J'erre dans la forêt comme à mon habitude, marchant dans une direction aussi aléatoire que les vents de Magie dans le Vieux Monde. Changeant de direction comme bon me semble, ma marche est particulièrement aléatoire ce jour-ci, m'amenant où Loec le désire. Alors que j'erre sous les frondaisons, une délicieuse odeur de viande en train de cuir m'attire ! Il est vrai que je ne sais pas depuis combien de temps je marche sous les arbres, suivant les sentiers toujours changeants d'Athel Loren, et je commence à avoir faim.
J'arrive alors dans une partie légèrement plus clairsemée, et je remarque aussi plusieurs échelles. Là haut, dans les branches des arbres se trouve un petit village. Il me rappelle d'ailleurs un village que j'ai traversé il y a pas mal de temps, lors de ma formation de danseuse de guerre.
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C'était il y a environ 10 ans, et Herion me faisait découvrir cette partie de la forêt, surement un de ses nombreux tests dont il a le secret. Nous marchions côté à côté, et il faisait nuit. Nous discutions sur la façon de réagir face à une dryade enragée. Je lui présentais la possibilité de tenter de l'immobiliser et de la raisonner, tandis qu'Herion arguait le fait qu'il est plus simple de tuer une dryade que de l'immobiliser. Je réfléchissais à ses paroles et je m'apprêtais à lui répondre quand je me rendis compte qu'il avait disparu. Herion n'était plus là !
Je continuais alors à marcher dans la direction que nous suivions, lorsque j'entendis un cri ! Il s'agissait d'un cri d'enfant. je m'élançais alors en avant, courant pour aider la personne dans le besoin. Il s'agissait d'un jeune elfe qui avait été laissé en pâture aux dryades. Il était laissé là, sans arme ni vêtement, seul au milieu d'une clairière. Il ne devait pas avoir 20 ans, et les dryades avait en effet commencé à repérer leurs proies. Sans hésiter, je sautais sur la dryade la plus proche, arrivant par surprise, et dégainant mon épée, je lui coupais les branches lui servant de pattes. Je remarquais alors que, sur ma gauche, une dryade était en train de s'extraire d'un arbre. Virevoltant sur moi-même, je lui coupais ses bras griffus afin qu'elle ne puisse s'extraire de l'arbre.
Heureusement pour moi, elles n'étaient que deux, et semblaient bien jeunes, ces dryades. Tentant le tout pour le tout, j'effectuais avec grâce une vrille en sautant en arrière, et gardant mon épée en main, placée face aux deux dryades, de dos au jeune elfe, je me plaçais en garde. Les deux bras tendus, l'un tenant l'épée, l'autre servant à m'équilibrer, j'avais la jambe droite en avant, comme une fente. Ainsi placée, je pouvais réagir à toute action de dryades.
C'est alors que je compris le sens des mots d'Herion. En effet, les membres coupés des dryades poussaient à une vitesse affolante, comme si le temps s'accélérait. Je tentais alors la ruse :
"Ce jeune elfe ne vous a rien fait, aucune raison de jeter sa haine contre lui. Par contre, que vos membres poussent rapidement ou non, je continuerais à les couper, jusqu'à ce que vous abandonniez. Ne déversez pas votre haine contre nous, mais déversez la contre ceux qui cherchent réellement à nuire à notre forêt ! Ces humains à l'Est ne sont que des misérables, voulant couper les arbres d'Athel Loren pour construire leurs grandes villes où la nature n'a plus sa place. Laissez nous en paix et nous vous laisserons également en paix !"
Les dryades hésitèrent, et dans un bruissement de feuille, prirent une apparence bien plus elfique, et partirent en marchant nonchalamment.
Le jeune elfe m'expliqua qu'il avait été abandonné par un clan. Sa mère avait été tuée, et il leur fallait apaiser les esprits de la forêt environnants. Il n'y avait aucune aine dans ce geste d'abandon, juste la nécessité face à une forêt qui était dangereuse, même pour les elfes sylvains. J'accompagnais alors le jeune elfe, et nous avons fini par arriver au petit village que je viens de retrouver. Le jeune elfe fut accueilli par ses habitants, et je redescendis du village. En bas, Herion m'attendait comme si de rien n'était, et nous reprîmes la route sans broncher.
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Je me retrouve en haut du même village qu'il y a 10 ans, et alors que j'arpente ses passerelles, j'entends un jeune elfe courir dans ma direction ! Je me retourne et je le reconnais, il s'agit du gamin que j'ai sauvé. Il s'empresse de se jeter sur moi, les bras ouverts, en signe d'affection. Il se ressaisit peu après, et m'indique qu'il a quelque chose pour moi. Je le suis jusque dans une case à l'extrémité Nord du village. J'entre dans ce qui lui sert de maison et là j'observe un repas vraiment succulent, ainsi qu'un gâteau et des biscuits ! Je lui demande comment est-ce qu'il a su que je venais par ici, et dans un murmure il me dit : "Chut ... Ecoute la forêt et Loec te répondra !"