokhara De Soya, qui sut se dresser face à des brigands et leur rendre leur fierté en même temps qu'elle sauvait une auberge... Peu à peu, les gens regardèrent différemment Dokhara, avec plus d'estime, voire parfois de l'admiration...
Elias Brünner, Prêtre de Sigmar, n'avait toutefois guère d'affinités pour Maguillon, lequel il voyait sans doute comme une sorte de rival.
-Friedrichsohne ne semblait pas particulièrement considérer ni déconsidérer Dokhara. Il ne devait pas être au fait de la mort récente de son fils, ni Marguillon lui en avoir parlé.
-Alors que, durant le voyage, elle glissa un gentil sourire au mage flamboyant Justinus, celui-ci lui dit amicalement quelques mots bien sibyllins dont il avait le secret:
-Le feu est dans vos cheveux. Mais qu'il ne gagne pas votre coeur... ni la glace: tempérance est mère de réussite.
-Quant au Chevalier errant Yann Weiss, c'est à se demander s'il la remarqua. Il passait son temps à s'exercer avec ses mercenaires, tous presques aussi impressionnants que lui. Et sinon à boire à l'écart avec eux. Ces quinze là dégageaient une telle valeur guerrière que l'on pouvait presque se dire que s'ils le voulaient, à eux seul ils pouvaient défaire les deux cents soldats réguliers de la Délégation...
_____________________________

Au Manoir Hopperkruffen.

Pourquoi Dokhara s'interrogerait-elle donc sur son logement dans celui-ci?... car s'il on y regardait bien, n'était-elle pas la noble de plus haut rang avéré après le GutsHerr? Les deux pénibles fils nobliaux n'avaient aucun titre avéré, et après elle le sang le plus bleu de la Délégation était celui de Chevaliers. Du reste, la roture, aussi riche fût-elle, restait la roture. Les richissimes marchands n'avaient pas primauté sur elle.
Sans doute Rolff, toujours si à cheval sur l'étiquette, se serait-il d'ailleurs insurgé si sa maîtresse avait été logée au bourg; Car sa place était dans la demeure de la noblesse.

Le fait que le GutsHerr eût choisi de dormir au village était bien plus étonnant. Mais l'ayant côtoyé de loin durant le début du voyage, cela apparaissait sûrement logique à la jeune Baronne: Timothäus Von Kreiglitz se fichait du confort et privilégiait le pragmatisme. Cela ne serait pas la première fois qu'il logerait proche de ses conseillers, et loin de nobles dont il n'avait cure...

Gentiment rabroué par Lucrétia, l'Amiral ne s'en était pas laissé conté. après un hochement de tête - signe qu'il comprenait, mais que son interlocutrice ne comprenait pas, elle - il conclut lui même de cette façon, à voix plus basse:
- A vous de voir, Baronne, si vous préférez des navires de guerre Talabecclander - ou Otslander? - dans vos eaux, ou les vôtres propre.
Un salut un peu raide, et sourire affable, et il partit. Le fleuve était large, très large, il s'agissait du Talabec.
Au sud, après avoir été rejoint par l'Urskoy, le Talabec est si large qu'il est infranchissable et il s'élargit encore à l'approche de Talabheim où un bac permet de franchir le fleuve tandis que les rives fortifiées sont défendues par des pièces d'artillerie.
Lucrétia et Dokhara conversèrent ensuite un brin (de cheveux rouge?)...

Cependant, le grand banquet s'installait. Il y avait tant de marmitons en renforts, tant de valets, qu'Elsa en était dépassée. De grandes tablées furent dressées, tandis qu'un ménestrel y allait déjà de sa lente et discrète cithare.
Diverses et nombreuses conversations s'oyaient:

- Herrmund Gobz avec divers négociants et assistants du GutsHerr: De son air chagrineux, le nouvel intendant du domaine Von Shwitzerhäum s'y entendait pour faire baisser les prix et ne pas se laisser embobiner.
-Le GutsHerr était comme souvent en pourparlers discrets avec les "grands" marchands, Igor Douslak et Arduin Friedrichsohne.
-La belle et exotique épouse Douslak, paré de mille feux, gazouillait gentiment avec le Chevalier Von Hügel.
-Le Mage Flamboyant Justinus perdait de plus en plus le Kapitän Tabrag dans des circonvolutions philosophiques obscures.
-Le costaud Yann Weiss, la "mort blanche", restait stoïque tandis que ses deux épais seconds lui parlaient de tout et de rien à un coin de table... Mais il ne resta pas tranquille longtemps.
-Le jeune Von Schirach venait de le désigner comme son "champion" pour mettre une rossée au Chevalier Rolff DeBoisduGué (lequel Rolff blanchit comme la mort à cette entente). Ce sale petit jeune athlétique en armure ornementée se permit même de montrer Otto Von Fhur:
-Et toi aussi tu vas te battre pour ta maîtresse rousse ce soir! Mon ami Weiss te fera ton affaire ensuite. La baronnette verra alors ce qu'il en coûte de me parler "d'enfantillages" à la face de tous! Son brave chevalier pourfendu, parlera t-elle encore d'enfantillages?!

Le GutsHerr Von Kreiglitz souffla, agacé, se décrochant un instant de sa conversation avec les marchands:
-Faites cela dehors, vous serez gentil, merci. Un regard ennuyé à Weiss: Ne me les tuez pas s'il vous plait.

L'on servait en entrée des filets de truites au sirop, des grosses crevettes panées et leurs panais en sauce, des salades et des cailles farcies.

Selon l'usage, ni Lucrétia ni Dokara n'avaient été mis directement en cause. Elles pouvaient faire comme si de rien n'était si elle le voulaient, c'était affaires de Chevaliers...
Weiss se leva, marmonnant à Rolff:
-Désolé, c'est trop bien payé pour que je refuse. Un regard à Otto: Pareil pour vous, chevalier.

Dokhara vit que son nain Cogneur regardait fixement Yann Weiss. Sans nulle peur, au contraire de la plupart - Otto inclus - il brûlait de l'affronter! (et de mourir?)
Marguillon était resté au temple, au bourg.

Image Image Image Image
Dans l'ordre:
-Herrmund Gobz, intendant de Lucrétia
-Rolff Oframm DesBoisduGué, Chevalier de Dokhara
-"Cogneur", nain garde du corps de Dokhara
-Otto Von Fhur, Chevalier de Lucrétia

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • L’aimable sourire de l’Amiral sembla quelque peu forcé et contrit au regard smaragdin de la baronne, mais cela avait peut-être été caractérisé par une salutation aussi légèrement revêche que ne l’avaient été ses paroles. Quoi qu’il en retournât, l’homme ne donnait pas dans le godant et avait pris la réponse de Lucretia comme un « non ».

    Autre discours plus intéressant qui se tint quelques minutes plus tard, quand bien même le sujet devait paraître tristement banal pour autrui, uniquement engoncé dans les règles de l’urbanisme et de la politesse. Le regard espiègle et le petit sourire qui ourla le coin des lèvres de Dokhara pouvait dangereusement la faire passer aussi bien pour la commère fouineuse et détestablement indiscrète que pour une sémillante jeune femme pleine d’humour et de malice. Et lorsqu’elle fit mine de sous-entendre que le nain qu’elle traînait dans son sillage était en vérité sa dame d’atours, Lucretia cilla malgré elle. Il ne lui en fallut pas davantage pour imaginer si fait le nain et sa grosse trogne faîtés d’une charlotte ruchée de dentelles en train de préparer un bain et de rougir en relatant à sa maîtresse comment un avenant chevalier lui avait tenu la porte alors qu’il amenait un baquet d’eau. Lucretia ne sut s’il était bienséant de rire en la présence de l’incriminé, tout comme elle ne sut qui gloussa la première. Mais un regard de connivence passa, et ce aussi bien que deux sourires en coin, et la voilà qui éclata elle aussi de rire, sans retenue aucune.

    «Ah, il s’agit là d’une image des plus cocasses qui vient de se loger au plus profond de mon esprit qui ne déguerpira pas de sitôt. Soyez maudite ! » grimaça-t-elle avec emphase et exagération après avoir repris un semblant de sérieux tout en reconsidérant le nain. Oui, il était véritablement vilain, avec sa crête rougeâtre, son faciès torve et son corps trapu. Mais pouvait-elle décemment refuser la présence d’un garde du corps ? Soit, alors. Qu’il soit lui aussi le bienvenu céans-même. »
    Et sa vis-à-vis en vint à civilement parler de son manoir et des récents évènements qu’il avait traversés, encore qu’une petite pointe de curiosité se laissait deviner sous ce petit discours de remerciement.

    «Un passé que j’aurais préféré ne jamais connaître, pour tout vous dire, quand bien même enrichit-il ce bon vieux manoir et le charge d’histoire… C’est au moins cela de gagné après toutes ces destructions et le coût ma foi élevé aussi bien en vies qu’en argent comptant.» Mais si cela peut me permettre de briller pour avoir vaillamment défendu les terres de la comtesse Elise… Qu’il en soit ainsi, songea-t-elle intérieurement. Lucretia fit un rapide tour d’horizon, enveloppant les lieux de son regard comme pour menacer ceux dont elle allait à l’instant invoquer le nom, auteurs de tous ces dommages.
    « Les Feuerbach, cela vous dit-il quelque chose ?, sourit la baronne, énigmatique. Gardez bien ce nom en mémoire, ma chère, car non content d’être les principaux rivaux de notre comtesse bien-aimée, nous devrions également en rencontrer en Ostermark, si je ne m’abuse. » Et elle laissa planer quelques suppositions que Dokhara pouvait se figurer elle-même sans pour autant en être tout à fait certaine. Si une nouvelle rencontre avec ses ennemis devait advenir, celle-ci serait explosive. Alan semblait à présent l’avoir en grippe lorsque Domi, lui, paraissait toujours s’être encoiffé de sa personne, et la jeune femme se demandait bien comment tout ceci allait être géré dans une ambiance diplomatique. Voilà qui lui paraissait impossible. Peut-être devrait-elle en toucher quelques mots par-ci par-là au sein de la délégation, comme elle venait d’en avertir Dokhara, afin que tous eussent déjà quelques mauvais préjugés les concernant. Mais à bien y réfléchir, si les membres de la délégation s’avéraient si bien versés en matière de politique et auprès d’Elise, pouvaient-ils véritablement ne pas connaître les Feuerbach et leurs vrais visages ?

    Un mouvement brusque et fugace qu’elle perçut du coin de l’œil la ramena dans les faits présents en même temps que sa vis-à-vis. Une boulette de pain, semblait-il, que les deux gamins se balançaient joyeusement à la figure au milieu de tous les domestiques et portefaix qui tentaient du mieux qu’ils le pouvaient de préparer la lippée de la soirée. Voyant cela, elle grimaça de nouveau ; ces deux boulets-là, en sus d’être de belles têtes à claque, lui tapaient difficilement sur les nerfs, et personne, pas même le GutsHerr, semblait se soucier de leur comportement qui ne les représentait aucunement comme les futurs barons ou autres chevaliers qu’ils devraient incarner dans le futur. Il ne faudrait ainsi guère s’étonner lorsque, une fois que des faits trop graves pour être ignorés auraient été commis, de sévères remontrances se feraient entendre à leur encontre.

    «Et moi donc, lui répondit-elle en faisant référence à l’idée de se trouver au beau milieu d’un tel duel. Je ne comprends pas même pourquoi il est possible d’avoir un tel comportement lorsque l’on fait partie de la noblesse, et pourquoi, pire encore, leurs tuteurs ne les morigènent-ils pas. Quittons les lieux, avant de frôler l’accident diplomatique, si j’en venais à m’en mêler. »

    Le soir vint relativement vite. Certains se reposèrent avant le début de soirée, d’autres s’en allèrent visiter les lieux ou leurs chambres quand d’autres encore remontaient au village pour y déposer leurs bagages. Il ne s’agissait pas là d’un banquet d’une grande importance, mais d’un banquet tout de même, et l’on s’apprêta en circonstance. Les quelques femmes s’attifèrent d’atournements délicats, de brocards, de joyaux et d’autres gemmes tout en se parfumant le corps, les hommes s’endimanchaient dans de belles tuniques et chausses de qualité, redessinaient les traits de leur moustache et avançaient le pas fier.
    Avec l’arrivée de tout ce beau monde et de la pelletée d’échansons, domestiques, portefaix, dame d’atours, serviteurs, cuisiniers et laquais, le manoir, bien que toujours pas reconstruit dans sa totalité, semblait animé d’une nouvelle vie, et la totalité de ses fenêtres s’illuminaient à la lueur des bougies. Les épais murs et leurs pièces regorgeaient de conversations et de rire, d’ordres et de bruits de pas, et le banquet se mettait rapidement en place. Et il fut l’heure.

    L’on servit les hors-d’œuvre et les mises en bouches, et l’on s’y précipita déjà. Les différents plats tournaient autour des tables et des étals, diligemment apportés par les domestiques qui venaient tout droit des cuisines que pour mieux y retourner, une fois déchargés de leurs fardeaux culinaires. Les coupes se remplissaient que pour mieux être vidées la minute suivante. Ca brifait, se bâfrait et gobelottait avec un entrain chaleureux et plaisant à regarder, vétillant sur quelques historiettes ou s’entremettant sur quelque contrat que ce fût. Chaque invité était placé selon ses envies, enfin que nul ne s’avérât colloqué en mauvaise compagnie, et, le hasard faisant bien les choses, il en retourna que ni Dokhara ni Lucretia ne furent en directe proximité avec ces casse-pieds d’adolescents. La maîtresse de céans s’était cela dit posé la question, et avait finalement opté pour ne pas être à côté d’eux mais placée de façon à pouvoir garder un œil sur leurs personnes, au cas où. Et Dokhara se tenait à ses côtés.

    Tout cela était très beau et très bien, et l’on faisait bonne chère. Mais Lucretia avait en hâte cette idée d’aventure, à l’est, de changer de région, et de se confronter à d’autres personnes. Abandonner ses gens qui l’aimaient et la respectaient ne la dérangeait pas plus que cela, encore qu’elle détestait « céder » de la sorte ce qui lui appartenait de tout droit ; elle aspirait à bien davantage et de possession, et de richesse, et d’estime, et ses journées au manoir se résumaient à attendre que l’ennui la gagnât. Bientôt tournerait-elle la page, vers un futur différent, potentiellement dangereux et qui pourrait la priver de son indépendance, mais diablement excitant. Elle se tourna vers Dokhara.

    « Je gage que votre route fut monotone pour arriver jusqu’ici, mais, je vous le confesse, j’éprouve une certaine impatience à l’idée de voyager vers l’est. Voir du pays et rencontrer de nouvelles gens, voilà qui me changera quelque peu, et tout cela fut ordonné par la comtesse. Y-a-t-il jamais eu d’ordres plus agréables à suivre ? Cela dit, si je sais que l’on doit caracoler en direction de l’Ostermark, je n’en connais pas les raisons, et la comtesse Elise m’a affirmé que l’on me les communiquera. Avez-vous une opinion sur la question ? »

    Quelques instants plus tard, l’atmosphère alors détendue devint subitement orageuse. L’un des deux gamins s’emporta dans un discours aux velléités belliqueuses, harpignant deux chevaliers dans un défi qui, Lucretia le nota en serrant la mâchoire, les accouardit grandement. Effectivement, von Schirach, lequel ne s’avérait pas confit de simplicité et de modestie, avait vraisemblablement mal pris les paroles portées sur la puérilité de son comportement que Lucretia avait tenues quelques heures plus tôt, et sûrement portait-il également quelques griefs à l’encontre de Dokhara ou, au moins, de son propre chevalier. Si fait, Otto von Fhur et Rolff Oframm DesBoisduGué venait d’être désignés pour se confronter à la Mort Blanche. Nul doute que ce godelureau juvénile venait de l’emboiser, lui promettant une belle somme qui ne serait jamais gagnée pourvu que tombassent ses « ennemis » en disgrâce à la lueur d’un duel, mais les faits et accusations étaient là, au vu et su de tous. Et pas même le GutsHerr ne s’éleva contre ledit duel, ce qui ne révéla qu’une fois de plus son désintérêt le plus total dans tout ce qui ne le concernait pas. Mais ne s’agissait-il pas là de sa propre délégation dont il avait la charge ? Et le von Schirach avait-il bu pour s’emporter soudainement de la sorte, ou était-ce définitivement un véritable idiot doublé d’un bambin, comme il avait eu l’envie de tant le démontrer dans l’après-midi ?

    Lucretia eût très bien pu faire comme si elle n’avait rien entendu et laisser les hommes se débrouiller entre eux, mais ce petit incident qui pourrait très bien évoluer en drame occurrait sous son propre toit, et elle ne permettrait pas que le sang coulât.
    « Je fais comme si de rien n’était, souffla-t-elle tranquillement à Dokhara, et les choses dégénéreront assurément, violant les règles de l’hospitalité et donnant probablement raison à un boulet qui ne manquera pas de continuer sur le même chemin pour quelque raison que ce soit, à l’avenir. C’est assurément ce qu’il y a de plus sage à faire, cela dit, pour ne contrarier ni le GutsHerr, ni l’ego du jeunot de trop bonne naissance.
    A l’inverse, si jamais j’agis, j’éviterai probablement des blessés et d’autres problèmes, mais j’entacherai possiblement l’honneur de von Kreiglitz et de la Mort Blanche, et certainement celui du jouvenceau et de nos deux chevaliers qui risqueront de m’en vouloir.
    »
    Son petit rictus s’accentua ; la baronne n’avait que trop mornement bibeloté jusqu’à présent pour ne pas saisir la moindre occasion qui passait à sa portée afin de batifoler çà et là.
    « Mais baste de l’honneur et de l’ego de nos hommes ! »
    Tapant sur la table, elle se leva brusquement.

    « Qu’ouïs-je ? Un petit hobereau de pacotille s’en va emprunter l’argent de beau-papa pour s’acheter un champion dont les faits d’arme sont aussi grandement reconnus que le sont le pucelage et l’infantilisme de l’acheteur ? Elle sourit chattement à l’encontre du petit blondinet. Il est vrai qu’il est facile d’échanger de l’argent que l’on possède mais que l’on a point mérité contre un art de la guerre que l’on ne détient aucunement.
    Plutôt que de lantiponner et de te cacher derrière des dos plus larges et musclés que le tien, viens donc volter contre ma personne. Je ne suis qu’une simple femme, mais je gage que je saurai te mettre à terre sans difficulté. Ta si grande gueule et ton impétuosité mal placées auraient-elles peur de se mesurer à la fragilité du sexe faible ? Rassure-toi ; je ne veux pas de blessés sous mon toit, et les épées seront en bois, pour notre sécurité à tous et pour le respect des règles de l’hospitalité.
    »

    Défié ainsi devant tout le monde dans un duel qui pourrait être fatal à aucun des belligérants, Lucretia le voyait mal refuser, sous peine de perdre la face une bonne fois pour toute et d’être la risée de toute la délégation. Lui qui faisait le fier et le vaniteux, il avait si fait une bonne raison de prouver qu’il pouvait l’être, quand bien même se mesurerait-il à une femme. Mais sitôt serait-elle écrasée par son auguste personne que le von Schirach pourrait faire donner la correction aux deux chevaliers qu’il avait en visée, et cela par le champion qu’il voulait après avoir montré qu’il en était digne d’en acheter les services.
    Lucretia l’aguicha une dernière fois.
    «Que l’on aille me chercher deux épées de bois. Allons, viens donc jouer dans la cour des grands et livrer bataille pour de vrai, quand bien même je sais que celles de mie de pain et de fourchettes te sont tes préférées. »
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 27 févr. 2014, 02:48, modifié 1 fois.
Raison : 7xp/44xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Dokhara de Soya »

La jeune Baronne et la Prêtresse. Un soir avant Bratian

Comme s'y attendait Dokhara, peu de nobles assistèrent à l'office. Comme pour son père avec les sigmarites d'Altdorf, la foi en Taal dans le Talabecland était une façade à maintenir pour rester à flot sur l'échiquier politique.
C'est amusant les divinités. Ce sont les riches qui leurs construisent des temples gigantesques, qui les honorent de cadeaux, mais eux n'y croient qu'à moitié, ils pensent en termes de pouvoir avant de penser en terme de foi. Les pauvres en revanche, cette religion leur est quelque peu imposée, et dans leur misère, ils ont besoin de ces grandes figures au-dessus de leur tête, qui leur font espérer des jours meilleurs, qui donnent un sens aux mystères de leur vie.
Dokhara avait conscience que c'était un portrait généraliste, il devait exister des pouilleux athées et des nobles croyants, mais cette cérémonie menée par la WaldMutter appuyait le stéréotype. Seuls les gens de petite extraction étaient venus.
Elle-même n'avait jamais très bien su se positionner sur la question religieuse : si elle priait fréquemment les dieux, était-ce parce qu'ils étaient importants pour elle, ou bien parce qu'on l'avait conditionnée depuis l'enfance à le faire ? Des questions qu'elle gardait pour elle bien sûr, elle savait que ce genre de réflexion énoncée à haute voix la mènerait un peu vite au bûcher...

Quoiqu'il en soit, le sourire affectueux d'Ingrid confirma presque instantanément les rumeurs qui couraient sur elle. Et sa proposition fit bondir de joie Dokhara. Si l'objectif de cette première approche était de se faire des relations politiques dans la Taladélégation, elle fut heureuse de savoir qu'elle pourrait éventuellement obtenir quelques savoureux suppléments en sus de ses ambitions.


- Bien entendu, c'est déjà trop aimable de votre part de prendre le temps de répondre à ma requête.


Elle lui rendit son sourire, comme pour échanger une entente muette sur leurs intentions respectives, avant de lui emboiter le pas.

Tandis qu'elle l'accompagnait dans la sombre forêt, Dokhara ne put s'empêcher de se remémorer sa dernière escapade dans les bois avec son violon, qu'elle regretta de ne pas avoir emporté. La Drakwald possédait toujours cette ambiance inquiétante, une source d'inspiration propice aux mélodies mêlant la folie à la mélancolie. Il n'était cependant pas certain que la Waldmutter aurait aimé écouter les compositions avant-gardistes de la baronne...
Le fil de ses pensées s'égara plus loin encore, songeant alors à Ruud. Pourquoi encore penser à lui ? Il n'était pas important, il n'était que son employé, un outil qu'elle utiliserait à bon escient le moment venu. Hors de question qu'il ait le moindre contrôle sur elle, ça non...

Même si c'était agréable...

Agacée par elle-même, elle secoua la tête pour chasser le mercenaire de ses pensées, se focalisant à nouveau sur la prêtresse qui s'occupait de la cueillette. Être seules dans les terrifiants bois de la Drakwald ne semblaient pas avoir la moindre influence sur elle - quoi de plus normale pour une prêtresse de la nature ? Pour sa part, la baronne trouvait excitante cette solitude, cette tranquillité hors de la bruyante délégation.
Elle s'accroupit aux côtés d'Ingrid, tant pour l'aider dans sa cueillette, que pour pouvoir discuter d'égale à égale. En restant derrière elle, debout, à l'observer, la différence de rang était trop présente ; loin des regards, la baronne pouvait se permettre quelques familiarités.

- Oui, ce sont bien ces feuilles-là ! Déjà que lors de mes journées les plus mouvementées je n'arrive à trouver le sommeil que grâce à ces offrandes de Taal et Rhya, je vous laisse imaginer ma difficulté à dormir lorsque je suis restée assise sur la route toute la journée à ne faire aucune activité physique d'aucune sorte...

Elle échangea un regard complice avec la Waldmutter, avant de se rendre compte des mots qui s'étaient échappés de sa bouche. Comme surprise par ses propres paroles, elle se releva soudainement pour rompre le contact, et éviter qu'Ingrid ne la pense trop aventureuse... puis changea d'avis à nouveau, reprenant le même ton complice et enjoué lorsqu'elle reprit la parole :


- Et c'est pourquoi votre seconde proposition illumine ma soirée ! Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de courbatures que j'accumule à force de rester immobile. Un massage apaisant sera donc plus que bienvenu.


Toujours les mêmes désirs contradictoires qui s'éveillaient en elle... l'envie perpétuelle d'accomplir toute action qui lui permettrait de lâcher prise et d'oublier ses obligations pour se perdre dans les plaisirs de la vie, contre la peur perpétuelle de perdre tout contrôle sur ses biens et sur elle-même si elle se laissait trop aller à ses pulsions...
Toujours les deux facettes de sa vie qui s'affrontent, laissant la baronne incapable de savoir ce qu'elle voulait vraiment pour elle-même...
En attendant la fin de la cueillette, elle pouvait toujours faire la conversation. Par exemple en s'intéressant un peu à la vie de la Waldmutter, ses origines, et ses affinités.

***

Les deux jeunes nobles et le Chevalier Rolff. Avant Bratian.

Rolff...

Pourquoi ne l'avait-elle pas vu venir ? L'agaçant vieillard guindé était incapable de ne pas suivre ses règles de chevalerie pompeuses, il avait fallu qu'il aille l'ouvrir en grand pour protéger l'honneur de sa maitresse...
Évidemment qu'elle était ravie de voir la fougue qu'il mettait à préserver sa dignité ! Mais bon sang, ne pouvait-il pas juste une fois lui simplifier les choses en restant discret ?
Il fallait reconnaitre qu'il était presque arrivé à ses fins, terrifiant le petit Liebig qui vint s'excuser poliment au sujet des fausses rumeurs qu'il avait fait courir. Mais son compatriote, von Schirach, n'était pas si simple à intimider... et déjà il avait sorti sa lame pour en découdre avec Rolff. Encore heureux que ce dernier hésita de longues secondes avant de réagir, ne sachant pas la conduite à garder, permettant à Von Kreiglitz de mettre temporairement fin au conflit...
Lorsque chacun reprit sa place dans la Taladélégation, Dokhara put toiser son chevalier d'un regard assassin, en lâchant un soupir de fatigue.

- Un jour, je devrais faire un bilan sur la somme de tracas et de bienfaits que tu m'apportes Rolff. Avec ton expérience de la vie, j'aurais pu croire que tu étais suffisamment mature pour ne pas réagir comme un enfant face aux provocations d'autres gamins. Ma position est bien plus fragile que celle de feu mon père, je ne peux pas me permettre de me faire des ennemis de chaque personne qui décidera de salir mon honneur. J'apprécie ton implacable désir de me protéger, mais soit conscient que tout ce que tu as réussi à faire aujourd'hui, c'est me mettre en danger. Je compte sur toi pour tirer des leçons de cet enseignement... et pour ne plus agir de ton propre chef dès que tu as un coup de sang.

Incident clos. Pour l'instant.


***

Au Manoir Hopperkruffen.

Dokhara fut rassurée de voir sa consœur rire avec sincérité de sa plaisanterie. De nombreux nobles portent si longtemps le masque de l'étiquette et de la dignité des puissants, que ce qu'il y a en dessous s'efface avec le temps. Il était plaisant de voir que le vernis de la maitresse des lieux n'était pas si épais qu'il le semblait, et que son humanité ne demandait elle aussi qu'à sortir lorsque le petit monde des conventions sociales s'effritait.
En tout cas, cette touche d'humour suffit à lui faire oublier sa requête concernant le nain. "Amadouée", elle concéda à la baronne le droit de conserver son garde du corps près d'elle. Dokhara la remercia d'un sourire poli, avant de jeter un œil au concerné. Elle espérait ne pas l'avoir froissé en l'utilisant ainsi comme source de plaisanterie.

Peut-être que le rire de Lucretia l'avait trop détendue d'ailleurs, car après toute la retenue dont elle avait du faire preuve pendant ce long voyage, et la fatigue accumulée malgré l'aide de la Waldmutter Ingrid, il lui avait été impossible de retenir un flot de paroles, au sujet des lieux notamment, ce qui rendit la conversation bien plus sérieuse, voire même pesante.

- Je... oui, pardonnez-moi, je parle de votre passé avec légèreté, je ne me rends pas forcément compte que ces affrontements, outre leur future valeur historique, ont forcément offert leur lot d'horreurs et de moments difficiles.

Le nom des Feuerbach lui était totalement inconnu. A moins qu'elle ne l'aie entendu glissé par-ci par-là dans la délégation, mais guère davantage. Elle avait vécu trop longtemps en Altdorf, sans se soucier des querelles politiques du Talabecland. Et elle n'avait que rarement été attentive aux leçons de père et des précepteurs, trop occupée à rêver de ses méfaits nocturnes... et voilà qu'elle s'en mordait les doigts. Difficile de ne pas passer pour une potiche lorsqu'on entre tout juste dans ce climat géopolitique tendu...
Inutile pour autant d'aller se montrer ignorante devant leur hôte. Elle ne répondit pas à Lucretia, se contentant de hocher la tête avec une mine grave et compréhensive. Elle retiendrait le nom des Feuerbach, et se renseignerait ailleurs plus tard.
Elle détourna la conversation, profitant de l'agitation des deux adolescents, qui semblait aussi agacer Lucretia. Elle ne savait pas encore les tracas qu'ils allaient apporter quelques heures plus tard...

***

Ses affaires installées, Dokhara profita du confort de sa chambre pour glisser quelques excuses à Cogneur, lui assurant que la plaisanterie à son sujet n'avait pour seul but de lui permettre de rester à ses côtés. Ceci fait, elle examina un peu les locaux et testa le confort du matelas, avant de se préparer au mieux pour le banquet à venir. Ce n'était pas le premier auquel elle participait du voyage, mais c'était la première fois que leur hôte était de même rang et de même sexe qu'elle. Cela imposait une certaine forme de... concurrence.

Demandant à Alda de s'occuper de ses cheveux humides, elle préféra les laisser libre de tomber au naturel plutôt que de leur imposer un chignon extravagant.
Elle retira son collier, ses bagues, et chaque ornement qui la décorait. Elle retira ensuite sa robe de voyage, pour se contempler nue devant le miroir.
Avec son dos meurtri, elle avait depuis longtemps abandonné l'idée de porter des habits dénudant l'arrière de son corps. Auparavant, elle aimait porter des vêtements qui ne découvraient aucunement ses seins, mais laissaient l'intégralité de son dos visible derrière de grands lacets rouges qui s’emmêlaient gracieusement. Aujourd'hui... ce n'était plus possible. pas en public tout du moins.

La baronne Von Shwitzerhaüm possédait une poitrine époustouflante, qu'elle savait mettre en valeur avec un décolleté extravagant et des colliers tombants qui permettaient à tout homme d'observer ses formes sous prétexte qu'il admirait le bijou. Dokhara ne pouvait certainement pas la concurrencer dans ce domaine, aussi se décida t-elle pour des vêtements farouchement opposés au style populaire.

Elle prit une robe intégralement blanche, à la fois simple et sophistiquée. Ne découvrant que très peu sa peau, le vêtement était assez proche de son corps et surtout assez fin pour laisser deviner quelques-unes de ses formes avec sensualité. Quant à sa couleur, il permettait, conjointement à l'absence de bijoux, de faire sortir un côté innocent et simple à la baronne, qu'elle aimait cultiver. Les manches étaient amples et tombantes, et faites d'un tissu plus fin encore : si cela était d'un plus bel effet, cela ne lui permettait pas d'y glisser son poignard comme à l'accoutumée. Tant pis, elle ne risquait pas grand chose dans un banquet de ce type de toutes manières.

Satisfaite de son aspect, elle demanda à Alda de refaire son maquillage et de la parfumer très légèrement - elle appréciait beaucoup l'odeur de fleur d'oranger qui émanait de son dernier achat - avant de se considérer comme prête.
Élégante et simple à la fois... voilà qui devrait contraster avec Aramena et sa surenchère permanente. De quoi choquer un petit peu l'assemblée lors du banquet...

***

Lorsqu'on l'appela pour lui faire savoir que le banquet était prêt à commencer, elle mit un point d'honneur à faire remarquer son arrivée. Marchant d'un pas lent et langoureux, elle prit tout son temps pour rejoindre sa place et s'asseoir.

La maitresse de maison lui avait laissé une place à ses côtés, comme la bienséance l'y obligeait. Lorsqu'elle s'assit à ses côtés, Dokhara échangea un regard complice avec elle, mais ne dit mot. Silencieuse et distinguée, elle se contenta de manger aussi peu que possible, attrapant une feuille de salade par ici, agrémentée de quelques fruits par-là. Non pas qu'elle n'était pas affamée - elle aurait pu attraper une dinde à main nue et croquer dedans à pleines dents - mais l'étiquette et l'apparence qu’elle se donnait la forçaient à respecter certains protocoles. De même pour le vin ; si cela n'avait tenu qu'à elle, elle n'aurait pas siroté quelques gorgées de-ci de-là, mais demandé un tonnelet de rouge, se serait couchée sur le sol, et aurait demandé qu'on lui vide directement dans la bouche - et pourquoi pas sur le corps.
Elle échangea quelques banalités avec les convives, et sourit lorsqu'il fallait sourire - voilà bien longtemps que ces automatismes étaient ancrés dans le comportement de la baronne, et elle pouvait tenir son rôle inconsciemment sans même à utiliser son cerveau une seule seconde. Néanmoins, la question de Lucretia la sortir de cette torpeur, l'obligeant à réfléchir quelque peu.

- Vous n'imaginez même pas à quel point vous touchez juste, au sujet de la monotonie du voyage. Croyez-moi, je partage votre désir d'aventure, mais pour le moment l'action la plus épique que j'ai pu voir pendant ce voyage fut mon valet qui sauva héroïquement l'un de mes serviteurs d'un criminel noyau de cerise qui avait failli mettre fin à ses jours en se logeant dans sa gorge.

Un sourire - un peu forcé cette fois, avant de prendre un ton plus sérieux.

- Les raisons sont, à dire vrai, on ne peut plus banales. Signature de traités commerciaux et diplomatiques, promesses d'entraide en cas de nouvelles invasions, échange de services pour la reconstruction, ce genre de choses.

Elle enroba du regard l'assemblée présente autour de la table

- Il suffit de regarder de qui est composée la délégation, pour se faire une idée de ses objectifs, non ?

Elle lui offrit un nouveau sourire, cette fois-ci plus taquin, pour lui faire comprendre qu'elle n'en dirait pas plus - à elle de réfléchir maintenant.

Peut-être n'en eut-elle finalement pas le temps, puisque le prévisible devint réalité. L'alcool aidant, von Schirach avait trouvé les couilles de tenter quelque chose contre elle... et aussi contre leur hôte. Le hasard avait mis les deux baronnes dans le même camp, voilà qui était peut-être une bonne nouvelle pour créer un lien diplomatique entre elles.

Engager le chevalier errant pour tabasser Rolff et Otto... pas très original. Dokhara jaugea du regard le chevalier de la baronne. Plutôt beau garçon, mais pas bien épais - il n'aurait sans doutes pas davantage de chances que Rolff dans un duel régulier contre la mort blanche.
Et sans surprises, le GutsHerr ne bougea pas le petit doigt pour limiter les débordements du môme dont il avait la responsabilité. Bah !

Elle vit alors du coin de l'oeil Cogneur, dont le regard tueur fixait Weiss d'un air... affamé. Alors que Rolff et Otto semblaient terrorisés, le regard fuyants, sachant que leur stupide code d'honneur les forçait à aller à la défaite, le nain lui semblait ne rêver que d'un affrontement avec le chevalier errant. Quel surprenant petit gaillard, que Ruud lui avait laissé... impossible pour Dokhara de ne pas se demander qui sortirait vainqueur d'un duel entre ces deux-là...

Quoiqu'il en soit, Dokhara se retrouvait en fâcheuse posture, et elle n'avait que peu de temps pour réfléchir. Rolff ne pouvait décemment pas gagner ce duel. Tout bon combattant qu'il était, la mort blanche était une légende vivante qui avait vécu bien des combats, au lieu de paresseusement rester au service de nobles enchainant les banquets idiots.
S'il était battu, la gamin von Schirach en profiterait pour pérorer, et affirmer sa supériorité sur elle.
Mais si elle interdisait à Rolff de se battre, la situation ne serait guère meilleure. Rolff la détestera pour avoir sali son honneur de chevalier, et Rickhard en profitera pour se moquer de sa lâcheté.

Elle échangea un regard avec son alliée temporaire. Elle lut dans ses yeux que sa réflexion avait suivi le même cheminement, et que la même impasse se présentait. Lucretia lui murmura alors ses propres pensées, que Dokhara dut appuyer d'un hochement de tête. Oui, bien sûr, le plus sage à faire était de laisser les hommes se battre, même si cela lui déplaisait...

... et tout à coup, Lucretia lui lâcha un sourire presque carnassier, avant de se lever et de prononcer les paroles qui surent immédiatement charmer Dokhara.

Incrédule, elle observa leur hôte prendre la parole, devenir le centre de l'attention de tous, provoquer directement von Schirach en roulant sa dignité dans la boue à plusieurs reprises. Sentant son cœur battre à tout rompre, Dokhara fut si admirative envers le comportement farouche de la maitresse de maison, qu'elle ne put s'empêcher elle-même de suivre le mouvement... à sa façon.
Se levant aussi, elle posa sa main sur l'épaule de Lucretia, et lâcha d'un ton de voix plus doux, et pourtant parfaitement audible par tous, malgré les protestations que pouvait commencer à formuler le gamin :

- Ne vous donnez pas cette peine Lucretia, vous voyez bien que jamais un si petit homme ne trouvera le courage d'affronter une femme fière comme vous - il a bien trop peur des conséquences que pourrait engendrer sa défaite face à une représentante du sexe faible voyons... imaginez comme tous se gausseraient de sa misérable défaite face à vous, non, il ne peut vraiment pas prendre un tel risque, tout au plus peut-il se cacher derrière un autre membre de sa famille pour vous affronter, guère mieux...

Et voilà comment une situation fâcheuse venait de devenir passionnante.
Maintenant, que von Schirach accepte ou non le défi, il était en mauvaise posture. S'il refusait, il passerait pour un lâche. S'il l'acceptait, peu importe qu'il gagne ou qu'il perde... s'il perdait sa réputation serait ternie pour un moment, et s'il gagnait, quelle considération obtiendrait-il en ayant battu... une simple femme ?
Quant à Dokhara, cela allait même plus loin. Si elle était ainsi intervenue, c'était bien entendu pour aider Lucretia à renverser la situation, mais pas seulement... oh oui, elle brillait de voir sa consœur se battre. Entre sa réputation et la première impression qu'elle lui avait donnée, tout semblait guerrier chez cette femme, et sa soudaine provocation publique pour un duel à l'épée confirmait cette idée.
Ce n'était pas une noble ordinaire, oh non...

Créons un soupçon de chaos dans ce banquet trop ordonné ma chère... montrez-moi qui vous êtes, je veux savoir...

Visuel de la robe portée par Dokhara - sans couronne de fleurs, ruban blanc autour de la gorge, dessins abstraits autour de l'oeil, ou encore aspect fantomatique :p
Image
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 27 févr. 2014, 02:49, modifié 1 fois.
Raison : 7xp/29xp
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

la jeune Baronne et la prêtresse. Un soir avant Bratian.
Dokhara ne se trompait-elle pas, dans une certaine mesure? Certes les "Grands" ne venaient guère aux messes forestières... mais ils n'avaient toutefois point construit de "grands temples" en l'honneur de Taal et Rhya: car ces temples n'étaient point en les cités, ni bâtis de pierres et de maçonneries, c'était toujours des ouvrages simples et isolés, souvent couvert de plantes grimpantes...

Mais du reste, Dokhara ne se trompait pas. Et la Waldmutter Ingrind ne s'y trompa pas non plus...
Elle fit d'abord boire à la jeune noble un breuvage "pour la réchauffer"... et il est vrai que cela réchauffa... Ses paroles étaient toujours douces et emplies de bon sens:
-voilà... relâchez vous... laissez aller...
Le massage qui s'en suivit, dans ce bois douillet - qui paraissait si loin du frimas de la saison - devrait sans doute se passer d'autres mots. La Walmutter était une experte, la Waldmutter aimait les belles jeunes femmes, la Waldmutter aima Dokhara.

L'on pourrait considérer cela comme une déviance venant d'une prêtresse... mais pas de Taal et Rhya... Pour elles deux, le Printemps survint peut-être avant l'hiver...
Etant donné que cela intéresse possiblement notre jeunette baronne luxurieuse, nulle transgression ne fut néanmoins faite, juste un plaisir lascif que seule les femmes savent donner. Avec brio.
Aucun commentaire ne fut fait sur le dos meurtri de la jeune noble.

Dokhara eut ensuite toutes les tisanes qu'elle voulut.

Dokhara avec Rolff, avant Bratian:
Incident clôt. Que nenni.
Le vieux chevalier avait répondu, après un reniflement nerveux:
-Madame ma maîtresse. Si l'on permet à des godelureaux de vous moquer, alors tout le Talabeccland vous moquera. Et moi vivant, nul ne rira des De Soya.
Rien d'autre. Mais cela en disait long. Il mourrait plutôt que de voir ce nom traîné dans la boue... et se fichait des titres, seul celui des De Soya comptait. C'était un vrai chevalier féal.

Le présent. Manoir Hopperkruffen:
L'ambiance était tendue au banquet. L'impressionnant Weiss était debout - aussi impressionnant par sa légende que par la puissance froide qu'il dégageait - le vieux chevalier Rollf restait stoïque, bien que l'on voyait qu'il sentait sa dernière heure venue... et le Chevalier de Lucrétia, Otto Von Fhur, semblait terriblement concentré, se demandant comment il allait survivre à ce qui s'en suivrait.
Nul doute, Yann Weiss, même s'il se levait négligemment en prenant une épée quelconque donnée par un de ses sbires -tous presque aussi inquiétant que lui - nul doute que cet homme semait la terreur. Il était la "Mort Blanche", le "Fléau du Chaos", c'était déjà un mythe de son vivant!

C'est alors que Lucrétia s'était élevée.
Puis que Dokhara avait enfoncé le clou pour achever de ridiculiser le fils von Schirach.

Mais celui-ci était bien moins bête que son ami Liebieg. Il rit. Aux éclats. mort de rire il fut... au point que cela en devint presque insultant pour les dames, car nombreux rires s'y mêlèrent aussi. Hé! Une femme qui provoque en duel un homme, cela faisait rire les couillus en général. Dans ce rire -atroce - mais presque général, tout était déjà là.
Mais bien sûr, sans même daigner se lever, le jeune Von Schirach en rajouta une louche:

- Vos chevaliers sont donc si minables que vous devez les cacher dans vos jupes mesdames? Dame lucrétia, et vous dame dont je ne connais même pas le nom, oui vous -il montrait dokhara d'un pilon de poulet - je vous présenterai ma soeur un jour si vous voulez, vous pourrez dueliser avec elle à la quenouille et l'aiguille à broder!

C'en est assez! gronda le vieux rollf, sortant sa lame: nul n'est autorisé à parler de ma Dame ainsi!
Otto, plus jeune, dégaina aussi, mais ne dit rien. il avait un regard interrogatif vers Lucrétia.
Weiss, cheveux blancs mais vivacité de grand duelliste, dégaina une dague qu'il plaça en défense en plus de sa lame longue. son regard était sans pitié pour les deux chevaliers, dans sa tête il les avait déjà vaincus:
-Pas de morts, comme l'a dit le guttsherr: un à la fois ou les deux d'un coup?

C'est alors qu'un homme se leva, et d'une voix de stentor:
-Cinquante après son accession au trône, Sigmar annonça son abdication aux comtes et aux grands Prêtres des différents cultes réunis en assemblée. «Mon œuvre ici-bas est terminée, dit-il à la foule stupéfaite. L'Empire est prospère et unifié et, entre vos mains bienveillantes, il le restera. Il me reste toutefois un travail à accomplir, une tâche à terminer, car il me faut ramener Ghal Maraz à son créateur.» Et sur ces paroles, le premier Empereur posa sa couronne sur la table, prit un havresac, chargea Ghal Maraz sur son épaule et s'en alla vers un destin ignoré de tous.
La voix de cet homme était celle d'un grand orateur, mais pourtant tout dans ses mots souriait. C'était un bedonnant personnage, sa bure grisâtre tâchée de gras - le prêtre Marguillon pour ceux qui le connaissait. Il rit, d'un beau rire franc et doux, très communicatif:
-J'adore dire cette phrase, des premières pages du livre de Sigmar. En général elles règlent beaucoup de conflits... Que le divin Sigmar veille sur nous, mes enfants, sachons où est l'ennemi.
-Cela n'a rien à voir avec ta citation, lui fit avec amitié le mage rouge proche de lui.
Ils rirent tous deux, tandis que le Gutssherr Von Kreiglitz se leva, et alors tous fermèrent leur gueule.
Soupirant, malgré lui, il dit:

-Von Schirach, tu arrêtes de chamailler ces dames, sans cela c'est moi qui te chamaillerais...
L'on senait bien qu'il se fichait de "ces dames", par contre le regard qu'il eut vers le tueur Weiss était clair: La "Mort Blanche" était avant tout au service du Guttsherr.
Ladite "Mort Blanche" eut un salut respectueux vers Otto et Rolff que ces derniers furent bien content d'accepter.

Ainsi se passait souvent les énervements entre hommes. Il fallait que ça reste "entre hommes"... Les femmes avaient peu à part.
Le banquet repris comme si de rien n'était.

Marguillon, se touchant le coeur, regarda Dokhara. Il regarda ensuite Lucrétia... sa main s'enleva de son coeur tandis qu'il la toisa.

Image
Le prêtre Marguillon

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara tâcha de ne pas broncher lorsque les rires éclatèrent. Sa main toujours fermement posée sur l'épaule de Lucretia, celle-ci se serra de colère inconsciemment. Droite et ferme, elle espérait que la maitresse des lieux ne flancherait pas non plus.

En utilisant la moquerie et le sarcasme, von Schirach s'était habilement tiré de la situation dans laquelle les deux femmes l'avaient mise. Avec son comportement puérile, Dokhara avait espéré qu'il se comporterait comme un enfant frustré, et tomberait dans leur petit piège - mais le gosse était moins bête qu'il en avait l'air, et il avait su se contrôler pour garder l'avantage.
Dokhara se serait bien défendue en présentant le fait qu'elles au moins possédaient des chevaliers et n'avaient nul besoin d'en louer, mais Rolff laissa éclater son impulsivité bien plus rapidement. S'il avait eu une hésitation auparavant, maintenant que sa dame avait été souillée de ces insultes, nul doute qu'il pourrait affronter toutes les horreurs du chaos sans frémir juste pour sauver son honneur. Yann Weiss ne lui faisait plus peur, la colère recouvrant la raison.

Impuissante, Dokhara regarda donc les trois chevaliers se préparer, se toiser, tentant de réfléchir à une parade, à une manière de sauver la situation... les idées se bousculèrent dans son crâne, mais aucune ne lui paraissait valable...
Marguillon prit alors les devants. Avec son air bonhomme, il avait clamé haut et fort une citation du livre de Sigmar. Dokhara n'y comprit pas grand chose, hypnotisée par le charisme du prêtre... il lui avait suffi d'ouvrir la bouche pour que toute l'attention de la table se tourne vers lui. Plus personne ne regardait les baronnes, von Schirach ou les chevaliers, tous écoutaient le prêtre vagabond...
Puis Justus et lui éclatèrent de rire, un rire communicatif, bien plus sain que le précédent. La situation n'avait pourtant pas évoluée, et malgré tout, elle semblait... désamorcée, suite à ce moment religieux et détendu.

Était-ce Marguillon qui avait convaincu von Kreiglitz d'intervenir, en lui rappelant que Sigmar avait fait confiance aux hommes pour garder un empire unifié et sans querelles ? Peut-être bien oui, puisque quelques minutes auparavant il donnait son accord à la Mort blanche pour se battre au nom de von Schirach.
Dokhara aurait pu se féliciter de l'excellent allié qu'elle s'était faite de Marguillon, mais elle ne pouvait s'empêcher de craindre la "trop" grande influence qu'il avait... il était si rapide à se faire des alliés, si prompt à convaincre les assemblées, c'était presque surnaturel.
Elle lui offrit un sourire alors qu'il la regardait, pour le remercier. Puis elle vit que son regard passa à sa voisine de table, qu'il dévisageait plus gravement... et bien, y avait-il un contentieux entre Lucretia et lui ? Ou avec l'Eglise Sigmarite ? Ou ce n'était qu'une impression ?

Quoiqu'il en soit, les chevaliers remirent leurs armes au fourreau, et si la situation restait légèrement tendue entre eux, le banquet put reprendre, laissant chacun s'amuser de ce petit moment inattendu de tension au sein de la délégation.

Se rasseyant, Dokhara ne pouvait décemment pas se considérer comme satisfaite, ça non. Qu'on aie ri d'elle, bon, cela ne lui importait guère. Mais que cette belle occasion de voir Lucretia von Shwitzerhaüm se battre en duel fut réduite à néant, ça, c'était vraiment agaçant.

- Merci, lui glissa t-elle

Elle ne se sentait pas le cœur de parler davantage, encore trop contrariée. En fait, elle n'avait même pas regardé Lucrétia lorsqu'elle lui avait communiqué cet unique mot. Si elle la regardait, elle verrait dans ses yeux ses sentiment sur la situation, et quels qu'ils soient, Dokhara savait que cela ne l'énerverait que davantage.
Elle avait besoin de se calmer. Elle n'était plus d'humeur à rire, et chaque personne autour de la table qui s'amusait l'agaçait davantage encore. Elle avait besoin de taper dans quelque chose, de se battre contre quelqu'un - ou à la rigueur, de canaliser sa colère sur son violon dans un morceau agressif et noir.
Mais elle ne pouvait pas quitter la table, ç'aurait été trop mal vu, cela aurait trop fait jaser.
Alors elle attrapa sa coupe de vin, et la vida d'une traite. Cela brûla sa gorge - et la douleur fut agréable.
Elle se força, avec toutes les difficultés du monde, à sourire. A conserver les apparences. Elle échangea quelques blagues avec les autres convives - riant d'elle s'il le fallait, s'écriant-même que von Schirach ne pouvait se douter de son incroyable talent à l'aiguille à broder et que s'il avait su les écharpes qu'elle confectionnait, jamais il n'aurait osé la provoquer dans ce domaine. Chaque mot lui en coutait, mais il fallait garder la face, rester sympathique, pour qu'à la fin de cette soirée, tous gardent en tête l'image d'une baronne de Soya agréable.

Et tandis que la gentille baronne amusait la galerie, en elle ruminaient les images les plus noires. Si les corps des convives s'entassaient dans son imaginaire, ce n'était plus pour le fantasme d'une orgie sexuelle, mais uniquement parce qu'ils étaient tous morts de ses mains.
5h du mat' le post Caillou ? Ne dors-tu donc jamais ? :p
Sinon, pour la partie sur les temples grandioses et couteux, je songeais surtout à ceux de Sigmar ou d'Ulric en l'écrivant, soit ceux que Dokh' a le plus côtoyé à Altdorf. J'étais au courant que ceux de Taal et Rhya étaient juste des tas de branches :p
Pour finir, j'utilise 25 xp pour acheter la compétence "résistance à l'alcool". Parce que depuis le début de cette aventure, je fais que picoler è_é
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 03 mars 2014, 01:36, modifié 2 fois.
Raison : 6xp/35xp - 25 pour "endurance à l'alcool" = 10xp restant (+6xp, oubli du dernier topic) = 16xp restants
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • La maîtresse de céans s’était dressée seule, devant sa place, toisant le gamin d’un air quelque peu amusé tout en attendant à ce que l’on vînt lui apporter ce qu’elle avait quémandé. Mais elles se retrouvèrent deux à agir de la sorte. Dokhara venait de se lever à ses côtés, prenant son parti, leur parti, eu égard au fait que les deux jeunes femmes se retrouvassent toutes deux dans le même bourbier. Se soutenir mutuellement, possiblement. Mettre une raclée et une déculotté que l’insolent ne serait pas près d’oublier, assurément. Si fait, sa noble consœur morgua leur adversaire commun, le rabaissant non pas vilement mais bien à sa juste valeur, l’enjoignant à prouver à quiconque présent au banquet qu’il était « digne » de cette impudence et de cette prétention dont il avait l’apanage.

    Tout le conviviat attendait la réaction de l’un ou l’autre des deux camps. L’on se toisait, s’observait, ne sachant pas la façon dont il était probant d’agir ou de se comporter. L’on ne pouvait que constater à quel point tous les invités avaient l’usage de la courtoisie et de l’hypocrisie mais nullement de la guerre dans leur grande majorité. Il y avait bien la Mort Blanche et ses soldats qui n’y prêtaient pas grande attention, se confortant dans les ordres qu’il leur seraient donnés ou non en attendant stoïquement, mais, concernant le reste de ces grands marchands, l’on ne pipait mot et ne faisait point le fier. Et ce fut au tour de von Schirach de réagir.

    Il partit dans un grand éclat de rire. Quelques regards se croisèrent de nouveau puis, après une demi-seconde, l’on se gaussa à sa suite dans des teintes qui parurent comme forcées et exagérées aux oreilles de Lucretia. Bien entendu.
    Passé ces cachinnations, l’intéressé tenta de vilipender les deux jeunes femmes et de les infatuer à renfort d’ironie et de persiflage, ce qui fit sortir de ses gonds le vieux chevalier de Dokhara. Il dégaina sa lame, prêt à en découdre avec le robin. Le chuintement metallique de l’épée sortant de son fourreau sortit Otto de l’acédie qui l’avait frappé, bobillonnant alors en regardant Lucretia, ne sachant en quel terme il lui fallait agir. Un discret signe de la tête de la part de sa maîtresse suffit à l’apaiser.

    Cette dernière était d’humeur à se rebéquer, mais en vint à négliger les récentes manifestations, et si la jeune femme bisqua quelque peu, elle ne le montra aucunement. En vérité, peu lui en chalait cette avalanche de rires ; elle connaissait bien l’effet boule de neige d’une telle hilarité forcée. Les plus puissants se gaussaient, bientôt suivis à la concorde par leurs vassaux qui tentaient de partager le bon goût de leurs suzerains et de le leur faire savoir. Le domesticisme de ces hobereaux pouvait s’avérer fort chargeant, quand bien même le comprenait-elle alors que tout à chacun se devait de suivre l’étiquette. Et être un mouton de cet acabit figurait en première ligne.
    Non, le seul véritable ébaudi, dans toute cette assemblée, demeurait ce bélître de jeunot. A moins qu’il eût tenté de dissimuler sa peur derrière un rideau de pasquilles, se sachant en mauvaise posture, ce qui s’avérait bien probable. Il laissait donc présager qu’il laisserait se battre entre elles les femmes.
    « La peur naît de ce que l’on ne connait pas, sourit-elle. C’est là tout ce que je voulais savoir. »
    Elle laissa le sens de ces deux phrases se faire emporter dans les airs, dans toute la vastité de leurs sous-entendus qui n’échapperaient pas aux esprits les plus émerillonnés.

    Mais à sa voix vint s’en greffer une autre, plus grave et sérieuse, plus zélote et moins mesquine. Des paroles produisant un accoisement général mais qui n’étaient rien d’autre aux oreilles de la baronne que des badauderies de pochtrons et d’imbriaques. Et celui qui venait de les distiller en avait justement tout l’air. Un hérisson roger-bontemps que la « saint parole » de Sigmar semblait avoir abonni et qui paraissait, aux yeux de tous, faussement sympathique. L’homme n’était pas sans lui rappeler Mascher et la totalité des mensonges qu’il avait été prêt à proférer pour bien se faire voir de l’intégralité de sa milice, et ses biaisements avaient eu l’effet escompté. De quel bord était celui-ci, Lucretia n’en savait rien, mais la jeune femme n’avait jamais apprécié les sigmarites et leurs paroles si sibyllines qu’ils s’en servaient usuellement pour tromper leurs fidèles et les manipuler à leur guise.
    Ses paroles suintaient la douceur exagérée et la paix, et lorsque ce fut au tour du mage rouge aux traits si fins et efféminés de parler, rigolant avec une soudaine trop proche amitié, ensemble, d’une parole qui ne s’avérait aucunement amusante, Lucretia eut une horrible image qui lui traversa l’esprit et ne put réprimer une grimace.
    Mais tout cela eut au moins le mérite de ramener le calme ici-bas alors que le Gutssherr Von Kreiglitz vespérisa le gamin.

    Le mérite… Grande navrance que tout cela, nonobstant ; Lucretia n’allait pas pouvoir s’opposer au blondin dans ce qui eût fortement tranché avec cette urbanisme protocolaire qui vous obligeait à faire bonne figure devant tous dans un aroutinement de l’étiquette. Sourire et rire, converser platement, s’engager dans des bavardises et des bien-dire assommants.
    La soirée eût pu être éclairée par l’originalité d’un duel, femme contre homme, mais l’on venait de l’en déposséder au détriment de l’ennui. Il ne payait rien pour attendre. Ils ne payaient rien pour attendre. Elle espérait que, par la suite, au cours du voyage et alors même qu’ils se seraient rendus à leur destination finale, quelques périls les surprendraient, et qu’elle puisse être en mesure d’effectuer un choix de vie ou de mort sur quelques-uns de ces convives. Voire de les tuer elle-même.

    Comme tout le monde se remettait facilement des derniers événements, recommençant à faire bonne chère et à ripailler tout en plaisantant, le regard du sigmarite se posa sur Dokhara avant de glisser sur Lucretia. Elle n’en eut cure.
    Dokhara, dans sa belle vêture blanche et innocente qui allait si bien de pair avec la douceur naturelle de son visage, s’invitant au sein de divers causeries, armée de sourires polis et d’autres politesses. Et à ton tour Lucretia déclara-t-elle, après avoir hoché de la tête suite au remerciement de sa consœur, quelques gaudisseries et blandices de circonstance par-ci par-là à qui se trouvait dans les environs, entamant la parole, même pour de cours instants, dans son entourage le plus proche.

Quelle rapidité, vous-deux !
(Pourquoi est-ce écrit en si petit ? '.')
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 01 mars 2014, 04:56, modifié 1 fois.
Raison : 6xp/50xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

Banquet à Bratian:
finalement ces dames s'étaient fait plus ou moins une raison. Von Schirach rit (mais pas d'elles surtout pas), tout le monde rit (mais pas d'elles, jamais), le mage de feu passa près de ces dames à un moment discret, parlant comme toujours sans attendre de réponses:
-Séduire le jeune coq est souvent plus rapide que convaincre la basse cour, vous savez?
Plus tard ce fut le gros Marguillon qui vint à Dokhara, tout bourré:
-Madame madame! Je vous aime, vous le savez hein! Mais comme un homme de Sigmar...
C'est à Lucrétia, proche de Dokhara qu'il s'adressa ensuite:
-Madame d'Hoppertruc... fen, madame d'ici, ne pervertissez pas ma sublime baronne De soya! qu'avez vous à cacher hein?! seriez vous nécrono... hé! nécromanto... faites attention m'dame Lucrétia, les hommes de Foi ils savent...
Gros sérieux en regardant l'oeil de Lucrétia:
-moi je sais.

Lucrétia pensa que c'était du bluff.
Mais c'était un bluff pénible, il avait dû lire les courriers récents qui avait inondés le pays...
Mais non, il y avait plus, ce prêtre ce n'était pas Machser, lui, Marguillon, petit gros rigolo, qui vraiment savait?...

Départ de Bratian, direction Borkum.
Il fallut une grosse journée pour aller à Borkum, fief voisin de Bratian mais en Ostermark.
Durant icelle journée, le GutsHerr vint parler à Lucrétia:
-Dame Von Scwitzerhäum, la Comtesse de Talabheim ne jure que par vous. Je ne vous cacherais pas que cela m'est désagréable. Hé! je n'ai pas besoin d'une parvenue rousse pour parvenir à ce que je veux. Tenez vous coite, Madame désormais, et nous resterons bons amis... une femme qui parle et veut dueliser sera la risée, s'il vous plait...
Un regard droit dans le tiens, mage rouge et vert derrière lui.

Durant le trajet, c'est Belle Gueule qui vient parler à Dokhara:
-m'dame votre excellence seigneurie, il y a des traînards, qui vous savez va les rober... on a le droit ou pas?

Le Castel de Borkum était de toute beauté. C'était une petite ville fortifiée pourvue d'un château sur colline, une délégation vint vous accueillir tous... un banquet serait (encore!) fait ce soir.
c'est bien vous êtes motivées^^ moi je suis un peu en demi teinte là, mais rp donc ;)

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